Très chers Chevaliers de l’Immaculée !
En ce jour anniversaire de la fondation de la MILITIA IMMACULATAE, le 17 octobre 1917, par Saint Maximilien Kolbe, permettez-moi de Vous adresser cette troisième lettre afin de Vous encourager de continuer ce mois du saint rosaire avec le désir immense et la ferme résolution d’obéir au Cœur Immaculé quand Elle exige de nous de prier le chapelet chaque jour.
Nous vivons aujourd’hui, plus qu’auparavant, dans de terribles temps apocalyptiques ; aussi devrions-nous être profondément impressionnés par les paroles de sœur Lucie : « Et maintenant Dieu nous donne les deux derniers outils du salut : la dévotion au saint rosaire et au Cœur immaculée de Marie ». Avec ces outils seulement nous sauverons nos âmes et les âmes de bien d’autres. Nous, chevaliers, devons être en première ligne, prenant part à la campagne de la croisade du rosaire instituée par notre supérieur général pour faire connaître et aimer Ses requêtes solennelles finalement exaucées pour le bien de notre Sainte Mère l’Eglise et le salut de nombre d’âmes.
Mais soyez attentifs : il ne suffit pas de simplement réciter le chapelet. Nous devons avoir une véritable dévotion envers lui, en saisissant le trésor caché de cette prière mystérieuse. Saint Louis-Marie Grignon de Montfort lui-même médite profondément ce trésor caché dans son livre sur l” »Admirable secret du rosaire » et le pape Léon XIII dans ses encycliques sur le rosaire, l’explique en ces termes : son « corps » extérieur, son « aspect matériel », est la prière vocale, mais l’aspect intérieur, « l’âme » est la méditation sur les mystères de la vie de Notre-Seigneur à travers Notre-Dame.
Dans cette lettre, laissez-moi tout d’abord donner une réponse à la question : pourquoi le rosaire est-il si important à notre époque ?
Le rosaire est vital pour nous en tant que chemin parfait pour pénétrer les mystères de Jésus a travers Marie. Le ROSAIRE EST UN RACCOURCI pour entrer dans le mystère de NOTRE-SEIGNEUR. En particulier pour les hommes et femmes d’affaires de notre temps, le rosaire est LE moyen le plus simple de méditer notre foi : peut-être pas tous ses mystères, mais certainement les plus essentiels mystères de notre foi, les plus nécessaires à notre salut.
Les mystères joyeux – la venue du CHRIST dans ce monde – nous rendent manifeste le fait que le centre de la création n’est pas l’homme (contrairement au culte moderne de l’homme), n’est pas le paradis sur terre, n’est pas la courte vie de chacun, mais LE CHRIST NOTRE SEIGNEUR, présent parmi nous.
Les mystères joyeux fixent notre regard sur Lui et nous aident à vaincre la tentation de mettre les mensonges et illusions du monde comme centre de nos vies.
Les mystères douloureux nous montrent la MANIÈRE selon laquelle nous devons vivre sur la terre : « Portez votre croix chaque jour » ! C’est là la grande loi d’amour qui consiste à s’oublier soi-même et à s’offrir à la gloire de Dieu et pour le salut des âmes, en nous identifiant nous-mêmes aux souffrances de Notre-Seigneur.
Et les mystères glorieux nous montrent le BUT de nos vies : non les succès terrestres, mais la gloire éternelle méritée par la Résurrection de Notre-Seigneur. Au sein de ces trois séries de mystères nous avons l’essentiel de notre vie spirituelle : la fondation (Emmanuel – Dieu est avec nous), la voie (Via Crucis) et le but (gloire éternelle). De cette manière le rosaire nous illumine et nous libère des dangers de cette vie où nous arpentons des chemins trompeurs qui mènent à la perdition.
