Editorial du Supérieur de District – Lettre aux amis et bienfaiteurs n° 80 de mars 2013

Lettre aux amis et bienfaiteurs n° 80 de mars 2013

Une profonde injustice

Le trai­te­ment que la hié­rar­chie de l’Eglise catho­lique inflige à la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X, depuis bien­tôt qua­rante ans et jusqu’à aujourd’hui, relève d’une pro­fonde injus­tice. Nous le notons sans aucune amer­tume car nous nous rap­pe­lons de la hui­tième béa­ti­tude : « Bienheureux ceux qui souffrent per­sé­cu­tion pour l’amour de la jus­tice car le royaume des cieux leur appar­tient. [1] Mais le pro­fit sur­na­tu­rel que nous espé­rons de notre situa­tion ne doit pas nous empê­cher de sou­hai­ter ardem­ment que reviennent de l’erreur ceux qui se sont éga­rés. Pour le salut de toutes les âmes errantes, nous implo­rons du Ciel que sonne bien­tôt le triomphe de la véri­té en même temps que le glas de cette injustice.

En atten­dant, notre chère Fraternité demeure tou­jours mar­gi­na­li­sée parce qu’elle « refuse de suivre la Rome de ten­dance néo-​moderniste et néo-​protestante qui s’est mani­fes­tée clai­re­ment dans le concile Vatican II et après le concile dans toutes les réformes qui en sont issues. »[2] Aujourd’hui encore, c’est de ce même crime qu’elle reste accu­sée ; aujourd’hui encore, il lui suf­fi­rait d’apposer sa signa­ture sur une for­mule d’adhésion à la réforme doc­tri­nale du concile et à la réforme litur­gique de la messe pour que sa réin­té­gra­tion fût agréée. Pourquoi s’obstiner à ne pas la don­ner ? Pourquoi Monseigneur Fellay n’a‑t-il pas sai­si la main que Benoît XVI lui ten­dait en cette année 2012 ? Et main­te­nant, le moment favo­rable est pas­sé puisqu’il n’est plus le Pape !

Pourquoi Monseigneur Fellay n’a‑t-il pas saisi la main que Benoît XVI lui tendait en cette année 2012 ?

Pourquoi ? Parce que ce Pape fai­sait l’obligation à la Fraternité de recon­naître la licéi­té de la nou­velle messe et le concile Vatican II comme fai­sant par­tie inté­grante de la Tradition. Il nous est vrai­ment néces­saire de com­prendre en pro­fon­deur les motifs pour les­quels l’acceptation de telles condi­tions nous est mora­le­ment impos­sible. Elle nous sou­met­trait à la nou­velle reli­gion que nous avons tou­jours com­bat­tue et elle empoi­son­ne­rait gra­ve­ment nos âmes. Nous sou­hai­tons redire ici pour­quoi la sujé­tion à l’une et à l’autre de ces deux condi­tions est incon­ce­vable afin que cha­cun garde bien à l’esprit les motifs de fond qui jus­ti­fient de per­sé­vé­rer sur cette ligne de crête que suit la Fraternité.

En ce qui concerne la nou­velle messe d’abord, nous fai­sons nôtre la gra­vis­sime conclu­sion à laquelle étaient par­ve­nus les car­di­naux Ottavianni et Bacci, avant même la pro­mul­ga­tion de cette nou­velle messe : « Elle s’éloigne de façon impres­sion­nante, dans l’ensemble comme dans le détail, de la théo­lo­gie catho­lique de la sainte messe »[3]. La Fraternité demeure dans le sillage de ce pre­mier mani­feste de pro­tes­ta­tion contre la nou­velle messe. Elle affirme [4] tout par­ti­cu­liè­re­ment, que la nou­velle litur­gie fait dis­pa­raître le carac­tère pro­pi­tia­toire du Sacrifice de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ sur la croix [5] et que ce gom­mage volon­taire, opé­ré dans la litur­gie, consti­tue une tra­hi­son de l’esprit de sa divine obla­tion. La moti­va­tion la plus pro­fonde de la venue du Fils de Dieu sur terre pour souf­frir sa Passion se trouve effa­cée de la nou­velle messe. Alors qu’Il s’est incar­né pour se livrer Lui-​même en vic­time d’expiation et qu’Il est mort sur la croix à cause de nos péchés « pour apai­ser Dieu et nous le rendre favo­rable » [6], la nou­velle messe a sup­pri­mé cette fina­li­té pro­pi­tia­toire du Sacrifice qui repré­sen­tait pour­tant la quin­tes­sence de l’esprit catholique.

