Mes bien chers amis,
Mes bien chers frères,
Une journée d’ordinations dans un séminaire est toujours une étape importante dans la vie du séminariste.
Une étape importante, non seulement parce qu’elle le place dans la hiérarchie de l’Église, du clergé, surtout par les grâces qu’elle lui confère, qu’elle lui donne, mais encore par les grâces particulières qui l’approchent toujours davantage du sacerdoce de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Aujourd’hui, mes bien chers amis, par ces ordres mineurs que vous allez recevoir, vous allez participer d’une manière plus particulière au sacrement de l’ordre. Et c’est pourquoi, si vous voulez comprendre d’une manière plus profonde, plus parfaite les grâces que vous allez recevoir aujourd’hui, il est bon de se reporter à ce qui fait la perfection du sacrement de l’ordre.
Si Notre Seigneur Jésus-Christ a voulu instituer le sacrement de l’ordre c’est pour continuer son Incarnation et sa Rédemption parmi nous.
Donc son œuvre principale, l’œuvre que la Sainte Trinité a voulue de toute éternité, nous faire participer à l’humanité de Notre Seigneur Jésus-Christ, à son Incarnation, nous faire participer à sa Rédemption par l’union à son Corps, à son Sang, à son Âme, à sa Divinité.
Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Et c’est pourquoi le sacrement de l’ordre est si important dans la Sainte Église, parce qu’il est la raison d’être de la Sainte Église. Je dirai qu’il est la raison d’être de toute la création du Bon Dieu : l’Incarnation et la Rédemption.
N’est-il pas vrai en effet, mes chers amis, que par le Saint Sacrifice de la messe Notre Seigneur Jésus-Christ continue son Incarnation ? On ne peut pas dire que Notre Seigneur est dans la Sainte Eucharistie comme dans sa chair mortelle, en ce sens que l’on ne peut pas dire que Notre Seigneur est impané en quelque sorte. L’impanation n’est pas admise par la Sainte Église. Il s’agit d’une transsubstantiation. Notre Seigneur est dans sa substance même dans la Sainte Eucharistie. Mais Il continue bien son Incarnation dans la Sainte Eucharistie ; Il prolonge sa Sainte Incarnation. Il la prolonge dans la Sainte Eucharistie par sa Présence réelle et Il veut en quelque sorte s’incarner en nous. C’est pour être en nous qu’il est dans la Sainte Eucharistie. C’est pour nous transformer nous, pauvres créatures pécheresses, pour nous racheter, pour nous purifier de son Sang, pour nous unir à Lui, pour nous préparer à la vie éternelle, que Notre Seigneur Jésus-Christ continue son Incarnation dans la Sainte Eucharistie.
Et c’est donc ainsi que Notre Seigneur a entendu continuer la Rédemption, préparer les âmes qui sont dans l’état d’emprunter la voie, qui marchent comme des pèlerins, vers la vie éternelle, pour les préparer à cette vie éternelle. C’est pourquoi le sacrement de l’ordre est le plus beau, le plus grand, parmi tous les sacrements. Parce que rien ne fait approcher de Dieu, rien ne fait comprendre Dieu, rien n’approche du grand mystère de la foi, comme le Saint Sacrifice de la messe et comme du prêtre.
C’est pourquoi, il est beaucoup exigé de vous, mes chers amis, beaucoup. Non seulement par Dieu qui veut que ses prêtres soient saints, qui veut que ses prêtres soient purs, qui veut que ses prêtres soient chastes, mais encore aussi par les fidèles.
Les fidèles sont en droit d’attendre de vous ces vertus ; ils sont en droit d’attendre de vous, des prêtres qui leur font aussi pénétrer dans ce mystère. Ce mystère dont le prêtre est la voie, dont le prêtre est l’instrument. Car le mystère de Dieu, c’est le mystère de toute notre vie ; c’est le mystère de l’éternité : approcher du grand mystère de Dieu.
Voyez avec quelle crainte et avec quel respect, Moïse s’est approché de Dieu sur le mont Sinaï, éloigné de son peuple. Il s’est prosterné auprès de ce buisson ardent qui était Dieu, qui était le symbole de Dieu et qui en signifiait sa Présence.
Eh bien, ce mystère, c’est cela pour lequel nous sommes créés, pour lequel nous sommes ici-bas, pour nous préparer à vivre de ce mystère et pour en vivre déjà, dès ici-bas.
Et nous en vivons précisément par ce grand mystère de notre foi. Ce n’est pas autre chose, ce mystère de notre foi, que le mystère de Dieu, mystère de Dieu Créateur, mystère de Dieu Rédempteur.
C’est comme cela que vous comprendrez, mes chers amis, que ce début de votre marche vers le sacerdoce, par les ordres de Portier et de Lecteur, vous feront approcher d’une manière sublime, déjà, de ce grand mystère de notre foi.
Quelles seront les grâces que vous recevrez particulièrement dans ces deux participations au sacrement de l’ordre ?
Le Portier est celui qui garde la maison de Dieu et qui a cette foi, ce sentiment qu’il a pour charge de donner à ce lieu, où Notre Seigneur s’offre ; où Notre Seigneur continue de s’offrir à son Père ; où Notre Seigneur est présent dans la Sainte Eucharistie, à donner à ce lieu toute la signification du mystère qui se trouve réalisé dans la Sainte Eucharistie.
