Mes bien chers amis,
Mes bien chers frères,
En ce moment, alors que nous allons dans quelques instants conférer des ordinations à un bon nombre d’entre les séminaristes, cette heure nous rappelle la descente du Saint-Esprit sur les apôtres au jour de la Pentecôte.
En effet, c’est à la troisième heure que le Saint-Esprit descendit sur les apôtres alors qu’ils étaient réunis dans le Cénacle et qu’ils priaient. Qu’ils priaient avec la très Sainte Vierge Marie. Qu’ils priaient en attendant que le Saint-Esprit descende sur eux, que la promesse de Notre Seigneur Jésus-Christ leur avait faite se réalise.
Et voici qu’aujourd’hui, presque à la même heure, nous nous trouvons réunis, pour demander aussi à l’Esprit Saint de descendre dans les âmes de ceux qui vont recevoir ces ordinations. Descendre aussi dans toutes nos âmes. Nous avons tous besoin du Saint-Esprit ; nous en avons toujours besoin.
Vous remarquerez, mes chers amis, que c’est justement à l’heure de tierce que l’Église nous demande de réciter l’hymne spéciale au Saint-Esprit.
Vous remarquerez aussi, qu’habituellement à l’heure de tierce, il est question du Saint-Esprit, parce que la Sainte Église veut nous rappeler que c’est cette heure que Dieu a choisie pour faire descendre le Saint-Esprit dans les âmes des apôtres.
Je m’adresserai d’abord à ceux qui venus pour la première année dans ce séminaire, vont bientôt terminer leur première année de spiritualité. Et ils la terminent presque par la fête de la Pentecôte.
Chers amis, vous qui avez pendant cette année, cherché d’une manière particulière à recevoir les grâces du Saint-Esprit, vous avez surtout appris – je l’espère – à prier. Car c’est cela qui est la condition particulière pour que le Saint-Esprit descende en nous. Et c’est cela que le Saint-Esprit nous inspire aussi.
Oh ce n’est pas cela la prière vocale, vous avez sans doute appris de nouvelles prières que vous ne connaissiez pas, vous avez appris à méditer et à goûter les belles prières du bréviaire, les belles prières de nos offices liturgiques sans doute. Mais je pense que la prière est plus que cela. Vous avez appris – je l’espère aussi – non seulement à apprendre les prières vocales, à apprendre à prier sensiblement, mais vous avez surtout – je l’espère – appris à vous unir à Notre Seigneur Jésus-Christ dans votre prière.
Vous avez appris à contempler Notre Seigneur Jésus-Christ, à contempler Dieu, la contemplation n’est pas réservée aux âmes particulièrement privilégiées, à toutes les âmes qui s’ouvrent à Dieu, à toutes les âmes qui désirent connaître Dieu, qui désirent prendre conscience que Dieu est en eux.
Si vous m’aimez, dit Notre Seigneur – nous l’entendrons dans quelques instants – si vous nous aimez, nous viendrons et nous ferons notre demeure en vous. Notre Seigneur le dit pour tout le monde, mais Il le dit particulièrement pour vous qui vous préparez au sacerdoce. « Si vous nous aimez, nous viendrons en vous et nous ferons notre demeure en vous ».
Avez-vous conscience que Notre Seigneur, que Dieu est venu en vous et qu’il habite en vous ? C’est cette conscience de la présence de Dieu en vous et en toutes choses, qui est précisément la définition, en quelque sorte, de la contemplation. Nous sommes malheureusement tellement éloignés de Dieu. Nos esprits et nos cœurs sont tellement attachés aux choses de ce monde. Nous sommes tellement impliqués dans nos pensées, nos désirs, nos projets, ce que nous possédons, tout ce que nous avons, tout cela nous préoccupe beaucoup plus que Dieu. Notre réputation, ce que l’on pense de nous, ce que l’on dit de nous. Ah, si nous pouvions nous détacher davantage ! Car c’est là précisément que se trouve peut-être le principal effort que vous pouvez faire et que vous devez faire et que vous avez fait certainement – je le pense – au cours de cette année.
Vous détacher, vous abandonner entre les mains de la Providence ; vous abandonner entre les mains de Dieu ; vous détacher des biens de ce monde ; vous détacher des honneurs, de la réputation ; vous détacher de vos propres pensées ; vous détacher de vos propres désirs, pour n’avoir plus que ceux du Bon Dieu ; pour n’avoir plus que les intérêts de Notre Seigneur Jésus-Christ dans votre cœur et dans votre âme. Ne plus penser qu’à cela.
Alors, vraiment, quand vous venez à la chapelle, quand vous venez devant Notre Seigneur Jésus-Christ dans le Saint-Sacrement, alors vos âmes s’élèvent toutes seules vers le Bon Dieu. Tandis qu’au contraire, si vous demeurez attachés, si vous demeurez liés à tous ces biens éphémères qui ne sont rien à côté de Dieu, qui ne sont rien à côté de la très Sainte Trinité, rien à côté de Notre Seigneur Jésus-Christ, alors vos âmes ne s’élèvent pas. Elles ne peuvent pas s’élever.
