Mes bien chers amis,
Mes bien chers frères,
Au cours de ces dernières journées, l’Église par sa liturgie, par ses chants, par ses psaumes, par les leçons qui nous ont été lus, nous a fait vivre des heures inoubliables.
Elle s’est efforcée de nous faire partager les sentiments de ceux qui ont vécu réellement ces moments extraordinaires, ces moments tragiques qui décrivent et qui ont réalisé en même temps, ce que Notre Seigneur a pensé, a souffert, dans son âme, dans son Corps. Ce que le Fils de Dieu, pour le salut de nos âmes a voulu souffrir. Et par cette liturgie admirable, nous avons pu partager les sentiments de ceux qui L’ont entouré et de Notre Seigneur lui-même.
Le Vendredi saint, en particulier, c’étaient des sentiments de douleur, des sentiments de pénitence, des sentiments de contrition, qui déchiraient nos cœurs et nos âmes. Est-ce que nous n’avons pas encore dans les oreilles ce chant : Videte, si est dolor similis sicut dolor meus : « Y a‑t-il une douleur comme la mienne ? » Nous entendons encore ces Impropères : « Mon peuple, mais que t’ai-je donc fait ? » : Quid fecit tibi ? « Qu’est-ce que je t’ai fait pour que tu me traites de la sorte ? ».
Nous avons donc partagé les sentiments de Notre Seigneur et aussi peut-être les sentiments des apôtres qui ont été pris de peur, de crainte, de tremblement, de doutes, eux qui avaient cru que Notre Seigneur allait rétablir le Royaume d’Israël ; eux qui pensaient avoir une place particulière dans l’administration, l’organisation du royaume que Notre Seigneur allait fonder. Est-ce que la mère de deux apôtres n’avait pas demandé peu de temps avant la Passion de Notre Seigneur, de placer ses deux fils l’un à la droite, l’autre à la gauche de Notre Seigneur dans son futur royaume, espérant que ce royaume viendrait bientôt et que ce serait un royaume de ce monde.
Et voici que devant l’agonie de Notre Seigneur, devant son Sang qui coule, devant cette sueur qui perle, devant Notre Seigneur prosterné à terre et devenu comme un condamné, sans force, sans résistance, bientôt. Il sera emmené par cette troupe de brigands, les mains liées ; est-ce donc là notre Sauveur ? Est-ce donc là notre futur roi ?
Et les apôtres commencent à douter ; ils Le quittent ; ils s’enfuient ; ils L’abandonnent ; ils Le renient. Est-ce que nous n’avons pas un peu l’impression, nous aussi, parfois, d’être comme les apôtres, vis-à-vis de Notre Seigneur ? Parce que Notre Seigneur ne se montre pas à nous dans toute sa gloire et dans sa splendeur comme au Thabor, comme dans sa Résurrection, alors n’avons-nous pas parfois aussi des doutes et des hésitations, sur la réalité de la divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ ? Ce sont ces sentiments qui nous étreignaient au cours du Vendredi saint. Et voici que le Samedi saint est venu et les chants, les prières, les antiennes, les psaumes, les répons, respiraient la paix, le repos.
Cette paix, ce repos, qui précèdent quelque chose, un grand jour, un grand événement et je ne sais pas si vous avez remarqué que les répons du Samedi saint ont fourni aux messes des morts, les plus beaux passages de ces répons. La musique, les chants ressemblent à ces beaux chants de nos messes de Requiem. Là aussi, comme Notre Seigneur qui va bientôt ressusciter, c’est la foi, c’est l’espérance qui dominent dans ces chants de nos messes de Requiem, car nous avons la foi dans la résurrection de nos morts. Ils ne sont pas morts définitivement. Et c’est pourquoi cette ressemblance entre la liturgie des morts et la liturgie de Notre Seigneur est une chose admirable.
Ces répons, disent les liturgistes, ont été rédigés, la musique en a été faite, dans les cinquième et sixième siècles. Voilà déjà donc bien longtemps que l’Église se nourrit de ces chants si beaux et de ces expressions si enrichissantes pour nous.
