Un saint nouveau ? – Brochure éditée par Écône

Le sémi­naire saint Pie X à édi­té une étude sous forme de bro­chure pour y voir clair devant la scan­da­leuse « cano­ni­sa­tion » du pape Jean-​Paul II. 

Témoignages

J’ai eu la chance de ren­con­trer sou­vent Jean-​Paul II. Dès son élec­tion, il m’a tout de suite impres­sion­né : il avait l’air de venir non pas de Pologne mais de Gali­lée, avec un filet sur l’é­paule et l’Évangile sous le bras… Les papes sont tou­jours im­pressionnants par leur fonc­tion. Chez lui, c’est l’homme qui sus­cite l’ad­mi­ra­tion et le res­pect. Entre ce qu’il est, ce qu’il dit et ce qu’il croit, il n’y a aucune différence.

André Frossard, de l’Académie Française, Témoi­gnage don­né au Pèlerin-​Magazine, numé­ro hors-​série : Jean-​Paul II, album 1978–1988, p. 10.

A Pa­ris, il rappe­lait la fidéli­té au bap­tême. A la mis­sion ouvrière de Saint-​Denis, il disait : “ Continuez en met­tant Jésus-​Christ au centre de votre témoi­gnage ”. Il repre­nait la parole de Paul VI : “ Il n’y a pas d’hu­ma­ni­té nou­velle s’il n’y a pas d’a­bord d’hommes nou­veaux de la nou­veau­té du bap­tême et de la vie selon l’Évangile ”. Le 2 juin 1980, à Lisieux, en quit­tant la France, Jean-​Paul II s’é­criait : “ Les temps que nous vi­vons ont besoin de témoins ”. Jean-​Paul II est mis­sion­naire, il par­court le monde entier avec risques et périls. Il appelle à l’u­ni­té, à la cha­ri­té, à la communion.

Mgr Marty, arche­vêque de Paris, ibi­dem, p. 12.

On sent qu’il croit à ce qu’il fait comme il res­pire. Je res­sens sa foi comme une sorte de sainteté.

Édouard Leclerc, fon­da­teur des Établissements Leclerc, ibi­dem, p. 11.

Que dire de plus ? Tous les témoi­gnages semblent bel et bien una­nimes. A peine après dix ans de pon­ti­fi­cat, Jean-​Paul II avait conquis les catho­liques. Si elle a lieu comme pré­vu, sa cano­ni­sa­tion consa­cre­ra ces témoi­gnages en don­nant à toute l’Église l’exemple d’une person­nalité absolu­ment charismatique.

Vu l’im­portance de cette démarche, il vaut bien la peine de se pen­cher avec plus d’at­ten­tion sur le dos­sier. Que repré­sente exac­te­ment l’ini­tiative de l’Église lors­qu’elle cano­nise les saints ? En quoi la vie de Jean-​Paul II mériterait-​elle de s’ins­crire dans cette démarche ? La réponse à ces ques­tions devrait aider les âmes de bonne volon­té à faire la pleine lumière sur le sens et la por­tée de l’acte annon­cé par le pape François pour le dimanche 27 avril 2014. 

La canonisation des saints

La cano­ni­sa­tion des saints tire son nom du fait qu’elle consiste à ins­crire un bien­heu­reux au Canon, c’est-​à-​dire au cata­logue des saints. Elle se défi­nit comme une sen­tence défini­tive du Souverain Pon­tife moyen­nant la­quelle un fidèle béati­fié est pro­po­sé à toute l’Église pour qu’elle le regarde obligatoire­ment comme vrai­ment saint, jouis­sant du bon­heur du ciel et devant faire ici-​bas l’ob­jet d’un culte. Elle com­porte donc un double juge­ment. • Un juge­ment spé­cu­la­tif, où l’on affirme que le fidèle béa­ti­fié est saint et par­ve­nu au ciel. • Un juge­ment pra­tique et pré­cep­tif, où l’on décide que ce fidèle béati­fié doit faire ici-​bas l’ob­jet d’un culte. Et l’on pré­cise que tous les fidèles sont tenus de croire, sans le moindre doute, que la per­sonne cano­ni­sée est sainte et par­ve­nue au ciel, et de la consi­dé­rer comme ayant droit à un culte public.

Infaillibilité des canonisations

Portée de l’infaillibilité

Le véri­table objet for­mel de l’infail­libilité dont jouit le pape lors­qu’il cano­nise un saint cor­res­pond à tout ce qu’il défi­nit et seule­ment à cela, c’est-​à-​dire au triple fait :

  • que la per­sonne his­torique qui est ins­crite au cata­logue des saints est vrai­ment sainte ;
  • qu’elle a obte­nu le bon­heur céleste ;
  • qu’elle mérite ou ré­clame un culte.

Par la cano­ni­sa­tion, le Souverain Pontife déclare infailli­ble­ment qu’une per­sonne a mené une vie sainte, qu’elle est au ciel et que les fidèles doivent lui rendre un culte.

Preuves de cette infaillibilité

Premier argu­ment : l’Église est in­faillible pour dire jus­qu’où s’é­tend sa propre infailli­bi­li­té. Or, l’Église s’attri­bue l’in­failli­bi­li­té lors­qu’elle cano­nise les saints. Bien sûr, cette infailli­bi­li­té des cano­ni­sa­tions n’a pas encore fait l’ob­jet d’une défi­ni­tion elle-​même infaillible, et, en par­ti­cu­lier, le concile Vatican I n’a pas jugé oppor­tun de se pro­non­cer ca­tégoriquement en sa faveur. Cependant, l’in­failli­bi­li­té des cano­ni­sa­tions repré­sente la doc­trine com­mune des théo­logiens, et elle est pré­sup­po­sée par la dis­ci­pline ecclé­sias­tique. D’autre part, l’Église s’at­tri­bue l’in­failli­bi­li­té chaque fois qu’elle pro­pose de façon péremp­toire et irré­vo­cable ce qu’elle oblige tous les fidèles à tenir, et seule­ment dans ces cas-​là. Or, l’Église pro­pose de façon péremp­toire et irré­vo­cable la canonisa­tion des saints, et elle oblige tous les fi­dèles à la recon­naître comme telle. On peut s’en rendre compte si l’on observe les expres­sions dont elle use lors­qu’elle accom­plit cet acte ou cet exer­cice so­lennel de son magis­tère. Par exemple, celle uti­li­sée par Pie XII : « Pour l’hon­neur de la sainte et indi­vise Trinité, pour l’exal­ta­tion de la foi catho­lique et l’ac­croissement de la reli­gion chré­tienne, par l’au­to­ri­té de Notre Seigneur Jésus-​Christ, [ … ] nous déci­dons et défi­nis­sons que les bien­heu­reux Jean de Brito mar­tyr, Joseph Cafasso et Bernardin Réalin confes­seurs, sont saints, et nous les ins­cri­vons au cata­logue des saints. Nous éta­blis­sons que leur mémoire doit faire l’ob­jet d’un culte de la part de toute l’Église » [1] Deux choses appa­raissent clai­re­ment dans cette formule :

  • Premièrement, la défi­ni­tion du pape revêt un carac­tère péremptoire.
  • Deuxièmement, son objet n’est pas seu­lement un por­trait idéal ou un type de sain­te­té ; il s’a­git au contraire de la sain­teté de la gloire céleste et du culte qui reviennent à un per­son­nage historique.

Deuxième argu­ment : l’infaillibi­lité de l’Église s’é­tend aus­si loin que le réclame la fin pour laquelle le Christ a éta­bli le magis­tère de cette même Église. Or, cette fin en rai­son de laquelle le Christ a éta­bli le magis­tère et a vou­lu qu’il soit revê­tu du pri­vi­lège de l’in­faillibilité consiste à ins­truire conve­na­ble­ment les fidèles de la doc­trine, et à diri­ger leur vie de manière sûre, en confor­mi­té avec la loi de l’Évangile. Et pour diri­ger ses fidèles dans la voie de la jus­tice et du salut, l’Église pro­cède de deux manières :

  • Premièrement, elle leur pro­pose les règles objec­tives de la vie chré­tienne ré­vélées par Dieu ;
  • Deuxièmement elle leur met sous les yeux des exemples vivants et concrets, où la règle de vie évan­gé­lique est mise en pra­tique, et qui repré­sentent ain­si pour eux le modèle excep­tion­nel en même temps que le mi­roir et l’ap­pui dont ils ont besoin. C’est pour­quoi, le secours divin pro­mis par le Christ s’é­tend aus­si bien à ces actes par les­quels le magis­tère pro­pose aux fi­dèles les exemples héroïques de vie chré­tienne qu’ils doivent imi­ter et invo­quer, qu’à ceux par les­quels le même magis­tère leur prêche les règles ordi­naires de la sainteté.

Troisième argu­ment : si le Sou­verain Pontife peut se trom­per dans l’acte solen­nel de la cano­ni­sa­tion d’un saint, il faut admettre qu’il peut impo­ser à toute l’Église un culte objective­ment contraire à l’hon­nê­te­té. Mais cela est bien dif­fi­cile à conce­voir, et sem­ble­ra à juste titre trop incon­ve­nant. Le suc­cesseur de Pierre demeurerait-​il alors le fon­de­ment de la foi évan­gé­lique ? et confirmerait-​il vrai­ment ses frères chré­tiens dans cette foi ?

Comment l’Église sait-​elle qu’un saint est au ciel ? Elle en a la cer­titude non point par le moyen d’une nou­velle révé­la­tion, mais par l’as­sis­tance de Dieu qui dirige son Église lors­qu’elle exa­mine la vie de ce saint, ain­si que ses ver­tus héroïques et les miracles obte­nus en son nom.

La sainteté canonisable

Ainsi que nous venons de le voir, la cano­ni­sa­tion se défi­nit par son objet. Celui-​ci corres­pond au triple fait :

  • que la per­sonne his­to­rique qui est ins­crite au cata­logue des saints est vrai­ment sainte,
  • qu’elle a obte­nu la gloire céleste ;
  • qu’elle réclame un culte de la part de toute l’Église.

Le pre­mier fait (la sain­te­té) est la cause des deux autres, et le deuxième cause lui aus­si le troi­sième, le­quel reste une simple consé­quence des deux pre­miers. La sain­te­té et la gloire céleste forment ain­si la rai­son fonda­mentale pour laquelle l’Église impose le culte. Et celui-​ci équi­vaut à recon­naître que la vie du saint consti­tue un exemple assu­ré pour tous les fidèles, dési­reux d’ac­com­plir leur salut en persévé­rant jus­qu’au bon­heur éter­nel du ciel. Un fi­dèle défunt sera donc cano­ni­sable dans la mesure pré­cise où sa vie aura été sainte et exem­plaire, et pré­cisément exem­plaire parce que sainte à un degré éminent.

