Editorial pour des mois d’été : sans murmure et sans hésitation

L’homme moderne perd l’é­qui­libre, vacille et tombe du haut de ses valeurs contem­po­raines parce que son intel­li­gence ne trouve plus l’ordre et la logique dont elle a natu­rel­le­ment besoin pour mou­voir la volon­té et l’a­gir humain.

Le grand remède au mal contem­po­rain est l’es­prit d’o­béis­sance qui rend la volon­té propre empres­sée à suivre et accom­plir les direc­tives venant d’une per­sonne ayant auto­ri­té. La fonc­tion ou l’ex­pé­rience d’au­trui lui donne auto­ri­té pour gui­der sûre­ment des volon­tés indé­ter­mi­nées, fra­giles ou inca­pables par elles-​mêmes de poser les actes les meilleurs pour leur épanouissement.

L’obéissance devient vite une ques­tion de bon sens pour l’hu­main réa­liste qui ne pré­tend pas tout connaître par lui-​même, et com­prend la néces­si­té de s’ap­puyer dans son action sur des règles impo­sées avec auto­ri­té, parce qu’elles ont fait leur preuve pour le bien de tous.

Il y a une obéis­sance qui est héroïque pour le prêtre qui l’ex­pose comme pour les fidèles qui l’ap­pliquent : c’est la mise en œuvre de la modes­tie chré­tienne dans les lieux de culte et dans les mai­sons reli­gieuses. L’héroïsme du prêtre est tiré de la ver­tu de jus­tice qui l’o­blige à ensei­gner ses bre­bis, même si celles-​ci menacent de le lapi­der (!) ; l’hé­roïsme des fidèles vient de l’o­béis­sance qui les rend prompts à appli­quer une loi apos­to­lique dont ils ne com­prennent pas les tenants et abou­tis­sants. Que l’on se ras­sure, la tenue ves­ti­men­taire des catho­liques à la messe n’est pas un sujet issu de quelques troubles ordi­naires com­pul­sifs chez les prêtres de la Fraternité Saint-​Pie X.

Cinquante-​trois ans avant la nais­sance de cette congré­ga­tion sacer­do­tale, le Code de Droit cano­nique, qui régit la vie de l’Eglise, en parle. Nous étions en 1917 quand le pape Benoît XV édi­ta le tra­vail de saint Pie X sur les lois de l’Eglise à laquelle tout bap­ti­sé catho­lique appar­tient. Il est remar­quable de consta­ter que le Code consacre un seul article à l’o­bli­ga­tion si grave de la messe domi­ni­cale, et qu’il réserve éga­le­ment un article pour sta­tuer sur la tenue ves­ti­men­taire durant la messe.

Voici ce qui est noté au canon 1262 :

Quand ils assistent aux fonc­tions sacrées, spé­cia­le­ment à la messe, soit à l’é­glise, soit au dehors, les hommes doivent être tête nue ; les femmes doivent avoir la tête cou­verte et être vêtues modes­te­ment, sur­tout quand elles s’ap­prochent de la sainte table.

Le saint pape n’a pas pla­cé arbi­trai­re­ment cette loi ecclé­sias­tique car, contrai­re­ment à l’o­bli­ga­tion domi­ni­cale qui ne figure pas dans la sainte Écriture, celle-​ci y a été ins­crite par Dieu Lui-​même à tra­vers la plume ins­pi­rée de ses deux Apôtres saint Pierre (1 P III, 1–7) et saint Paul (1 Tim II, 9–15) :

Tout homme qui prie, ayant la tête cou­verte, se désho­nore ; et toute femme qui prie, sans avoir la tête cou­verte, se déshonore.

Ces pres­crip­tions apos­to­liques sont bien mys­té­rieuses pour l’homme du XXIe siècle qui res­pire inévi­ta­ble­ment les vapeurs ambiantes de l’im­mo­des­tie et de l’in­dif­fé­rence des psy­cho­lo­gies mas­cu­lines et fémi­nines. Que cette loi soit dif­fi­ci­le­ment com­pré­hen­sible est un fait qu’il faut accep­ter, tout en recon­nais­sant qu’elle vient du Bon Dieu, que les Apôtres ont jugé impor­tant de la trans­crire, car elle n’est pas immé­dia­te­ment évi­dente, quoi­qu’u­tile pour le bon­heur spi­ri­tuel des humains. Sans la modes­tie, l’or­ga­nisme spi­ri­tuel demeure à jamais faible et bancal.

