La Tradition catholique au Japon

Entretien avec M. l’ab­bé Thomas Onoda, prêtre japo­nais de la Fraternité Saint-​Pie X, supé­rieur du prieu­ré de Tokyo.

Saint François-​Xavier débar­qua pour la pre­mière fois à Kagoshima en 1549, avant de s’installer à Hirado, au nord-​ouest de l’actuelle pré­fec­ture de Nagasaki. Bien que le mis­sion­naire ne res­tât à Hirado que pen­dant quatre mois, on dit qu’il gagna plus de conver­tis en seule­ment vingt jours de pré­di­ca­tion qu’il n’en eut en une année entière à Kagoshima. En octobre 1550, il se ren­dit à Kyoto, via Yamaguchi, pour deman­der à l’empereur l’autorisation de prê­cher le chris­tia­nisme dans tout le Japon. Réalisant que l’empereur n’était qu’une figure de proue impuis­sante, Xavier, désa­bu­sé, retour­na à Yamaguchi où il conver­tit plus de 500 Japonais au cours des six mois sui­vants, jusqu’en mars 1551. En sep­tembre, il s’installa à Bungo (aujourd’hui Oita) où le sei­gneur local l’accueillit et devint catho­lique sous le nom de Don Franscisco Otomo. Après avoir pas­sé deux ans et trois mois à prê­cher le chris­tia­nisme, saint François-​Xavier se ren­dit compte de l’influence de la culture chi­noise sur le Japon et déci­da de par­tir en Chine pour y ren­con­trer l’empereur. Il arri­va sur l’île de Schangchuan en sep­tembre 1552 mais ne par­vint pas à atteindre le conti­nent ; il mou­rut le 3 décembre d’épuisement phy­sique et men­tal. Il n’avait que 46 ans.

En 1597, vingt-​six Catholiques (mis­sion­naires étran­gers et chré­tiens japo­nais) furent cap­tu­rés à Kyoto et envoyés à Nagasaki pour être cru­ci­fiés sur la col­line de Nishizaka. Le chris­tia­nisme dut ensuite être vécu de façon cachée, sans prêtres, pen­dant 250 ans. À la fin du XIXe siècle, un trai­té d’amitié et de com­merce entre la France et le Japon fut conclu, et des Français s’installèrent à Nagasaki. Ils sou­hai­taient une église catho­lique. La cathé­drale d’Oura, construite en 1864, fut consa­crée en 1865. Un mois après la céré­mo­nie, quinze « Chrétiens cachés » entrèrent dans la cathé­drale d’Oura. S’approchant du prêtre qui priait à l’intérieur, ils lui mur­mu­rèrent : « Notre cœur (foi) à nous tous qui sommes ici, est le même que le vôtre ». Malgré les graves per­sé­cu­tions et l’absence de mis­sion­naires, le chris­tia­nisme avait sur­vé­cu au Japon !

Et aujourd’hui, qu’en est-​il ? C’est l’abbé Onoda, prêtre japo­nais de la Fraternité, supé­rieur du prieu­ré de Tokyo, qui va répondre à quelques ques­tions sur le catho­li­cisme dans son pays.

Comment le catho­li­cisme est-​il per­çu aujourd’hui par les Japonais : est-​il igno­ré ? Ou connu et appré­cié de par ses écoles, ses orphe­li­nats et mai­sons de retraite ?

Le catho­li­cisme est mal­heu­reu­se­ment lar­ge­ment igno­ré de la plu­part des Japonais contem­po­rains. Selon les sta­tis­tiques de 2019, il y a 437.607 catho­liques au Japon, sur une popu­la­tion de 127 mil­lions d’habitants, soit 0,34% de la popu­la­tion totale. Après la Seconde Guerre mon­diale, il y a eu un afflux de conver­sions à la Foi catho­lique, avec des mil­liers de bap­têmes d’adultes chaque année. La socié­té japo­naise appré­ciait les œuvres de cha­ri­té catho­liques. Mentionnons le frère fran­cis­cain Zénon Zebrowski (18911982), la véné­rable Elisabeth Marie Satoko Kitahara (1929–1958). Les écoles catho­liques sont recon­nues pour leur qua­li­té. Les élites du pays y font sou­vent leurs études, mais sans se convertir.

Les conver­sions se sont consi­dé­ra­ble­ment ralen­ties après Vatican II et le nombre de catho­liques est désor­mais en régres­sion. Les réformes conci­liaires pèsent sérieu­se­ment sur les vocations.

