Lettre sur les vocations n° 24 d’avril 2016 : Sans prêtre, les âmes sont sans pasteur

Chers Croisés,

Le 11 février 1818, un épais brouillard s’est répan­du sur la Dombes. Désorienté, un jeune prêtre, Jean-​Marie Vianney, cherche son che­min. Entendant le son de petites cloches por­tées habi­tuel­le­ment par les mou­tons de la région, il sup­pose la pré­sence d’un ber­ger et l’ap­pelle. Un jeune gar­çon, Antoine Givre, s’a­vance et, voyant ce prêtre en sou­tane, lui demande s’il est le nou­veau curé atten­du. Ayant eu une réponse affir­ma­tive, il lui indique alors la direc­tion d’Ars. Le nou­veau curé le remer­cie en lui mon­trant le ciel du doigt : « Tu m’as mon­tré le che­min d’Ars, je te mon­tre­rai celui du Ciel » Ces paroles étaient pro­phé­tiques car, quarante-​et-​un ans plus tard, le Saint curé ren­dait sa belle âme à Dieu. Antoine Givre le sui­vait cinq jours après dans l’éternité !

Cet épi­sode bien connu illustre le rôle du prêtre vou­lu par Notre-​Seigneur : conduire au Ciel les âmes qui lui sont confiées en leur don­nant Dieu. Sans prêtre, les âmes sont sans pas­teur. Désorientées, elles ne savent plus regar­der vers Dieu ou n’ont plus la force de le faire, tel­le­ment elles sont écra­sées par les épreuves ou les bles­sures de la vie. Sans prêtre, la cha­ri­té se refroi­dit et Satan a alors le champ libre pour per­ver­tir les âmes et les conduire à la per­di­tion. C’est le drame de notre époque. La vio­lence, les guerres, l’é­goïsme, la dis­pa­ri­tion de la foi qui semblent triom­pher dans le monde d’au­jourd’­hui s’ex­pliquent en grande par­tie par la raré­fac­tion des prêtres qui ne sont plus là pour ensei­gner, gui­der les âmes, les for­ti­fier et les sanctifier.

A son évêque qui se plai­gnait de l’im­pié­té qui régnait dans son dio­cèse, le même Curé d’Ars répon­dait : « si vous vou­lez conver­tir votre dio­cèse, il faut faire des saints de tous vos curés ». Lui-​même ajou­tait : « Laissez une paroisse vingt ans sans prêtre et y on y ado­re­ra les bêtes ». En effet, l’a­ve­nir de notre sainte reli­gion et le salut de la socié­té reposent sur le nombre et la qua­li­té des prêtres qui sortent des séminaires.

Le prêtre est l’ins­tru­ment que le Christ veut uti­li­ser pour répandre la cha­ri­té. En célé­brant la sainte Messe, il per­pé­tue quo­ti­dien­ne­ment l’acte de cha­ri­té le plus grand qui ait été accom­pli sur la terre, à savoir le sacri­fice de notre Rédempteur sur la Croix. En éle­vant l’hos­tie et le calice au moment de la consé­cra­tion, le prêtre brise la glace que le Malin veut étendre comme un cou­vercle sur le monde pour le sépa­rer de Dieu, et ouvre un canal par lequel la cha­ri­té du Christ peut se dif­fu­ser. De même, lors­qu’il récite son bré­viaire, le prêtre pro­longe la louange du Christ envers son Père et prie pour le trou­peau qui lui est confié. En admi­nis­trant les sacre­ments, il conti­nue l’ac­tion du Christ envers les âmes en les fai­sant naitre à la grâce, en les res­tau­rant dans la cha­ri­té ou en les for­ti­fiant dans l’a­mour divin. Cela n’est pas sans effet sur les per­sonnes, les familles et la socié­té. Plus il y a de prêtre, plus le Christ-​Roi peut régner.

Monseigneur Lefebvre expri­mait cette véri­té dans son Itinéraire spi­ri­tuel :

« Le rayon­ne­ment de la grâce sacer­do­tale, c’est le rayon­ne­ment de la Croix. Le prêtre est donc au cœur de la réno­va­tion méri­tée par Notre-​Seigneur. Son influence sera déter­mi­nante sur les âmes et la socié­té. Un prêtre illu­mi­né par sa foi et rem­pli des ver­tus des dons de l’Esprit de Jésus peut conver­tir de nom­breuses âmes à Jésus-​Christ, sus­ci­ter des voca­tions, trans­for­mer une socié­té païenne en socié­té chré­tienne[1] ».

