Le futur cardinal Arthur Roche, préfet du dicastère pour le Culte divin et la Discipline des Sacrements, a donné un entretien à Radio Vatican rapporté le 16 juin 2022 par Vatican news dans lequel il est questionné sur divers sujets liés à la liturgie, et notamment sur la question de l’ancien missel.
Les controverses récentes et leur signification pour Mgr Roche
La première question porte sur les récents et nombreux débats sur la liturgie, notamment sur la messe. Le journaliste demande à son interlocuteur pourquoi le sujet est encore si controversé.
Le prélat affirme que, malgré divers débats sur la liturgie au cours de l’histoire de l’Eglise « il n’y a jamais eu de controverse sur la liturgie comme celle que nous vivons aujourd’hui » et la raison qu’il avance, au moins en partie, est « qu’il n’y a jamais eu auparavant deux versions du Missel romain », malgré le fait que le missel de 1970 ait été produit avec toute la force du Concile Vatican.
Mgr Roche poursuit en affirmant que « c’est une tragédie qu’il y ait aujourd’hui cette controverse (…) car l’eucharistie est, par nature, le sacrement qui unit toute l’Eglise ». Il rappelle que la « loi liturgique [qui] nous aide dans notre croyance ». Pour conclure que « la réforme de la liturgie est une question très importante aujourd’hui et elle ne doit pas être considérée comme une option ».
Pour explique cette controverse – il parle même de bataille – il fait appel à l’individualisme et au relativisme. Mais, continue-t-il « la célébration de la messe n’est pas une question de choix personnel. (…) Et l’Eglise au cours des siècles a toujours réglementé la forme de liturgie qu’elle a jugée plus pertinente pour une époque donnée. »
Il cite enfin le P. Jungmann qui a montré « comment, au fil des siècles, la messe a été modifiée de cette manière afin de s’adapter aux besoins du jour. Et la résistance à cela est une question assez sérieuse, que le Pape a soulignée dans son document sur la liturgie, Traditionis custodes. »
Enfin, conclut-il sur la question : « tout ce qui se passe, c’est la réglementation de l’ancienne liturgie du Missel de 1962 en arrêtant la promotion de celle-ci, parce qu’il était clair que le Concile, les évêques du Concile, sous l’inspiration du Saint-Esprit, mettaient en avant une nouvelle liturgie pour la vitalité de la vie de l’Eglise. (…) Résister à cela, c’est quelque chose qui est vraiment très grave. »
En fin d’entretien, Mgr Roche note que la sécularisation a fait perdre le sens de la célébration dominicale et cherche des remèdes. Il les voit dans la catéchèse, la proximité avec les gens, et enfin la célébration du culte eucharistique qui apporte la doctrine de l’Eglise. Il affirme que la nouvelle messe est principalement issue de la Sainte Ecriture : c’est ainsi qu’elle véhicule la doctrine.
De graves lacunes
Et d’abord sur ce dernier point. Ce n’est pas la Sainte Ecriture qui nous enseigne directement, sinon les cours de catéchisme devraient être une lecture de la Bible. La doctrine nous est donnée par le catéchisme. Dans la messe traditionnelle, les prières de l’offertoire et du canon, si elles ne sont pas exemptes de références scripturaires, sont de véritables enseignements par leur précision théologique.
Nous avons là un cas particulier d’un défaut postconciliaire qui semble ne plus considérer que l’Ecriture, et vouloir tout résoudre directement avec elle. Nous sommes proches du sola scriptura des protestants. Cela s’est vu particulièrement en liturgie, en théologie – morale surtout – et en pastorale. Mais c’est une erreur fatale.
Et par ailleurs la négation tranquille des dégâts produits par le nouveau rite, le refus de toute critique à son sujet, l’aveuglement devant la désertion des célébrations liée à leur désacralisation, favorisée par le rite rénové, sont consternants. Devant pareil obstination, il n’y a rien à faire.
Source : FSSPX.News