Ce que l’Église exige de ceux aux­quels elle réserve les hon­neurs de la cano­ni­sa­tion, c’est la pos­ses­sion de toutes les ver­tus sans excep­tion, et théo­lo­gales et morales. Ces ver­tus, ils auront dû les pra­ti­quer jus­qu’à l’héroïsme.

La sain­te­té se défi­nit en effet, comme l’exer­cice habi­tuel de toutes les ver­tus, pous­sé jus­qu’au degré héroïque : « Ce que l’Église exige de ceux aux­quels elle réserve les hon­neurs de la cano­ni­sa­tion, ce n’est pas seule­ment la pos­ses­sion d’une ver­tu, mais de toutes sans excep­tion. En eux doivent res­plen­dir d’a­bord les ver­tus théo­lo­gales, qui ont Dieu pour objet immé­diat. Et ensuite toutes les autres ver­tus, intel­lectuelles et morales. Ces ver­tus, ils auront dû les pra­ti­quer non d’une manière quel­conque mais jus­qu’à l’hé­roïsme » [2]. Be­noît XIV [3] défi­nit cette héroï­ci­té de la ver­tu en disant qu’elle est au prin­cipe d’actes qui dépassent de loin la manière ordi­naire d’a­gir des hommes ver­tueux, et même des chré­tiens en état de grâce. Cette émi­nence doit elle-​même s’ex­pli­quer en rai­son de l’ex­cel­lence de l’œuvre accom­plie ou des cir­cons­tances qui en rendent l’ac­com­plis­se­ment par­ti­cu­liè­re­ment dif­fi­cile. L’héroïcité de la ver­tu est abso­lument néces­saire, car c’est grâce à elle que la vie du cano­ni­sé prend la valeur d’un exemple pour toute l’Église.

Avant d’être décla­rée à la face de toute l’Église, cette sain­te­té exem­plaire de vie est véri­fiée avec le plus grand soin : « La vie du ser­vi­teur de Dieu est pas­sée au crible de la plus impi­toyable cri­tique ; et il faut que, non seule­ment on n’y trouve rien de répré­hen­sible, mais que l’hé­roïsme s’y ren­contre à chaque pas » [4]. Non seule­ment la moindre équi­voque, mais même une simple incer­ti­tude suf­fit à empê­cher le pro­cès d’aboutir.

De plus, il est exi­gé que Dieu se fasse le témoin direct et pri­vi­lé­gié de cet hé­roïsme, par le moyen de ses miracles : deux suf­fisent pour une cano­ni­sa­tion for­melle, c’est-​à-​dire telle qu’is­sue d’un pro­cès. Lorsque l’on a affaire à une ca­nonisation équi­pol­lente, c’est-​à-​dire lorsque le pape se contente de rati­fier un culte déjà immé­mo­rial, les miracles res­tent requis, et il en faut trois [5].

Jean-​Paul II est-​il canonisable ?

La ques­tion se pose alors de savoir si Jean-​Paul II rem­plit ces condi­tions. Ce n’est pas le lieu de refaire ici son pro­cès de cano­ni­sa­tion ; nous nous conten­terons d’exa­mi­ner si, dans ses actes pu­blics, il a pra­ti­qué la ver­tu essen­tielle des suc­ces­seurs de Pierre, la foi.

1 – Jean-​Paul II et l’ordre surnaturel

L’Église catho­lique a tou­jours en­seigné la dis­tinc­tion entre l’ordre natu­rel et l’ordre sur­na­tu­rel. L’union surna­turelle à Dieu dépasse les capa­ci­tés de la nature et réclame l’in­ter­ven­tion de la grâce, don­née par Jésus-​Christ, Verbe Incarné et Rédempteur des hommes. C’est pour­quoi, la bulle Ex omni­bus afflic­tio­ni­bus du pape saint Pie V (1567) condamne la pro­po­si­tion selon laquelle « le fait qu’a­près avoir per­sé­vé­ré dans cette vie mor­telle, jus­qu’à la fin de la vie, dans la pié­té et la jus­tice, nous obte­nions la vie éter­nelle, ce n’est pas à pro­pre­ment par­ler à la grâce de Dieu, mais à l’ordi­nation natu­relle éta­blie dès le commen­cement de la créa­tion selon un juste juge­ment de Dieu qu’il faut l’at­tri­buer » [6]. De plus, tout homme vient au monde avec la bles­sure du péché ori­gi­nel, qui met obs­tacle à cette union sur­na­tu­relle, et qui ne peut être gué­rie que par l’ac­tion sur­na­tu­relle de la grâce ; c’est pour­quoi le canon 13 du concile d’Orange (529) ajoute que « le libre arbitre, bles­sé dans le pre­mier homme ne peut être ré­tabli que par la grâce du bap­tême » [7].

Mais Jean-​Paul II, au contraire, dé­clare qu”« en tout enfant qui naît et en tout homme qui vit ou qui meurt, nous recon­nais­sons l’i­mage de la gloire de Dieu ; nous célé­brons cette gloire en tout homme, signe du Dieu vivant, icône de Jésus-​Christ » [8]. S’il est vrai que tout homme est créé « à l’i­mage de Dieu », seul le Fils unique du Père est l’i­mage de la gloire de Dieu [9]. Et d’autre part, seul le chré­tien, bap­ti­sé et en état de grâce, mérite d’être dési­gné comme « l’i­cône de Jésus-​Christ ». Cette affir­ma­tion du pape conduit donc à confondre le créé et l’in­créé, la nature et la grâce.

L’auteur de la sain­te­té est le Christ, Verbe Incarné, source de toute grâce. Mais le pape Jean-​Paul II, iré­nique, a décla­ré que le Christ est « la réa­li­sa­tion de l’as­pi­ra­tion de toutes les reli­gions du monde », et que, « par cela même, il en est l’a­bou­tis­se­ment unique et défini­tif » [10]. Il a mal­heu­reu­se­ment sou­li­gné « l’ac­tion mul­tiple et diver­si­fiée de l’Es­prit-​Saint, qui sème constam­ment des se­mences de véri­té par­mi tous les peuples, ain­si que dans leurs reli­gions », et vu dans l’Esprit de Dieu « le pre­mier agent du dia­logue de l’Église avec les peuples, les cultures et les reli­gions » [11]. Cepen­dant, seule la vraie reli­gion révé­lée, la re­ligion catho­lique, dis­pense la vie de la grâce et unit les âmes au Verbe Incarné. Les autres reli­gions ne le peuvent pas, même si elles gardent une cer­taine part de véri­té et de bon­té natu­relles. Entre la nature et la grâce, il y a beau­coup plus que la simple dif­fé­rence de degré que sug­gère l’emploi du mot « semences » ; l’on ne peut donc pas dire que le Christ est l’a­bou­tis­se­ment de toutes les reli­gions, ni qu’il porte à leur matu­ri­té les élé­ments natu­rels qui y sont pré­sents. Si l’Église se montre patiente à l’é­gard des âmes igno­rantes ou éga­rées, elle ne sau­rait nour­rir quelque res­pect que ce soit vis-​à-​vis des reli­gions fausses.

Seule la vraie reli­gion révé­lée, la reli­gion catho­lique, dis­pense la vie de la grâce et unit les âmes au Verbe Incarné.

Mais la conclu­sion logique de cette confu­sion entre la nature et la grâce, sous-​jacente aux pro­pos cités, est qu’aux yeux de Jean-​Paul II [12], les communau­tés chré­tiennes, même non catho­liques, « ont toutes des mar­tyrs de la foi chré­tienne ». Ce qui lui fait dire que « selon un point de vue théo­cen­trique, nous avons déjà, nous chré­tiens, un Martyrologe com­mun ». Catastrophique ! La sainte­té n’est plus le par­tage exclu­sif de la re­ligion catho­lique, car « mal­gré les sépa­rations, qui sont un mal dont nous devons gué­rir, une sorte de com­mu­ni­ca­tion de la richesse de la grâce s’est tout de même réa­li­sée ». Il est faux d’af­fir­mer que les saints « pro­viennent de toutes les Églises et Communautés ecclé­siales qui leur ont ouvert l’en­trée dans la com­mu­nion du salut ». Cette pré­sence uni­ver­selle des saints don­ne­rait la preuve de « la trans­cendance de la puis­sance de l’Esprit » !

Ce pro­pos est une occa­sion de ruine spi­ri­tuelle (c’est-à-dire un scan­dale, au sens théo­lo­gique du terme), en ce qu’il implique que la grâce est don­née in­différemment en toute confes­sion religieuse.

Tous les saints cano­ni­sés ont tenu avec la plus scru­pu­leuse fidé­li­té l’en­seignement révé­lé par Dieu et pro­po­sé par l’Église en ce qui concerne la réali­té et la défi­ni­tion exacte de l’ordre sur­naturel. Pensons en par­ti­cu­lier aux écrits de saint Augustin : « Un homme ne peut se sau­ver si ce n’est dans l’Église catho­lique. En dehors de l’Église catho­lique, il peut tout avoir, sauf le salut. Il peut avoir l’hon­neur (être évêque), il peut avoir les sacre­ments, il peut chan­ter l’Alleluia, il peut répondre Amen, il peut tenir l’Évangile, il peut avoir et prê­cher la foi au nom du Père et du Fils et du Saint-​Esprit, mais jamais il ne peut trou­ver le salut si ce n’est dans l’Église catho­lique. […] Il peut même répandre son sang, mais pas rece­voir la cou­ronne » [13]. Peut-​on sérieu­se­ment pen­ser à éle­ver sur les autels un pape qui s’ex­prime sur ces graves ques­tions comme l’a fait Jean-​Paul II ?

2 – Jean-​Paul II et l’Église

Le magis­tère de l’Église a tou­jours ensei­gné qu’il existe « une seule Église, non celle des héré­tiques, mais la sainte Église romaine, catho­lique, apos­to­lique, en dehors de laquelle nous croyons que per­sonne n’est sau­vé » [14], et que cette « unique sainte Église catho­lique et en même temps apos­to­lique repré­sente l’u­nique corps mys­tique, dont le Christ est la tête » [15]. Dans Mystici cor­po­ris, le pape Pie XII déclare que l’Église du Christ, qui est son Corps mys­tique ici-​bas, est iden­tique à l’Église catho­lique romaine [16]. Et dans Humani gene­ris, le même Pie XII réaf­firme l’en­sei­gne­ment de Mystici cor­po­ris, en dénon­çant les er­reurs de la nou­velle théo­lo­gie : « Cer­tains estiment qu’ils ne sont pas liés par la doc­trine que Nous avons expo­sée il y a peu d’an­nées dans notre lettre Ency­clique, et qui est fon­dée sur les sources de la révé­la­tion, selon laquelle le Corps mys­tique et l’Église catho­lique romaine sont une seule et même chose » [17].