Le culte des ancêtres, si fort au Japon, est-​il un obs­tacle ou au contraire une porte d’entrée pour le catholicisme ?

Le culte des ancêtres au Japon est dif­fé­rent de celui de la Chine ou de la Corée. Pour les Japonais, cela signi­fie le désir de conti­nuer la tra­di­tion fami­liale. Il ne s’agit pas d’adorer ou de rendre un culte aux âmes des ancêtres. Donc au Japon, le culte des ancêtres ne pose pas vrai­ment de pro­blème comme cela peut être le cas ailleurs en Asie.

Le sou­ve­nir de saint François-​Xavier est-​il encore vivace ?

Je dirais que oui. Tous les Japonais découvrent à l’école ce grand mis­sion­naire qui, le pre­mier, a illu­mi­né le Japon de l’enseignement de l’Évangile. Même les Japonais qui ignorent le Catholicisme ont enten­du par­ler de ce saint. Voici une petite anec­dote qui illustre com­bien vivace est le sou­ve­nir de saint François-​Xavier par­mi nous catho­liques japo­nais. C’est le 15 août 1549, fête de l’Assomption, que saint François-​Xavier débar­qua à Kagoshima avec un néo­phyte japo­nais, Anjiro, bap­ti­sé « Paulo de la Sainte Foi », ori­gi­naire de ce lieu. Anjiro appor­ta au Japon une belle image de la Sainte Vierge à l’Enfant-Jésus assis sur ses genoux. Il prit cette image avec lui quand il alla ren­con­trer Takahisa Shimazu, le Daimyo (prince) de Satsuma (aujourd’­hui Kagoshima) afin de pré­pa­rer l’audience de saint François-​Xavier. En voyant l’image de la Sainte Vierge, le Prince Takahisa fut très impres­sion­né et s’agenouilla pour mon­trer sa révé­rence. Il ordon­na même à tous ceux qui étaient pré­sents de faire de même ! La mère de Takahisa fut éga­le­ment for­te­ment impres­sion­née par cette image. Elle en deman­da une copie ain­si qu’un expo­sé écrit de la doc­trine chré­tienne. Le 29 sep­tembre 1549, fête de saint Michel, saint François-​Xavier fut reçu avec hon­neur par Shimazu Takahisa en son châ­teau. Quelques jours plus tard, Shimazu lui don­na la liber­té de prê­cher et per­mit à tous ses sujets d’embrasser la Foi chré­tienne s’ils le désiraient.

Dans sa lettre datée du 5 novembre 1549, saint François-​Xavier écri­vit : « J’ai le très grand espoir que l’aide de Dieu ne nous fera pas défaut dans une telle affaire, car nous nous méfions entiè­re­ment de nos propres forces, et nous avons pla­cé tous nos espoirs dans la puis­sance et le pou­voir suprême du Christ notre Seigneur et dans le patro­nage de sa très sainte Mère, de tous les Anges, et en par­ti­cu­lier de l’Archange Michel, le Prince de l’Église mili­tante. » Saint François-​Xavier vou­lut bâtir une église dédiée à la Sainte Vierge à Kyoto, capi­tale du Japon à cette époque, mais ne le put.

En 1864, le père Robin (1802–1882), curé du vil­lage de Digna, dans le dio­cèse de Saint Claude (Jura), et fon­da­teur d’un groupe de prières pour la conver­sion des Japonais, lut le désir que saint François-​Xavier avait de construire une église à Kyoto. Il fit alors fabri­quer à Rome six sta­tues de la Mère de Dieu en bronze, sur le modèle de l’image qu’Anjiro avait appor­tée autre­fois au Japon. Les sta­tues, bénites par le pape Pie IX le 31 décembre 1865, furent dénom­mées « Notre Dame de Miyako (autre nom de Kyoto) ». En 1866, l’une de ces sta­tues par­vint au Japon. En 1873, elle fut enter­rée au som­met d’une col­line sur­plom­bant Kyoto afin que des mis­sion­naires puissent y entrer le plus tôt pos­sible, comme le sou­hai­tait le père Robin. Après six années pas­sées sous terre, elle fut déter­rée en 1879 par le père Aimé Villion, MEP (1843–1932). Enfin le 1er mai 1890, Notre-​Dame de Miyako fut pla­cée sur un autel laté­ral de l’église de Kawaramachi à Kyoto, le jour de sa dédi­cace. Elle se trouve aujourd’hui dans la crypte de l’église cathé­drale de Kawaramachi, qui s’appelle désor­mais : la cha­pelle de Notre-​Dame de Miyako.

