Lettre n° 03 du Père Directeur de la Milice de l’Immaculée. Récitez le chapelet tous les jours ! – 17 octobre 2016

Très chers Chevaliers de l’Immaculée !

En ce jour anni­ver­saire de la fon­da­tion de la MILITIA IMMACULATAE, le 17 octobre 1917, par Saint Maximilien Kolbe, permettez-​moi de Vous adres­ser cette troi­sième lettre afin de Vous encou­ra­ger de conti­nuer ce mois du saint rosaire avec le désir immense et la ferme réso­lu­tion d’obéir au Cœur Immaculé quand Elle exige de nous de prier le cha­pe­let chaque jour.

Nous vivons aujourd’­hui, plus qu’auparavant, dans de ter­ribles temps apo­ca­lyp­tiques ; aus­si devrions-​nous être pro­fon­dé­ment impres­sion­nés par les paroles de sœur Lucie : « Et main­te­nant Dieu nous donne les deux der­niers outils du salut : la dévo­tion au saint rosaire et au Cœur imma­cu­lée de Marie ». Avec ces outils seule­ment nous sau­ve­rons nos âmes et les âmes de bien d’autres. Nous, che­va­liers, devons être en pre­mière ligne, pre­nant part à la cam­pagne de la croi­sade du rosaire ins­ti­tuée par notre supé­rieur géné­ral pour faire connaître et aimer Ses requêtes solen­nelles fina­le­ment exau­cées pour le bien de notre Sainte Mère l’Eglise et le salut de nombre d’âmes.

Mais soyez atten­tifs : il ne suf­fit pas de sim­ple­ment réci­ter le cha­pe­let. Nous devons avoir une véri­table dévo­tion envers lui, en sai­sis­sant le tré­sor caché de cette prière mys­té­rieuse. Saint Louis-​Marie Grignon de Montfort lui-​même médite pro­fon­dé­ment ce tré­sor caché dans son livre sur l” »Admirable secret du rosaire » et le pape Léon XIII dans ses ency­cliques sur le rosaire, l’explique en ces termes : son « corps » exté­rieur, son « aspect maté­riel », est la prière vocale, mais l’aspect inté­rieur, « l’âme » est la médi­ta­tion sur les mys­tères de la vie de Notre-​Seigneur à tra­vers Notre-Dame.

Dans cette lettre, laissez-​moi tout d’abord don­ner une réponse à la ques­tion : pour­quoi le rosaire est-​il si impor­tant à notre époque ?

Le rosaire est vital pour nous en tant que che­min par­fait pour péné­trer les mys­tères de Jésus a tra­vers Marie. Le ROSAIRE EST UN RACCOURCI pour entrer dans le mys­tère de NOTRE-​SEIGNEUR. En par­ti­cu­lier pour les hommes et femmes d’af­faires de notre temps, le rosaire est LE moyen le plus simple de médi­ter notre foi : peut-​être pas tous ses mys­tères, mais cer­tai­ne­ment les plus essen­tiels mys­tères de notre foi, les plus néces­saires à notre salut. 

Les mys­tères joyeux – la venue du CHRIST dans ce monde – nous rendent mani­feste le fait que le centre de la créa­tion n’est pas l’homme (contrai­re­ment au culte moderne de l’homme), n’est pas le para­dis sur terre, n’est pas la courte vie de cha­cun, mais LE CHRIST NOTRE SEIGNEUR, pré­sent par­mi nous. 

Les mys­tères joyeux fixent notre regard sur Lui et nous aident à vaincre la ten­ta­tion de mettre les men­songes et illu­sions du monde comme centre de nos vies. 

Les mys­tères dou­lou­reux nous montrent la MANIÈRE selon laquelle nous devons vivre sur la terre : « Portez votre croix chaque jour » ! C’est là la grande loi d’amour qui consiste à s’oublier soi-​même et à s’offrir à la gloire de Dieu et pour le salut des âmes, en nous iden­ti­fiant nous-​mêmes aux souf­frances de Notre-Seigneur. 