Le magis­tère de l’Église enseigne en­core que seule l’Église catho­lique ro­maine est l’or­gane dont Dieu veut se ser­vir pour com­mu­ni­quer aux hommes la connais­sance des véri­tés révé­lées et les grâces de rédemp­tion et de salut, à l’ex­clusion des sectes schis­ma­tiques ou hé­rétiques et des reli­gions fausses. Pie XII dit en effet dans l’en­cy­clique Mystici cor­po­ris, que seule l’Église catho­lique réa­lise la média­tion sociale vou­lue par le Christ, pour assu­rer la pré­di­ca­tion des véri­tés de foi et l’ad­mi­nis­tra­tion des sa­crements. Tels que dans l’hé­ré­sie ou le schisme, les sacre­ments, les véri­tés par­tielles de foi et l’Écriture sont dans un état de défi­cience en rai­son duquel la secte qui les uti­lise ne peut réa­li­ser, aus­si impar­fai­te­ment que ce soit, la mé­diation ecclé­siale ni contri­buer en quoi que ce soit au salut. On doit en dire au­tant des manières de pen­ser, de vivre et d’a­gir, natu­rel­le­ment bonnes, telles qu’elles sont dans les reli­gions non chré­tiennes. Même s’il pré­cise que, par ex­ception, le salut peut s’ac­com­plir en de­hors des li­mites visibles de l’Église catho­lique, Pie XII ajoute que ces grâces ex­traordinaires sont dépar­ties de ma­nière stricte­ment indi­viduelle, et non pas par la média­tion des commu­nautés chré­tiennes non catho­liques. Les âmes de bonne volon­té aux­quelles la misé­ri­corde divine accorde ces bien­faits res­tent dans un état où « nul ne peut être sûr de son salut éter­nel [ … ] puisque l’on est pri­vé de si nom­breux et si grands secours et faveurs célestes, dont on ne peut jouir que dans l’Église ca­tholique ».

Le magis­tère de l’Église enseigne enfin que cette unique Église du Christ, iden­tique à l’Église catho­lique ro­maine, est abso­lu­ment et défi­ni­ti­ve­ment une, sans que les hommes ne puissent rien pour en­tamer ou per­fec­tion­ner cette uni­té de l’Église. Cette uni­té résulte en effet de la toute-​puissance divine, qui a éta­bli l’Église comme une socié­té, dont la cohé­rence repose sur le triple lien de la pro­fes­sion de la même foi catho­lique, de l’exer­cice d’un même culte et de l’administra­tion des mêmes sacre­ments, dans la dé­pendance d’une même auto­ri­té, « cette auto­ri­té, dit Léon XIII, fai­sant par­tie de la consti­tu­tion et de l’or­ga­ni­sa­tion de l’Église comme son élé­ment prin­ci­pal, puis­qu’elle est le prin­cipe de l’u­ni­té » [18].

S’adressant à des lu­thériens, Jean-​Paul II re­prend à son compte les ensei­gne­ments d’une nou­velle ecclé­sio­lo­gie, mani­fes­te­ment oppo­sée à celle de toute la Tradi­tion de l’Église : « C’est pour­quoi, je puis avec gra­titude devant le Seigneur, vous adres­ser les mêmes paroles que le concile Va­tican II a dites au sujet des nom­breuses Églises et Communautés ec­clésiales qui ne sont pas en com­plète com­munion avec l’Église de Rome. Malgré les dif­fé­rences qui sub­sistent entre elles et l’Église catho­lique en matière de doc­trine et de dis­ci­pline, et que nous regar­dons comme des obs­tacles pour une pleine com­mu­nion, le Concile déclare expressé­ment que “ ces Églises et Communautés ecclé­siales ne sont nul­le­ment dépour­vues de signi­fi­ca­tion et de valeur dans le mys­tère du salut. L’Esprit du Christ, en effet, ne refuse pas de se ser­vir d’elles comme de moyens de salut, dont la force dérive de la plé­ni­tude de grâce et de véri­té qui a été confiée à l’Église catho­lique ” [19] » [20].

Dépassant la lettre mais non l’es­prit de ces ensei­gne­ments, Jean-​Paul II consi­dère comme l’un des actes majeurs de son pon­ti­fi­cat l’ou­ver­ture de la Porte Sainte à Saint-​Paul-​hors-​les-​Murs, le 18 jan­vier 2000. « Pour pous­ser cette Porte, souligne-​t-​il, il y avait non seule­ment mes mains mais aus­si celles du métropo­lite Athanasios, repré­sen­tant du Patriar­cat œcu­mé­nique de Constantinople, et celles du Primat angli­can George Carey. En nos per­sonnes, c’é­tait toute la chrétien­té qui était repré­sen­tée, affli­gée à cause des divi­sions his­to­riques qui la blessent, mais, dans le même temps, à l’é­coute de l’Es­prit de Dieu qui la pousse vers la pleine com­mu­nion » [21]. Comment est-​il pos­sible de dire que les com­mu­nau­tés schis­matiques ou héré­tiques repré­sentent la chré­tien­té ? Comment sans évi­ter un grave scan­dale asso­cier les res­pon­sables de ces com­mu­nau­tés à un acte cultuel exemplaire ?

Jean-​Paul II consi­dère éga­le­ment comme un autre acte majeur de son pon­tificat la réunion de prière tenue à As­sise en 1986. Réitérant cette ini­tia­tive en 1993, le pape polo­nais déclare en­core : « Nous voi­ci réunis pour adres­ser nos prières au Seigneur de l’his­toire, cha­cun à sa manière et dans sa tra­di­tion reli­gieuse, en implo­rant de sa part le don pré­cieux de la paix dont il est le seul auteur véri­table. […] Chacun de nous est venu ici, pous­sé par la fidé­li­té à sa tra­di­tion re­ligieuse, tout en étant conscient et respec­tueux de la tra­di­tion d’au­trui, puisque nous sommes réunis dans le même but : prier et jeû­ner pour la paix. La paix règne entre nous. Chacun accepte l’autre tel qu’il est ; il le res­pecte comme un frère et une sœur, dans la même huma­ni­té et avec ses convic­tions per­son­nelles. Les dif­férences qui nous séparent sub­sistent. Tel est le point essen­tiel et le sens de cette ren­contre et des prières qui vien­dront ensuite : faire voir à tous que seule l’accepta­tion réci­proque de l’autre dans un res­pect mutuel, ren­du plus pro­fond par l’a­mour, consti­tue le secret d’une huma­ni­té finale­ment récon­ci­liée, d’une Europe digne de sa voca­tion véri­table. Aux guerres et aux conflits, nous vou­lons oppo­ser avec humi­lité, mais aus­si avec force, le spec­tacle de notre concorde, dans le res­pect de l’identi­té de cha­cun. Qu’il me soit per­mis à ce su­jet, de citer le pre­mier ver­set du Psaume 132 : “ Qu’il est bon, qu’il est doux d’ha­biter en frères tous ensemble ! ” » [22].

Si les dif­fé­rences reli­gieuses, dogma­tiques et dis­ci­pli­naires, n’empêchent pas la prière com­mune et la réconci­liation de l’hu­ma­ni­té, celles-​ci ne sau­raient avoir lieu que sur un plan où l’u­nique vraie reli­gion catho­lique sera consi­dé­rée comme une option respec­table par­mi d’autres. Eh bien ! c’est le propre de l’in­dif­fé­ren­tisme dénon­cé par Pie XI, lors­qu’il évoque ceux qui nour­rissent l’es­poir « qu’il serait pos­sible d’a­me­ner sans dif­fi­cul­té les peuples, mal­gré leurs diver­gences reli­gieuses, à une en­tente fra­ter­nelle sur la pro­fes­sion de cer­taines doc­trines consi­dé­rées comme un fon­de­ment com­mun de vie spi­ri­tuelle. C’est pour­quoi, ils se mettent à tenir des congrès, des réunions, des confé­rences, fré­quentés par un nombre appré­ciable d’au­diteurs, et, à leurs dis­cus­sions, ils invitent tous les hommes indis­tinc­te­ment, les in­fidèles de tout genre comme les fidèles du Christ, et même ceux qui, par mal­heur, se sont sépa­rés du Christ ou qui, avec âpre­té et obs­ti­na­tion, nient la divi­ni­té de sa na­ture et de sa mis­sion. De telles entre­prises ne peuvent, en aucune manière, être ap­prouvées par les catho­liques, puis­qu’elles s’ap­puient sur la théo­rie erro­née que les reli­gions sont toutes plus ou moins bonnes et louables, en ce sens que toutes égale­ment, bien que de manières dif­fé­rentes, mani­festent et signi­fient le sen­ti­ment na­turel et inné qui nous porte vers Dieu et nous pousse à recon­naître avec res­pect sa puis­sance. En véri­té, les par­ti­sans de cette théo­rie s’é­garent en pleine erreur, mais de plus, en pervertis­sant la notion de la vraie reli­gion ils la répu­dient, et ils versent par étapes dans le natu­ra­lisme et l’a­théisme. La conclu­sion est claire : se soli­da­ri­ser avec les par­ti­sans et les pro­pa­ga­teurs de pareilles doc­trines, c’est s’é­loi­gner com­plètement de la reli­gion divi­ne­ment révé­lée » [23].

La cha­ri­té dont les saints nous ont lais­sé l’exemple est essen­tiel­le­ment mis­sionnaire. Jean-​Paul II nous donne le contre-​exemple, d’un huma­ni­ta­risme et d’un indif­fé­ren­tisme œcuménistes.

3 – Jean-​Paul II et le schisme orthodoxe

Le schisme ortho­doxe est consom­mé le 16 juin 1054, lorsque les légats du pape saint Léon IX excom­mu­nient le patriarche de Constantinople, Mi­chel Cérulaire. Sous le pape Pie IX, la Lettre que le Saint-​Office adresse aux évêques d’Angleterre le 16 sep­tembre 1864 condamne l’er­reur qui vou­drait faire de la com­mu­nau­té gréco-​schisma­tique une com­po­sante de la véri­table Église de Jésus-​Christ [24]. Depuis le XIe siècle, les dif­fé­rents repré­sen­tants de la mou­vance schis­ma­tique dite ortho­doxe, grecs ou russes, ne sont jamais re­venus sur leurs posi­tions. Refusant de recon­naître le pri­mat de juri­dic­tion de l’é­vêque de Rome, suc­ces­seur de saint Pierre, vicaire du Christ et chef suprême de toute l’Église, ils sont sépa­rés de la vraie Église fon­dée par Jésus-​Christ, in­capables de trans­mettre l’in­té­gri­té de la véri­té révé­lée et la sainteté.