En effet si le minis­tère du prêtre venait à ces­ser, le monde retour­ne­rait au paga­nisme. C’est le triste constat qu’il nous faut faire aujourd’hui.

Il ne faut pas oublier aus­si le rôle des reli­gieux et reli­gieuses dans le plan divin pour sau­ver les âmes. Le Père Eugène de Villeurbanne, fon­da­teur des capu­cins de Morgon, le rap­pelle à merveille :

« L’Eglise doit sans cesse louer Dieu. Il lui faut une milice spé­ciale consa­crée à un com­plé­ment de louange et d’at­ten­tion directe à Dieu que ne peuvent don­ner des bap-​tisés impli­qués par néces­si­té dans les affaires pro­fanes. Ici se situe le rôle des reli­gieux[2] ».

Prions donc avec confiance le Bon Dieu, afin que ceux et celles qu’Il appelle à son ser­vice répondent géné­reu­se­ment, sans retard, sans regar­der en arrière.

Cette croi­sade des voca­tions est d’une néces­si­té urgente. Du nombre de prêtres dépend le salut d’un nombre immense d’âmes. Que les parents, et tout spé­cia­le­ment, les mamans prient le Bon Dieu afin qu’Il choi­sisse un de leurs enfants à son ser­vice. C’est un immense hon­neur pour une famille, une grande source de grâces et une pierre pré­cieuse ser­tie pour l’é­ter­ni­té dans la cou­ronne des parents chré­tiens qui ont don­ner une fille ou un fils à l’Eglise. Mais pour que ces voca­tions puissent ger­mer sans entrave, il faut que règne dans vos foyers l’es­prit de sacri­fice, ter­reau indis­pen­sable pour que l’ap­pel divin puisse trou­ver un écho favo­rable. « Vos prêtres seront ce que vous les aurez faits par l’é­du­ca­tion[3] » disait saint Pie X.

Pour être enten­du du Bon Dieu, rien ne vaut plus que la prière des enfants. Aussi j’in­vite les enfants de nos écoles, de nos familles à prier tout spé­cia­le­ment du 28 avril, jour de la fête de saint Louis-​Marie Grignon de Montfort au 6 mai, fête de saint Dominique Savio, à cette inten­tion qui nous est si chère. Une prière spé­ciale vous sera com­mu­ni­quée à cet effet pro­chai­ne­ment. En effet, n’ou­blions pas que la Très Sainte Vierge Marie à Pontmain, il y a 145 ans, avait expri­mé sur un ban­deau qui s’af­fi­chait sous elle et que seul les enfants voyaient :

« Mais priez, mes enfants, Dieu vous exau­ce­ra en peu de temps. Mon Fils se laisse toucher ».

Chers croi­sés, réci­tez avec fer­veur la prière qui se trouve au ver­so de l’i­mage ci-​jointe et n’ou­bliez pas d’y ajou­ter une par­tie de votre cha­pe­let quo­ti­dien afin que Notre-​Dame du Clergé pré­sente ces demandes pres­santes à son Divin Fils. Faites-​le avec fer­veur. Que Dieu vous bénisse !

Abbé Christian BOUCHACOURT† , Supérieur du District de France de la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X 

Croisade des vocations 2016 – Que faire pour avoir plus de prêtres, malgré la crise de l’Eglise ?

Lire l’in­té­gra­li­té de cette lettre de la croi­sade des voca­tions ICI 

Image de la croisade des vocations 2016

Notes de bas de page
  1. Mgr Lefebvre, Itinéraire spi­ri­tuel p. 60[]
  2. Père Eugène de Villeurbanne, Dans la tour­mente des reli­gieux, p.7[]
  3. Saint Pie X, ency­clique Pieni l’a­ni­mo du 28 juillet 1906[]

FSSPX Second assistant général

Né en 1959 à Strasbourg, M. l’ab­bé Bouchacourt a exer­cé son minis­tère comme curé de Saint Nicolas du Chardonnet puis supé­rieur du District d’Amérique du Sud (où il a connu le car­di­nal Bergoglio, futur pape François) et supé­rieur du District de France. Il a enfin été nom­mé Second Assistant Général lors du cha­pitre élec­tif de 2018.