On ne doit donc pas s’étonner de nous entendre dire que la nou­velle messe, même sans les déra­pages par­ti­cu­liers aux­quels elle donne lieu si sou­vent au nom du prin­cipe de créa­ti­vi­té litur­gique, et même lorsqu’elle est célé­brée par un prêtre pieux, est inca­pable de plaire à Dieu. Ne réagis­sons pas d’une façon émo­tion­nelle à cette affir­ma­tion maintes fois répé­tée par Monseigneur Lefebvre, mais cher­chons à com­prendre pour­quoi cette conclu­sion objec­tive s’impose à nous.

Le nou­veau rite n’exprime plus le Sacrifice rédemp­teur de notre divin Sauveur tel qu’il s’est réel­le­ment dérou­lé sur la croix bien que ses auteurs pré­tendent, pour le prin­cipe, avoir conser­vé cette fidé­li­té. En consé­quence, ce nou­veau rite trompe gra­ve­ment les âmes qui pensent assis­ter à la messe demeu­rée sub­stan­tiel­le­ment inchan­gée quand elles se trouvent en réa­li­té aux prises avec une litur­gie qui a été détour­née de sa fin. De nom, la nou­velle litur­gie est dite catho­lique ; de conte­nu, elle ne l’est pas. Le coup de maître de Satan consiste en ce que soit aujourd’hui répu­tée catho­lique une litur­gie plus proche de la cène pro­tes­tante que de la messe catholique.

Aujourd’hui dési­gné comme la forme ordi­naire du rite romain, ce rite, non content de ne plus véhi­cu­ler la reli­gion catho­lique, dis­tille une reli­gio­si­té tout humaine, qui prend à peine le temps de men­tion­ner que l’homme est d’abord un pauvre pécheur et son devoir de sans cesse lut­ter contre les trois concu­pis­cences pour pou­voir faire son salut. Au contraire, les textes de la nou­velle messe célèbrent l’homme et son tra­vail sur la terre. C’est en vain que l’on y recherche les orai­sons antiques, si fré­quentes dans le mis­sel tra­di­tion­nel, qui invi­taient les catho­liques à mépri­ser les choses de la terre pour se consa­crer à celles du ciel. A la dimen­sion ver­ti­cale de l’existence, la nou­velle messe sub­sti­tue une vision hori­zon­tale, profane.

En réa­li­té, rares sont les catho­liques qui demeurent toute leur vie des pra­ti­quants assi­dus de la messe réfor­mée. Elle se trouve tel­le­ment désa­cra­li­sée que les hommes qui cherchent réel­le­ment Dieu ne par­viennent pas à l’y trou­ver. Beaucoup d’entre eux, écoeu­rés, ont déser­té les sanc­tuaires réfor­més parce qu’ils ne retrou­vaient jus­te­ment plus la reli­gion de leur enfance. Ils ne sup­por­taient plus cette exal­ta­tion de l’homme jusqu’à l’oubli du Fils de Dieu mort sur la croix pour les sau­ver. Ils com­pre­naient obs­cu­ré­ment que cette messe ne leur disait plus la reli­gion qu’on leur avait ensei­gnée. Quel a été leur péché ? C’est vrai­ment une ques­tion que l’on peut se poser. Qu’ont-ils fui ? Une nou­velle reli­gion qui vou­lait subrep­ti­ce­ment s’imposer à leurs consciences sans avouer qu’elle était nou­velle. Ce sont sou­vent ces gens, ayant à l’époque ces­sé la pra­tique domi­ni­cale, qui ont gar­dé la foi tan­dis que les autres, impré­gnés, dimanche après dimanche, des nou­veaux rites sont, hélas, deve­nus les adeptes de la doc­trine conci­liaire. A litur­gie nou­velle, reli­gion nouvelle !