Jean-​Paul II a, en sens contraire, si­gnifié [25] au patriarche schis­ma­tique de Constantinople sa volon­té de « relé­guer dans l’ou­bli les anciennes excom­munications et de se mettre en route sur le che­min de la recom­po­si­tion de l’u­ni­té plé­nière ». Selon lui, l’Église catho­lique et les com­mu­nau­tés ortho­doxes « se recon­naissent comme Églises sœurs, res­pon­sables ensemble de la sau­ve­garde de l’u­nique Église de Dieu, dans la fidé­li­té au des­sein divin, et tout spé­cia­le­ment en ce qui concerne l’u­ni­té ».

Refusant de recon­naître le pri­mat de juri­dic­tion de l’é­vêque de Rome, les ortho­doxes sont sépa­rés de la vraie Église fon­dée par Jésus-Christ.

De quelle uni­té peut-​il s’a­gir, puisque l’Église est indé­fec­ti­ble­ment une ? L’unité de l’Église n’a pas à être recom­po­sée ; ce sont les schisma­tiques qui doivent la réin­té­grer. L’uni­té de l’Église est iden­ti­que­ment celle de l’Église de Dieu et celle de l’Église catho­lique, dont les schis­ma­tiques or­thodoxes sont exclus. Seul le vicaire du Christ a la res­pon­sa­bi­li­té suprême de ce triple lien de l’u­ni­té de foi, de culte et de gou­ver­ne­ment, qui défi­nit la socié­té ecclé­sias­tique. Parler comme le fait ici Jean-​Paul II, c’est frayer la voie à un lati­tu­di­na­risme déjà condam­né par ses pré­dé­ces­seurs. Pie XI rejette en effet l’au­dace de ceux selon les­quels il fau­drait « négli­ger et écar­ter les contro­verses même les plus anciennes et les diver­gences de doc­trine qui déchirent encore au­jourd’hui le nom chré­tien, et, au moyen des autres véri­tés doc­tri­nales, consti­tuer et pro­po­ser une cer­taine règle de foi com­mune : dans la pro­fes­sion de cette foi, tous sen­ti­ront qu’ils sont frères plus qu’ils ne le sau­ront ; seule­ment, une fois réunies en une fédé­ra­tion uni­ver­selle, les mul­tiples églises ou com­mu­nau­tés pour­ront s’op­po­ser avec force et suc­cès aux pro­grès de l’im­pié­té » [26]. Coopérer à une telle entre­prise, ce serait, dit encore Pie XI « accor­der une auto­ri­té à une fausse reli­gion chré­tienne, entiè­re­ment étran­gère à l’u­nique Église du Christ » [27].

Saint Josaphat Kuncewicz, arche­vêque de Polotsk (1580–1623), conver­ti de l’or­tho­doxie, publia en 1617 une Défense de l’u­ni­té de l’Église qui exci­ta la haine des schis­ma­tiques et lui va­lut d’être mar­ty­ri­sé. Ce saint, fêté dans l’Église catho­lique au 14 novembre, condamne à lui seul par son exemple toute la pré­di­ca­tion de Jean-​Paul II.

4 – Jean-​Paul II et l’Anglicanisme

L’anglicanisme résulte à l’o­ri­gine du schisme fomen­té par le roi d’Angleterre Henri VIII Tudor, que le pape Paul III excom­mu­nie en 1538. Ce schisme s’ag­grave d’hé­ré­sie lorsque l’en­tou­rage du suc­ces­seur d’Henri VIII, Edouard VI, est acquis aux idées luthé­riennes. En rai­son de ce pas­sage à l’hé­ré­sie, le pape saint Pie V excom­mu­nie Elisabeth Ire en 1570. Sous le pape Pie IX, la Lettre que le Saint-​Office adresse aux évêques d’Angleterre le 16 sep­tembre 1864 condamne l’er­reur qui vou­drait faire de l’hé­ré­sie angli­cane une com­po­sante de la véri­table Église de Jésus-​Christ [28]. Par la Lettre apos­to­lique Apostolicæ curæ du 13 sep­tembre 1896, le pape Léon XIII déclare l’in­va­li­di­té des ordi­na­tions confé­rées selon le rite angli­can. Depuis le XVIe siècle, les angli­cans ne sont ja­mais reve­nus sur leurs posi­tions. Ils sont sépa­rés de la vraie Église fon­dée par Jé­sus-​Christ, inca­pables de trans­mettre l’in­té­gri­té de la véri­té révé­lée et la vie de la grâce.

Les angli­cans sont inca­pables de trans­mettre l’in­té­gri­té de la véri­té révé­lée et la vie de la grâce.

Jean-​Paul II n’a pour­tant pas hési­té à célé­brer des vêpres, à Rome, de concert avec le chef de la com­mu­nion angli­cane. Il décla­ra à cette occa­sion que « cette prière œcu­mé­nique révèle la réa­lité de notre fra­ter­ni­té dans le Christ, et nous pousse à confier à son amour miséri­cordieux l’a­ve­nir de notre uni­té et le ren­forcement des liens qui nous unissent déjà (Cf. Ut unum sint, n° 26). […] Nous sommes réunis dans une prière com­mune devant notre unique Père, en étant re­connaissants et en ren­dant grâces pour notre réelle com­mu­nion, même si elle est impar­faite. Nous deve­nons conscients de tout ce qui nous unit et nous acqué­rons le cou­rage de tra­vailler avec tou­jours plus d’ar­deur pour sur­mon­ter les divi­sions qui demeurent (cf. Ut unum sint, n° 22) » [29]. Dans une décla­ra­tion com­mune qu’ils cosi­gnèrent ensuite, le pape et le chef des angli­cans rendent grâce à Dieu « pour le fait que, dans de nom­breux endroits du monde, les angli­cans et les catho­liques se recon­naissent mu­tuellement comme des frères et des sœurs dans le Christ et expriment cette recon­naissance par la prière com­mune, l’ac­tion com­mune et le témoi­gnage com­mun » [30].

L’idée de ce che­min œcu­mé­nique a déjà été condam­née par les prédé­cesseurs de Jean-​Paul II. « Comment, dit Pie XI, conce­voir la légi­ti­mi­té d’une sorte de pacte chré­tien, dont les adhé­rents, même dans les ques­tions de foi, gar­de­raient cha­cun leur manière parti­culière de pen­ser et de juger, alors même qu’elle serait en contra­dic­tion avec celles des autres ? Et par quelle for­mule, Nous le deman­dons, pourraient-​ils consti­tuer une seule et même socié­té de fidèles, des hommes qui divergent en opi­nions contra­dic­toires ? […] En véri­té, nous ne savons pas com­ment, à tra­vers une si grande diver­gence d’o­pi­nions, la voie vers l’u­ni­té de l’Église pour­rait être ouvert quand cette uni­té ne peut naître que d’un magis­tère unique, d’une règle unique de foi et d’une même croyance des chré­tiens. En revanche, nous savons très bien que, par-​là, une étape est faci­le­ment fran­chie vers la négli­gence de la reli­gion ou indif­férentisme, et vers ce qu’on nomme le mo­dernisme » [31].

A par­tir de 1535, plu­sieurs cen­taines de catho­liques anglais, clercs et laïcs, dont beau­coup ont été ensuite béati­fiés ou décla­rés véné­rables, furent mar­tyrisés dans le fau­bourg de Tyburn, à Londres, où se dres­sait en per­ma­nence la potence d’exé­cu­tion des condam­nés à mort. Sous le seul règne d’Elisabeth Ire, eurent lieu 189 exé­cu­tions (62 laïcs, 111 prêtres sécu­liers et 16 reli­gieux). Leur sang condamne à lui seul la nou­velle théo­lo­gie œcu­mé­niste de Jean-​Paul II. Parmi eux, le jésuite Edmund Campion (1540–1581) décla­ra au mi­nistre angli­can venu l’as­sis­ter : « Mon­sieur, vous et moi ne sommes pas de la même reli­gion ». Il lui enjoint de le lais­ser prier seul [32].

5 – Jean-​Paul II et le Protestantisme

Par la bulle Exsurge Domine du 15 juin 1520, le pape Léon X a condam­né en ces termes quarante-​et-​une proposi­tions qui résu­ment la théo­logie de Mar­tin Luther : « Tous et cha­cun des articles ou des erreurs pré­ci­tés, nous les condam­nons, les réprou­vons et les reje­tons to­talement, selon le cas, comme héré­tiques, ou scan­da­leux, ou faux, ou comme offen­sant les oreilles pies ou comme indui­sant en erreur les esprits simples et comme oppo­sés à la véri­té catho­lique » [33]. Par la consti­tu­tion Auctorem fidei du 28 août 1794, le pape Pie VI réi­tère encore la condam­na­tion por­tée par son pré­dé­ces­seur, sur nombre de points essen­tiels [34]. Depuis le XVIe siècle, les réfor­més luthé­riens ne sont jamais re­venus sur ces posi­tions de leur fonda­teur. Martin Luther a été excom­mu­nié, et les com­mu­nau­tés reli­gieuses qui se ré­clament de lui sont comme telles sépa­rées de la vraie Église fon­dée par Jésus-​Christ : elles sont comme autant de ra­meaux morts et des­sé­chés, inca­pables de trans­mettre l’in­té­gri­té de la véri­té révé­lée et la vie de la grâce.

Jean-​Paul II esti­mait, et bien au contraire, que « le dia­logue entre lu­thériens et catho­liques a appor­té, lui aus­si, une contri­bu­tion impor­tante au dé­passement des anciennes polé­miques et au rap­pro­che­ment vers une vision com­mune » [35]. Il a même tenu les pro­pos sui­vants : « L’année jubi­laire, en tant qu’é­vé­ne­ment spi­ri­tuel, offre aux catho­liques et aux luthé­riens des pos­si­bi­li­tés dont ils peuvent tirer ensemble le meil­leur par­ti. Un avant-​goût nous en a été don­né par les Vêpres œcu­mé­niques que nous venons de célé­brer à l’oc­ca­sion de la pro­cla­ma­tion de sainte Brigitte de Suède comme co-​patronne de l’Europe. En of­frant à Dieu à cette occa­sion notre action de grâces par nos hymnes et nos chants, j’ai sen­ti l’es­pace spi­ri­tuel dans lequel les chré­tiens sont ensemble devant leur Seigneur (cf. Ut unum sint, 83). L’espace spi­ri­tuel com­mun l’emporte sur bien des bar­rières confes­sion­nelles qui nous séparent encore les uns des autres au seuil de ce troi­sième mil­lé­naire. Si mal­gré les divi­sions nous arri­vons à nous pré­sen­ter tou­jours davan­tage ensemble devant le Christ dans la prière, nous réa­li­se­rons de plus en plus com­bien est minime ce qui nous divise en com­pa­rai­son de ce qui nous unit (cf. Ut unum sint, 22) » [36].