Et les mys­tères glo­rieux nous montrent le BUT de nos vies : non les suc­cès ter­restres, mais la gloire éter­nelle méri­tée par la Résurrection de Notre-​Seigneur. Au sein de ces trois séries de mys­tères nous avons l’essentiel de notre vie spi­ri­tuelle : la fon­da­tion (Emmanuel – Dieu est avec nous), la voie (Via Crucis) et le but (gloire éter­nelle). De cette manière le rosaire nous illu­mine et nous libère des dan­gers de cette vie où nous arpen­tons des che­mins trom­peurs qui mènent à la perdition.

En second lieu, laissez-​moi vous pré­sen­ter de plus pro­fonds aspects du très saint rosaire, parce que cette prière amène à nous, à tra­vers Marie, Dieu Lui-​Même et nous ramène à Dieu par Marie ! Cela signi­fie que la dévo­tion au Saint Rosaire est le che­min le plus court et le plus sûr vers la sainteté !

1/​Marie nous emmène dans les pro­fon­deurs du Mystère de Dieu Lui-​même ! Dans le rosaire, Elle nous révèle l’admirable mys­tère des mys­tères, la très sainte Trinité. 

Dieu Lui-​même se rap­proche de nous à tra­vers le rosaire. Le cœur aimant de notre Mère nous donne, à nous ses enfants, un cadeau mer­veilleux : Dieu lui-même !

Par les mys­tères joyeux, nous décou­vrons Dieu le Père comme étant la source et la fon­taine de tout bien, en par­ti­cu­lier du plus grand de tous, notre propre salut. Il envoie Son Fils sur terre ! Dieu le Fils est la révé­la­tion de Dieu au monde, le soleil spi­ri­tuel qui dis­perse les ténèbres par Sa Nativité et qui, dans son enfance, édi­fie les doc­teurs de la Loi au temple. Dieu le Saint-​Esprit accom­plit le mys­tère de l’Incarnation et à tra­vers Ses ins­pi­ra­tions apporte la grâce de Dieu dans ce monde. Il est pré­sent durant la visi­ta­tion de Notre-​Dame et lors de la sanc­ti­fi­ca­tion de Jean-​Baptiste dans le ventre de sa mère Élisabeth, ain­si que lors de la pré­sen­ta­tion de Jésus au temple où il éclaire et sanc­ti­fie Siméon et la pro­phé­tesse Anne.

Par les mys­tères dou­lou­reux, nous médi­tons cer­tains actes par­ti­cu­liers de la misé­ri­corde infi­nie de Notre Seigneur. Ici Notre Mère ouvre nos yeux sur les pro­fon­deurs du Cœur de Jésus lors de son ago­nie à Gethsémani. Que se passa-​t-​il là-​bas ? Nous enten­dons les bat­te­ments de Son Cœur, Lui le Très Saint, le plus beau, le plus par­fait et simul­ta­né­ment le plus acca­blé par l’infinie masse d’horreur et d’agonie du péché, de la cor­rup­tion morale de l’homme et ses repous­santes insultes. Nous voyons là un immense acte de misé­ri­corde par la façon dont Il accepte toutes ces hor­reurs, afin qu’Il paie le ter­rible prix du mal et le détruise par le sacri­fice de Sa propre vie. Et nous voyons de la même manière la misé­ri­corde du Père qui envoie l’ange de l’agonie pour ren­for­cer Son Fils dans le jar­din, afin que le Christ puisse suivre le che­min de l’amour misé­ri­cor­dieux jusqu’à son terme. La fla­gel­la­tion et le cou­ron­ne­ment d’épines sont la misé­ri­corde de Dieu en action : ici et main­te­nant sont détruites les ténèbres à tra­vers le paie­ment du Très Précieux Sang, Son corps lacé­ré et Sa tête per­cée d’épines. La misé­ri­corde de Dieu n’est pas une plai­san­te­rie ; elle n’a rien d’une sensiblerie. 