Nous condamnons l’équivocité de cette nouvelle messe

Nous condam­nons l’équivocité de cette nou­velle messe. Elle n’exprime plus le dogme catho­lique. Elle peut certes être com­prise d’une façon catho­lique par un catho­lique mais est éga­le­ment com­prise d’une façon pro­tes­tante par un pro­tes­tant. Comment cela est-​il pos­sible ? Il s’agit là d’une sub­tile alchi­mie qui passe par la modi­fi­ca­tion des paroles, des gestes et de beau­coup de signes litur­giques. Il s’agit d’édulcorer d’une façon qua­si sys­té­ma­tique les expres­sions trop ouver­te­ment catho­liques et de les rem­pla­cer par d’autres, suf­fi­sam­ment floues pour que les pro­tes­tants puissent les com­prendre aus­si dans leur sens. C’est ain­si que l’on a dimi­nué le nombre et atté­nué la pré­ci­sion des sym­boles qui expriment les dogmes de la pré­sence sacra­men­telle, du renou­vel­le­ment du sacri­fice de la croix, du sacer­doce du prêtre. Désormais, l’insistance porte sur une pré­sence seule­ment spi­ri­tuelle du Christ par­mi les hommes, sur la der­nière Cène, repas au cours duquel le pain fut rom­pu et par­ta­gé, sur le rôle de l’assemblée qui célèbre avec le prêtre. Il est abso­lu­ment stu­pé­fiant, d’un point de vue his­to­rique, de consta­ter que toutes les dis­tor­sions qui ont été opé­rées par les arti­sans de la nou­velle messe res­semblent à s’y méprendre à celles que les réfor­ma­teurs pro­tes­tants avaient inno­vées pour opé­rer le glis­se­ment de la messe catho­lique vers la cène protestante.

La nou­velle messe ne sau­rait donc plaire à Dieu parce qu’elle est trom­peuse, nocive et équi­voque : « Elle ne sau­rait faire l’objet d’une loi obli­geant comme telle toute l’Eglise. En effet, la loi litur­gique a pour objet de pro­po­ser avec auto­ri­té le bien com­mun de l’Eglise et tout ce qui est requis. La nou­velle messe de Paul VI repré­sen­tant la pri­va­tion de ce bien ne sau­rait faire l’objet d’une loi : elle est non seule­ment mau­vaise mais illé­gi­time, en dépit de toutes les appa­rences de léga­li­té dont on a pu l’entourer et dont on l’entoure encore. » [7] Nous refu­sons donc d’admettre comme légi­time cette litur­gie mau­vaise, qui s’oppose à la gloire de Dieu et au salut des âmes. Nous répu­tons au contraire la nou­velle messe illé­gi­time et illi­cite. Ceux qui se sanc­ti­fient en y assis­tant se sanc­ti­fient mal­gré elle et non pas grâce à elle. Un jour, elle sera à jamais ban­nie des sanc­tuaires catholiques.

C’est pour­quoi, à la suite de Monseigneur Lefebvre, nous recom­man­dons vive­ment à nos fidèles de ne jamais y assis­ter acti­ve­ment, même si des conve­nances per­mettent d’y être pas­si­ve­ment pré­sent. Ce n’est sans doute pas parce que l’on y assiste une fois que l’on va perdre la foi et ce n’est donc pas cette rai­son qui est essen­tielle dans notre oppo­si­tion à la nou­velle messe. Le motif le plus pro­fond pour lequel nous décon­seillons aux catho­liques d’assister à la nou­velle messe reste qu’un tel culte ne peut que déplaire à Dieu et que les fidèles ne doivent jamais prendre part, de toute évi­dence, à un culte qui déplaît à Dieu, même pour faire plai­sir à leurs proches.