En second lieu, laissez-moi vous présenter de plus profonds aspects du très saint rosaire, parce que cette prière amène à nous, à travers Marie, Dieu Lui-Même et nous ramène à Dieu par Marie ! Cela signifie que la dévotion au Saint Rosaire est le chemin le plus court et le plus sûr vers la sainteté !
1/Marie nous emmène dans les profondeurs du Mystère de Dieu Lui-même ! Dans le rosaire, Elle nous révèle l’admirable mystère des mystères, la très sainte Trinité.
Dieu Lui-même se rapproche de nous à travers le rosaire. Le cœur aimant de notre Mère nous donne, à nous ses enfants, un cadeau merveilleux : Dieu lui-même !
Par les mystères joyeux, nous découvrons Dieu le Père comme étant la source et la fontaine de tout bien, en particulier du plus grand de tous, notre propre salut. Il envoie Son Fils sur terre ! Dieu le Fils est la révélation de Dieu au monde, le soleil spirituel qui disperse les ténèbres par Sa Nativité et qui, dans son enfance, édifie les docteurs de la Loi au temple. Dieu le Saint-Esprit accomplit le mystère de l’Incarnation et à travers Ses inspirations apporte la grâce de Dieu dans ce monde. Il est présent durant la visitation de Notre-Dame et lors de la sanctification de Jean-Baptiste dans le ventre de sa mère Élisabeth, ainsi que lors de la présentation de Jésus au temple où il éclaire et sanctifie Siméon et la prophétesse Anne.
Par les mystères douloureux, nous méditons certains actes particuliers de la miséricorde infinie de Notre Seigneur. Ici Notre Mère ouvre nos yeux sur les profondeurs du Cœur de Jésus lors de son agonie à Gethsémani. Que se passa-t-il là-bas ? Nous entendons les battements de Son Cœur, Lui le Très Saint, le plus beau, le plus parfait et simultanément le plus accablé par l’infinie masse d’horreur et d’agonie du péché, de la corruption morale de l’homme et ses repoussantes insultes. Nous voyons là un immense acte de miséricorde par la façon dont Il accepte toutes ces horreurs, afin qu’Il paie le terrible prix du mal et le détruise par le sacrifice de Sa propre vie. Et nous voyons de la même manière la miséricorde du Père qui envoie l’ange de l’agonie pour renforcer Son Fils dans le jardin, afin que le Christ puisse suivre le chemin de l’amour miséricordieux jusqu’à son terme. La flagellation et le couronnement d’épines sont la miséricorde de Dieu en action : ici et maintenant sont détruites les ténèbres à travers le paiement du Très Précieux Sang, Son corps lacéré et Sa tête percée d’épines. La miséricorde de Dieu n’est pas une plaisanterie ; elle n’a rien d’une sensiblerie.
Le Fils de Dieu attire à lui la plus grande de toutes les oppressions possibles afin de libérer les pécheurs de l’esclavage du péché. La miséricorde de Dieu nous apporta notre rédemption, mais à quel prix ! Et ne pouvons-nous pas comprendre le portement de la Croix et la mort du Christ comme une participation spéciale du Saint-Esprit dans cette œuvre de la miséricorde de Dieu ? La force du Christ qui se relève après trois chutes atroces ; l’aide et la consolation qu’Il accepta de Symon de Cyrène et de Véronique ; la présence de la Mère de Miséricorde Elle-même sur le chemin de croix – derrière tout cela le Saint Esprit se révèle discrètement, menant la tache de la rédemption à sa dernière fin et ultime totalité. Et le drame culmine sur le mont Calvaire. Chaque divine personne est présente : le Père, qui sacrifie jusqu’à la fin ce qu’Il possède – Son Fils ! Le Fils, qui aime « jusqu’à la fin » à travers toutes des souffrances inimaginables ! Le Saint-Esprit, qui réside dans le Cœur Immaculée de Marie, présente au pied de la croix, la flamme de l’amour éternel de Dieu en Son cœur brûlant et brillant dans Sa compassion et sa tristesse infinie !