Le Fils de Dieu attire à lui la plus grande de toutes les oppres­sions pos­sibles afin de libé­rer les pécheurs de l’esclavage du péché. La misé­ri­corde de Dieu nous appor­ta notre rédemp­tion, mais à quel prix ! Et ne pouvons-​nous pas com­prendre le por­te­ment de la Croix et la mort du Christ comme une par­ti­ci­pa­tion spé­ciale du Saint-​Esprit dans cette œuvre de la misé­ri­corde de Dieu ? La force du Christ qui se relève après trois chutes atroces ; l’aide et la conso­la­tion qu’Il accep­ta de Symon de Cyrène et de Véronique ; la pré­sence de la Mère de Miséricorde Elle-​même sur le che­min de croix – der­rière tout cela le Saint Esprit se révèle dis­crè­te­ment, menant la tache de la rédemp­tion à sa der­nière fin et ultime tota­li­té. Et le drame culmine sur le mont Calvaire. Chaque divine per­sonne est pré­sente : le Père, qui sacri­fie jusqu’à la fin ce qu’Il pos­sède – Son Fils ! Le Fils, qui aime « jusqu’à la fin » à tra­vers toutes des souf­frances inima­gi­nables ! Le Saint-​Esprit, qui réside dans le Cœur Immaculée de Marie, pré­sente au pied de la croix, la flamme de l’amour éter­nel de Dieu en Son cœur brû­lant et brillant dans Sa com­pas­sion et sa tris­tesse infinie !

Dans les mys­tères glo­rieux, L’AMOUR INFINI appa­raît dans le triomphe et l’é­ter­nelle effi­ca­ci­té de l’entière œuvre du salut. Nous assis­tons à la révé­la­tion finale et éter­nelle de la gloire de Dieu, Sa sain­te­té, et majes­té, d’abord par le triomphe de l’amour de Dieu dans le miracle de la résur­rec­tion. L’Ascension est le retour triom­phant du Christ au para­dis accom­pa­gné des membres de Son Corps Mystique. Et le mys­tère cen­tral est l’envoi du Saint Esprit – LE FEU DE L’AMOUR DE DIEU ! Au para­dis tous les dési­rs seront réa­li­sés dans la paix et la joie éter­nelle. Et les deux der­niers mys­tères glo­rieux nous montrent la joie dans sa plus par­faite réa­li­sa­tion, quand à tra­vers l’Immaculée toute la créa­tion com­mence à retour­ner vers Dieu. Le cou­ron­ne­ment de Marie est à la fois la révé­la­tion défi­ni­tive de tout l’amour de Dieu, qui L’emplit de Lui plus que tous les saints et anges du para­dis, et l’ultime vic­toire et achè­ve­ment de l’ordre créé quand « Dieu sera tout en tout ! »

2/​Marie nous emmène vers la réa­li­sa­tion la plus pro­fonde et l’objectif de la créa­tion : Elle nous fait com­prendre qui nous sommes réel­le­ment et ce que nous devrions être aux yeux de Dieu. 

Saint Thomas nous enseigne qu’Elle est la repré­sen­tante de tout l’humanité et qu’en Elle uni­que­ment nous pou­vons atteindre notre propre réa­li­sa­tion, qui est l’union avec Jésus Christ qui nous est don­né par Elle, Elle qui nous puri­fie, trans­forme, sanc­ti­fie, et qui au final nous glorifie.

Au tra­vers les mys­tères joyeux Elle appa­raît comme l’origine, la source, la fon­taine, le début solen­nel de notre véri­table vie d” »enfants de Dieu » ; en Elle nous voyons la réa­li­té de toutes les créa­tures : que la source de nos vies n’est pas le monde ou la créa­ture mais est Dieu, de qui tout le monde dépend tota­le­ment. Chaque mys­tère montre un « début », la révé­la­tion de la source et fon­taine de l’existence, et la rela­tion d’une créa­ture avec son créateur.