Vatican II a finalement caressé l’utopie de voir l’Eglise et le monde se donner la main pour que l’humanité chemine sur des sentiers nouveaux.

Quant au concile Vatican II, il est aujourd’hui recon­nu et abon­dam­ment prou­vé, même dans des sphères fort éloi­gnées de la Fraternité, qu’il a été pilo­té par des théo­lo­giens nova­teurs dont le sou­ci n’était nul­le­ment l’exposition de la foi. Ils sont nom­breux à l’avoir avoué et à s’en être van­tés à l’issue du concile. Ce vers quoi ils ont ten­du tant qu’ils ont pu pen­dant les quatre ses­sions du Vatican II, c’est à une récon­ci­lia­tion offi­cielle entre l’Eglise et le monde moderne. Les décla­ra­tions conci­liaires, sou­mises à leur forte influence, sou­vent ins­pi­rées ou écrites par eux, ont cher­ché à dis­si­mu­ler les véri­tés les plus décriées par l’esprit moderne, comme s’ils en avaient honte et comme s’ils n’y croyaient plus. [8] En revanche, ces mêmes textes ont expri­mé leur admi­ra­tion pour le monde moderne en le célé­brant. Ils en ont adop­té non seule­ment le lan­gage et les sché­mas intel­lec­tuels mais les idées elles-​mêmes qui sont celles de la révo­lu­tion fran­çaise, de la décla­ra­tion des droits de l’homme et des phi­lo­so­phies modernes. Depuis lors, le mes­sage offi­ciel de l’Eglise se trouve en col­lu­sion avec l’esprit du monde.

Vatican II a fina­le­ment cares­sé l’utopie de voir l’Eglise et le monde se don­ner la main pour que l’humanité che­mine sur des sen­tiers nou­veaux. Fini le vieil anta­go­nisme de tous les siècles pas­sés entre l’Eglise et le monde ! Le dia­logue, his­sé au rang de nou­velle ver­tu, per­met­trait désor­mais de dépas­ser les mésen­tentes, de se com­prendre et de s’enrichir mutuel­le­ment. Qu’il s’agisse du nou­veau sens don­né à la liber­té reli­gieuse, à l’œcuménisme, ou de l’invention du dia­logue inter­re­li­gieux et de la démo­cra­ti­sa­tion des struc­tures ecclé­siales, voi­là autant de dévia­tions insi­dieuses et répé­tées, déduites des phi­lo­so­phies libé­rales, qui furent intro­duites dans les textes conci­liaires. Et ces notions per­ver­ties ont ensuite elles-​mêmes agi comme autant de méta­stases sur les autres textes qui demeu­raient tra­di­tion­nels. Notre fon­da­teur n’hésitait pas à écrire : «… Il n’en est que plus cer­tain que le Concile a été détour­né de sa fin par un groupe de conju­rés et qu’il nous est impos­sible d’entrer dans cette conju­ra­tion, quand bien même il y aurait beau­coup de textes satis­fai­sants dans ce Concile. Car les bons textes ont ser­vi pour faire accep­ter les textes équi­voques, minés, pié­gés. » [9] Et il écri­vait éga­le­ment : « Que, d’une manière à peu près géné­rale, lorsque le Concile a inno­vé, il a ébran­lé la cer­ti­tude de véri­tés ensei­gnées par le Magistère authen­tique de l’Eglise comme appar­te­nant défi­ni­ti­ve­ment au tré­sor de la Tradition. » [10] Vraiment, c’est le pro­gres­siste car­di­nal Suenens qui avait rai­son lorsqu’il s’écriait avec satis­fac­tion : « Vatican II, ç’a été 1789, dans l’Eglise ».