Le 11 février 2021, l’un de nos fidèles nous a fait don d’une copie de cette sta­tue pour notre nou­veau prieu­ré à Tokyo (capi­tale actuelle du Japon). Notre-​Dame de Miyako est liée à saint François-​Xavier et nous rap­pelle ce que nous devons à ce grand missionnaire.

Le sang des 26 mar­tyrs cru­ci­fiés à Nagasaki le 5 février 1597 est-​il tou­jours semence de chré­tiens dans ce diocèse ?

À Nagasaki, il y a la paroisse d’Urakami ter­ri­ble­ment endom­ma­gée par la bombe ato­mique. D’après une sta­tis­tique récente, cette paroisse seule a pro­duit des cen­taines de voca­tions de reli­gieux et de reli­gieuses dont cinq évêques, un pré­fet apos­to­lique (décé­dé avant la consé­cra­tion épis­co­pale pen­dant la 2e guerre mon­diale), et plus de 88 prêtres. Autre exemple : à Shitsu se trouve une paroisse pauvre et petite qui ne compte aujourd’hui que 800 fidèles. Un mis­sion­naire fran­çais légen­daire, le père Marc Marie de Rotz, M.E.P (1840–1914), y œuvra toute sa vie. Dans ce vil­lage sont nées de nom­breuses voca­tions de prêtres et reli­gieux, dont deux car­di­naux et un évêque japonais.

Le sort des « chré­tiens cachés » per­sé­cu­tés, qui ont gar­dé durant plus de deux siècles la foi catho­lique alors qu’ils étaient sans prêtres, reste fas­ci­nant. Avez-​vous de leurs des­cen­dants par­mi vos fidèles ? En avez-​vous ren­con­tré d’autres qui des­cendent, eux, de ceux qui n’ont pas rejoint l’Église après l’arrivée des mis­sion­naires en 1858 ?

Nous n’avons pas de des­cen­dant des « chré­tiens cachés » par­mi nos fidèles. Nagasaki est trop loin de nos centres de messe. Par contre, par l’intermédiaire d’un de nos fidèles, nous avons eu la chance de ren­con­trer l’un de ces des­cen­dants lors d’un pèle­ri­nage à Nagasaki. Cette fidé­li­té des « chré­tiens cachés » est un mys­tère de la grâce. Il semble que c’est dans les régions où les chré­tiens ont gar­dé la dévo­tion à la Sainte Vierge et la prière en famille avec l’acte de contri­tion, qu’ils ont pu se rap­pe­ler, même après sept géné­ra­tions, les carac­té­ris­tiques que leur avaient don­nées les mis­sion­naires avant de par­tir afin de pou­voir dis­cer­ner les vrais pas­teurs qui reviendraient.

Êtes-​vous né dans une famille catho­lique ou avez-​vous décou­vert notre reli­gion plus tard ?

Je me suis conver­ti à la foi catho­lique, par la grâce de Dieu, sans avoir été éle­vé dans un foyer catho­lique. J’ai reçu la grâce du bap­tême le jour de Noël 1980, à l’âge de 16 ans. J’ai fait mes études dans une école pri­vée catho­lique dans ma région natale. Je me suis inté­res­sé à la ques­tion de l’existence de Dieu, à ce qu’il y a après la mort, etc. Après des années de lec­ture, de recherche et de prières, j’en suis arri­vé à la conclu­sion que Dieu existe, qu’Il a créé toute chose, que Jésus-​Christ est le vrai Dieu fait homme, que cet Homme-​Dieu a fon­dé l’Église catho­lique et que, sans être bap­ti­sé dans cette Église, je ne pour­rai pas aller au Ciel. Je suis donc allé deman­der le sacre­ment de bap­tême au curé d’une paroisse près de ma maison.

Depuis com­bien de temps desservez-​vous votre pays pour la Fraternité ? La com­mu­nau­té s’est-elle étof­fée durant toutes ces années ?