Depuis que fut com­mis le péché ori­gi­nel, le monde entier gémis­sait dans l’attente d’un Sauveur (cf. Rom. 8:20–22), dans son désir d’être déli­vré de l’esclavage du péché et du diable pour être por­té à la « liber­té des fils de Dieu ». Cette déli­vrance démarre à l’Annonciation, lorsque Marie répond à l’ange et reçoit le Fils de Dieu incar­né dans ce monde. A ce moment, la créa­tion – enfer­mée dans l’esclavage du diable et per­due dans les ténèbres – reçoit une lumière écra­sante et regagne la liber­té par cette nou­velle créa­tion, recons­truite sur de fon­da­tions nou­velles, de nou­veaux prin­cipes, et une nou­velle loi. Parce que Dieu est main­te­nant avec nous (Emmanuel), nous trou­vons un nou­veau centre de gra­vi­ta­tion, une nou­velle forme de vie, « un nou­veau cœur ». Dans la mesure où nous orien­tons tout vers ce centre, qui est DIEU EN NOUS, tout devient intel­li­gible, har­mo­nieux, beau, pure et saint. 

La visi­ta­tion nous montre un autre « com­men­ce­ment », l’inauguration du tra­vail de la grâce de Dieu à tra­vers la sanc­ti­fi­ca­tion de Saint Jean. Le plus grand pré­sent lui fut appor­té par Marie. Sa visi­ta­tion fut le début de sa propre sain­te­té. Et en cela nous pou­vons avoir confiance que Dieu ne change pas : ce qu’il fait une fois, il conti­nue­ra à le faire. Si le pre­mier miracle de grâce fut accom­pli à tra­vers Marie, alors Il conti­nue­ra à sanc­ti­fier les hommes par Marie. A tra­vers Marie, Notre-​Seigneur Jésus-​Christ rend visite à chaque âme et y déverse la grâce sanc­ti­fiante. C’est le début de notre retour à Dieu, le début d’un nou­veau monde, à tra­vers Marie.

La Nativité nous montre que ce monde réno­vé n’existe pas seule­ment dans les pro­fon­deurs du cœur ou dans une invi­sible inti­mi­té. Nous devons voir, entendre, faire l’expérience. Cette nou­velle fon­da­tion doit être visible ; si elle ne l’est pas, per­sonne ne peut construire des­sus. Comment l’Éternelle Sagesse nous devient-​elle visible ? Sous la forme d’un petit enfant. Jusqu’à la fin du monde Marie conti­nue d’apparaître à l’humanité avec Son Enfant dans Ses bras, comme en témoignent d’innombrables images et icônes. Qu’est-ce que cela signi­fie ? Cela nous donne la condi­tion que nous devons res­pec­ter, qui doit nous ser­vir à construire notre vie sur l’unique vrai fon­de­ment, sur le fon­de­ment de la grâce de Dieu : nous devons deve­nir de petits enfants, SES enfants.

La Présentation au temple est éga­le­ment un « com­men­ce­ment », nous ensei­gnant un acte humain sublime et essen­tiel qui est le début de tout ce qui est vrai, bon et sage : l’offrande, le sacri­fice ! A nou­veau, Marie fut la pre­mière à pré­sen­ter cette offrande, et Son sacri­fice fut le plus grand : Elle don­na à Dieu tout ce qu’Elle avait. Elle offrit l’âme de Son âme, le cœur de Son cœur : Son propre Fils. Cela ne fai­sait que 40 jours qu’Elle L’avait reçu de Dieu et déjà Elle Le ren­dait au Père, en Le pré­sen­tant au temple. Ceci est l’occasion de médi­ter un grand prin­cipe qui doit domi­ner nos vies spi­ri­tuelles : si vous vou­lez rece­voir, vous devez don­ner ! Si vous vou­lez rece­voir plus, vous devez don­ner plus. Seul celui qui donne tout, reçoit tout !