Ces églises pro­tes­tantes sont comme autant de rameaux morts et des­sé­chés, inca­pables de trans­mettre l’in­té­gri­té de la véri­té révé­lée et la vie de la grâce.

Dans l’es­prit du pape polo­nais, ce constat s’é­tend même jus­qu’à la per­sonne de Luther : « Notre enga­ge­ment œcu­mé­nique d’au­jourd’­hui pour un té­moignage com­mun en faveur de l’u­ni­té ne peut pas ne pas évo­quer Martin Lu­ther. Aujourd’hui, 450 ans après sa mort, le temps qui s’est écou­lé per­met de mieux com­prendre la per­sonne et l’œuvre du ré­formateur alle­mand et d’être plus équi­table à son égard » [37].

Jean-​Paul II est même allé jus­qu’à évo­quer « le pro­fond esprit reli­gieux de Luther, ani­mé d’une pas­sion brû­lante pour la ques­tion du sa­lut éter­nel » [38]. Il en conclut que « le sou­hait d’en­tendre nou­vel­le­ment l’Évan­gile et d’en témoi­gner de façon convain­cante, qui était vivant chez Luther aus­si, doit nous conduire à recher­cher le bien chez les autres, à accor­der le par­don et à répu­dier les images hos­tiles qui sont dé­passées » [39].

« Demandons-​nous : Que pouvons-​nous apprendre les uns des autres ? Com­ment pouvons-​nous nous enri­chir mu­tuellement ? Le dia­logue nous per­met d’exa­mi­ner d’une manière nou­velle les ques­tions ardues qui ont sur­gi à l’é­poque de la Réforme, en dehors de toute po­lémique et sans méfiance » [40]. « Au­jourd’hui, il est plus impor­tant que ja­mais que tous les chré­tiens apportent à la vie spi­ri­tuelle de l’Europe leurs dons et leurs cha­rismes par­ti­cu­liers, de sorte que cha­cun puisse apprendre des richesses de l’autre. […] Il est recon­nu par tous que les chré­tiens réus­sissent à se faire écou­ter dans la vieille Europe sur­tout quand ils témoignent ensemble de la véri­té de l’Évangile et de leur responsabili­té à l’é­gard du monde. Il est donc indis­pensable de ren­for­cer ce témoi­gnage com­mun » [41]. Scandaleux !

Ces pro­pos du pape polo­nais contre­disent ouver­te­ment l’en­sei­gne­ment de Pie IX : « Rien, certes, ne doit tenir plus à cœur au catho­lique que de voir la sup­pression radi­cale des schismes et des dis­cordes entre chré­tiens, et chez tous les chré­tiens le “ sou­ci de gar­der l’u­ni­té de l’Esprit dans le lien de la paix ” (Eph. 4, 3). Mais que des fidèles et des ecclé­siastiques prient pour l’u­ni­té chré­tienne sous la conduite des héré­tiques et, qui pis est, dans une inten­tion pro­fon­dé­ment souillée et infec­tée par l’hé­ré­sie, ne peut être nul­le­ment tolé­ré » [42]. Telle qu’elle se fait jour à tra­vers ces pro­pos tenus à des luthé­riens, l’ec­clé­sio­lo­gie de Jean-​Paul II est de celles qui « ren­versent de fond en comble la consti­tu­tion divine de l’Église » [43].

Le capu­cin saint Fidèle de Sigmaringen (1578–1622) fut mar­ty­ri­sé par les réfor­més pro­tes­tants, auprès des­quels il avait été envoyé en mis­sion. Il com­posa une Disputatio contre les ministres pro­tes­tants, au sujet du saint sacri­fice de la messe. Le pape Clément XIV le dési­gna comme le « pro­to­mar­tyr de la Pro­pagande ». Ce saint, fêté au calen­drier de l’Église le 24 avril condamne par son sang le faux œcu­mé­nisme de Jean-​Paul II.

6 – Jean-​Paul II et le Judaïsme

Abraham fut choi­si par Dieu pour être le prin­cipe d’une des­cen­dance char­nelle, au sein de laquelle naî­trait le Ré­dempteur pro­mis. Le peuple juif repré­sente comme tel le mys­tère d’une élec­tion divine. Au temps même du Christ, ce peuple rejette le Messie et refuse ain­si, d’être l’ins­tru­ment qui devait appor­ter le Rédempteur au monde. Ce refus engage toute l’ins­ti­tu­tion reli­gieuse en tant que telle, puis­qu’il est accom­pli dans la per­sonne de ses chefs : il entraîne non point la res­pon­sa­bi­li­té morale de tous et cha­cun des indi­vi­dus membres de ce peuple, mais la res­pon­sa­bi­li­té ju­ridique de la reli­gion juive deve­nue in­fidèle. C’est en ce sens que les juifs sont dits déi­cides. En consé­quence de quoi, l’Israël ancien est réprou­vé, au sens où il a été pri­vé par Dieu du rôle spé­cial qu’il aurait dû avoir dans l’his­toire du salut, ain­si que de tous les pri­vi­lèges atta­chés à ce rôle.

Lui a suc­cé­dé le nou­vel Israël, qui est l’Église. On peut donc entendre par « juifs » : une réa­li­té eth­nique et so­ciologique ; la reli­gion tem­po­rai­re­ment vraie de l’Ancien Testament ; la fausse reli­gion du judaïsme, appa­rue lorsque les chefs reli­gieux du peuple juif ont refu­sé le Christ. Toute la Tradition de l’Église enseigne jus­qu’à Vatican II le triple fait de l’in­fi­dé­li­té, du déi­cide et de la répro­ba­tion de l’ins­ti­tu­tion reli­gieuse du judaïsme post-​christique [44].

« Vous avez souf­fert de la part de vos com­pa­triotes les mêmes trai­te­ments qu’ils ont souf­ferts de la part des juifs : ces gens-​là ont mis à mort Jésus le Seigneur et les pro­phètes, ils nous ont per­sé­cu­tés, ils ne plaisent pas à Dieu, ils sont enne­mis de tous les hommes ».

1 Thess. 2, 14–16 Bible de Jérusalem, D.D.B. 1975

Jean-​Paul II ne dénonce plus le pé­ché d’in­fi­dé­li­té déi­cide du peuple juif, et exempte de toute res­pon­sa­bi­li­té liée à ce péché non seule­ment les juifs en tant qu’in­di­vi­dus mais encore en tant que peuple, c’est-​à-​dire le judaïsme lui-​même [45] : « Aux juifs en tant que peuple on ne peut impu­ter aucune faute ances­trale ou col­lec­tive pour ce qui a été accom­pli durant la pas­sion de Jésus » [46].

Jean-​Paul II prêche que le catho­licisme et le judaïsme doivent se té­moigner un res­pect et une estime ré­ciproque dans ce qu’ils ont de spécifi­quement reli­gieux. « Chacune de nos reli­gions [chré­tienne et juive], dans la pleine conscience des liens qui l’u­nissent à l’autre, et en pre­mier lieu de ce lien dont parle le Concile, veut être recon­nue et res­pectée dans son iden­ti­té propre, au-​delà de tout syn­cré­tisme et de toute appropria­tion équi­voque » [47] ; « Oui, par ma voix, l’Église catho­lique […] recon­naît la va­leur du témoi­gnage reli­gieux de votre peuple » [48].

En rai­son de ce faux res­pect, Jean-​Paul II n’a jamais appe­lé les juifs à la conver­sion au Christ. Il a même expli­citement ban­ni une telle inten­tion de sa démarche, ain­si qu’en témoigne par exemple l’une de ses inter­ven­tions lors d’un col­loque judéo-​chrétien : « Votre Colloque peut aider à évi­ter la méprise du syn­cré­tisme, la confu­sion de notre identi­té réci­proque de croyants, l’ombre et la sus­pi­cion du pro­sé­ly­tisme » [49] ; « Est-​il besoin de pré­ci­ser, sur­tout pour ceux qui demeurent scep­tiques, voire même hos­tiles, que ce rap­pro­che­ment ne sau­rait se confondre avec un cer­tain rela­ti­visme re­ligieux et moins encore avec une perte d’i­den­ti­té ? […] Que Dieu donne aux chré­tiens et aux juifs de se ren­con­trer davan­tage, d’é­chan­ger en pro­fon­deur et à par­tir de leur propre iden­ti­té, sans jamais l’obs­cur­cir d’un côté comme de l’autre, mais en cher­chant vrai­ment la volon­té de Dieu qui s’est révé­lé » [50].

Saint Pierre d’Arbués (1440–1485), Grand Inquisiteur d’Aragon, fut mar­tyrisé en haine de la foi par les juifs. Il fut cano­ni­sé par le pape Pie IX en 1867. Son sang condamne la fausse théo­lo­gie judéo-​chrétienne de Jean-​Paul II.

7 – Jean-​Paul II et l’Islam

Tout comme le judaïsme infi­dèle et réprou­vé, la reli­gion de Mahomet nie le mys­tère de la Trinité ain­si que celui de l’Incarnation rédemp­trice. Mais elle pro­cède d’une ido­lâ­trie pure et simple, qu’au­cun motif de cré­di­bi­li­té ne sau­rait recom­man­der aux yeux de la droite rai­son. Comme le sou­ligne saint Tho­mas d’Aquin [51], le fon­da­teur de l’Islam a séduit les peuples par des pro­messes de volup­tés char­nelles au désir des­quelles pousse la concupis­cence de la chair [52]. En fait de véri­tés, il n’en a avan­cé que de fa­ciles à sai­sir par n’im­porte quel esprit médiocre­ment ouvert.

En re­vanche, il a entre­mê­lé les véri­tés de son ensei­gne­ment de beau­coup de fables et de doc­trines des plus fausses. Il n’a pas appor­té de preuves surnatu­relles de sa mis­sion. Aucune pro­phé­tie divine ne témoigne en sa faveur ; bien au contraire il déforme les enseigne­ments de l’Ancien et du Nouveau Testa­ment par des récits légen­daires, comme c’est évident pour qui étu­die sa loi. Aus­si bien, par une mesure pleine d’as­tuces, il inter­dit à ses dis­ciples de lire les livres de l’Ancien et du Nouveau Testament qui pour­raient les convaincre de fausse­té. C’est donc chose évi­dente que ceux qui ajoutent foi à sa parole, croient à la légère [53].