Dans les mystères glorieux, L’AMOUR INFINI apparaît dans le triomphe et l’éternelle efficacité de l’entière œuvre du salut. Nous assistons à la révélation finale et éternelle de la gloire de Dieu, Sa sainteté, et majesté, d’abord par le triomphe de l’amour de Dieu dans le miracle de la résurrection. L’Ascension est le retour triomphant du Christ au paradis accompagné des membres de Son Corps Mystique. Et le mystère central est l’envoi du Saint Esprit – LE FEU DE L’AMOUR DE DIEU ! Au paradis tous les désirs seront réalisés dans la paix et la joie éternelle. Et les deux derniers mystères glorieux nous montrent la joie dans sa plus parfaite réalisation, quand à travers l’Immaculée toute la création commence à retourner vers Dieu. Le couronnement de Marie est à la fois la révélation définitive de tout l’amour de Dieu, qui L’emplit de Lui plus que tous les saints et anges du paradis, et l’ultime victoire et achèvement de l’ordre créé quand « Dieu sera tout en tout ! »
2/Marie nous emmène vers la réalisation la plus profonde et l’objectif de la création : Elle nous fait comprendre qui nous sommes réellement et ce que nous devrions être aux yeux de Dieu.
Saint Thomas nous enseigne qu’Elle est la représentante de tout l’humanité et qu’en Elle uniquement nous pouvons atteindre notre propre réalisation, qui est l’union avec Jésus Christ qui nous est donné par Elle, Elle qui nous purifie, transforme, sanctifie, et qui au final nous glorifie.
Au travers les mystères joyeux Elle apparaît comme l’origine, la source, la fontaine, le début solennel de notre véritable vie d” »enfants de Dieu » ; en Elle nous voyons la réalité de toutes les créatures : que la source de nos vies n’est pas le monde ou la créature mais est Dieu, de qui tout le monde dépend totalement. Chaque mystère montre un « début », la révélation de la source et fontaine de l’existence, et la relation d’une créature avec son créateur.
Depuis que fut commis le péché originel, le monde entier gémissait dans l’attente d’un Sauveur (cf. Rom. 8:20–22), dans son désir d’être délivré de l’esclavage du péché et du diable pour être porté à la « liberté des fils de Dieu ». Cette délivrance démarre à l’Annonciation, lorsque Marie répond à l’ange et reçoit le Fils de Dieu incarné dans ce monde. A ce moment, la création – enfermée dans l’esclavage du diable et perdue dans les ténèbres – reçoit une lumière écrasante et regagne la liberté par cette nouvelle création, reconstruite sur de fondations nouvelles, de nouveaux principes, et une nouvelle loi. Parce que Dieu est maintenant avec nous (Emmanuel), nous trouvons un nouveau centre de gravitation, une nouvelle forme de vie, « un nouveau cœur ». Dans la mesure où nous orientons tout vers ce centre, qui est DIEU EN NOUS, tout devient intelligible, harmonieux, beau, pure et saint.
La visitation nous montre un autre « commencement », l’inauguration du travail de la grâce de Dieu à travers la sanctification de Saint Jean. Le plus grand présent lui fut apporté par Marie. Sa visitation fut le début de sa propre sainteté. Et en cela nous pouvons avoir confiance que Dieu ne change pas : ce qu’il fait une fois, il continuera à le faire. Si le premier miracle de grâce fut accompli à travers Marie, alors Il continuera à sanctifier les hommes par Marie. A travers Marie, Notre-Seigneur Jésus-Christ rend visite à chaque âme et y déverse la grâce sanctifiante. C’est le début de notre retour à Dieu, le début d’un nouveau monde, à travers Marie.