Pour finir, en médi­tant sur le mys­tère du recou­vre­ment de Jésus au temple, le Cœur imma­cu­lée de Marie nous enseigne une autre condi­tion essen­tielle à res­pec­ter si nous sou­hai­tons vivre une nou­velle vie spi­ri­tuelle en Elle. Par nos propres forces nous ne pour­rons jamais faire de sacri­fices et appor­ter l’harmonie de manière valable dans nos vies. Seule la constante recherche de Notre-​Seigneur, Son visage, Sa volon­té et Sa doc­trine nous per­met de quit­ter notre monde étroit et fer­mé. Qui cherche, trouve !

Dans les mys­tères dou­lou­reux, Marie nous appa­raît comme « le che­min qui nous mène au para­dis ». Elle nous montre ici à quoi notre recherche quo­ti­dienne de Dieu doit ressembler.

Les pre­mières expé­riences ren­con­trées sur notre che­min vers Dieu sont très humi­liantes, mais la médi­ta­tion sur l’agonie de Jésus nous montre que nous ne sommes pas même capables de faire un seul pas par nous-​mêmes. Tout comme les apôtres qui dorment, comme Judas qui tra­hit, nous fuyons, nous évi­tons, nous L’abandonnons. Alors nous nous tour­nons, plein de tris­tesse, vers Elle, qui peut nous rame­ner à Ses pieds, juste pour pou­voir entendre le cri du Sauveur ago­ni­sant : « Donne-​moi le calice rem­pli de tes péchés ! Je les prends tous ! Je paie le prix pour tous ! » Nous ne pou­vons pas rece­voir Son infi­ni misé­ri­corde si nous ne Lui confes­sons pas toute notre honte et notre souillure, si nous ne Lui per­met­tons pas d’être misé­ri­cor­dieux envers nous. Alors la fla­gel­la­tion et le cou­ron­ne­ment d’épines réveillent en nous une dou­leur et un cri aigus : « C’est moi qui Vous ai pro­vo­qué par mes impu­re­tés et mon orgueil. J’ai pris moi-​même part à Votre tor­ture ! Et main­te­nant, même si par la grâce de Dieu je suis rem­pli de contri­tion, je demeure pour­tant la plus faible créa­ture au monde. Je dois voir com­ment mes péchés et ceux de mes congé­nères ont cau­sé de la souf­france à votre saint corps et à votre chef sacré. » Cette impuis­sance est une tor­ture pour qui­conque aime, qui­conque veut faire quelque chose pour le bien-​aimé ! Maintenant une nou­velle expé­rience implante en nous des condi­tions essen­tielles pour un retour à Dieu solide et constant : le remords et l’humilité. Et seule­ment sur le che­min de la croix pouvons-​nous com­men­cer à faire quoique ce soit pour notre Seigneur bien-​aimé : avec Simon le Cyrénéen nous pou­vons concrè­te­ment L’aider à por­ter la croix ; avec Véronique nous pou­vons essuyer son visage avec le voile de com­pas­sion. L’entièreté du che­min de notre retour vers Dieu peut se pas­ser à se pré­oc­cu­per de telles choses : des choses insi­gni­fiantes par elles-​mêmes peut-​être mais tou­jours faites avec le plus grand amour ! Mais seule­ment au cin­quième mys­tère dou­lou­reux nous rece­vons la Nouvelle Loi qui doit nous péné­trer, sans laquelle nous ne pou­vons per­sé­vé­rer : assis­ter à la pas­sion du Christ avec Sa Mère, médi­ter les bles­sures du Sauveur par­tout et tou­jours à tra­vers Ses yeux, et L’aimer avec Son cœur dou­lou­reux. Ainsi un acte essen­tiel de notre long retour à Dieu, le voyage de notre vie, est la par­ti­ci­pa­tion au Saint Sacrifice de la messe. Nous tenir avec Elle au pied de la Croix, nous enten­dons Notre-​Seigneur nous don­ner Sa Mère, deve­nant ain­si notre mère, ren­dant nos cœurs simi­laires à Son Cœur, rem­plis d’amour pour Dieu et pour le salut des âmes.

