C’est le 28, et non le 29 juin qu’a eu lieu, à Écône, cette année, l’ordination clôturant la formation qui prépare les lévites au sacerdoce.
Le jour précédent – 27 juin – une messe avait été célébrée par le supérieur général de la Fraternité sacerdotale Saint- Pie X, Mgr Bernard Fellay, en présence de NN. SS. Bernard Tissier de Mallerais et Alfonso de Galarreta, pour fêter le 25e anniversaire des sacres du 30 juin 1988 (cf. Fideliter n° 213 de mai-juin 2013, p. 34 ; ce numéro, p. 50).
À cette occasion, les trois évêques ont donné une déclaration solennelle, dont on lira le contenu dans le numéro présent, à la page 70.
Le lendemain, donc, six ecclésiastiques de la Fraternité (quatre Français et deux Italiens) et trois religieux (un bénédictin de Bellaigue, un dominicain d’Avrillé et un capucin de Morgon) ont reçu l’imposition des mains de Mgr Bernard Tissier de Mallerais.
À Winona, le 21 juin précédent, Mgr de Galarreta avait ordonné prêtres onze séminaristes de la Fraternité et un dominicain d’Avrillé, et, le 29 juin, à Zaitzkofen, en Allemagne, Mgr Fellay conférait le sacerdoce à un séminariste de la Fraternité et à un troisième religieux d’Avrillé. Certains de ces prêtres exerceront leur ministère, prochainement ou bien dans quelques années, dans l’une ou l’autre des maisons (prieurés, écoles, etc.) du district de France.
Fideliter a interrogé les nouveaux ordonnés d’Écône qui ont bien voulu répondre à ses questions. Quatre leur ont été posées :
1 – Quand avez-vous pris la décision d’entrer au séminaire ? Le cas échéant, quel aspect du sacerdoce vous a attiré pour répondre à l’appel de Dieu ?
2 – Dans le courant des mois derniers, vous avez été ordonné et avez pu exercer pour la première fois les pouvoirs qui vous ont été confiés. Quels moments garderez-vous surtout en mémoire ?
3 – À qui va principalement votre gratitude ?
4 – Si vous savez déjà où vous êtes envoyé, quelles sont vos dispositions après cette première nomination ?
Abbé Denis Quigley – FSSPX
1 – Issu d’une famille catholique, mon attirance pour la prêtrise fut précoce. C’est à l’école Saint-Joseph-des-Carmes, où j’ai été scolarisé à partir de neuf ans et jusqu’à mon baccalauréat, que je fus marqué par l’exemple des prêtres édifiants qui m’entouraient. Mais, par prudence, j’ai préféré attendre la fin de mes études et faire une retraite d’élection pour me décider à suivre cette voie. Le très saint sacrifice de la messe dont le prêtre est le ministre, et l’apostolat auprès des jeunes furent les motifs qui m’attirèrent à cette vocation.
2 – Par l’ordination sacerdotale, des pouvoirs extraordinaires sont confiés au prêtre qui les exerce comme ministre du Christ. En célébrant la sainte messe, et tout particulièrement à la consécration ou à la communion au calice, j’ai réalisé l’immensité de la grâce que Dieu m’a accordée, en me donnant le pouvoir de faire descendre le corps et le sang de Notre-Seigneur sur l’autel. À cet instant, je me suis rendu compte de mon indignité et de la grandeur du sacerdoce.
3 – Je dois ma reconnaissance principalement à Dieu, à la sainte Église, sans oublier notre fondateur Mgr Marcel Lefebvre. Il me faut aussi porter cette gratitude envers mes parents qui m’ont élevé et transmis toutes les valeurs chrétiennes. Je remercierai également le scoutisme ; à son école, j’ai développé de vraies amitiés et appris le don de soi et l’esprit de sacrifice, si présents dans le sacerdoce.
4 – Nommé en Martinique, c’est abandonné à la providence et fort de la formation que j’ai reçue au séminaire, que je me prépare à cet apostolat missionnaire.
Abbé Brugno Tignères – FSSPX
1 – C’est à la suite d’un deuil personnel que j’ai pris la décision d’entrer au séminaire. La mort nous place immédiatement devant les réalités essentielles : brièveté de la vie, vanité des choses terrestres et des plaisirs du monde, nécessité de rechercher les seuls biens éternels. L’aspect du sacerdoce qui m’a attiré est la perfection de l’union au Christ dans sa condition de victime, c’est-à-dire le sacrifice et la réparation.