Et voici que nous arrivons à la cérémonie que nous avons vécue cette nuit. Voilà que la lumière de Notre Seigneur qui nous semblait définitivement disparue, voici qu’elle revient, qu’elle surgit de la nuit. Notre Seigneur a dit : Ego sum lux mundi : « Je suis la lumière du monde » . « Je suis venu apporter le feu sur cette terre et quel est mon désir, sinon que ce feu embrase toute la terre ? »
Eh bien, de même, la lumière a surgi dans la nuit. Lumière qui mettra le feu aussi sur toute la terre. Toutes nos lumière se sont éclairées, allumées au feu de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Quelle image de ce feu qui doit se communiquer à nos âmes, le feu de la charité de Notre Seigneur. Aussi une grande espérance est née pour nous. Notre Seigneur n’est pas mort définitivement. Notre Seigneur va bientôt ressusciter. Et cependant, là encore, les apôtres doutent.
Écoutez seulement les paroles des disciples d’Emmaüs qui disent : Nos autem sperabamus : « Nous espérions, mais nous sommes maintenant presque désespérés. Voilà déjà trois jours qu’il est mort, qu’il est enterré et nous n’avons plus rien entendu dire. Oh nous avons bien appris que quelques femmes sont allées au tombeau et n’ont plus rien trouvé ». Et des apôtres également les ont suivies : Et nihil invenerunt : « Et ils n’ont rien trouvé ».
Est-ce que nous ne sommes pas nous aussi un peu comme ces apôtres et comme ces femmes ? Nous ne trouvons rien. Nous cherchons, nous cherchons Notre Seigneur et nous risquons de ne rien trouver.
Eh bien, c’est que nous manquons de foi. Notre Seigneur bientôt les rejoindra et aujourd’hui, dans cette belle liturgie, nous chantons non seulement que cette belle nuit du Samedi saint est une nuit qui relie le Ciel à la terre, qui rappelle la royauté de Notre Seigneur : Alpha et oméga, dit le prêtre en fixant les grains d’encens en forme de croix sur le cierge pascal. Alpha et oméga : Principium et finis. Notre Seigneur est le commencement et la fin de toutes choses.
In gloria et imperium per universa æternitatis sæcula : « À Lui la gloire, à Lui le règne, à Lui la puissance, dans tous les siècles pour l’éternité ». Voilà ce qu’est Notre Seigneur Jésus-Christ.
Lui en qui nous doutons quelquefois. Eh bien, c’est Lui qui a tout pouvoir, c’est Lui qui est le Créateur, c’est à Lui qu’appartiennent les siècles, c’est à Lui qu’appartient le temps, l’espace. Tout ce qui est créé est entre ses mains.
Et par conséquent nous devons conclure qu’il nous faut accepter ce que le Bon Dieu nous a donné et la charité qu’Il nous a manifestée et la manière dont Il nous l’a manifestée.
Nous devons croire à la charité du Bon Dieu, mais croire à la charité, de la manière dont Il nous l’a manifestée. Il nous l’a manifestée par Notre Seigneur Jésus-Christ : Per Christum Dominum notrum. Désormais l’Église ne priera plus sans dire : Per Christum Dominum nostrum : « Par le Christ Notre Seigneur ».
Car c’est par Lui que désormais passera toute notre religion. Ainsi l’a voulu la Trinité Sainte. Pour accéder à la Trinité Sainte, il nous faudra passer par Notre Seigneur Jésus-Christ.
Mais quelle consolation pour nous, quelle joie de penser que Notre Seigneur, que Dieu, s’est fait l’un des nôtres afin d’être plus près de nous, afin de nous manifester davantage son amour et qu’il nous demande de Le suivre. Ego sum via, veritas et vita. « Je suis la voie ». Personne ne peut arriver à mon Père, si ce n’est par moi.
Alors il nous faut suivre Notre Seigneur Jésus-Christ. Pour arriver au Père, il faut passer par Notre Seigneur Jésus-Christ. Pour recevoir l’Esprit Saint, c’est encore par Notre Seigneur Jésus-Christ que nous Le recevrons. Voilà la Vérité. Voilà ce qui est. Nous ne pouvons pas douter ; nous ne pouvons pas hésiter ; nous ne pouvons pas choisir. Nous devons choisir ce que le Bon Dieu a voulu pour nous. Et Il l’a manifesté par sa charité.
