Le Parlement revote l’allongement des délais pour l’avortement

Le bâtiment de l'Assemblée Nationale, Palais-Bourbon, vu depuis l'autre côté de la Seine. Crédit : Creative Commons CC0 1.0

Le 30 novembre 2021, l’Assemblée natio­nale a approu­vé en deuxième lec­ture un pro­jet de loi visant à por­ter de 12 à 14 semaines le délai légal pour les avor­te­ments. La clause garan­tis­sant l’objection de conscience du per­son­nel de san­té a en revanche été sauvée.

Le texte avait déjà été approu­vé par l’Assemblée natio­nale en octobre 2020, mais avait ensuite été reje­té au Sénat en jan­vier 2021.

Sur les 577 dépu­tés, 123 étaient pré­sents pour le vote de mar­di soir. Le texte a été approu­vé par 79 voix pour, 36 contre et une abs­ten­tion. À l’avenir, les sages-​femmes seront éga­le­ment auto­ri­sées à pra­ti­quer des avor­te­ments chi­rur­gi­caux, qui sont actuel­le­ment réser­vés aux médecins.

En outre, le délai mini­mum de 48 heures entre le conseil psy­cho­so­cial et le rendez-​vous pour un avor­te­ment, tel que pré­vu par la loi, sera sup­pri­mé, sans être remplacé.

Une petite victoire

Ceux qui s’étaient oppo­sés au pro­jet de loi, ont néan­moins rem­por­té une vic­toire : la sup­pres­sion de la clause de conscience spé­ci­fique aux méde­cins et au per­son­nel médi­cal a été reti­rée du texte.

La résis­tance à la sup­pres­sion de la clause de conscience spé­ci­fique est venue à prin­ci­pa­le­ment de la pro­fes­sion médi­cale elle-​même et d’associations pro­fes­sion­nelles telles que le Collège natio­nal des gyné­co­logues obs­té­tri­ciens de France (CNGOF).

Le Comité consul­ta­tif natio­nal d’éthique s’est éga­le­ment pro­non­cé en faveur du main­tien de la clause de conscience en décembre 2020 : « Le comi­té natio­nal d’éthique est d’avis que la clause de conscience spé­ci­fique sou­ligne l’unicité de l’acte médi­cal d’avortement. Par consé­quent, le Comité est favo­rable au main­tien de la clause de conscience sous une forme spécifique. »

Dans une inter­view accor­dée au Figaro, le Pr Israël Nisand, ancien pré­sident du Collège natio­nal des gyné­co­logues et obs­té­tri­ciens et pro­fes­seur émé­rite de gyné­co­lo­gie et d’obstétrique, s’est mon­tré cri­tique à l’égard du pro­jet de loi.

« Plus une IVG est tar­dive, plus elle est dan­ge­reuse et plus elle est dif­fi­cile psy­cho­lo­gi­que­ment pour les femmes qui y recourent », a‑t-​il expliqué.

« N’oublions pas que l’allongement du délai d’IVG est un cal­vaire pour les méde­cins qui doivent pra­ti­quer une IVG. A 16 semaines d’aménorrhée, soit à 14 semaines de gros­sesse, le fœtus mesure envi­ron 120 mil­li­mètres, sa tête est ossi­fiée. Pour le sor­tir, il faut démem­brer le fœtus et écra­ser sa tête. C’est insou­te­nable pour beau­coup de pro­fes­sion­nels », a‑t-​il expliqué.

Et pour­tant le Pr Nisand ne cache pas qu’il est favo­rable à l’avortement. Mais il affirme encore : « Tous les argu­ments que les par­le­men­taires pré­sentent pour allon­ger le délai sont faux. »

Retour au Sénat

Avant que la loi ne soit défi­ni­ti­ve­ment adop­tée, le texte doit pas­ser par une nou­velle lec­ture au Sénat. Il reste à voir si l’amendement sera mis en œuvre au cours de la légis­la­ture actuelle. En atten­dant, de nom­breuses asso­cia­tions pour la vie se démènent afin d’essayer de parer à cette aggra­va­tion de la loi, qui étend un peu plus la bar­ba­rie dans notre société.

Source : Fsspx.Actualités