2 – Des jours de grâce qui viennent de s’achever, je garderai surtout en mémoire ma première célébration de la sainte messe, qui est le sacrifice de la Croix renouvelé sur l’autel, et qui est comme la vie même du prêtre.
3 – Ma gratitude va spécialement à la mémoire de l’abbé Bonneterre et à l’abbé Petrucci, qui furent prieurs à Nantes à l’époque où je vivais moi-même dans cette ville, ainsi qu’à l’abbé Patrick Troadec, directeur du séminaire de Flavigny, et à l’abbé Benoît de Jorna, directeur du séminaire d’Écône. J’exprime également ma reconnaissance aux abbés de La Motte et de La Rocque pour leur amitié, leurs conseils et leurs encouragements.
4 – Je suis nommé au prieuré de Gastines, près d’Angers, dont les prêtres ont à la fois un ministère paroissial et un ministère de prédication de retraites. Je suis si heureux d’être prêtre et d’aller vers les âmes que le bon Dieu veut bien me confier à travers les choix de mes supérieurs.
Don Gabriele d’Avino – FSSPX
1 – Le fait d’avoir été élevé depuis mon enfance dans la Tradition et d’avoir souvent côtoyé les prêtres de la Fraternité Saint-Pie X a été sans doute le cadre privilégié pour l’éclosion de ma vocation. Il a fallu cependant attendre quelques années après la fin des études scolaires pour prendre la décision définitive : les exercices de saint Ignace, que j’ai suivis deux fois, en 2005 et 2007, ont été un moyen décisif pour trouver ma voie. Ce fut donc au printemps 2007, à l’âge de 21 ans, que je vainquis toute hésitation et je que je franchis les portes du séminaire.
2 – Lorsqu’on est séminariste, pendant six longues années, on voit arriver les ordinations du mois de juin avec enthousiasme, mais en sachant que c’est toujours « pour les autres » ; puis, lorsque notre tour arrive, et qu’on s’achemine en procession vers la prairie avec les ornements dans la main, au son des cloches et de l’orgue, on se rend compte que le temps est passé très vite, et l’on a de la peine à croire que c’est vrai. Ce sont assurément des moments inoubliables, qui sont faits pour être vécus une fois seulement mais dont on gardera sans doute un souvenir ineffaçable. Dans les premiers jours du sacerdoce, tout est complètement nouveau : mais ce sont surtout la sainte messe et les confessions qui ont changé ma vie et m’ont donné, autant que c’est possible, conscience d’un nouvel état de vie et du début d’un ministère qui nous rattache aux Apôtres.
3 – C’est d’abord à l’éducation chrétienne reçue de ma famille que je dois ma vocation : c’est donc à mes parents que ma gratitude va en premier ; j’ai toujours eu d’eux, dès le moment où je leur ai communiqué ma décision, plein appui et soutien sans réserve. Ensuite, je ne peux que remercier tous les prêtres de la Fraternité qui, au cours de mon enfance et mon adolescence, m’ont suivi, aidé et conseillé, soit au cours des camps de la Croisade Eucharistique, soit dans les différentes activités du prieuré, soit simplement à l’occasion de leur ministère dans la chapelle de Naples.
4 – J’ai été nommé collaborateur de l’abbé Rossi au prieuré d’Albano. C’est une maison que je connais depuis mon enfance puisque c’était mon prieuré de référence ; je suis par conséquent ravi de commencer mon apostolat dans un endroit pour moi familier, avec des confrères que je connais depuis longtemps. Les activités sont nombreuses et le travail ne manquera pas… Puisse Notre-Seigneur m’aider à bien commencer et à bien m’acquitter de cette sublime charge de pasteur d’âmes !
Frère Benoît – O.S.B.
1 – C’est au cours de la retraite du camp des Amis-de-saint-Jean-Bosco de juillet 2001, avant de rentrer en classe de terminale, que la question du discernement de la vocation est arrivée à l’ordre du jour. L’année précédente déjà, le désir de devenir prêtre était devenu clair lors d’une messe célébrée à l’autel ad caput de la crypte de la basilique Saint-Pierre de Rome, au cours d’un pèlerinage. Mais dans quelle communauté devenir prêtre ? L’apostolat tous azimuts m’effrayait un peu. Ce qui convenait le mieux à cet appel était un sacerdoce dont le ministère serait presque exclusivement liturgique : un sacerdoce contemplatif. Le désir d’une vie religieuse partagée entre la prière liturgique et le travail manuel s’y ajoutant, c’est tout naturellement que mon directeur spirituel m’a orienté vers la vie bénédictine.
