Les autorités de l’Eglise travaillent-elles pour sa vie ou pour sa disparition ?
Le supérieur d’une communauté contemplative sur le déclin, invité à l’anniversaire d’abbatiat d’un de ses confrères, voyant comment la communauté est, elle, jeune et nombreuse, ironise : « Nous sommes vieux et vous êtes jeunes ; nous sommes peu et vous êtes nombreux ; qu’est-ce qui ne va pas chez vous ? » Il est vrai que cette communauté adopte de plus en plus de pratiques traditionnelles. Ladite communauté propose son aide pour revivifier une communauté sur le point de fermer. Réponse : « Plutôt mourir que de vous demander de l’aide ! »
Un évêque explique à ses diocésains ses orientations pour organiser la vie des paroisses en l’absence de prêtre. Décrivant les assemblées dominicales entre laïques, il ajoute : « Et si par malheur un prêtre se trouvait présent, il serait préférable qu’il ne se manifeste pas. »
Un autre évêque, confiant à un de ses prêtres le soin d’assurer la messe dans le rite traditionnel dans une chapelle du diocèse, ajoute : « Surtout, veillez à ce que la communauté ne se développe pas. »
« Dieu a créé les choses pour qu’elles soient », dit le livre de la Sagesse (1, 14), et des plus humbles aux plus complexes, tous les êtres cherchent à se conserver. Il n’y a que l’homme qui, depuis sa chute et surtout depuis son émancipation révolutionnaire, se laisse fasciner par l’idée de se supprimer : honte de sa civilisation, dégoût de la natalité, avortement, suicide et euthanasie, etc.
Cette tendance morbide a apparemment atteint l’Église puisqu’on y persécute les communautés florissantes. Pour les pourfendre plus triomphalement, on les dissimule sous des cibles faites sur mesure[1] :
- Le zèle pour une liturgie exprimant adéquatement le mystère de la foi et entretenant la crainte révérentielle convenable pour le culte divin, c’est du rubricisme et une crispation inintelligente dans de vieux usages, la marque d’un esprit dérangé.
- Le militantisme de la foi est caricaturé en triomphalisme et en prosélytisme (chose que personne ne parvient à définir clairement).
- L’idéal de chrétienté est grimé en ambition politique.
- L’attachement à l’expression exacte et intégrale de la doctrine catholique est désormais une manière arrogante de prétendre posséder la vérité.
- L’intransigeance sur la morale est bien sûr un relent de jansénisme possessif.
Bref, vouloir vivre de sa vie chrétienne est une attitude morbide à combattre ! Vivre peut engendrer des maladies graves, mais rassurez-vous, les autorités veillent sur votre santé…
Que le Saint Esprit veuille éclairer les cardinaux pour donner à l’Église un Pontife qui renverse cette culture de mort !
- Le père Jérôme Kiefer (1907–1985), moine cistercien de l’abbaye de Sept-Fons, avait constaté dès les années 50 la décadence de l’esprit contemplatif dans son Ordre, et dénoncé cette méchante petite musique qui l’accompagnait déjà : « Quand, dans les milieux religieux, on parle contre la fausse dévotion, neuf fois sur dix c’est pour décourager la vraie. Dans nos monastères, la fausse mystique n’est pas fréquente. Il n’est pas besoin de tant batailler contre elle ! » Père Jérôme, Valeurs, Ad solem, 2025, p.29.[↩]