La Nativité nous montre que ce monde rénové n’existe pas seulement dans les profondeurs du cœur ou dans une invisible intimité. Nous devons voir, entendre, faire l’expérience. Cette nouvelle fondation doit être visible ; si elle ne l’est pas, personne ne peut construire dessus. Comment l’Éternelle Sagesse nous devient-elle visible ? Sous la forme d’un petit enfant. Jusqu’à la fin du monde Marie continue d’apparaître à l’humanité avec Son Enfant dans Ses bras, comme en témoignent d’innombrables images et icônes. Qu’est-ce que cela signifie ? Cela nous donne la condition que nous devons respecter, qui doit nous servir à construire notre vie sur l’unique vrai fondement, sur le fondement de la grâce de Dieu : nous devons devenir de petits enfants, SES enfants.
La Présentation au temple est également un « commencement », nous enseignant un acte humain sublime et essentiel qui est le début de tout ce qui est vrai, bon et sage : l’offrande, le sacrifice ! A nouveau, Marie fut la première à présenter cette offrande, et Son sacrifice fut le plus grand : Elle donna à Dieu tout ce qu’Elle avait. Elle offrit l’âme de Son âme, le cœur de Son cœur : Son propre Fils. Cela ne faisait que 40 jours qu’Elle L’avait reçu de Dieu et déjà Elle Le rendait au Père, en Le présentant au temple. Ceci est l’occasion de méditer un grand principe qui doit dominer nos vies spirituelles : si vous voulez recevoir, vous devez donner ! Si vous voulez recevoir plus, vous devez donner plus. Seul celui qui donne tout, reçoit tout !
Pour finir, en méditant sur le mystère du recouvrement de Jésus au temple, le Cœur immaculée de Marie nous enseigne une autre condition essentielle à respecter si nous souhaitons vivre une nouvelle vie spirituelle en Elle. Par nos propres forces nous ne pourrons jamais faire de sacrifices et apporter l’harmonie de manière valable dans nos vies. Seule la constante recherche de Notre-Seigneur, Son visage, Sa volonté et Sa doctrine nous permet de quitter notre monde étroit et fermé. Qui cherche, trouve !
Dans les mystères douloureux, Marie nous apparaît comme « le chemin qui nous mène au paradis ». Elle nous montre ici à quoi notre recherche quotidienne de Dieu doit ressembler.
Les premières expériences rencontrées sur notre chemin vers Dieu sont très humiliantes, mais la méditation sur l’agonie de Jésus nous montre que nous ne sommes pas même capables de faire un seul pas par nous-mêmes. Tout comme les apôtres qui dorment, comme Judas qui trahit, nous fuyons, nous évitons, nous L’abandonnons. Alors nous nous tournons, plein de tristesse, vers Elle, qui peut nous ramener à Ses pieds, juste pour pouvoir entendre le cri du Sauveur agonisant : « Donne-moi le calice rempli de tes péchés ! Je les prends tous ! Je paie le prix pour tous ! » Nous ne pouvons pas recevoir Son infini miséricorde si nous ne Lui confessons pas toute notre honte et notre souillure, si nous ne Lui permettons pas d’être miséricordieux envers nous. Alors la flagellation et le couronnement d’épines réveillent en nous une douleur et un cri aigus : « C’est moi qui Vous ai provoqué par mes impuretés et mon orgueil. J’ai pris moi-même part à Votre torture ! Et maintenant, même si par la grâce de Dieu je suis rempli de contrition, je demeure pourtant la plus faible créature au monde. Je dois voir comment mes péchés et ceux de mes congénères ont causé de la souffrance à votre saint corps et à votre chef sacré. » Cette impuissance est une torture pour quiconque aime, quiconque veut faire quelque chose pour le bien-aimé ! Maintenant une nouvelle expérience implante en nous des conditions essentielles pour un retour à Dieu solide et constant : le remords et l’humilité. Et seulement sur le chemin de la croix pouvons-nous commencer à faire quoique ce soit pour notre Seigneur bien-aimé : avec Simon le Cyrénéen nous pouvons concrètement L’aider à porter la croix ; avec Véronique nous pouvons essuyer son visage avec le voile de compassion. L’entièreté du chemin de notre retour vers Dieu peut se passer à se préoccuper de telles choses : des choses insignifiantes par elles-mêmes peut-être mais toujours faites avec le plus grand amour ! Mais seulement au cinquième mystère douloureux nous recevons la Nouvelle Loi qui doit nous pénétrer, sans laquelle nous ne pouvons persévérer : assister à la passion du Christ avec Sa Mère, méditer les blessures du Sauveur partout et toujours à travers Ses yeux, et L’aimer avec Son cœur douloureux. Ainsi un acte essentiel de notre long retour à Dieu, le voyage de notre vie, est la participation au Saint Sacrifice de la messe. Nous tenir avec Elle au pied de la Croix, nous entendons Notre-Seigneur nous donner Sa Mère, devenant ainsi notre mère, rendant nos cœurs similaires à Son Cœur, remplis d’amour pour Dieu et pour le salut des âmes.