Cette com­pa­rai­son si véri­dique aide à com­prendre pour­quoi l’on est obli­gé de tou­jours repar­ler du Concile. Si la Révolution fran­çaise consti­tue l’événement qui a bou­le­ver­sé de fond en comble les ins­ti­tu­tions de notre pays et, de proche en proche, tous les pays du monde, le concile Vatican II consti­tue un ren­ver­se­ment d’une ampli­tude simi­laire dans l’histoire de l’Eglise. Il est impos­sible de com­prendre l’histoire de l’Eglise de ces cin­quante der­nières années sans se repor­ter aux textes du concile qui en donnent les prin­cipes et les grandes orien­ta­tions. L’implosion qui s’est pro­duite au sein de l’Eglise, depuis lors, ne pour­ra prendre fin tant que l’on y res­te­ra atta­ché. Le plus grand désastre qui se soit jamais pro­duit dans l’histoire de l’Eglise ne pour­ra prendre fin qu’au jour où l’on renon­ce­ra à s’inspirer de ce concile pour reve­nir enfin à la Tradition de l’Eglise.

Monseigneur Lefebvre a éga­le­ment noté : « J’accuse le Concile me semble la réponse néces­saire au ‘J’excuse le Concile’ du Cardinal Ratzinger. Je m’explique : je sou­tiens, et je vais le prou­ver, que la crise de l’Eglise se ramène essen­tiel­le­ment aux réformes post-​conciliaires éma­nant des auto­ri­tés les plus offi­cielles de l’Eglise et en appli­ca­tion de la doc­trine et des direc­tives de Vatican II. Rien donc de mar­gi­nal ni de sou­ter­rain dans les causes essen­tielles du désastre post-​conciliaire. » [11] Cette réflexion de bon sens dit tout sim­ple­ment que la meilleure inter­pré­ta­tion du concile nous est don­née par les faits mêmes qui l’ont sui­vi. Toutes les savantes contor­sions aux­quelles s’escriment cer­taines her­mé­neu­tiques des textes conci­liaires pour les sau­ver de l’erreur ne sont pas bien sérieuses ni bien utiles. Leurs ten­ta­tives de dis­cul­per le concile à tout prix se trouvent immé­dia­te­ment décon­si­dé­rées par un retour au réel qui est cruel. Les faits ne mentent pas. Le champ de ruines est autour de nous ; nous y mar­chons tan­dis que les der­niers murs finissent de tom­ber. A l‘avenir, le dis­cré­dit pèse­ra tou­jours plus for­te­ment sur ceux qui s’obstinent à croire que les mots léni­fiants que l’on dit suf­fisent pour sup­pri­mer les maux qui existent. Ils font du mal en agis­sant ain­si car ils éloignent encore le moment où l’on accep­te­ra enfin de remon­ter cou­ra­geu­se­ment aux causes pro­fondes des fléaux qui accablent l’Eglise afin de lui per­mettre de revivre.

Quoi qu’il en soit, la Fraternité se refuse avec force à admettre l’appartenance du Concile Vatican II à la Tradition de l’Eglise. Elle dit au contraire que, sur bien des points, ce concile s’y oppose dia­mé­tra­le­ment. C’est la rai­son pour laquelle notre Supérieur Général a repous­sé les condi­tions for­mu­lées par le pape pour notre réin­té­gra­tion cano­nique. Dès qu’il les a connues, Monseigneur Fellay a fait savoir à Rome le « non pos­su­mus » de la Fraternité. Nous lui expri­mons notre recon­nais­sance pour ce refus cou­ra­geux qu’il a adres­sé au pape. Nous croyons que Benoît XVI n’a d’ailleurs pas dû en être tel­le­ment éton­né car notre oppo­si­tion à la nou­velle messe et au concile se trouve, depuis tou­jours, au centre du com­bat de la Fraternité. Nous com­men­çons notre neu­vaine, ce soir, pour que le nou­veau pape soit un pape traditionnel.

