Chasse aux rumeurs… ou aux sorcières ?

Le der­nier ouvrage d’Yves Chiron, Françoisphobie, est sous-​titré : « Ceux qui dénigrent le Pape François, quoi qu’il dise et quoi qu’il fasse ».

Le der­nier ouvrage d’Yves Chiron, Françoisphobie, est sous-​titré : « Ceux qui dénigrent le Pape François, quoi qu’il dise et quoi qu’il fasse »[1]. Dès la pre­mière page de son livre, où il entend intro­duire son pro­pos, l’auteur nous aver­tit : son livre n’est pas un livre d’histoire ni une bio­gra­phie. Il ne se veut pas non plus polé­mique ou apo­lo­gé­tique. Affichant clai­re­ment ici l’abondance et la rigueur que vante sa qua­trième de cou­ver­ture, Monsieur Chiron entend « mon­trer ce que dit et ce que fait le Pape, et com­ment cer­tains com­men­ta­teurs et cri­tiques déforment ou défi­gurent ses paroles et son ensei­gne­ment »[2].

2. Le prin­ci­pal mérite de ce livre – s’il fal­lait lui en trou­ver un – est de mettre en évi­dence le constat qui s’impose avec une urgence de plus en plus grande à tous les esprits tant soit peu lucides[3] 3. Ce constat fait par Yves Chiron à la fin de son livre est d’ailleurs lui-​même repris de l’analyse d’un vati­ca­niste contem­po­rain : « A l’époque de Paul VI et jusqu’au pon­ti­fi­cat de Jean-​Paul II, la contes­ta­tion contre un pape se mani­fes­tait essen­tiel­le­ment à tra­vers des livres, des articles, des inter­views. Il fal­lait être quelqu’un pour atta­quer le pape, savoir argu­men­ter, arti­cu­ler sa pen­sée à un cer­tain niveau. Le réseau ouvre l’espace à toute forme d’expression, et ain­si relie des aga­ce­ments qui seraient autre­fois res­tés sépa­rés et dis­per­sés, coa­gule des mécon­ten­te­ments pour en faire une ava­lanche inces­sante d’insultes contre le pape régnant. Aux voix de per­son­na­li­tés connues se mêlent les inter­ven­tions de cogneurs du web, prêtres com­pris, tota­le­ment dés­in­hi­bés »[4].

3. Assurément, oui, les réseaux sociaux contri­buent à répandre des rumeurs sou­vent infon­dées, des affir­ma­tions qui ne sont pas tou­jours exactes et des juge­ments qui ne sont pas à l’abri de la pré­ci­pi­ta­tion. Yves Chiron se fait ici le chro­ni­queur inlas­sable de ces absences de fon­de­ment, de ces inexac­ti­tudes et de ces pré­ci­pi­ta­tions, et emploie quelques trois cents pages à dis­si­per ce qui serait, à l’en croire, une vision défor­mante du Pontificat actuel, for­gée et entre­te­nue par les médias de l’Eglise. La recen­sion a de quoi convaincre à la pre­mière lec­ture, et François s’en trou­ve­rait dis­cul­pé des prin­ci­pales accu­sa­tions qui pèsent sur lui, depuis le début de son pontificat. 