A travers les mystères glorieux, Notre-Dame nous montre l’unique but de nos vies, la destination de notre retour à Dieu. Elle nous rappelle « pourquoi et pour qui tout est », parce qu’Elle sait que nous pouvons facilement oublier la plus essentielle et « l’unique chose nécessaire ». Par-dessus tout, Elle nous donne le courage de ne pas désespérer quand les obstacles et l’adversité semblent bloquer notre chemin vers le ciel.
La méditation de la Résurrection remplit nos âmes d’un grand étonnement, d’une joie si profonde : une telle victoire, un tel triomphe du Christ sur tous ! Qui peut refuser l’Amour de Dieu ! C’est pour nous que le Christ se leva d’entre les morts, pour nous montrer notre propre future résurrection. Nous ressusciterons aussi, si nous persévérons fidèlement jusqu’au sommet de la vie spirituelle, dans la pratique du plus haut des commandements. L’humanité régénérée et éternellement bienheureuse de Notre-Seigneur est le modèle et la forme de notre future vie glorieuse au paradis. L’amour pour l’amour ! Si nous L’aimons jusqu’à la fin, si nous sommes crucifiés et enterrés avec Lui, alors nous ressusciterons également d’entre les morts avec Lui.
A travers la méditation sur l’Ascension, Notre-Dame nous montre la triomphante marche de la victoire du Roi des Rois, son retour glorieux au Père. Ceci est une vision que nous appelons l’extase de l’amour : être absorbé en Lui, concentré en Lui, quand Il est entré dans le royaume céleste. Marie nous remplit de Sa propre fascination à la vue du Christ, Roi de l’Amour « vêtu d’une longue robe, et ayant une ceinture d’or sur la poitrine. Sa tête et ses cheveux étaient blancs comme de la laine blanche, comme de la neige ; ses yeux étaient comme une flamme de feu ; ses pieds étaient semblables à de l’airain ardent, comme s’il eût été embrasé dans une fournaise ; et sa voix était comme le bruit de grandes eaux. Il avait dans sa main droite sept étoiles. De sa bouche sortait une épée aiguë, à deux tranchants ; et son visage était comme le soleil lorsqu’il brille dans sa force » (Apocalypse 1 :13–16). La glorieuse figure du Seigneur ressuscité devrait nous toucher tout comme elle a touché Paul lorsque la vue du Christ devant les portes de Damas le jeta au sol et fit de lui un prisonnier à jamais, un serviteur, un ami et un apôtre du Christ. A partir de ce jour, une seule chose était profitable à Paul : « Ma vie, c’est le Christ ! » C’est aussi le plus grand désir de Marie, que nous soyons ravis comme l’apôtre des gentils, et comme Elle, dans l’immense amour de Son Fils.