Quant à nous, nous continuons donc comme avant.

Quant à nous, nous conti­nuons donc comme avant. Nous ne connais­sons pas l’avenir. En France, il est évident que les choses se délitent très vite. Le Catholicisme s’y trouve de plus en plus mino­ri­taire et mar­gi­na­li­sé. Les catho­liques se comptent : tout le monde fini­ra bien­tôt par connaître tout le monde ! Les condi­tions qui sont faites aux catho­liques par un Etat hos­tile deviennent bru­tales, mépri­santes, méchantes. Des signes avant-​coureurs de per­sé­cu­tions sont per­cep­tibles. Ils pro­viennent d’un gou­ver­ne­ment dont les ministres sont nom­breux à être sec­ta­teurs de la franc-​maçonnerie, par­ti­cu­liè­re­ment de l’obédience du Grand Orient de France.

Comment réagirions-​nous si des cir­cons­tances encore plus dif­fi­ciles sur­ve­naient à l’avenir et si une traque aux bap­ti­sés finis­sait par se pro­duire ? Nous disons qu’il est pos­sible que com­mence une chasse à l’homme catho­lique. Ce ne serait pas la pre­mière fois dans notre pays. Il y en a eu d’autres à des époques où l’Eglise était pour­tant autre­ment forte qu’aujourd’hui. Prions les uns pour les autres afin de demeu­rer fidèles à la Foi catho­lique jusqu’au der­nier ins­tant de notre exis­tence. Prions pour que, si le Bon Dieu nous fai­sait l’honneur de nous deman­der le témoi­gnage de notre sang, nous obte­nions la grâce de ne pas le lui refu­ser mais de le lui don­ner avec reconnaissance.

Que l’on ne croie sur­tout pas qu’un esprit de conci­lia­tion avec le monde serait sus­cep­tible d’éviter cet affron­te­ment. L’histoire de toutes les révo­lu­tions montre que les libé­raux ne sont pas ména­gés par les conces­sions qu’ils font à la révo­lu­tion. Ils perdent d’abord leur hon­neur mais ne sauvent le plus sou­vent pas leur peau, à laquelle ils tenaient trop. Car la révo­lu­tion a soif et elle trouve tou­jours insuf­fi­sants les gages que lui four­nissent les libé­raux. Elle veut les voir ram­per à ses pieds. Mais, quand ils se trouvent réduits à cette posi­tion, on dirait qu’encore insa­tis­faite elle ne résiste pas à la satis­fac­tion d’achever des vain­cus qu’elle méprise. Nous ne le leur sou­hai­tons évi­de­ment pas, comme nous espé­rons que les pers­pec­tives que nous évo­quons ne se pro­dui­ront pas. Mais, en toute séré­ni­té inté­rieure, nous pré­fé­rons évo­quer la pos­si­bi­li­té de ces choses, non pour faire peur mais pour que cha­cun s’attelle plus inten­sé­ment à la prière et à tous ses devoirs. Les grâces nous seront cer­tai­ne­ment don­nées pour demain. Il est donc sté­rile de s’épouvanter aujourd’hui des croix incon­nues qui par­sè­me­ront les années à venir.

Ne l’oublions pas, c’est jus­te­ment la prière, la prière tou­jours plus pro­fonde et tou­jours plus géné­reuse, la prière venue du plus pro­fond de l’âme, qui est seule capable de recu­ler ces pers­pec­tives, d’abréger des jours d’infortune, d’adoucir les châ­ti­ments divins. Nous vous convions tout spé­cia­le­ment, en cette année 2013, à sup­plier saint Joseph, Patron de l’Eglise uni­ver­selle, pour qu’il mette un terme à la crise de l’Eglise. Nous pen­sons aujourd’hui encore qu’en France, si les évêques rede­ve­naient des évêques catho­liques et cou­ra­geux, il y aurait un immense élan reli­gieux dans notre pays, un peu com­pa­rable à celui qui se pro­duit actuel­le­ment en Russie, mal­heu­reu­se­ment dans l’orthodoxie. Que la Foi renaisse et la France renaî­tra et se trou­ve­ra régé­né­rée. Pour obte­nir ces res­sources divi­ne­ment fécondes, il suf­fit à notre France de retour­ner vers ses fonts baptismaux.