4. Le livre fait ain­si, en onze cha­pitres, le tour des prin­ci­pales légendes noires, pour en éta­blir l’inconsistance. Le fameux entre­tien don­né par le Pape à Eugenio Scalfari – où François aurait décla­ré en sub­stance que cha­cun est juge selon sa conscience de ce qui est bien ou mal – n’a pas été exac­te­ment relayé par les médias, les­quels ont faus­se­ment prê­té au Pape des affir­ma­tions contraires tant à sa véri­table pen­sée qu’ à d’autres de ses décla­ra­tions avé­rées[5]. L’élection de mars 2013 n’a nul­le­ment été influen­cée par les mani­gances d’un groupe de pres­sion anti-​ratzingérien, que d’aucuns auraient vou­lu bap­ti­ser la « maf­fia de Saint-​Gall »[6].Le nou­veau Pape a élu domi­cile à la Maison Saint-​Marthe pour des motifs rai­son­nables et sa volon­té de réfor­mer la Curie n’a rien de révo­lu­tion­naire[7]. Le sup­po­sé « lob­by gay » du Vatican n’est pas ce qu’une presse indis­crète et calom­nia­trice a vou­lu faire croire[8], et les com­por­te­ments scan­da­leux de cer­tains pré­lats ne sau­raient concer­ner que quelques cas rela­ti­ve­ment iso­lés, d’ailleurs dûment sanc­tion­nés[9] ou dont la gra­vi­té n’a pas été suf­fi­sam­ment éta­blie[10]. Les rema­nie­ments au sein de la Curie n’ont pas eu pour objec­tif d’écarter les car­di­naux jugés indé­si­rables, comme Sarah, Burke ou Müller, pré­ten­du­ment oppo­sés à une sup­po­sée « ligne »[11] du Pape. François n’a pas l’intention d’admettre les femmes aux degrés supé­rieur du pou­voir d’ordre, dia­co­nat ou sacer­doce[12]. Le Pape n’a pas non plus l’intention de « négo­cier » la morale : il reste oppo­sé à l’avortement et à l’euthanasie ; s’il est oppo­sé au prin­cipe même de la peine de mort, il se situe en cela dans la conti­nui­té de Jean-​Paul II, qui avait avant lui amor­cé cette remise en cause[13] ; enfin, François n’entend nul­le­ment prendre ses dis­tances avec l’Encyclique Humanae vitae de Paul VI. 

La pas­to­rale des migrants, le dis­cours pro­gramme éco­lo­gique, la dénon­cia­tion d’un cer­tain capi­ta­lisme maté­ria­liste n’ont rien à voir avec ce qui serait un crypto-​communisme[14]. Le dis­cours tenu par le Pape dans l’Exhortation post­sy­no­dale Amoris lae­ti­tia rap­pelle les posi­tions inal­té­rées de l’Eglise en matière de morale conju­gale et se veut seule­ment pas­to­ral à l’égard des situa­tions pro­blé­ma­tiques, sans pré­sen­ter quoi que ce soit qui puisse jus­ti­fier les diverses réac­tions allant des Dubia pré­sen­tés par les quatre car­di­naux Brandmüller, Burke, Meisner et Caffarra jusqu’à la Correctio filia­lis et l’accusation d’hérésie, en pas­sant par la Profession dans les véri­tés immuables concer­nant le sacre­ment de mariage, émise par Mgr Schneider et deux de ses confrères dans l’épiscopat[15]. L’avant-dernier cha­pitre est consa­cré à Mgr Vigano, qui détient la palme d’or des « fran­çois­phobes »[16] : Yves Chiron entend démon­trer que le Pape François a agi au mieux de ses pos­si­bi­li­tés, pour trai­ter l’affaire McCarrick et que les reproches adres­sés par Mgr Vigano au Saint-​Siège sont outrés. Enfin, le der­nier cha­pitre du livre fait jus­tice des dif­fé­rentes pro­tes­ta­tions pré­sen­tées publi­que­ment au Pape, d’après les­quelles celui-​ci se serait ren­du cou­pable d’avoir gra­ve­ment com­pro­mis la foi catho­lique : le Document sur la Fraternité humaine signé à Abu Dhabi, dénon­cé comme un renie­ment de l’unicité de la vraie reli­gion, serait en réa­li­té dans la conti­nui­té du dia­logue inter­re­li­gieux entre­pris par Paul VI puis Jean-​Paul II à l’issue du concile Vatican II et le Pape a d’ailleurs dis­si­pé, à la demande de Mgr Schneider, l’éventuelle ambi­guï­té de lan­gage qui pou­vait s’y ren­con­trer[17] ; la céré­mo­nie du 4 octobre 2019, pré­cé­dant l’ouverture du Synode ne fut pas un acte d’idolâtrie ren­du à la Pachamama, comme on a vou­lu le faire croire, mais un simple geste pas­to­ral d’inculturation[18] ; le Pape n’a jamais eu l’intention de com­pro­mettre la grande tra­di­tion du céli­bat ecclé­sias­tique[19] ; la remise en cause de Vatican II, lan­cée par Mgr Vigano à l’adresse de tout l’univers catho­lique, ne ren­con­tra qu’un faible écho[20].

