Mes bien chères sœurs,
(…) Il est bien écrit en effet dans l’Évangile que la Vierge aura le cœur transpercé par un glaive.
Ce cœur transpercé par un glaive ne signifie pas autre chose que son association à la Passion de son divin Fils. Et il est également signalé que la très Sainte Vierge Marie était à côté de Notre Seigneur Jésus-Christ au moment de sa Passion et au moment de sa mort.
Stabat Mater juxta Crucem. Nous ne pouvons donc pas nier que la Providence – que Dieu – ait voulu associer la très Sainte Vierge Marie non seulement à sa naissance, à sa venue sur la terre, à son enfance, à son adolescence, à sa vie publique, mais surtout à sa Passion. Car si le moment, le moment le plus important, l’heure de Notre Seigneur Jésus-Christ, était l’heure de sa mort sur la Croix, était l’heure de sa Passion, l’heure de la très Sainte Vierge Marie aussi fut sa compassion, son union intime à la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Comme je le disais, cette dévotion est ancienne dans l’Église. On ne sait pas à quelles dates exactement remontent ces fêtes : Notre-Dame des Sept Douleurs et de la Compassion de la Vierge Marie. Mais dans la Sainte Église – et par l’intervention de la Vierge elle-même – sont nées des sociétés comme celle des Sept Fondateurs des Servîtes de Marie qui ont été fondées à la demande de la Vierge Marie elle-même, pour méditer sur ses douleurs, pour méditer sur sa passion particulièrement. Ainsi donc la Congrégation des Servites de Marie est particulièrement vouée à cette méditation, à cette pensée, à cette union à la Vierge Marie.
Une autre société est également vouée à cette contemplation, ce sont les Passionistes de Saint-Paul de la Croix. Les Passionistes qui ont compté beaucoup de saints dans leur congrégation.
C’était une congrégation extrêmement fervente. L’un d’entre eux en particulier fut saint Gabriel de l’Addolorata. Saint Gabriel de l’Addolorata, qui a pris ce nom précisément de l’Addolorata parce qu’il voulait particulièrement passer sa vie à méditer sur les souffrances de la très Sainte Vierge Marie. Pourquoi cette méditation ? Pourquoi cette union à la très Sainte Vierge Marie dans sa compassion, dans sa passion, dans sa transfixion ?
Afin de nous associer plus intimement à la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ. Car s’il y a un cœur qui a compati au cœur de Jésus transpercé sur la Croix ; s’il y a une âme qui a eu les pensées unies à celles de Notre Seigneur Jésus-Christ sur sa Croix, c’est bien la très Sainte Vierge Marie.
Elle qui n’avait pas péché non plus – par conséquent comme Notre Seigneur – elle n’avait pas à réparer pour elle-même. Et cependant tous les deux ont voulu souffrir, souffrir horriblement, souffrir profondément, souffrir dans leur corps. On peut alors essayer de pénétrer les sentiments de ces deux cœurs : les Cœurs de Jésus et de Marie. Il est évident que le motif profond et de la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ et de la Compassion de la très Sainte Vierge Marie, c’est la charité.
Leurs cœurs étaient dévorés par la charité, embrasés, par cet amour de l’Esprit Saint. Notre Seigneur, Verbe de Dieu, uni consubstantiellement au Saint-Esprit, était dévoré par l’amour du Saint-Esprit, par ce Saint-Esprit qui enflammait tout son Être, la Personne du Verbe, mais aussi son âme et son corps et son cœur de chair, enflammés par l’Esprit Saint.
La Vierge Marie imitait son divin Fils et elle aussi essayait de modeler ses sentiments sur ceux de son divin Fils. Elle aussi était remplie du Saint-Esprit. Elle l’a été toute sa vie et particulièrement sans doute à ce moment-là.
Alors ces deux cœurs enflammés par l’Esprit Saint, avaient surtout pour but premier – nous ne devons pas l’oublier – l’amour du Père. Car l’amour du Saint-Esprit, ce feu dévorant, conduit au Père. Ce n’est pas autre chose que l’amour qui est Dieu, Dieu est charité et par conséquent l’Esprit Saint ne peut pas faire autre chose que de nous porter vers Dieu ; de nous porter vers le Père. Et c’est donc pour rétablir l’honneur de Dieu, l’honneur du Père que d’abord, Jésus a souffert. Et la Vierge Marie aussi. Elle s’est unie à cette souffrance de son divin Fis pour rétablir l’honneur du Père. Et le Père recevait une gloire infinie de la part de son Divin Fils et Il recevait une gloire très grande de cette créature, cette créature privilégiée, qui était la très Sainte Vierge Marie, unie à son divin Fils.
La première vraiment rachetée, parfaitement rachetée en ce sens qu’elle n’avait même pas connu le péché. Mais c’est tout de même en raison de l’Incarnation de Notre Seigneur, qu’elle a été immaculée dans sa conception et par conséquent qu’elle n’a pas connu le péché. Alors elle chantait la gloire, la gloire dans la douleur, dans la souffrance, elle chantait la gloire de Dieu ; elle voulait rétablir l’honneur et l’amour de Dieu sur terre.
Et cet amour qui les dévorait tous les deux les rendait alors plein de miséricorde car la conséquence immédiate d’un grand amour, d’une grande charité c’est la miséricorde.