Eh bien ! Jean-​Paul II n’a pour­tant pas craint de dire : « Je crois que nous, chré­tiens et musul­mans, nous devons re­connaître avec joie les valeurs reli­gieuses que nous avons en com­mun et en rendre grâce à Dieu. […] Nous croyons que Dieu nous sera un juge misé­ri­cor­dieux à la fin des temps et nous espé­rons qu’a­près la résur­rec­tion, il sera satis­fait de nous, et nous savons que nous serons satis­faits de lui. […] Chrétiens et musul­mans, nous nous sommes géné­ra­le­ment mal com­pris, et quel­que­fois, dans le pas­sé, nous nous sommes oppo­sés, et même épui­sés en polé­miques et en guerres. Je crois que Dieu nous invite, aujourd’­hui, à chan­ger nos vieilles habi­tudes. Nous avons à nous res­pec­ter, et aus­si à nous sti­mu­ler les uns les autres dans les œuvres de bien sur le che­min de Dieu » [54]. Le pape po­lonais ira même jus­qu’à dire que « la doc­trine chré­tienne sur la Trinité, rati­fiée par les Conciles, est expli­cite lors­qu’elle rejette tout tri­théisme ou poly­théisme. C’est pour­quoi, c’est-​à-​dire en réfé­rence à l’u­nique sub­stance divine, il existe une cor­res­pon­dance signi­fi­ca­tive entre chris­tianisme et islam » [55].

Mahomet « a entre­mê­lé les véri­tés de son ensei­gne­ment de beau­coup de fables et de doc­trines des plus fausses ».

Saint Thomas d’Aquin, Contra Gentes, l. 1, ch. 6

Contrairement à son pré­dé­ces­seur saint Pie V, Jean-​Paul II encou­rage l’ex­pansion de l’Islam au nom du plura­lisme reli­gieux. Pour suivre l’exemple du pape polo­nais, les catho­liques devraient renon­cer à conver­tir les musul­mans et rendre vain l’exemple de tous les saints mis­sion­naires. Celui du père Charles de Foucauld est bien connu. Ou encore ce­lui du capu­cin saint Joseph de Léonessa (1556–1612), dont la fête est célé­brée dans l’Église le 4 février, qui condamne sans appel tous ces dis­cours de Jean-​Paul II. Proclamé par le pape Pie XI pa­tron des mis­sions de Turquie, ce saint se dépen­sa sans comp­ter à Constantinople auprès des chré­tiens réduits en escla­vage par les adeptes de l’Islam. Ce zèle lui va­lut d’être incul­pé auprès du sul­tan pour avoir outra­gé la reli­gion musul­mane, et on lui appli­qua le sup­plice du gibet : il y res­ta trois jours sus­pen­du à une chaîne, une main et un pied per­cés d’un cro­chet. Quant à saint Pierre Mavimène, mort en 715 et célé­bré dans l’Église le 21 février, il fut sup­pli­cié pen­dant trois jours pour avoir insul­té Mahomet et l’Islam. Son seul exemple devrait suf­fire à rendre impen­sable la cano­ni­sa­tion de Karol Wojtyla.

8 – Jean-​Paul II et les chefs d’État

Le magis­tère de l’Église a tou­jours ensei­gné la néces­saire union de l’Église et de l’État, avec la dépen­dance indi­recte de celui-​ci à l’é­gard de celle-​là. L’État se doit de pro­té­ger l’exer­cice de la vraie reli­gion, en inter­ve­nant pour em­pêcher le scan­dale repré­sen­té par l’exer­cice public des fausses religions.

Le pape Pie IX dans l’en­cy­clique Quanta cura du 8 décembre 1864, condamne les deux prin­cipes faux selon les­quels « le meilleur régime poli­tique et le pro­grès de la vie civile exigent absolu­ment que la socié­té humaine soit consti­tuée et gou­ver­née sans faire aucune dif­férence entre la vraie et les fausses reli­gions », et « la meilleure condi­tion de la socié­té est celle où on ne recon­naît pas au pou­voir le devoir de répri­mer par des peines légales les vio­la­teurs de la loi catho­lique, si ce n’est dans la mesure où la tran­quillité publique le demande ». Le pape condamne aus­si la consé­quence de ces deux prin­cipes faux selon laquelle « la liber­té de conscience et des cultes est un droit propre à chaque homme ; ce droit doit être pro­cla­mé et garan­ti par la loi dans toute socié­té bien orga­ni­sée ; les ci­toyens ont droit à l’en­tière liber­té de ma­nifester hau­te­ment et publi­que­ment leurs opi­nions quelles qu’elles soient, par les moyens de la parole, de l’im­pri­mé ou tout autre méthode sans que l’au­to­ri­té civile ni ecclé­sias­tique puisse lui impo­ser une li­mite ». C’est là une double condamnation :

1) Les auto­ri­tés civiles ne doivent pas inter­ve­nir pour répri­mer les ma­nifestations exté­rieures des reli­gions fausses dans le cadre de la vie en société.

2) Les indi­vi­dus ont le droit de ne pas être empê­chés par les auto­ri­tés ci­viles d’exer­cer au for externe de la vie en socié­té les actes externes de leur reli­gion, vraie ou fausse.

Cette erreur condam­née est au­jourd’hui à la base de toutes les démo­craties modernes.

Le faux prin­cipe condam­né par Pie IX est deve­nu la charte de la nou­velle doc­trine sociale de l’Église conci­liaire. Jean-​Paul II s’est constam­ment employé à la rap­pe­ler et à la faire mettre en pra­tique. Il a affir­mé : « L’État ne peut reven­di­quer une com­pé­tence, directe ou indi­recte, sur les convic­tions reli­gieuses des per­sonnes. Il ne peut s’ar­ro­ger le droit d’im­po­ser ou d’empêcher la pro­fes­sion et la pra­tique publiques de la reli­gion d’une per­sonne ou d’une com­mu­nau­té. En cette matière, les auto­ri­tés civiles ont le devoir de faire en sorte que les droits des indivi­dus et des com­mu­nau­tés soient res­pec­tés, en même temps que de sau­ve­gar­der l’ordre public juste. Même lors­qu’un État accorde à une reli­gion déter­mi­née une posi­tion ju­ridique par­ti­cu­lière, il se doit de recon­naître léga­le­ment et de res­pec­ter effective­ment le droit à la liber­té de conscience de tous les citoyens, comme aus­si des étran­gers qui résident sur son ter­ri­toire, même tem­po­rai­re­ment, pour des rai­sons pro­fes­sion­nelles ou autres. […] Un ordre so­cial juste re­quiert que tous – indi­vi­duel­le­ment et en communau­té – puissent pro­fes­ser leurs convic­tions re­ligieuses tout en res­pectant les autres » [56]. « Il faut sou­hai­ter, ajoute-​t-​il, que la vé­ritable liber­té reli­gieuse soit accor­dée à tous en tout lieu, et l’Église s’y emploie dans les dif­fé­rents pays, sur­tout dans les pays à majo­ri­té catho­lique où elle a une plus grande influence. Cependant, il ne s’a­git pas d’une ques­tion de reli­gion de la majo­ri­té ou de la mino­ri­té, mais bien d’un droit inalié­nable de toute per­sonne humaine » [57]. Ce pro­pos exprime le refus expli­cite de la royau­té sociale du Christ. Il tombe sous le coup de la condam­na­tion por­tée par saint Pie X dans Vehementer nos : « Nous réprou­vons et nous condam­nons la loi votée en France sur la sépa­ra­tion de l’Église et de l’État comme pro­fon­dé­ment inju­rieuse vis-​à-​vis de Dieu, qu’elle renie officielle­ment, en posant en prin­cipe que la Répu­blique ne recon­naît aucun culte » [58].

Jean-​Paul II ne peut pas être canonisé

Jean-​Paul II n’a pas pratiqué l’héroïcité des vertus

La cano­ni­sa­tion est l’acte par lequel le pape déclare la sain­te­té et la gloire cé­leste d’un fidèle défunt. Elle les déclare, c’est-​à-​dire qu’elle les fait connaître, après avoir véri­fié qu’elles existent. De la même manière que « le Saint-​Esprit n’a pas été pro­mis aux suc­ces­seurs de Pierre pour qu’ils fassent connaître sous sa révé­lation une nou­velle doc­trine, mais pour qu’a­vec son assis­tance ils gardent sain­tement et exposent fidè­le­ment la révé­lation trans­mise par les apôtres » [59], de même aus­si le pou­voir de cano­ni­ser n’a pas été don­né au pape pour qu’il rende saint et glo­rieux celui qui ne l’est pas, mais pour qu’il déclare et publie fidè­lement la gloire céleste et les ver­tus hé­roïques de celui qui a effec­ti­ve­ment mé­rité la pre­mière en exer­çant réel­le­ment les secondes.

La droite rai­son, éclai­rée par la foi, est en mesure de consta­ter l’ab­sence des ver­tus héroïques dans la vie de Jean-​Paul II. En effet, ces ver­tus héroïques sont les ver­tus sur­na­tu­relles infuses, pous­sées au plus haut degré. Comme telles, elles sont connexes dans la cha­ri­té, c’est-​à-​dire qu’elles sup­posent toutes la cha­ri­té qui est à leur source, et chez un même fidèle elles doivent exis­ter et gran­dir toutes ensemble. Et la cha­ri­té sup­pose la foi. Or, il est mani­feste que Jean-​Paul II n’a pas exer­cé la ver­tu sur­na­tu­relle de foi au plus haut degré, puisque ses paroles et ses actes consti­tuent tan­tôt l’o­mis­sion grave, tan­tôt même sinon la néga­tion ouverte, du moins la mise en doute de plu­sieurs véri­tés de foi. Il est éga­le­ment mani­feste, pour les mêmes rai­sons, que Jean-​Paul II n’a pas pra­ti­qué la ver­tu sur­na­tu­relle de reli­gion au plus haut degré [60]. La vraie foi et la vraie re­ligion ne peuvent s’exer­cer que dans la vraie Église fon­dée par Jésus-​Christ, qui est l’Église catho­lique romaine. « Un homme ne peut se sau­ver si ce n’est dans l’Église catho­lique, dit saint Augustin. En dehors de l’Église catho­lique, il peut tout avoir, sauf le salut. Il peut avoir l’hon­neur (être évêque), il peut avoir les sacre­ments, il peut chan­ter l’Alleluia, il peut ré­pondre Amen, il peut tenir l’Évangile, il peut avoir et prê­cher la foi au nom du Père et du Fils et du Saint-​Esprit, mais jamais il ne peut trou­ver le salut si ce n’est dans l’Église catho­lique. […] Il peut même ré­pandre son sang, mais pas rece­voir la cou­ronne » [61]. Peut-​on sérieu­se­ment pen­ser à éle­ver sur les autels un pape qui s’ex­prime sur ces graves ques­tions comme l’a fait Jean-​Paul II ?