Le 9 mars prochain, au sanctuaire de Cotignac, le district de France sera consacré à saint Joseph par Monseigneur Fellay

Le 9 mars pro­chain, au sanc­tuaire de Cotignac, le dis­trict de France sera consa­cré à saint Joseph par Monseigneur Fellay. Rendez-​vous à tous ceux qui le peuvent. Puis, le 19 mars pro­chain, c’est toute notre Fraternité qui lui sera consa­crée. Nous vou­drions spé­cia­le­ment vous convier à mul­ti­plier les sacri­fices et les prières en son hon­neur. Offrir chaque jour quelque chose de soi-​même en l’honneur de saint Joseph ; voi­là le pro­gramme que nous vous pro­po­sons pour l’année 2013 ! Il vous com­ble­ra de ses béné­dic­tions. Loin de voler quoi que ce soit à l’honneur de Notre Seigneur ou de la Sainte Vierge Marie, nous sommes au contraire cer­tains que tout ce que nous ferons pour lui les rem­pli­ra de joie. Si l’Enfant Jésus n’a rien trou­vé de mieux, sur cette terre, que de se confier à cette femme, bénie entre toutes les femmes, pour qu’elle soit sa mère, à cet homme, béni entre tous les hommes, pour qu’il soit son père, gageons que nous ne pour­rons pas trou­ver pour nous-​mêmes de meilleurs pro­tec­teurs que ces deux saints Epoux, en nous gar­dant de les sépa­rer dans notre dévo­tion et en les aimant passionnément.

Courage, chers amis et bien­fai­teurs : lorsque les temps sont durs, le Bon Dieu fait des­cendre sur la terre de telles grâces que l’on fini­rait (presque !) par oublier jusqu’à la dure­té de ces temps.

Abbé Régis de Cacqueray, Supérieur du District de France

Extrait de la LAB n° 80 de mars 2013

Notes de bas de page
  1. Math. V,3 []
  2. Déclaration de Monseigneur Lefebvre du 21 novembre de 1974.[]
  3. Cardinaux Ottaviani et Bacci dans le « Bref Examen et Critique » daté du 5 juin 1969[]
  4. Monseigneur Lefebvre dans « La messe de tou­jours » à par­tir de la page 257[]
  5. Monseigneur Lefebvre dans « La messe de tou­jours » p. 270 :« On a reti­ré du nou­vel ordo tous les textes qui affir­maient de manière très claire la fin pro­pi­tia­toire, fin essen­tielle du sacri­fice de la messe. On y trouve encore un ou deux légères allu­sions, c’est tout. Or cela a été fait parce que la fin pro­pi­tia­toire est niée par les pro­tes­tants. Les prières qui expri­maient expli­ci­te­ment l’idée de pro­pi­tia­tion comme celles de l’offertoire et celles pro­non­cées par le prêtre avant la com­mu­nion ont été sup­pri­mées. »[]
  6. Catéchisme du Concile de Trente, page 247 Ed. DMM[]
  7. Abbé Jean-​Michel Gleize : « Vatican II en débat » page 63.[]
  8. Dans des domaines très divers, citons l’existence de l’enfer, la condam­na­tion du com­mu­nisme, la média­tion uni­ver­selle de la sainte Vierge Marie…[]
  9. Monseigneur Lefebvre : « J’accuse le Concile »page 10[]
  10. Monseigneur Lefebvre : « Lettre du 20 décembre 1966 au car­di­nal Ottaviani ».[]
  11. Monseigneur Lefebvre : « Ils l’ont décou­ron­né » page 233[]