J’espère que cette année de spiritualité vous aura aidés à vous approcher du Bon Dieu, à Le comprendre un peu plus.
Vous connaissez ces paroles que je vous ai déjà citées et que saint Thomas répète : « Plus on apprend à connaître Dieu, et plus on s’aperçoit qu’on le connaît moins ».
Plus on s’approche de la connaissance de Dieu et plus l’on s’aperçoit qu’on Le connaît moins.
En effet, à mesure que l’on s’approche tant soit peu de la grandeur de Dieu et plus l’on s’aperçoit que le Bon Dieu nous dépasse infiniment. Et ce sera la joie de l’éternité. De penser que nous avons déjà une certaine connaissance de Dieu, une vision de Dieu et cependant Dieu est encore beaucoup plus infini, beaucoup plus grand, beaucoup plus immense que nous ne le pensions et que nous pouvons l’imaginer.
Eh bien, je souhaite que cette année de spiritualité vous marque pour votre vie sacerdotale tout entière. Pourquoi y a‑t-il tant de défections dans le sacerdoce ? Parce que peut-être ces prêtres qui ont abandonné leur vocation sacerdotale, n’ont pas su prier, n’ont pas su ce que c’était que la prière ; ont prié superficiellement ; ont prié par habitude ; ont prié par un certain devoir, en quelque sorte, de leur fonction, mais n’ont pas prié véritablement ; n’ont pas appris ce qu’était Dieu ; n’ont pas appris à s’unir à Notre Seigneur Jésus-Christ.
Et maintenant, je m’adresserai à vous mes chers amis, qui allez, dans quelques instants, recevoir le diaconat. Le Saint-Esprit se manifeste dans la Sainte Église d’une manière toute particulière – et Dieu sait si le jour de la Pentecôte nous le rappelle – car c’est bien ce jour-là que l’Église a été fondée.
On pourrait dire, d’une certaine manière, si l’on voulait employer notre langage moderne, que la fête de la Pentecôte est la fête de l’efficacité, la fête de l’efficience.
Pourquoi ? Parce que le Saint-Esprit est Celui qui agit. Veni Creator Spiritus : l’Esprit créateur. C’est Lui par lequel Dieu a créé le monde. C’est Lui aussi qui a réalisé toute l’œuvre de l’Incarnation, qui est à l’origine de l’œuvre de l’Incarnation. Car c’est bien Lui qui a rempli la très Sainte Vierge Marie. C’est par Lui qu’elle est devenue Mère de Dieu.
Et c’était, rappelez-vous, dans la prière que le Saint-Esprit est venu, lorsque Marie priait.
C’est Lui qui est descendu sur Notre Seigneur Jésus-Christ au moment de son baptême et Notre Seigneur priait, Et orabat, Jesu orante, dit l’Évangile : Jésus priait. Et le Saint-Esprit est descendu sur Lui.
Oh non pas pour le lui donner ! Notre Seigneur était rempli du Saint-Esprit, mais pour être le signe de la plénitude que Notre Seigneur avait de l’Esprit Saint.
Et enfin, le Saint-Esprit s’est manifesté au jour de la Pentecôte et Il s’est manifesté par les langues de feu. Par des langues de feu qui signifient ce feu de la charité dont Il embrasait le cœur des apôtres qui allaient devenir des missionnaires ; qui allaient comprendre enfin, enfin, ce qu’était l’Évangile, ce pourquoi Notre Seigneur les avait choisis, quelle était leur vocation. Car ils n’avaient rien compris jusqu’alors et cela encore juste avant l’Ascension. Avant que Notre Seigneur monte au Ciel, ils lui demandaient encore : « Quand viendra le royaume, ce royaume temporel ? » Ils se voyaient déjà des ministres de Notre Seigneur Jésus-Christ, dans ce royaume terrestre. Ils n’avaient encore rien compris.
Mais Notre Seigneur leur avait dit : « Lorsque le Saint-Esprit viendra. Il vous fera comprendre tout ce que je vous ai dit ». Et ils l’ont compris. Ils sont devenus missionnaires. Ils ont parlé et c’est en entendant leur parole que les âmes se sont converties et ont été baptisées. Trois mille personnes ont été baptisées sur le champ, parce qu’elles étaient prêtes à recevoir le Saint-Esprit, grâce à la parole des apôtres.
Eh bien, dans la Sainte Église, les moments – si l’on peut dire – et les moyens les plus efficaces que le Saint-Esprit veut employer pour la conversion des âmes, sont ceux que les saints ont toujours employés dans leur ministère. C’est le confessionnal. Accipite Spiritum Sanctum : Recevez le Saint-Esprit.
Deinde ego te absolvo a peccatis tuis.
« Que le Dieu tout-puissant vous fasse miséricorde ; qu’il vous pardonne vos péchés et vous conduise à la vie éternelle.