Depuis mon ordi­na­tion sacer­do­tale en 1993, j’ai été affec­té à Manille, aux Philippines. Je me ren­dais au Japon tous les mois. Nous avons com­men­cé notre apos­to­lat avec le cercle de mes amis catho­liques, il y a donc près de 30 ans. Notre com­mu­nau­té s’est déve­lop­pée dou­ce­ment au cours des années par la grâce de Dieu. La pan­dé­mie Covid-​19 a été l’occasion, pour un bon nombre de per­sonnes, de nous décou­vrir. Aujourd’hui, en juin 2021, nous avons trois centres de messe au Japon : Tokyo, Osaka et Nagoya. À Tokyo, nous avons une cen­taine de fidèles tous les dimanches. N’ayant pas d’église, nous louons une salle chaque dimanche pour la durée des messes. À Osaka, nous avons actuel­le­ment une tren­taine de fidèles. Depuis mai 2016, avec la grâce de Dieu et la géné­ro­si­té de nos fidèles, nous avons pu louer des locaux et ins­tal­ler une cha­pelle, dédiée au Cœur Immaculé de Marie, pou­vant accueillir une cin­quan­taine de per­sonnes. Nous avons com­men­cé récem­ment à dire la messe un dimanche par mois à Nagoya, pour une quin­zaine de fidèles et, là éga­le­ment, nous louons une salle.

Êtes-​vous le seul prêtre japo­nais de la Fraternité ?

Pour le moment, oui. Les can­di­dats japo­nais envoyés au sémi­naire n’ont pas per­sé­vé­ré. C’est selon la sainte volon­té du Bon Dieu. Nous conti­nuons à prier la Providence de nous don­ner de nom­breuses voca­tions sacer­do­tales et religieuses.

Quelles réac­tions de la part du cler­gé catho­lique avez-​vous consta­tées à l’ouverture de votre prieu­ré à Tokyo début jan­vier ? Êtes-​vous en contact avec l’évêque du lieu ?

En sep­tembre der­nier, l’archevêque de Tokyo a publié une mise en garde contre nous. Son action a été moti­vée par le fait que je conti­nuais à dire la messe pour les fidèles durant la pan­dé­mie et que le nombre de nos fidèles aug­men­tait. J’ai essayé de lui rendre visite, mais en vain. Notre prieu­ré se trouve dans le dio­cèse de Saitama, à côté de celui de Tokyo. Nous avons pris un rendez-​vous avec l’évêque du lieu afin de nous pré­sen­ter, mon confrère et moi. Le rendez-​vous fut sou­dai­ne­ment annu­lé, sans autre motif que notre appar­te­nance à la FSSPX. L’évêque a envoyé en février de cette année, une « Note urgente » (sic) à tous ses prêtres, diacres et supé­rieurs reli­gieux pour leur don­ner la consigne d’éviter tout contact avec nous. Il a publié aus­si, à l’adresse de tout le monde, une mise en garde contre nous. L’évêque de Nagoya s’est mon­tré hos­tile à notre égard éga­le­ment. En résu­mé donc, les évêques de Tokyo, Saitama et Nagoya ne veulent pas nous voir.

« La Tradition catho­lique ne peut que cor­res­pondre sur­na­tu­rel­le­ment à l’attachement natu­rel des Japonais pour la dimen­sion ver­ti­cale, pour l’amour du Beau », a pu écrire le père Jean-​François Thomas, à son retour du Japon en 2019. Qu’est-ce qui attire vos fidèles vers la Tradition ?

Les Japonais aiment la litur­gie, le chant gré­go­rien, les prières tra­di­tion­nelles qui expriment la réa­li­té pro­fonde de la réac­tua­li­sa­tion du Sacrifice du Calvaire et une ado­ra­tion véri­table envers un tel mys­tère. De plus, les Japonais modernes tra­versent une crise spi­ri­tuelle pro­fonde que seule l’Église catho­lique peut résoudre. Malheureusement, la parole évan­gé­lique se fait bien peu entendre et de plus se trouve sou­vent défor­mée par les nui­sances pro­tes­tantes et conci­liaires. La per­sé­cu­tion sévère qui fut menée au Japon contre le catho­li­cisme montre qu’ici, comme ailleurs, Notre Seigneur ne laisse pas indif­fé­rent. Notre prieu­ré au Japon a été inau­gu­ré offi­ciel­le­ment le 13 jan­vier der­nier, sous le patro­nage de Notre-​Dame Étoile du Matin. Par Elle, nous espé­rons sur le Japon le lever du Soleil de Justice et de Vérité, de la Splendeur de la Lumière éter­nelle, Notre Seigneur Jésus-Christ.

Quels sont les besoins maté­riels de votre nou­veau prieu­ré au Japon ?