Les miracles requis pour une canonisation ne sont pas probants

La droite rai­son éclai­rée par la foi est éga­le­ment en mesure de dou­ter que les miracles requis pour attes­ter la béa­titude céleste et confir­mer la ver­tu hé­roïque d’un saint aient été suf­fi­sam­ment éta­blis en ce qui concerne Karol Wojtyla. En effet, le dis­cer­ne­ment du seul miracle invo­qué jus­qu’i­ci pour la béatifica­tion laisse for­te­ment à dési­rer, pour deux rai­sons. D’une part, le lien entre cette gué­ri­son et l’in­vo­ca­tion de Jean-​Paul II n’est pas suf­fi­sam­ment éta­bli. D’autre part, le diag­nos­tic d’une mala­die de Par­kinson laisse sou­vent place au doute, et en l’oc­cur­rence il n’est pas non plus suf­fisamment éta­bli que la gué­ri­son soit dé­finitive ni qu’elle soit inex­pli­cable natu­rellement [62]. Le deuxième miracle, qui se serait pro­duit le 1er mai 2011, et que le Saint-​Siège a fait récem­ment valoir à l’ap­pui de la pro­chaine cano­ni­sa­tion, pour­rait appa­raître plus démons­tra­tif. Mais le Saint-​Siège a rela­ti­vi­sé lui-​même cette valeur pro­bante des miracles, du fait même qu’il renonce à y recou­rir pour la cano­ni­sa­tion de Jean XXIII.

Le mot de Pascal doit donc gar­der ici toute sa valeur : si les miracles dis­cernent la doc­trine, la doc­trine dis­cerne elle aus­si, à son niveau, les miracles. Car la doc­trine, qui est au fon­de­ment de la ver­tu, est néces­saire et suf­fi­sante pour qu’il y ait un saint. Tandis que le miracle n’est que l’in­dice de cette sain­te­té, et encore n’est-​il pas le seul ; il ne suf­fit donc pas pour qu’il y ait la sain­te­té, mais il la sup­pose. L’Église cano­nise des saints et non des miracles. L’acte d’une cano­ni­sa­tion constate d’a­bord et avant tout la sainte­té, et c’est en cela qu’il repose tout en­tier sur l’au­to­ri­té, en l’oc­cur­rence infail­lible, du Souverain Pontife ; et c’est ce juge­ment qui réclame de la part des fi­dèles une obéis­sance abso­lue. Autre est le juge­ment de cré­di­bi­li­té, qui s’a­dresse à la pru­dence des fidèles et qui fait appel à leur sens cri­tique ; ce juge­ment donne des signes qui parlent aux yeux de la rai­son et confirment le bien-​fondé du pre­mier juge­ment d’au­to­ri­té. Le deuxième juge­ment sup­pose le pre­mier, comme le motif de cré­di­bi­li­té sup­pose la chose à croire. A quoi bon pro­duire un témoin, s’il n’y a rien à attes­ter ? Ou pire : com­ment témoi­gner en faveur de l’er­reur ou du mal ? Ce qui importe au pre­mier chef, ce sont les traces d’une éven­tuelle héroï­ci­té des ver­tus chez le Souverain Pon­tife défunt : et ces traces, ce sont les actes de sa vie pas­sée, spé­cia­le­ment depuis oc­tobre 1978. Les cita­tions que nous avons pro­duites ne laissent place à aucune hé­sitation : Karol Wojtyla ne fut point un héros (ni même un héraut) de la foi ; et à par­tir de là, tout le reste s’ef­fondre, puisque comme dit saint Paul (Heb. 11, 1), la foi est le fon­de­ment de tout le reste.

Conclusion

Si Jean-​Paul II est cano­ni­sé, les fi­dèles catho­liques doivent recon­naître que l’Église catho­lique et les commu­nautés ortho­doxes sont des Églises sœurs, res­pon­sables ensemble de la sau­vegarde de l’u­nique Église de Dieu. Ils doivent donc réprou­ver l’exemple de Josaphat Kuncewicz, arche­vêque de Polotsk (1580–1623). Converti de l’or­thodoxie, celui-​ci publia en 1617 une Défense de l’u­ni­té de l’Église, dans la­quelle il repro­chait aux ortho­doxes de déchi­rer l’u­ni­té de l’Église de Dieu, et c’est pour­quoi il exci­ta la haine de ces schis­ma­tiques qui le martyrisèrent.

Si Jean-​Paul II est décla­ré saint, les fidèles catho­liques doivent recon­naître les angli­cans comme des frères et des sœurs dans le Christ, et expri­mer cette recon­nais­sance par la prière com­mune. Ils doivent donc aus­si réprou­ver l’exemple d’Edmund Campion (1540–1581), qui refu­sa de prier avec le mi­nistre angli­can, au moment de son martyre.

Si Jean-​Paul II est saint, les fidèles ca­tholiques doivent consi­dé­rer que ce qui divise les catho­liques et les pro­tes­tants – c’est-​à-​dire la réa­li­té du Saint Sacrifice pro­pi­tia­toire de la messe, la réa­li­té de la média­tion uni­ver­selle de la Très Sainte Vierge Marie, la réa­li­té du sacer­doce ca­tholique, la réa­li­té du pri­mat de juri­diction de l’Évêque de Rome – est mi­nime par rap­port à ce qui peut les unir. Ils doivent donc réprou­ver l’exemple du capu­cin Fidèle de Sigmaringen (1578-​­1622) qui fut mar­ty­ri­sé par les réfor­més pro­tes­tants, auprès des­quels il avait été envoyé en mis­sion et qui com­po­sa une Disputatio contre les ministres pro­testants, au sujet du Saint Sacrifice de la messe.

Si Jean-​Paul II est recon­nu comme saint, les fidèles catho­liques doivent recon­naître la va­leur du témoi­gnage reli­gieux du peuple juif. Ils doivent donc réprou­ver l’exemple de Pierre d’Arbués (1440–1485), Grand Inquisiteur d’Aragon, qui fut mar­ty­ri­sé en haine de la foi par les juifs.

Si Jean-​Paul II est éle­vé sur les autels, les fidèles catho­liques doivent recon­naître qu’a­près la résur­rec­tion finale, Dieu sera satis­fait des musul­mans, et que les musul­mans seront satis­faits de Lui. Ils doivent donc réprou­ver l’exemple du capu­cin Joseph de Léonessa (1556-​­1612), qui se dépen­sa sans comp­ter à Constantinople auprès des chré­tiens ré­duits en escla­vage par les adeptes de l’Is­lam : ce zèle lui valut d’être incul­pé au­près du sul­tan pour avoir outra­gé la re­ligion musul­mane, et on lui appli­qua le sup­plice du gibet : il y res­ta trois jours sus­pen­du à une chaîne, une main et un pied per­cés d’un cro­chet. Les fidèles catho­liques devraient aus­si réprou­ver l’exemple de Pierre Mavimène, mort en 715 et après avoir été sup­pli­cié pen­dant trois jours pour avoir insul­té Mahomet et l’Islam.

Si Jean-​Paul II est saint, les fidèles catho­liques doivent recon­naître que les chefs d’État ne peuvent s’ar­ro­ger le droit d’empêcher la pro­fes­sion publique d’une reli­gion fausse. Ils doivent donc réprou­ver l’exemple du roi de France Louis IX, qui limi­ta autant qu’il le put l’exer­cice public des reli­gions non chrétiennes.

Jean-​Paul II a ren­du l’Église conforme aux nou­veau­tés intro­duites par le concile Vatican II. Sa cano­ni­sa­tion sera, elle aus­si, une nouveauté.

Pourtant, Josaphat Kuncewicz a été cano­ni­sé en 1867 par Pie IX, et Pie XI lui a consa­cré une ency­clique ; il est fêté dans l’Église le 14 novembre. Edmund Campion a été cano­ni­sé, par Paul VI en 1970 et est fêté le 1er décembre. Fidèle de Sigmaringen a été cano­ni­sé en 1746, et Clément XIV l’a dési­gné comme le « pro­to­mar­tyr de la Propagande » ; il est fêté au calen­drier de l’Église le 24 avril. Pierre d’Arbués a été cano­ni­sé par Pie IX en 1867. Joseph de Léonessa l’a été lui aus­si, en 1737 par Benoît XIV et sa fête est célé­brée dans l’Église le 4 fé­vrier ; Pie XI l’a pro­cla­mé patron des mis­sions de Turquie. Saint Pierre Mavimène enfin, est célé­bré dans l’Église le 21 février. Quant au roi saint Louis, son exemple suf­fi­sam­ment connu illustre on ne peut mieux les ensei­gne­ments du pape saint Pie X, lui aus­si canonisé.

Si Jean-​Paul II est réel­le­ment saint, tous les papes qui ont cano­ni­sé tous ces saints se sont gra­ve­ment trom­pés, et ont don­né à toute l’Église non pas l’exemple d’une sain­te­té authen­tique mais le scan­dale de l’in­to­lé­rance et du fana­tisme. Il est impos­sible d’é­chap­per à cette alter­native. Le seul moyen d’en sor­tir est de tirer la double conclu­sion qui s’im­pose : Karol Wojtyla ne peut pas être cano­ni­sé, et l’acte qui pré­ten­drait décla­rer sa sain­teté à la face de toute l’Église ne sau­rait être qu’une fausse cano­ni­sa­tion. Car nul pape ne peut déci­der de cano­ni­ser celui qui n’est pas saint. Quand bien même il le ferait, cet acte, pour revê­tir les ap­parences trom­peuses d’une canonisa­tion, ne trom­pe­ra aucun de ceux dont la rai­son déjà droite est éclai­rée par l’en­seignement constant que repré­sentent toutes les cano­ni­sa­tions accom­plies en confor­mi­té avec l’es­prit de l’Église.

Si elle a lieu comme pré­vu, la cano­nisation de Jean-​Paul II don­ne­ra donc à tous les catho­liques l’exemple trom­peur d’une fausse cha­ri­té. Fausse cha­ri­té ab­solument oppo­sée aux exi­gences de la Royauté du Christ, fausse cha­ri­té œcu­ménique, dont le pape polo­nais s’est fait l’a­pôtre inces­sant. On nous dira que l’on ne peut pas sans cesse déso­béir, contes­ter et refu­ser l’adhé­sion au magis­tère et au pape. Nous répon­dons alors pré­ci­sé­ment, qu’en effet on ne le peut pas et que c’est jus­te­ment pour conti­nuer à obéir à la Tradition bimil­lé­naire de l’Église, pour ne pas la contes­ter et pour lui don­ner toute l’adhé­sion qu’elle réclame, que nous sommes bien obli­gés de nous oppo­ser à toutes les ini­tia­tives qui s’en éloignent, quand bien même elles émanent des plus hautes auto­ri­tés dans l’Église. Car la rup­ture n’est pas le fait de ceux qui contestent le bien-​fondé d’une éven­tuelle cano­ni­sa­tion de Jean-​Paul II. Elle est plu­tôt le fait de ce pape, qui a vou­lu rendre l’Église conforme aux nou­veau­tés intro­duites par le concile Vatican II. En ce sens, la cano­ni­sa­tion de Jean-​Paul II sera, elle aus­si, une nou­veauté. Mais une nou­veau­té contes­table, pour qui veut res­ter atta­ché à la Tradi­tion de l’Église.