Ce mys­té­rieux pré­cepte s’a­dresse d’a­bord aux hommes qui sont tou­jours atti­rés par les dis­tinc­tions hono­ri­fiques, la recon­nais­sance sociale et la mani­fes­ta­tion de leur force phy­sique. Le Bon Dieu leur impose de se décou­vrir la tête pour paraître devant Sa majes­té avec sim­pli­ci­té et humi­li­té, sans mani­fes­ter sa dif­fé­rence, sa supé­rio­ri­té ou sa classe sociale vis-​à-​vis de son voi­sin. Tous les hommes seront à même enseigne au Jugement der­nier : ain­si il ne convient pas de gar­der un cha­peau ou une cas­quette en pré­sence de Dieu. De plus, les hommes ont l’o­bli­ga­tion de voi­ler leur force phy­sique devant le Tout-​Puissant en ne por­tant pas de short à l’é­glise, en ayant des manches longues et une che­mise fer­mée. La modes­tie ici pres­crite leur demande d’a­voir des vête­ments qui dis­si­mulent leur corps pour ne pas atti­rer sur eux des regards humains qui se détour­ne­raient de la contem­pla­tion divine requise à l’é­glise. Cela est vrai éga­le­ment dans les prieu­rés ou mai­sons religieuses.

Ces exi­gences sont aus­si sévères que celles impo­sées aux femmes ; elles s’a­dressent seule­ment à une psy­cho­lo­gie dif­fé­rente. Les femmes aspirent natu­rel­le­ment à faire valoir leur beau­té, ce qui peut être tout à fait hon­nête et légi­time, mais la messe n’est pas pré­ci­sé­ment des­ti­née à deve­nir « un défi­lé de mode, un concours de beau­té ou un com­bat d’é­lé­gance ». Force est d’ad­mettre que cette recon­nais­sance passe par la tenue ves­ti­men­taire et le soin de la che­ve­lure. Ainsi le Bon Dieu, dans ce sou­ci constant de sim­pli­ci­té et d’hu­mi­li­té en Sa pré­sence, exige que les femmes cachent tout ce qui pour­rait les « faire voir » et dis­traire l’as­sem­blée chré­tienne de sa prière à l’Hostie imma­cu­lée. C’est ain­si qu’à côté du devoir de se cou­vrir la tête pour se cacher en Dieu, la femme doit être en robe ou en jupe, d’une lon­gueur cou­vrant les genoux en posi­tion assise, sans bras nus, ni décol­le­tés. Que les femmes com­prennent, qu’à l’ex­cep­tion de la man­tille, cette modes­tie ves­ti­men­taire est éga­le­ment requise dans les prieu­rés et mai­sons reli­gieuses où les prêtres ont fait don de leur chas­te­té par­faite au Seigneur pour Lui réser­ver leur amour.

C’est près de la Vierge des dou­leurs qu’il faut trou­ver la force de l’o­béis­sance à Dieu et à l’Église, car ces maîtres infaillibles ne pres­crivent que le strict néces­saire au salut de l’hu­maine nature : ils ne peuvent ni se trom­per ni nous trom­per en ces matières de foi et de moeurs, même s’il est vrai qu’a­voir un voile sur la tête est sou­vent aga­çant, et que por­ter cra­vate et veste n’est pas conna­tu­rel à la jeune génération !

Que l’humble Vierge Marie guide tous les fidèles en ces matières déli­cates et les conduise si besoin à l’hé­roïsme de l’obéissance.

Faites donc toutes ces choses sans mur­mure et sans hésitation.

Ph II, 14

Abbé Sébastien Gabard, prêtre de la FSSPX

Source : La voix des clo­chers n° 44