Et par conséquent que ce lieu, soit le moins indigne possible de Celui qui l’habite. Ô certes ce sera toujours indigne de la grandeur de Dieu, de la sublimité de Dieu, de la perfection de Dieu, de la Toute-Puissance de Dieu. Mais cependant qu’au moins les fidèles qui entrent et lorsque tous ceux qui pénètrent dans la Maison de Dieu, aient ce sentiment de grandeur, de noblesse, de la Présence de Dieu. Qu’ils aient ce désir de s’agenouiller, d’adorer Dieu, de Le voir présent par les yeux de la foi et ainsi de participer vraiment au mystère de Dieu.
C’est cela le rôle du Portier, de faire en sorte que la Maison de Dieu soit vraiment la Maison de Dieu et par conséquent qu’elle soit toujours propre, en ordre, que tout y soit digne de Celui qui est présent.
Par conséquent désormais, mes chers amis, il faudra avoir ce sentiment, ce désir de voir toutes les Maisons de Dieu, dignes de Dieu, afin de donner aux fidèles, cette grande leçon que le temple de Dieu, ce catéchisme en images qu’est en réalité la Maison de Dieu ; qu’ils y voient précisément et le mystère de l’Incarnation de Dieu dans la Sainte Eucharistie et le mystère de la Rédemption par la Croix de Notre Seigneur, par la présence du Corps et du Sang de Notre Seigneur dans la Sainte Eucharistie. Que tout cela parle à leurs yeux et soit pour eux un signe d’espérance, un signe de la charité de la part de Dieu et une raison pour eux de L’aimer de tout leur cœur et de Le servir.
Que toutes les statues qui sont dans les églises, les fassent penser à l’Église triomphante ; que tout ce qui est dans l’église aussi par les sacrements, les baptistères, les confessionnaux, la chaire de vérité, tout cela leur rappelle qu’ils sont aussi dans l’état de voie et qu’ils doivent se purifier, se préparer à participer à ces saints mystères. Que tout cela leur rappelle l’Église militante. Et ainsi qu’ils participent vraiment à la vie de l’Église lorsqu’ils pénètrent dans ces lieux de culte.
Que vous ayez ce souci d’exciter la foi des fidèles et de leur faire comprendre ce qui se réalise vraiment dans ce Temple de Dieu.
Et ce sera précisément le rôle du Lecteur qui n’est pas autre chose qu’un catéchiste. Le Lecteur est celui qui initiera les fidèles à savoir ce que sont les vérités de leur foi. Il suffit d’ouvrir le catéchisme du concile de Trente pour savoir ce qui dans les grandes lignes, doit être le résumé de notre foi. Le Symbole des apôtres, le Décalogue, le Saint Sacrifice de la messe et les sacrements et la prière du Pater noster. Ce sont les quatre points essentiels, fondamentaux que le Lecteur, que le catéchiste doit apprendre à tous ceux qui veulent s’approcher de Notre Seigneur Jésus-Christ. À tous ceux qui veulent vraiment participer par la foi, à la vision béatifique qu’ont déjà les élus du Ciel, par le Credo. Le Credo de Nicée, par le Credo des apôtres, par l’application de ce Credo dans la vie courante, dans la vie quotidienne, par le Décalogue, par les vertus morales, par les vertus théologales, par les vertus naturelles, les vertus surnaturelles et puis par le Saint Sacrifice de la messe, par les sacrements et enfin par la belle prière, par la prière du Pater. Apprendre aux fidèles à prier.
Voilà, chers amis, la grâce que vous allez recevoir aujourd’hui d’une manière toute particulière. Il faudra que vous ayez conscience que quelque chose est changé en vous. Il faudra que vous en ayez conscience, que vous avez franchi une étape, que le Bon Dieu vous a donné quelque chose, une force, une part de son Esprit Saint qui fait que vous avez une foi plus vive. La foi, dit saint Paul, c’est ce qui nous montre, ce qui nous fait croire, ce qui nous fait voir en quelque sorte des choses que l’on ne voit pas, qui ne sont pas apparentes.
Mais il faut croire à la Présence réelle, croire à toutes les Vérités révélées par Notre Seigneur, d’une manière vraie, profonde, de telle sorte que nous agissions dans notre vie, que toute notre attitude soit telle que si nous les voyions, que si nous en vivions vraiment.
Plus nous serons pénétrés de la réalité de ces choses, la grande réalité que nous apprend notre foi, plus nous vivrons selon notre foi. C’est peut-être aujourd’hui ce qui manque le plus et qui mène à l’abandon de la foi, l’abandon des réalités célestes que Notre Seigneur nous a révélées.
Ainsi donc, nous allons prier maintenant, tous ensemble, pour demander à Dieu de vous donner des grâces. Et soyez certains qu’elles seront pour vous une grande joie ; elles seront la cause d’une joie profonde ; une joie spirituelle, une joie surnaturelle. Cette conviction que vous avez reçu des grâces particulières aujourd’hui, qui vous préparent à garder dans sa sainteté le Temple de Dieu et à instruire les fidèles des Vérités de la foi.
Et vous demanderez particulièrement – et nous le demanderons tous ensemble – à la très Sainte Vierge Marie, mère du Prêtre éternel, elle qui L’a préparé, nous demanderons à la très Sainte Vierge Marie de vous donner les grâces qu’elle a eues et de participer aux grâces qu’elle a eues pour préparer le Cœur de Notre Seigneur. Préparer, c’est une manière de dire, car Notre Seigneur était parfait ; elle n’avait plus à Le préparer, mais à L’entourer et à lui manifester toute son affection maternelle, toute sa vigilance maternelle.
Eh bien, quelle le fasse auprès de vous qui avez besoin de ces grâces, afin que vous en soyez remplis et qu’elles soient pour vous la source toujours d’une grande joie et d’un grand zèle pour votre sacerdoce.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.