Saint Emilien de Nantes, l’évêque qui délivra Autun

La Fraternité Saint-​Pie X inau­gu­ré en 2019 à Nantes une nou­velle église dédiée à saint Emilien. Quel est ce saint fêté le 3 sep­tembre et dont l’Eglise conci­liaire, férue d’un sui­ci­daire dia­logue inter­re­li­gieux, a cher­ché à éteindre le culte en 1967 ?

Saint Emilien naquit d’une noble famille, en Bretagne. Il se fai­sait sur­tout remar­quer pour sa pié­té et sa ver­tu. Son mérite l’é­le­va sur le siège épis­co­pal de Nantes, à l’é­poque où le célèbre Charles Martel gou­ver­nait le royaume des Francs, avec le titre de maire du palais. Saint Emilien s’oc­cu­pait à rem­plir dans son dio­cèse tous les devoirs d’un bon pas­teur, lorsque Dieu l’ap­pe­la à fécon­der un autre champ, non seule­ment par ses sueurs, mais encore par son sang.

A la tête des soldats Bretons en Bourgogne

En 725, les Sarrasins d’Espagne fran­chirent les Pyrénées, rava­gèrent les pro­vinces méri­dio­nales de la France et s’a­van­cèrent jus­qu’au centre de la Bourgogne, por­tant par­tout le fer et le feu. A la nou­velle de ces désastres, le bien­heu­reux Emilien fut ému d’une pro­fonde com­pas­sion pout tant de chré­tiens livrés à la fureur des Musulmans. Il encou­ra­gea ses proches et un grand nombre d’autres à prendre géné­reu­se­ment les armes pour aller au secours de leurs frères. Une armée se for­ma, et le jour du départ étant venu, le saint évêque réunit tous ces braves dans l’é­glise cathé­drale de Nantes ; il célé­bra la messe, leur don­na la sainte com­mu­nion, et, se met­tant à leur tête, il par­tit au milieu des prières et des pleurs de tout le peuple.

La valeu­reuse troupe de Bretons se diri­gea rapi­de­ment vers la Bourgogne et prit la route d’au­cun, que les Sarrasins tenaient assié­gé. Une pre­mière vic­toire ouvre à saint Emilien les portes de la ville. Aussitôt les Bretons et les Autunois réunis attaquent l’ar­mée sar­ra­sine, qui se retire vers Châlons. deux fois ils sont vain­queurs ; mais un corps de Musulmans, qui s’é­tait empa­rés de cette der­nière ville, vient au secours de l’ar­mée vain­cue. Un der­nier com­bat s’en­gage près de Saint-​Jean-​de-​Luz, aujourd’­hui nom­mé Saint-​Emiland. Le bien­heu­reux Emilien s’a­vance cou­ra­geu­se­ment au devant de l’en­ne­mi, et il s’arme du signe de la croix en s’é­criant : Seigneur, je remets mon âme entre vos mains. Bientôt il est entou­ré par les infi­dèles et tombe per­cé de coups.

Pendant que les Sarrasins frap­paient le saint évêque de leurs lances et de leurs épées, il ne ces­sait d’ex­hor­ter les chré­tiens à com­battre et à mou­rir pour leur foi : 

Généreux sol­dats, criait-​il, per­sé­vé­rez dans votre foi et dans votre cou­rage contre ces cruels païens. Déjà je vois le ciel ouvert et Dieu qui se réjouit avec les anges de votre triom­phante arri­vée. Non, ne crai­gnez point une mort qui conduit à la vie. Vous com­bat­tez pour notre véri­table mère, la sainte Eglise. Au ciel, un meilleur sort nous attend. Là est toute notre récompense.

Il ren­dit le der­nier sou­pir en pro­non­çant ces paroles. Les infi­dèles lui cou­pèrent la tête, et avec lui périrent presque tous ses compagnons.

Un culte relevé à Nantes et maintenu par la Fraternité Saint-​Pie X

Les habi­tants recueillirent avec res­pect le corps du bien­heu­reux Emilien ; ils l’en­se­ve­lirent sur le lieu même de la bataille, et éle­vèrent sur son tom­beau un petit ora­toire, qui devint un pèle­ri­nage très fré­quen­té et célèbre par les miracles qui s’y opé­raient. Au onzième siècle, les reliques du saint évêque furent levées de terre et trans­por­tées dans l’é­glise parois­siale, où elles sont encore de nos jours.

Le culte de saint Emilien était res­té com­plè­te­ment incon­nu à Nantes. cela s’ex­plique faci­le­ment, quand on songe aux agi­ta­tions qui se suc­cé­dèrent presque sans relâche durant les siècles qui sui­virent la mort du saint évêque. presque tou­jours, en effet, nous voyons le culte des saints prendre nais­sance autour de leur tombe, et Nantes ne pos­sé­dait aucune relique, aucun sou­ve­nir du pieux pon­tife qui était allé mou­rir au loin pour la défense de la foi. Mais, en 1855 et 1856, lors­qu’on pré­pa­rait le retour à la litur­gie romaine en rem­pla­ce­ment des rites gal­li­cans, les études his­to­riques sur les gloires de nos saints réveillèrent le sou­ve­nir de saint Emilien. Mgr Jacquemet, évêque de Nantes, obtint de Mgr de Marguerie, évêque d’Autun, des reliques notables du saint pon­tife. Le pape Pie IX per­mit de célé­brer sa fête dans le dio­cèse de Nantes, et cette fête fut fixée au 3 sep­tembre. C’était le pre­mier jour libre après le 22 août, qui fut celui de la mort de saint Emilien.

Le 6 novembre 1859, eut lieu la trans­la­tion solen­nelle des reliques du saint évêque dans la cathé­drale de Nantes. Mgr Jacquemet avait vou­lu qu’on appor­tât dans la ville épis­co­pale, à cette occa­sion, les reliques des saints nan­tais conser­vées dans les diverses églises du dio­cèse. ce fut un véri­table triomphe décer­né au glo­rieux pon­tife Emilien quand il revint, pour ain­si par­ler, prendre pos­ses­sion de sa cathé­drale, après 1134 ans d’ab­sence, entou­ré des saints mar­tyrs, des saints évêques et des saints confes­seurs de l’Eglise de Nantes. Ses reliques sont aujourd’­hui conser­vées à la cathé­drale, dans une magni­fique châsse gothique, avec quelques frag­ments de celles des deux Enfants nan­tais saint Donatien et saint Rogatien.

Malheureusement, après le concile Vatican II (1962–1965) et ses néfastes orien­ta­tions nova­trices, l’é­vêque de Nantes Mgr Michel-​Louis Vial déci­da en 1967 de sup­pri­mer tout culte litur­gique à saint Emilien et l’ef­fa­ça du propre de Nantes. Ce saint n’é­tait pas au goût du cler­gé conciliaire.

La Fraternité Saint-​Pie X déci­da de rele­ver son culte en dédiant son église nan­taise (inau­gu­rée en 2019) à saint Emilien. Nul doute que nous avons besoin de tels évêques à l’heure où, selon les mots de sainte Jeanne d’Arc, il y a grande pitié dans l’Eglise et le royaume de France.

Saint Emilien, priez pour nous, secourez-nous !

Sources : Les saints de Nantes, car­di­nal Richard, 1898 /​L’Hermine n°59