A tra­vers les mys­tères glo­rieux, Notre-​Dame nous montre l’unique but de nos vies, la des­ti­na­tion de notre retour à Dieu. Elle nous rap­pelle « pour­quoi et pour qui tout est », parce qu’Elle sait que nous pou­vons faci­le­ment oublier la plus essen­tielle et « l’unique chose néces­saire ». Par-​dessus tout, Elle nous donne le cou­rage de ne pas déses­pé­rer quand les obs­tacles et l’adversité semblent blo­quer notre che­min vers le ciel. 

La médi­ta­tion de la Résurrection rem­plit nos âmes d’un grand éton­ne­ment, d’une joie si pro­fonde : une telle vic­toire, un tel triomphe du Christ sur tous ! Qui peut refu­ser l’Amour de Dieu ! C’est pour nous que le Christ se leva d’entre les morts, pour nous mon­trer notre propre future résur­rec­tion. Nous res­sus­ci­te­rons aus­si, si nous per­sé­vé­rons fidè­le­ment jusqu’au som­met de la vie spi­ri­tuelle, dans la pra­tique du plus haut des com­man­de­ments. L’humanité régé­né­rée et éter­nel­le­ment bien­heu­reuse de Notre-​Seigneur est le modèle et la forme de notre future vie glo­rieuse au para­dis. L’amour pour l’amour ! Si nous L’aimons jusqu’à la fin, si nous sommes cru­ci­fiés et enter­rés avec Lui, alors nous res­sus­ci­te­rons éga­le­ment d’entre les morts avec Lui.

A tra­vers la médi­ta­tion sur l’Ascension, Notre-​Dame nous montre la triom­phante marche de la vic­toire du Roi des Rois, son retour glo­rieux au Père. Ceci est une vision que nous appe­lons l’extase de l’amour : être absor­bé en Lui, concen­tré en Lui, quand Il est entré dans le royaume céleste. Marie nous rem­plit de Sa propre fas­ci­na­tion à la vue du Christ, Roi de l’Amour « vêtu d’une longue robe, et ayant une cein­ture d’or sur la poi­trine. Sa tête et ses che­veux étaient blancs comme de la laine blanche, comme de la neige ; ses yeux étaient comme une flamme de feu ; ses pieds étaient sem­blables à de l’ai­rain ardent, comme s’il eût été embra­sé dans une four­naise ; et sa voix était comme le bruit de grandes eaux. Il avait dans sa main droite sept étoiles. De sa bouche sor­tait une épée aiguë, à deux tran­chants ; et son visage était comme le soleil lors­qu’il brille dans sa force » (Apocalypse 1 :13–16). La glo­rieuse figure du Seigneur res­sus­ci­té devrait nous tou­cher tout comme elle a tou­ché Paul lorsque la vue du Christ devant les portes de Damas le jeta au sol et fit de lui un pri­son­nier à jamais, un ser­vi­teur, un ami et un apôtre du Christ. A par­tir de ce jour, une seule chose était pro­fi­table à Paul : « Ma vie, c’est le Christ ! » C’est aus­si le plus grand désir de Marie, que nous soyons ravis comme l’apôtre des gen­tils, et comme Elle, dans l’immense amour de Son Fils.

La des­cente du Saint-​Esprit nous emmène au cénacle, où le Saint-​Esprit « allume le feu de Son Amour » en nous, tout comme lors de la Pentecôte Il a sus­ci­té la flamme de Son amour sur Notre Céleste Mère, les apôtres et les dis­ciples. Nous La voyons au centre, entou­rée par les apôtres, une réunion fas­ci­nante ! Il est impos­sible d’imaginer com­ment Marie pou­vait être lorsque le feu du Saint-​Esprit péné­tra en Elle. Bien après, Elle appa­raî­tra aux âmes pri­vi­lé­giées et les voyants ten­te­ront d’expliquer Sa beau­té céleste et Sa majesté.