La descente du Saint-Esprit nous emmène au cénacle, où le Saint-Esprit « allume le feu de Son Amour » en nous, tout comme lors de la Pentecôte Il a suscité la flamme de Son amour sur Notre Céleste Mère, les apôtres et les disciples. Nous La voyons au centre, entourée par les apôtres, une réunion fascinante ! Il est impossible d’imaginer comment Marie pouvait être lorsque le feu du Saint-Esprit pénétra en Elle. Bien après, Elle apparaîtra aux âmes privilégiées et les voyants tenteront d’expliquer Sa beauté céleste et Sa majesté.
A Fatima : « Elle était plus brillante que le soleil, et irradiait une lumière plus claire et plus intense qu’un verre de cristal rempli d’eau pétillante traversée par les rayons ardents du soleil ».
A La Salette : « Soudainement je vis une magnifique lumière, plus claire que le soleil… Je regardai attentivement vers cette luminosité ère. D’abord, elle était immobile, mais bientôt après je vis une autre lumière, encore plus brillante et mouvante, et à l’intérieur de cette lumière, notre très belle Dame ».
A Lourdes, à Sainte Bernadette : « Son apparence était différente car il émanait de sa silhouette une lumière incroyable, et elle était belle, si miraculeusement et complètement différemment belle que Bernadette, même si elle avait été une peintre parfaite, n’eut pas été capable de réaliser Son portrait même avec les outils les plus parfaits… Bernadette vit une mince silhouette de taille moyenne. Elle avait l’air très jeune, peut-être une femme d’une vingtaine d’années. Mais cette beauté et cette jeunesse avaient en elles quelque chose d’extraordinaire. Cela semblait être une jeunesse qui ne s’était jamais et qui ne pourrait jamais s’enfuir – une jeunesse éternelle. Et pourtant il y avait quelque chose d’autre dans cette jeunesse, impossible à décrire avec des mots. C’était comme si avaient été jointes la grâce presque enfantine de la plus pure des vierges avec la grave et infinie compréhension, l’infinie bonté d’une mère et la monarchique majesté d’une reine ». Ne pouvons-nous pas voir dans ces descriptions le pouvoir du Saint-Esprit, qui en louant Sa beauté et en La remplissant de lumière veut nous élever nous aussi aux hauteurs de Son amour ?
Ainsi fut-Elle la première à atteindre le sommet infini du mystère de Dieu. Le voyage vers le ciel que fut sa vie fut comme une immense flamme d’amour : elle mourut littéralement d’amour. Cela devînt visible durant son Assomption, quand, elle fut le premier membre de l’humanité à atteindre le but, vers lequel elle mène tous Ses enfants. La mort (dormitio ou repos) de Marie est considérée comme la plénitude de Son amour, comme une mort d’amour. Son amour était si immense que rien ne pouvait plus La retenir sur cette terre. Et ce dernier mystère glorieux n’est qu’un chant d’admiration pour Son triomphe éternel. Mais ce serait une erreur de penser que parce qu’Elle est au paradis et ainsi loin de nous, parce que nous demeurons ici sur la terre. Bien qu’Elle soit au paradis, Elle n’est absolument pas loin, parce qu’ici et maintenant Elle prend soin de Ses enfants. La Reine des Cieux et de toutes les créatures devraient attirer nos yeux et nos cœurs. En Elle, tous Ses enfants sont appelés à recevoir la couronne de gloire. La méditation du mystère du Rosaire devrait nous mener vers une telle attitude, que spirituellement nous préférerions demeurer là, dans le mystère de Dieu, qu’ici sur terre. Voilà notre vraie réalité ; ici-bas la vie n’est qu’une ombre. Là-bas est notre cœur ; ici notre exil.
En Elle nous pouvons nous exclamer avec saint François : « Mon Dieu et mon Tout ! »
Shanghai, le 17 octobre 2016
Abbé Karl Stehlin (1), prêtre de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X
Source : La Porte Latine du 20 octobre 2016
Note de la RDLPL
(1) M. l’abbé Karl Stehlin est Supérieur du District d’Asie