« Que le Seigneur tout-puissant et miséricordieux vous accorde l’indulgence, l’absolution et la rémission de vos péchés » .
Notre Seigneur dit à Pierre : Et quodcumque ligaveris super terram, erit ligatum in cœlis ; et quodcumque solveris super terram, erit solutum et in cœlis (Mt 16,19) : « Tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié aussi dans les cieux et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux ».
Accipite Spiritum Sanctum. Et donc, au confessionnal, le Saint-Esprit se donne aux âmes.
Et c’est pourquoi l’Église a toujours estimé beaucoup le sacrement de pénitence et c’est aussi pourquoi les saints ont passé leur vie au confessionnal. Souvenez-vous du saint Curé d’Ars et tout récemment du bon Padre Pio. Ils ont passé leur vie dans le confessionnal, parce qu’ils savaient que par là les âmes recevaient le Saint-Esprit.
Autre moyen dont le Saint-Esprit se sert pour venir dans les âmes : la prédication. « Allez, enseignez toutes les nations » a dit Notre Seigneur. Et l’efficacité de la parole des apôtres s’est manifestée précisément lorsque tous ces fidèles, tous ceux qui ont entendu la parole des apôtres, se sont convertis et tous ceux qui à la suite des apôtres ont entendu la parole de leurs successeurs. Prêcher l’Évangile, prêcher les missions, ne jamais refuser de porter la parole de Dieu, mes chers amis, ne refusez jamais. Lorsque l’on vous demandera de parler de Dieu, de prêcher l’Évangile, ne refusez jamais. Le SaintEsprit sera avec vous. Il vous donnera cette parole dont vous avez besoin. Ne refusez pas ; ne dites jamais : je ne suis pas capable ; je ne suis pas digne. Car vous êtes faits pour cela ; vous êtes faits pour parler, pour porter l’Évangile.
Le confessionnal, la chaire, la prédication, et enfin le Saint Sacrifice de la messe et la Sainte Communion, la Sainte Eucharistie, car par le Saint Sacrifice de la messe, par le Sang de Notre Seigneur Jésus-Christ, par la Sainte Communion, vient en nous également le Saint-Esprit.
Ce sont les trois moyens les plus importants que Notre Seigneur Jésus-Christ a fondés, a institués, pour nous donner l’Esprit Saint. C’est pourquoi nous devons être attachés à ces choses. Futurs prêtres, vous devez vous préparer à prêcher l’Évangile, à confesser et à offrir le Saint Sacrifice de la messe, pour qu’il y ait un véritable sacrifice et que ce sacrifice répande les grâces dans les âmes par la Sainte Communion.
Voilà quel sera votre rôle principal. Soyez-en persuadés.
Et vous demanderez ces grâces au Saint-Esprit, à la très Sainte Vierge Marie, elle qui était remplie du Saint-Esprit, elle qui a prié, elle qui était à la fois contemplative et active.
Voyez, parfois l’on essaye d’opposer la vie contemplative à la vie active, comme si c’était deux choses qui ne pourraient vivre ensemble. On ne peut pas être actif et contemplatif en même temps ; on ne peut pas être contemplatif et actif en même temps, alors que toute la vie chrétienne devrait être contemplative. Toutes les âmes sont appelées à s’unir à Dieu ; toutes les âmes sont appelées à la vision béatifique, sont appelées à voir Dieu face à face.
Et si maintenant nous sommes dans ce pèlerinage, en quelque sorte, non point éloignés de Dieu, mais séparés de Dieu, parce que nous n’en avons pas une vision directe, mais par la foi nous devons croire à Dieu. Et par les dons du Saint-Esprit, par le don d’intelligence, par le don de sagesse qui est répandu dans toutes les âmes, le Bon Dieu suscite en nous cette vision de Dieu, cette vision intime de l’âme qui s’unit à Dieu. Et cette sagesse qui nous fait goûter Dieu, de telle sorte que les âmes chrétiennes, à plus forte raison les âmes sacerdotales, soient profondément attachées à Dieu et soient en quelque sorte confirmées en grâce comme l’ont été les apôtres.
Les apôtres, le jour où ils ont reçu l’Esprit Saint, le jour de la Pentecôte, ont été confirmés en grâce. C’est un privilège extraordinaire que le Bon Dieu leur a donné. C’est-à-dire qu’ils ne pouvaient plus pécher mortellement et qu’ils ont été confirmés en grâce, jusqu’à la grâce de la persévérance finale : ils ont donné leur vie pour Notre Seigneur Jésus-Christ.
Demandons aussi au Bon Dieu, de nous confirmer en grâce. Demandons à la très Sainte Vierge Marie, elle qui a été confirmée en grâce, dès sa naissance, puisqu’elle n’a pas eu le péché originel, demandons-lui de nous confirmer en grâce. De faire en sorte que nous soyons vraiment attachés au Bon Dieu, de telle manière que jamais plus nous ne nous en séparions.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.