Nous louons une petite mai­son comme prieu­ré et des locaux en ville pour le temps de nos messes. Nous avons le néces­saire pour vivre et faire notre apos­to­lat actuel, grâce à la géné­ro­si­té de nos fidèles au Japon. Cependant, le déve­lop­pe­ment de notre apos­to­lat passe néces­sai­re­ment par l’établissement d’une cha­pelle per­ma­nente dans la région de Tokyo. Or nous sommes confron­tés à une dif­fi­cul­té finan­cière de taille : la loca­tion men­suelle d’un espace (à amé­na­ger en cha­pelle) pour une cen­taine de per­sonnes tourne autour de 3.500 € et l’achat d’un ter­rain s’élève à plus d’un mil­lion d’euros.

Voudriez-​vous ajou­ter quelque chose à l’adresse de nos lec­teurs, vous qui avez vécu dans notre pays ?

Il y a une his­toire reli­gieuse com­mune entre le Japon et la France. La pre­mière évan­gé­li­sa­tion s’est faite par les Jésuites por­tu­gais sur­tout. Mais les mis­sion­naires fran­çais des Missions Etrangères de Paris ont eu une place impor­tante par la suite. Par exemple, le 1er mai 1844, le père Théodore-​Augustin Forcade, M.E.P. (futur évêque de Nevers de 1860 à1873, à l’époque de sainte Bernadette), a consa­cré le Japon au Cœur Immaculé de Marie dans le port de Naha, Okinawa. En 1865, c’est à un prêtre fran­çais, le père Petitjean, que les « chré­tiens cachés » se sont révé­lés. En 1871, lors de l’apparition de Notre-​Dame à Pontmain, les enfants et vil­la­geois ont prié le cha­pe­let des Martyrs du Japon. Il est inté­res­sant de noter que la pre­mière messe publique de mon confrère fran­çais dans notre cha­pelle dédiée aux Martyrs du Japon eut lieu le dimanche 17 jan­vier 2021, exac­te­ment le jour anni­ver­saire des 150 ans de l’apparition de Pontmain.

J’inviterais donc volon­tiers les catho­liques fran­çais à prier pour le déve­lop­pe­ment de la Foi catho­lique au Japon, par exemple en priant de temps en temps cette dévo­tion simple et courte qu’est le Chapelet des 26 Martyrs du Japon.

Chapelet des Saints Martyrs du Japon

Le Japon vit ses pre­mières conver­sions et bap­têmes chré­tiens vers 1550. Suite à l’ordre de l’empereur du Japon, des chré­tiens furent arrê­tés en vue de leur exé­cu­tion : reli­gieux ou simples bap­ti­sés japo­nais. Il est à noter que, dès leur arres­ta­tion, ils étaient dans une grande joie de mou­rir pour le Seigneur, et les quelques enfants et jeunes n’étaient pas en reste pour s’offrir à Dieu dans la mort, bien qu’on leur pro­po­sât de l’éviter. Leur fier­té, leur enthou­siasme étaient tels que, le long du che­min jusqu’au lieu d’exécution, ces chré­tiens des­ti­nés à la mort tou­chaient de nom­breux cœurs dans la foule (qui se devait hai­neuse) et les ame­naient à leur conver­sion. D’autres chré­tiens vou­lurent se joindre aux futurs mar­tyrs. Le 5 février 1597 marque le jour de la mort des vingt-​six chré­tiens du Japon, morts cru­ci­fiés et trans­per­cés en chan­tant le can­tique de Zacharie et le psaume « Enfants, louons le Seigneur ». En 1862, à la suite de la cano­ni­sa­tion des 26 Martyrs de Nagasaki par le pape Pie IX, l’abbé Hamet, prêtre de Saint-​Brieuc, com­po­sa le cha­pe­let ou cou­ronne des saints Martyrs Japonais afin de déve­lop­per la pié­té et la fer­veur des enfants. Une très abon­dante mois­son d’indulgences est pro­mise pour tous ceux qui prie­ront ce chapelet.

Comment le réci­ter ? C’est un court cha­pe­let qui se fait sur deux dizaines. On com­mence sur la croix, puis le gros grain, sui­vi de trois petits. Enfin les deux dizaines pré­cé­dées du gros grain. Ce cha­pe­let fut prié pen­dant l’apparition de la Très Sainte Vierge à Pont-​main, le 17 jan­vier 1871.
Sur la Croix :
Actes de foi, d’espérance et de cha­ri­té.
Sur les gros grains :
Père Eternel, je Vous offre le Sang Très-​Précieux de Jésus-​Christ, en expia­tion de mes péchés et pour les besoins de la Sainte Église.
Doux Cœur de Marie, soyez mon salut, par Jésus Miséricordieux.

Source : Lettre Missions n°41

Siège du District d’Asie