Edel Quinn (1907–1944)

Cette jeune femme a lais­sé sur son pas­sage la marque de l’Amour par l’in­ter­mé­diaire de Marie.

Jeune fille irlan­daise comme les autres, elle sort du lot par l’Absolu dont elle vit. Née dans une famille peu aisée, très tôt elle devra aider sa maman dans la bonne marche du foyer. Elle déve­loppe les ver­tus de pié­té et de pure­té par l’assistance à la messe quo­ti­dienne et la garde de son cœur. Très vite, elle désire orien­ter sa vie vers un idéal éle­vé mais lequel ? Vocation, mariage ? La ques­tion reste en sus­pens de longs mois. Une ren­contre pro­po­sée par une amie va chan­ger le cours régu­lier de sa vie… et lui don­ner un sens définitif.

Vers 1930, elle par­ti­cipe à une réunion de jeunes gens qui sont déci­dés à trans­mettre la foi par un apos­to­lat simple, de contact dans la rue ou auprès des gens à leur domi­cile. L’initiateur de la Légion de Marie, Frank Duff, fait montre d’une très grande humi­li­té en même temps que d’un grand talent d’organisateur. Le livre de réfé­rence :Traité de la vraie dévo­tion à Marie de Louis-​Marie Grignon de Montfort.

Edel Quinn, sub­ju­guée par le pro­jet, entre dans l’œuvre et y met tout son cœur et toute son âme. Les pre­miers essais de porte-​à-​porte ont lieu dans un quar­tier cor­rect de Dublin. C’est un suc­cès, les gens acceptent de reve­nir à Dieu sous la hou­lette de Notre-​Dame. La foi et l’enthousiasme des apôtres sont com­mu­ni­ca­tifs. Alors la direc­tion de l’œuvre pro­pose d’aller assai­nir le quar­tier des péri­pa­té­ti­ciennes de la ville. Edel s’enthousiasme pour le pro­jet et l’apostolat com­mence. Les filles déchues et conver­ties sont réunies dans une mai­son de retraite spi­ri­tuelle, sorte de centre de sevrage, qui les amène à retrou­ver le goût de la vie saine et du tra­vail hon­nête. Les prises de contact sur le ter­rain sont nom­breuses et fruc­tueuses. Edel Quinn sub­jugue par sa vita­li­té d’âme, sa dou­ceur et son sourire…

Et pour­tant les gens appro­chés ignorent la grave mala­die dont Edel est atteinte. Depuis quelques mois déjà, le méde­cin lui a décou­vert la tuber­cu­lose. Cachant son mal der­rière un visage plein de joie et d’entrain, elle lutte contre le mal qui se pro­page dans une soli­tude toute sur­na­tu­relle. La com­mu­nion régu­lière, la pro­fonde dévo­tion à la Sainte Vierge vont être les sources de sa vaillance jusqu’à l’héroïsme.

En effet, elle apprend que l’œuvre com­mence à rayon­ner bien au-​delà de l’île avec quelques antennes en Afrique du Sud notam­ment. Un membre actif a com­men­cé l’implantation au Kenya, mais n’a pu conti­nuer ; il faut le rem­pla­cer. À Dublin, la Direction s’interroge : qui envoyer ? Le pays est très sau­vage, les besoins sont immenses et l’œuvre n’est pas encore bien implan­tée. Il s’agit donc de trou­ver un homme au phy­sique puis­sant, aux qua­li­tés d’organisation excep­tion­nelles et n’ayant pas peur ni de la soli­tude ni de la savane… Personne ne se sent d’aller ain­si à l’autre bout du monde. Edel entend par­ler du pro­blème de la Direction. Elle sent que c’est là que le bon Dieu la veut. Elle court au bureau de la Direction de la Légion de Marie pro­po­ser sa can­di­da­ture. Les diri­geants refusent : c’est une femme, qui plus est, atteinte d’une mala­die grave ! Edel insiste à temps et à contre­temps si bien qu’elle est envoyée là-​bas pour essai…

Cet essai se trans­for­me­ra en mis­sion défi­ni­tive car elle ne ren­tre­ra jamais au pays. Après un voyage long et très pénible pour elle – les dou­leurs dues à la tuber­cu­lose sont pré­gnantes – elle arrive au Kenya avec joie et com­mence par apprendre le dia­lecte le plus par­lé dans la capi­tale. Elle prend contact avec l’évêque mis­sion­naire du lieu et arrive à le convaincre du bien-​fondé de l’œuvre. La Légion de Marie sert d’intermédiaire entre le cler­gé et les peu­plades. Commence alors pour elle un tra­vail tita­nesque com­po­sé de confé­rences auprès des mis­sion­naires pour les ini­tier au sys­tème de la Légion, de prises de contact avec les com­mu­nau­tés fraî­che­ment conver­ties, dans la ville comme au sein des tri­bus en pleine brousse. Bien sûr, les routes sont des pistes, les véhi­cules des vieilles Citroën ou Jeep ayant plus de res­sem­blance avec un tas de fer­raille qu’avec un châs­sis de voi­ture joli­ment orné d’une car­ros­se­rie pro­fi­lée ! Avec son chauf­feur, elle passe une nuit en pleine brousse car le véhi­cule ne veut plus avan­cer : pas de tente, peu d’eau, les bêtes sau­vages pour com­pagnes de nuits et la mala­die qui pros­père ! Le chauf­feur témoigne qu’elle a gar­dé sa bonne humeur et son sou­rire. Ayant par­cou­ru des mil­liers de kilo­mètres, créé des cen­taines de groupes de la Légion de Marie au sein des popu­la­tions autoch­tones, elle laisse dans son sillage flot­ter l’odeur d’un par­fum marial au bel alliage de zèle tou­jours inas­sou­vi, de joie com­mu­ni­ca­tive et de déli­ca­tesse exquise.

Après sa mort dis­crète et simple, à des mil­liers de kilo­mètres de sa patrie et des siens, les témoi­gnages abondent…

Source : Apostol n° 158