2 – La cérémonie de l’ordination passe très vite, lorsqu’on est ordinand ! Un des éléments les plus solennels est sans doute la phrase qui énonce la forme du sacrement de l’ordre, au milieu de la préface consécratoire. Les quelques minutes passées en prière au caveau de Mgr Lefebvre, avant de rejoindre la sacristie pour la cérémonie, resteront aussi gravées dans ma mémoire : action de grâce se mêlant à la prière de demande, afin d’être un fidèle propagateur du règne du Christ- Roi. De même, la première messe célébrée à la fois en famille et auprès d’une communauté monastique, au carmel Marie-Reine-des-Anges, fut un moment mémorable. Lorsqu’on tient soi-même l’hostie en prononçant les paroles de la consécration, on comprend mieux que le saint sacrifice de la messe est un des plus grands mystères de notre foi.
3 – Après Notre-Seigneur et notre sainte Mère du Ciel, c’est certainement vers mes chers parents que va principalement ma gratitude. Ils ont su choisir pour nous des éducateurs qui puissent poursuivre ce qu’ils avaient déjà commencé, en acceptant de se séparer de leurs enfants pour les envoyer en pension dans des écoles vraiment catholiques. Après nos parents, notre gratitude va donc à nos éducateurs, depuis les dévouées institutrices du primaire jusqu’aux prêtres, en passant par les frères et professeurs. J’ai aussi une grande dette de reconnaissance envers la communauté du Moulin-du-Pin, vraie famille surnaturelle. Enfin, il ne faut pas oublier notre regretté père, dom Ange (décédé en 2008), ainsi que ses successeurs à la tête du monastère, qui m’ont guidé tout au long de ce chemin vers le sacerdoce.
Frère Paul-Marie – O.F.M.Cap.
1 – J’ai été enfant de chœur dès mon plus jeune âge. Un jour, encore bien petit, à l’issue d’une messe que je venais de servir, un prêtre se pencha vers moi et me dit : « Tu sais, petit, je crois que tu as la vocation ! » Le mot m’était alors inconnu, mais ces paroles restèrent gravées dans ma mémoire. Mon éducation dans une famille profondément chrétienne et dans les écoles de la Tradition a certainement été le principal facteur de ma vocation sacerdotale. C’est surtout à l’occasion de ma retraite préparatoire à la communion solennelle que l’appel s’est plus fortement fait sentir, grâce au Cœur immaculé de Marie, jusqu’à devenir une certitude inébranlable. Les bons exemples de mes parents et des prêtres que la Providence mit sur mon chemin, ainsi que mes années de scoutisme, me poussèrent à avoir un grand idéal. Le don total de soi au service de Notre-Seigneur pour le salut des âmes me paraissait ce qu’il y avait de plus beau : c’est pourquoi je voulais être prêtre. Par la suite, pour avoir mieux saisi l’importance de la prière et du sacrifice, je m’orientai vers la vie religieuse. Servir le Christ-Roi avec la même ferveur que saint François fut désormais mon idéal.
2 – La grâce de pouvoir célébrer ma première messe, entouré de mes deux frères prêtres, et celle de pouvoir prononcer enfin « efficacement » les paroles de la consécration furent quelque chose d’extraordinaire. Les premières bénédictions et surtout la distribution de la sainte communion furent aussi des moments très émouvants.
3 – Ma gratitude va principalement au Cœur immaculé de Marie, qui est toute la raison de mon espérance et à qui je confie mon sacerdoce. Ensuite, elle va à mes chers parents et aux prêtres qui ont favorisé ma vocation ou qui m’ont formé à la vie sacerdotale et religieuse. Enfin, je ne veux pas manquer de remercier toutes les personnes, consacrées ou non, qui ont prié pour moi, souvent à mon insu. Je ne sais comment leur exprimer ma reconnaissance, mais je ne les oublierai pas.
4 – Les capucins font sept années d’étude. Après l’ordination, il leur en reste encore une à accomplir. Ils ne sont donc pas tout de suite lancés dans le ministère, mais seulement progressivement : ils s’exercent déjà à la prédication, mais n’entendent pas les confessions. Cette manière de faire empêche les nouveaux prêtres de tomber dans l’activisme, ou d’oublier l’importance de la vie intérieure qui doit être l’âme de leur apostolat.
Source : Fideliter n° 215