A Fatima : « Elle était plus brillante que le soleil, et irra­diait une lumière plus claire et plus intense qu’un verre de cris­tal rem­pli d’eau pétillante tra­ver­sée par les rayons ardents du soleil ». 

A La Salette : « Soudainement je vis une magni­fique lumière, plus claire que le soleil… Je regar­dai atten­ti­ve­ment vers cette lumi­no­si­té ère. D’abord, elle était immo­bile, mais bien­tôt après je vis une autre lumière, encore plus brillante et mou­vante, et à l’intérieur de cette lumière, notre très belle Dame ».

A Lourdes, à Sainte Bernadette : « Son appa­rence était dif­fé­rente car il éma­nait de sa sil­houette une lumière incroyable, et elle était belle, si mira­cu­leu­se­ment et com­plè­te­ment dif­fé­rem­ment belle que Bernadette, même si elle avait été une peintre par­faite, n’eut pas été capable de réa­li­ser Son por­trait même avec les outils les plus par­faits… Bernadette vit une mince sil­houette de taille moyenne. Elle avait l’air très jeune, peut-​être une femme d’une ving­taine d’années. Mais cette beau­té et cette jeu­nesse avaient en elles quelque chose d’extraordinaire. Cela sem­blait être une jeu­nesse qui ne s’était jamais et qui ne pour­rait jamais s’enfuir – une jeu­nesse éter­nelle. Et pour­tant il y avait quelque chose d’autre dans cette jeu­nesse, impos­sible à décrire avec des mots. C’était comme si avaient été jointes la grâce presque enfan­tine de la plus pure des vierges avec la grave et infi­nie com­pré­hen­sion, l’infinie bon­té d’une mère et la monar­chique majes­té d’une reine ». Ne pouvons-​nous pas voir dans ces des­crip­tions le pou­voir du Saint-​Esprit, qui en louant Sa beau­té et en La rem­plis­sant de lumière veut nous éle­ver nous aus­si aux hau­teurs de Son amour ?

Ainsi fut-​Elle la pre­mière à atteindre le som­met infi­ni du mys­tère de Dieu. Le voyage vers le ciel que fut sa vie fut comme une immense flamme d’amour : elle mou­rut lit­té­ra­le­ment d’amour. Cela devînt visible durant son Assomption, quand, elle fut le pre­mier membre de l’humanité à atteindre le but, vers lequel elle mène tous Ses enfants. La mort (dor­mi­tio ou repos) de Marie est consi­dé­rée comme la plé­ni­tude de Son amour, comme une mort d’amour. Son amour était si immense que rien ne pou­vait plus La rete­nir sur cette terre. Et ce der­nier mys­tère glo­rieux n’est qu’un chant d’admiration pour Son triomphe éter­nel. Mais ce serait une erreur de pen­ser que parce qu’Elle est au para­dis et ain­si loin de nous, parce que nous demeu­rons ici sur la terre. Bien qu’Elle soit au para­dis, Elle n’est abso­lu­ment pas loin, parce qu’ici et main­te­nant Elle prend soin de Ses enfants. La Reine des Cieux et de toutes les créa­tures devraient atti­rer nos yeux et nos cœurs. En Elle, tous Ses enfants sont appe­lés à rece­voir la cou­ronne de gloire. La médi­ta­tion du mys­tère du Rosaire devrait nous mener vers une telle atti­tude, que spi­ri­tuel­le­ment nous pré­fé­re­rions demeu­rer là, dans le mys­tère de Dieu, qu’ici sur terre. Voilà notre vraie réa­li­té ; ici-​bas la vie n’est qu’une ombre. Là-​bas est notre cœur ; ici notre exil. 

En Elle nous pou­vons nous excla­mer avec saint François : « Mon Dieu et mon Tout ! »

Shanghai, le 17 octobre 2016

Abbé Karl Stehlin (1), prêtre de la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X

Source : La Porte Latine du 20 octobre 2016

Note de la RDLPL

(1) M. l’ab­bé Karl Stehlin est Supérieur du District d’Asie