Parce que cet amour que possèdent ces cœurs, voudrait qu’il soit diffusé, qu’il soit communiqué à tous ceux qui ne l’ont pas, à tous ceux qui en manquent. Et par conséquent la vision que Notre Seigneur Jésus-Christ avait de l’humanité, depuis Adam et Ève, sur tous les hommes qui seraient créés en ce monde, Notre Seigneur en avait la vision claire et complète par sa divinité, puisqu’il en était Lui-même le Créateur, le Rédempteur. Alors Il constatait cette misère. Ces hommes éloignés de Dieu ne pensent plus du tout à la Sainte Trinité, au Père, au Créateur, ni au Rédempteur aujourd’hui. Notre Seigneur voyait cela. Alors son cœur était plein de miséricorde, rempli de miséricorde et cette miséricorde pousse jusqu’au Sacrifice. La miséricorde est la source du Sacrifice. Elle pousse au Sacrifice parce qu’elle est prête à se donner totalement pour que soit rétablie la charité dans les cœurs.
Alors Notre Seigneur a souffert, souffert dans con Corps, quand Il est au Jardin de l’agonie ; des gouttes de sang perlaient sur son front. Notre Seigneur était rempli de miséricorde. Et la très Sainte Vierge Marie elle-même, voulant précisément compatir à la souffrance de Notre Seigneur et avoir le même motif aussi : penser à toutes ces âmes. Alors, tous les deux ensemble, souffraient et ont voulu souffrir jusqu’à la mort, jusqu’au martyre.
Si Notre Seigneur Jésus-Christ a vraiment donné son dernier souffle pour la gloire de son Père et pour le rachat des âmes, pour que l’Esprit Saint puisse enflammer tous les cœurs et toutes les âmes de l’amour de la très Sainte Trinité, la très Sainte Vierge Marie, elle, n’est pas morte sur le moment, mais elle a offert sa vie et elle a souffert le martyre, puisqu’elle est appelée Reine des martyrs. Elle a donc donné elle aussi tout son sang, toute sa vie, tout ce qu’elle avait – et en particulier son divin Fils – au Bon Dieu, pour le rachat des âmes : Mère de miséricorde : Mater misericordiæ.
Voilà quelles sont les origines de cette passion de la très Sainte Vierge Marie. Loin de croire que cette passion l’ait jetée dans une tristesse désespérante, dans une tristesse qui aurait mis leur âme dans une espèce de désespoir. Oh non ! puisque c’était justement la charité qui en était l’origine ; la charité produit dans les cœurs la paix et la joie ; autant que cela même, puisse être invraisemblable, d’uni à cette passion, cette compassion, cette miséricorde, à une joie profonde. Oui, le cœur de Notre Seigneur Jésus-Christ était rempli de joie et le cœur de la Vierge Marie aussi, uni à celui de Jésus, rempli de la joie de la très Sainte Trinité, la joie que procure la grande charité ; la paix aussi que produit dans les âmes cette charité qui est une paix ineffable. Jésus et Marie n’étaient pas dans la torture comme le sont bien souvent malheureusement les âmes qui souffrent et des personnes qui souffrent dans leur corps, qui ont des sentiments de tristesse profonde et de désespoir. Non, ce n’était pas de cette manière-là que souffraient Jésus et Marie. Ils souffraient, mais leurs cœurs étaient tellement dans la sérénité, dans la paix, ce qui permettait à la très Sainte Vierge Marie de rester debout auprès de la Croix.
Si elle n’avait pas eu cette paix ; si elle n’avait pas eu cette charité, si elle n’avait pas eu cette joie intime et profonde, de s’associer aux souffrances de son divin Fils, de s’associer à sa charité, d’être remplie de l’Esprit Saint, elle ne serait pas restée debout. L’Évangile n’aurait pas dit : Stabat Mater. Et les personnes qui entouraient la très Sainte Vierge, vraisemblablement, manifestaient beaucoup plus que la très Sainte Vierge, une douleur extérieure, par des gestes et des pleurs et des sentiments extérieurs. La Vierge restait calme, dans la paix.
Eh bien voilà ce qu’est votre Patronne, mes bien chères sœurs. Et puisque vous avez bien voulu venir ici, vous unir à nous, ici particulièrement dans cette maison d’Écône où sont passées pratiquement toutes les oblates – à peu près – en tout cas elle s’y unissent. Elles sont venues s’associer aux prêtres, car le prêtre est un autre Christ. Et le prêtre doit s’associer particulièrement par le Sacrifice qu’il offre, à la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ, épouser les sentiments de Jésus dans son cœur. Par conséquent épouser lui aussi, les sentiments de Marie et demander à la Vierge de comprendre ses sentiments afin de mieux les ressentir et de mieux les épouser.
Et alors, vous, auxiliaires du prêtre, auxiliaires non pas seulement de vos mains, mais auxiliaires aussi de vos âmes, de votre esprit, du sacerdoce, du Sacrifice de Notre Seigneur Jésus-Christ, de sa Croix, de l’extension de son règne, de l’extension de son amour, alors vous vous unirez d’une manière toute particulière à la très Sainte Vierge Marie. Comme elle, auprès de son divin Fils, vous compatirez et ainsi vous contribuerez aussi d’une manière très efficace à la rédemption des âmes, dans la mesure où vous pouvez le faire, dans la mesure où la Providence vous donne les grâces pour le faire.
Ainsi vous vous associerez d’une manière plus profonde au sacerdoce des prêtres, demandant que ces prêtres, que ces séminaristes que vous servez, que ces séminaristes deviennent de vrais prêtres, qu’ils deviennent vraiment d’autres Christ ; qu’ils s’associent, eux, d’une manière encore plus profonde, plus parfaite à la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Vous le demanderez à la très Sainte Vierge Marie. Alors offrez vos souffrances, offrez vos sacrifices dans cette intention, afin que le règne de Notre Seigneur Jésus-Christ s’étende.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.