5. La conclu­sion du livre, inti­tu­lée « Rupture ou conti­nui­té » applique au pon­ti­fi­cat du Pape François la même grille de lec­ture qu’un Benoît XVI ne ces­sa d’appliquer et de com­man­der d’appliquer au concile Vatican II[21]. Au-​delà d’un « François des médias » ou d’un « para-​François », c’est-à-dire d’un François défi­gu­ré et faus­se­ment inter­pré­té, et en défi­ni­tive tra­hi par des rumeurs jour­na­lis­tiques et des extra­po­la­tions pseudo-​théologiques, il convient de res­ti­tuer le « vrai François », l’authentique François, le « François réel » éclip­sé par le « François vir­tuel ». Et ce que Yves Chiron dénonce comme une « Françoisphobie » s’auto-alimenterait en défi­ni­tive dans l’invention média­tique de ce para-François.

6. Au-​delà d’un rele­vé appa­rem­ment irré­pro­chable, le lec­teur reste tout de même sur sa faim, et ne peut se défendre d’éprouver un malaise, qui, lui, n’a rien de vir­tuel. Car ce livre ne réus­sit pas à nous convaincre. Pour être vrai­ment convain­cantes, et com­plètes, en effet, les réha­bi­li­ta­tions doivent être post­humes et l’adage conserve ici comme ailleurs toute sa force, selon lequel c’est l’Histoire, qui juge, en béné­fi­ciant pour cela du recul du temps. 

7. Ce recul est néces­saire, pour que toutes les pièces du dos­sier finissent par être réunies, sans que l’on puisse encore rai­son­na­ble­ment espé­rer en décou­vrir de nou­velles, qui vien­draient remettre en cause une ana­lyse déjà pro­po­sée, laquelle s’avèrerait dès lors insuf­fi­sante. Yves Chiron atteste d’ailleurs – comme mal­gré lui – cette insuf­fi­sance et ce manque de recul lorsqu’il évoque le cas de Mgr Battista Ricca. Il est avé­ré que ce pré­lat a eu « un mode de vie gra­ve­ment immo­ral »[22], lorsqu’il était conseiller en non­cia­ture à Montevideo, dans les années 1999–2001. Pourtant, le Pape l’a nom­mé par la suite, en 2013, pré­lat de la banque du Vatican, l’IOR, et, ayant eu connais­sance de cette incon­duite pas­sée, l’a main­te­nu dans ce poste. « Mgr Ricca, de retour à Rome, aurait chan­gé de vie et connu une conver­sion »[23]. Est-​il suf­fi­sant, pour exor­ci­ser défi­ni­ti­ve­ment, comme se croit auto­ri­sé à le faire Yves Chiron, le sceptre d’un« lob­by gay au Vatican », de s’appuyer sur un condi­tion­nel aus­si dubi­ta­tif ? Et quand bien même la conver­sion serait avé­rée et sin­cère, le scan­dale demeure, au for externe, et le main­tien dans une fonc­tion aus­si impor­tante eût exi­gé la répa­ra­tion pro­por­tion­née, qui a fait ici cruel­le­ment défaut.

8. Ce recul est encore néces­saire pour que l’historien ne se laisse pas domi­ner par les réac­tions per­son­nelles qu’il pour­rait nour­rir à l’égard d’une actua­li­té trop brû­lante. Henri-​Irénée Marrou ne fit jadis que mettre en évi­dence une idée com­mu­né­ment admise, en fai­sant remar­quer que « l’histoire est insé­pa­rable des his­to­riens »[24]. Et l’historien sera d’autant plus impar­tial et juste, que l’eau aura davan­tage cou­lé sous les ponts de la vie humaine. Le titre même choi­si par Yves Chiron pour son livre tra­hit ce manque de recul, à tra­vers l’agacement qu’il implique. En dépit des déné­ga­tions pré­li­mi­naires de l’auteur, nous sommes bien ici dans le registre, non certes du pané­gy­rique, mais tout de même de la polé­mique – et de l’apologie. Défendre la per­sonne d’un Pape (et pas seule­ment l’Eglise ou la Papauté) atta­qué de son vivant est tou­jours une entre­prise à haut risque.