Et comment dans la pratique, arriverons-nous à Notre Seigneur Jésus-Christ, dans la pratique quotidienne, dans la vie quotidienne, dans la vie de tous les jours ? Eh bien, voyez ce que Notre Seigneur nous a laissé, les moyens par lesquels Notre Seigneur entend nous mener à son Père.
Ces moyens sont d’abord le Saint Sacrifice de la messe. Prenez le Missel romain et vous verrez que la Sainte Messe est placée précisément à ce moment-là dans la liturgie entre le Samedi saint et le jour de Pâques. C’est là que l’Église a cru bon de mettre le Saint Sacrifice de la messe. Parce que, précisément, le Saint Sacrifice de la messe résume en quelque sorte toute la liturgie de toute l’année. La préparation de la liturgie depuis l’Avent, depuis Noël, depuis l’Épiphanie, et le Carême, nous mène au Sacrifice de Notre Seigneur et à sa Résurrection. C’est le cœur de la liturgie. Et au cœur de la liturgie, l’Église a cru bon de placer la Sainte Messe.
Et puis, ensuite, le résultat de la liturgie, c’est le temps qui suit Pâques et la Pentecôte, le Saint-Esprit qui nous est donné par le Sacrifice de la messe.
Dans la réalité, par conséquent, nous trouverons Notre Seigneur, nous vivrons avec Notre Seigneur, nous communierons à Notre Seigneur par le Saint Sacrifice de la messe, qui au cœur de notre sainte liturgie, qui rappelle toute la liturgie ; qui en est la synthèse ; qui en résume à la fois aussi toutes les bénédictions, toutes les richesses, toutes les grâces. Et c’est pourquoi nous devons tenir tant à la très Sainte Messe, au Saint Sacrifice de la messe, qui est vraiment comme la continuation de l’Incarnation de Notre Seigneur Jésus-Christ et de sa Rédemption ici-bas.
Alors c’est là, c’est là que nous toucherons au grand mystère de Dieu. C’est par là que nous irons au Père ; c’est là que nous recevrons l’Esprit Saint ; c’est là que nous communierons au Fils de Dieu. Nous ne pourrons pas trouver de choses plus belles, de choses plus grandes, de choses plus admirables que le Saint Sacrifice de la messe. Et le Saint Sacrifice de la messe – je dis bien – et non pas le repas eucharistique. Car le repas eucharistique est une conséquence du Sacrifice de la messe. Nous refaisons, en quelque sorte, le Sacrifice de la Croix sur nos autels. Et, c’est du Sacrifice de la Croix que découle la Sainte Communion. Nous communions à la Victime qui s’est offerte sur l’autel. Voilà ce qu’est notre Sacrifice.
Et ceci est toute la différence, voyez-vous, de notre sainte Religion avec tous ceux qui se sont séparés de nous, de la Sainte Église catholique. Le cœur de l’Église catholique se trouve, en quelque sorte, uni profondément à la foi dans le Saint Sacrifice de la messe.
Si l’on perd la foi dans ce Sacrifice, on perd la foi catholique. Il faut donc garder à tout prix le Saint Sacrifice de la messe dans notre foi. C’est là que nous trouverons vraiment la charité de Notre Seigneur, que nos participerons à sa charité et que nous recevrons sa grâce.
Et puis au Sacrifice de la messe, s’unissent en quelque sorte tous les sacrements que Notre Seigneur nous a donnés. C’est à cela qu’il faut nous attacher, aux sacrements que Notre Seigneur nous a donnés et au Saint Sacrifice de la messe.
Ce sont les moyens que Notre Seigneur a voulu nous donner. Et c’est pourquoi Il a institué le sacerdoce et c’est pourquoi Il a fondé l’Église : pour continuer le sacerdoce. Parce qu’il ne peut pas y avoir de messe, de Sacrifice de la messe, sans sacerdoce. Et il ne peut pas y avoir de sacerdoce sans Église.
Voilà pourquoi Notre Seigneur nous a donné l’Église : pour nous donner le sacerdoce, afin que le sacerdoce continue le Saint Sacrifice sur la terre et que nous puissions participer à la Sainte Trinité, à la vie de la Sainte Trinité. Voilà ce que Notre Seigneur Jésus-Christ a voulu. Voilà ce qu’il a fait. Voilà ce que l’Église nous enseigne d’une manière admirable le jour de Pâques.