Document éla­bo­ré par Ecône et impri­mé par le District d’Asie

Notes de bas de page
  1. Acta Apostolicæ Sedis, t. 30 ( 1947 ), pas­sim.[]
  2. Dictionnaire de Théologie Catholique (désor­mais abré­gé en D.T.C.), t. II, 2e par­tie, col. 1642–1654.[]
  3. Au livre III, cha­pitre 21, n° 10–11 de son trai­té sur les cano­ni­sa­tions.[]
  4. D.T.C., ibi­dem.[]
  5. Code de Droit Canonique de 1917, canon 2138.[]
  6. Denzinger-​Schönmetzer, n° 1911.[]
  7. Denzinger-​Schönmetzer, n° 383.[]
  8. Encyclique Evangelium vitæ, du 15 mars 1995, n° 84, dans La Documentation catho­lique (désor­mais abré­gée en D.C.), n° 2114, p. 393.[]
  9. Gn, 1, 27 ; Saint Thomas d’Aquin, Somme théolo­gique, 1a pars, ques­tion 93, article 1, corp. et ad 2.[]
  10. Lettre apos­to­lique Tertio mil­le­nio adve­niente, du 10 novembre 1994, n° 5, dans D.C., n° 2105, p. 1018.[]
  11. Exhortation apos­to­lique Ecclesia in Asia, du 6 novembre 1999, n° 15, dans D.C., n° 2214, p. 987.[]
  12. Encyclique Ut unum sint, du 25 mai 1995, n° 82–85, dans D.C., n° 2118, p. 590.[]
  13. Saint Augustin, Sermon au peuple de Césarée, n°6, dans PL 43/​695.[]
  14. Profession de foi pres­crite aux Vaudois sous le pape Innocent III, le 18 décembre 1208, Denzinger-​Schönmetzer, n° 792.[]
  15. Bulle Unam sanc­tam, du pape Boniface VIII, du 18 novembre 1302, Denzinger-​Schönmetzer, n° 870.[]
  16. Pie XII, ency­clique Mystici cor­po­ris, du 29 juin 1943, dans Enseignements pon­ti­fi­caux de Solesmes – L’Église, t. 2, n° 1014.[]
  17. Pie XII, ency­clique Humani gene­ris, du 12 août 1950, dans Enseignements pon­ti­fi­caux de Solesmes – L’Église, t. 2, n° 1282.[]
  18. Léon XIII, ency­clique Satis cogni­tum, dans En­seignements pon­ti­fi­caux de Solesmes – L’Église, t. 1, n° 593.[]
  19. Décret Unitatis redin­te­gra­tio, n° 1.[]
  20. Discours lors de la ren­contre avec les évêques lu­thériens du Danemark, le 6 juin 1989, dans D.C., n° 1988, p. 688–689.[]
  21. Discours à la curie, le 21 décembre 2000, dans D.C., n° 2240, p. 56–57.[]
  22. Discours d’ac­cueil aux par­ti­ci­pants à la ren­contre de prière, de péni­tence et de jeûne pour la paix à Assise, le 9 jan­vier 1993, dans D.C., n° 2066, p. 166–167.[]
  23. Pie XI, ency­clique Mortalium ani­mos, dans En­seignements pon­ti­fi­caux de Solesmes – L’Église, t. 1, n° 855.[]
  24. Denzinger-​Schönmetzer, n° 2886.[]
  25. Déclaration com­mune de Jean-​Paul II et du Pa­triarche ortho­doxe Bartholomée Ier signée au Va­tican, le 29 juin 1995, dans D.C., n° 2121, p. 734­735.[]
  26. Pie XI, ency­clique Mortalium ani­mos, dans En­seignements pon­ti­fi­caux de Solesmes – L’Église, t. 1, n° 863.[]
  27. Pie XI, ency­clique Mortalium ani­mos, dans En­seignements pon­ti­fi­caux de Solesmes – L’Église, t. 1, n° 865.[]
  28. Denzinger-​Schönmetzer, n° 2886.[]
  29. Homélie lors des vêpres œcu­mé­niques célé­brées à Rome, en l’é­glise des Saints-​André et Grégoire al Monte Celio, en pré­sence du pri­mat de la Com­munion angli­cane, le Dr Carey, le 5 décembre 1996, dans D.C., n° 2152, p. 85.[]
  30. Déclaration com­mune de Jean-​Paul II et du Pri­mat de la Communion angli­cane, signée le 5 dé cembre 1996, dans D.C., n° 2152, p. 88–89.[]
  31. Pie XI, ency­clique Mortalium ani­mos, dans En­seignements pon­ti­fi­caux de Solesmes – L’Église, t. 1, n° 868–869.[]
  32. Evelyn Waugh, Edmond Campion, Amiot Du­mont, 1950, p. 176.[]
  33. Denzinger-​Schönmetzer, n° 1492.[]
  34. Denzinger-​Schönmetzer, n° 2640, 2641, 2642 et 2646.[]
  35. Allocution lors de la célé­bra­tion œcu­mé­nique de Paderborn, le 22 juin 1996, dans D.C., n° 2142, p. 662–663.[]
  36. Discours au Dr Christian Krause, pré­sident de la Fédération luthé­rienne mon­diale, le 9 décembre 1999, dans D.C., n° 2219, p. 109.[]
  37. Allocution lors de la célé­bra­tion œcu­mé­nique de Paderborn, le 22 juin 1996, dans D.C., n° 2142, p. 662–663.[]
  38. Lettre au car­di­nal Willebrands du 31 octobre 1983, dans D.C., n° 1863, p. 1070.[]
  39. Discours lors de la ren­contre avec les évêques lu­thériens du Danemark, le 6 juin 1989, dans D.C., n° 1988, p. 688–689.[]
  40. Homélie du 9 juin 1989, à la cathé­drale luthé­rienne d’Uppsala, en pré­sence de l’ar­che­vêque Bertil Werkström, dans D.C., n° 1988, p. 699.[]
  41. Allocution lors de la célé­bra­tion œcu­mé­nique de Paderborn, le 22 juin 1996, dans D.C., n° 2142, p. 662–663.[]
  42. Pie IX, Lettre à l’é­pis­co­pat anglais du 16 sep­tembre 1864, dans Enseignements pon­ti­fi­caux de Solesmes – L’Église, t. 1, n° 254.[]
  43. Pie IX, Lettre à l’é­pis­co­pat anglais du 16 sep­tembre 1864, dans Enseignements pon­ti­fi­caux de Solesmes – L’Église, t. 1, n° 253.[]
  44. Voir Denise Judant, Judaïsme et chris­tia­nisme – Dossier patris­tique, Éditions du Cèdre, 1969.[]
  45. Rappelons la défi­ni­tion que Jean-​Paul II don­nait du peuple juif : « Le peuple juif, cette communau­té de foi qui est la gar­dienne d’une tra­di­tion plu­ri­mil­lé­naire » (Jean-​Paul II, Discours du 06 dé­cembre 1990 pour le 25e anni­ver­saire de Nostra ætate, dans D.C., n° 2020, p. 66).[]
  46. Discours du 13 avril 1986, lors de la visite à la sy­nagogue de Rome, dans D.C., n° 1917, p. 437-​­438.[]
  47. Discours du 13 avril 1986, lors de sa visite à la sy­nagogue de Rome, dans D.C., n° 1917, p. 438.[]
  48. Discours du 9 octobre 1998, à la com­mu­nau­té juive d’Alsace, dans D.C., n° 1971, p. 1027.[]
  49. Discours du 6 novembre 1986, au col­loque in­ternational judéo-​chrétien, dans D.C., n° 1931, p. 34.[]
  50. Discours du 6 mars 1982, aux délé­gués des confé­rences épis­co­pales pour les rela­tions avec le judaïsme, dans D.C., n° 1827, p. 340.[]
  51. Somme contre les Gentils, livre 1, cha­pitre 6.[]
  52. Le Coran, tra­duc­tion inté­grale par Édouard Montet, t. 2, Petite Bibliothèque Payot, n° 41, 1958. Sourates LXXVI, 9 ; LII, 24 ; LVI, 17 ; LXVIII, 33 ; LII, 20 ; LVI, 22 ; LV, 72 ; XXXVII, 39–47 ; LV, 56–58 ; LV, 72–74.[]
  53. Le lec­teur pour­ra se repor­ter à l’é­tude d’Édouard Pertus, Connaissance élé­men­taire de l’Islam, sup­plément au n° 65 de l’Action Familiale et Sco­laire, 1985.[]
  54. Discours lors de la ren­contre avec la jeu­nesse au stade de Casablanca, le 18 août 1985, dans D.C., n° 1903, p. 945.[]
  55. Audience géné­rale du 5 mai 1999, dans D.C., n° 2205, p. 512.[]
  56. Message du 8 décembre 1987, pour la Journée mon­diale de la paix, dans D.C., n° 1953, p. 2.[]
  57. Encyclique Redemptoris mis­sio, du 7 décembre 1990, n° 39, dans D.C., n° 2022, p. 168.[]
  58. Saint Pie X, ency­clique Vehementer nos, du 11 fé­vrier 1906, dans Actes de saint Pie X, Éditions de La Bonne Presse, t. 2, p. 141.[]
  59. Concile Vatican I, consti­tu­tion Pastor æter­nus, cha­pitre 4, Denzinger-​Schönmetzer, n° 3070.[]
  60. Pour plus de détails, le lec­teur pour­ra se repor­ter au livre de l’ab­bé Patrick de La Rocque, Jean-​Paul II – Doutes sur une béa­ti­fi­ca­tion, paru aux édi­tions Clovis, ain­si qu’à l’é­tude publiée dans la revue The Remnant et dont la tra­duc­tion fran­çaise est parue sous le titre Exposé des réserves sur la pro­chaine béa­ti­fi­ca­tion de Jean-​Paul II, dans DICI n° 233, du 16 avril 2011. Ajoutons enfin l’é­tude inti­tu­lée Doutes sur la cano­ni­sa­tion de Jean XXIII et de Jean-​Paul II, dans DICI n° 284, du 18 octobre 2013. Signalons enfin l’é­tude de Daniel Le Roux, Pierre M’aimes-​tu ? éd. Fideliter, 1988.[]
  61. Saint Augustin, Sermon au peuple de Césarée, n°6, dans PL 43/​695.[]
  62. Pour plus de détails, le lec­teur pour­ra encore se repor­ter aux études citées dans la note 63.[]