Alors soyons attachés de tout notre cœur à ces réalités. Ce sont des réalités, ce ne sont pas seulement des souvenirs. Ce sont des réalités qui nous font vivre, qui nous font continuer réellement la Rédemption de Notre Seigneur.
Par conséquent, prenons garde de nous laisser entraîner dans toutes les erreurs de notre temps. Et l’une des erreurs les plus récentes et qui se répand avec une rapidité surprenante, c’est le Pentecôtisme, qui fait croire que l’on peut recevoir l’Esprit Saint d’une manière habituelle et d’une manière normale, directement, sans passer par les sacrements, sans passer par le Saint Sacrifice de la messe, sans passer par le sacerdoce, sans passer par l’Église.
Ceci est contraire à la volonté de Notre Seigneur, comme je viens de vous l’expliquer. Or je sais que parmi ceux même qui se disent attachés aux traditions de l’Église, il y en a qui se laissent prendre par ce courant. Ne nous laissons pas prendre ! Ce sont là des mirages. Ce sont là des tromperies encore de l’esprit mauvais qui veut nous séparer de l’Église, nous séparer du Sacrifice de la messe, nous séparer des sacrements afin de réduire l’Église à néant. Il ne restera plus rien, si désormais nous prétendons recevoir l’Esprit Saint sans passer par les sacrements et le Sacrifice de la messe.
Il n’y a plus besoin de l’Église, il n’y a plus besoin du Sacrifice de la messe, il n’y a plus besoin des sacrements. Ceci est très grave. Nous devons nous attacher à tout prix à ce que Notre Seigneur a fondé, à ce que Notre Seigneur Jésus-Christ a institué.
Et sans doute nous ne voulons pas assimiler ces erreurs qui sont celles du Pentecôtisme, à des visions, des révélations qui peuvent être faites à des Âmes saintes.
Certes la Vierge, les anges et Notre Seigneur peuvent apparaître et donner des communications particulières à des âmes choisies par Lui. Mais, là encore, nous devons prendre bien garde de ne pas nous laisser tromper, de ne pas nous laisser entraîner dans des voies qui pourraient être dangereuses. Car il est parfois difficile de distinguer ce qui vient de Dieu de ce qui vient du démon.
Mais il est évident que dans des pèlerinages où il y a beaucoup de conversions, où vraiment les grâces du Saint-Esprit se répandent de telle manière que les âmes se convertissent et retournent à Dieu d’une manière permanente et d’une manière quasi définitive, alors là on peut vraiment croire que Notre Seigneur est présent, que la très Sainte Vierge Marie est présente.
Mais, encore une fois, il ne faut pas faire passer ces choses que sont une aide que Dieu nous donne de ces pèlerinages, de ces apparitions de la très Sainte Vierge, il ne faut pas les faire passer avant ce que Notre Seigneur a fondé pour que nous en profitions d’une manière normale. Il ne faut pas faire passer les pèlerinages avant l’assistance à la Sainte Messe, au vrai Sacrifice de la messe et aux vrais sacrements.
Ceci est très important. Il faut toujours garder une foi profonde, une foi définitive à ce que Notre Seigneur a voulu. Et si par sa grâce, par sa bonté. Il veut bien nous faire dire par sa Sainte Mère, des messages qu’il désire qu’ils soient communiqués au monde, recevons-les si nous avons la conviction qu’ils sont vrais, recevons-les avec remerciements, avec action de grâces. Mais cela ne doit jamais pour autant faire diminuer la dévotion dans les moyens normaux que Notre Seigneur nous a donnés. 26
C’est ainsi que nous trouverons Notre Seigneur, c’est ainsi que nous demeurerons dans la Vérité. C’est ainsi que nous ne nous laisserons pas entraîner par des courants qui veulent nous emmener à l’erreur et qui veulent détruire notre sainte Religion catholique.
Demandons donc à la très Sainte Vierge qui, elle, demande de faire pénitence, nous demande de prier, nous demande de communier au Corps et au Sang de son divin Fils, demandons-lui de nous éclairer, de nous conduire à Jésus.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.