9. Certes oui, les réseaux sociaux répandent beau­coup de fausses rumeurs, beau­coup d’affirmations inexactes et de juge­ments pré­ci­pi­tés. Mais, en défi­ni­tive, où sont la faus­se­té, l’inexactitude et la pré­ci­pi­ta­tion ? Tout autant chez le Pape lui-​même que sur les réseaux sociaux. Car la désin­vol­ture de François ali­mente régu­liè­re­ment les équi­voques et pro­voque sans cesse des inquié­tudes, voire des sus­pi­cions, qui ne sont pas tou­jours illé­gi­times[25]. Nous vou­lons bien croire qu’un Mgr Vigano passe la mesure et que l’extravagance mani­feste de ses pro­pos entame de plus en plus la cré­di­bi­li­té que l’on pou­vait a prio­ri recon­naître à un ancien nonce. Yves Chiron pour­ra trou­ver ici quelques argu­ments convain­cants pour dénon­cer l’invraisemblance d’un « Pape dic­ta­teur ». Mais Mgr Vigano n’est ni le seul ni le pre­mier à avoir pris posi­tion. Et le car­di­nal Burke ? Et Mgr Schneider ? Et le car­di­nal Sarah ? Leurs réac­tions sont tout de même symp­to­ma­tiques. L’extravagance des pro­pos ne peut plus venir ici à la res­cousse d’un Pape qui serait injus­te­ment calom­nié. Yves Chiron passe très dis­crè­te­ment[26] sur l’initiative prise par le Pape émé­rite Benoît XVI, conjoin­te­ment avec le car­di­nal Sarah et dont le fruit fut la paru­tion en jan­vier 2020 du livre Des Profondeurs de nos cœurs, qui repré­sente sans conteste un plai­doyer en faveur du céli­bat sacer­do­tal[27]. Pourquoi la paru­tion de ce livre ? Il y a là de toute évi­dence l’expression d’une inquié­tude, d’une inquié­tude telle que les pro­pos tenus par le Pape François en faveur de ce céli­bat – et que Yves Chiron met soi­gneu­se­ment en évi­dence – ne suf­fisent pas à la dis­si­per. Pourquoi ? Voilà le genre de ques­tion qui aurait pu, sinon sus­ci­ter une recherche plus appro­fon­die, du moins conduire à nuan­cer la consis­tance et l’impact réels d’une pro­blé­ma­tique « fran­çois­pho­bie ». Quant aux réac­tions d’un Mgr Schneider, elles ne sont que très suc­cinc­te­ment évo­quées dans le tout der­nier cha­pitre du livre, au milieu des outrances de Mgr Vigano, et au terme d’une pros­pec­tion qui est cen­sée avoir déjà plus que suf­fi­sam­ment inno­cen­té le Pape François. Et sur­tout, le scan­dale avé­ré de la Pachamama est édul­co­ré par Yves Chiron avec une désin­vol­ture incom­pré­hen­sible : la pré­sen­ta­tion don­née par Yves Chiron s’inscrit ici en contra­dic­tion avec la réac­tion spon­ta­née du bon sens catho­lique de la majo­ri­té des fidèles ayant encore gar­dé la tête sur les épaules.

10. Il ne nous semble donc pas exa­gé­ré de conclure que le livre d’Yves Chiron ne pré­sente pas le pon­ti­fi­cat actuel sous son vrai jour, et que son ana­lyse reste insuf­fi­sante. Dans le meilleur cas, que prouve-​t-​il en défi­ni­tive ? Que François parle et agit dans la conti­nui­té de ses pré­dé­ces­seurs. Mais cela, nous le savions depuis long­temps[28]. Et cela ne jus­ti­fie nul­le­ment le Pape actuel des prin­ci­paux reproches, rai­son­na­ble­ment fon­dés, qui peuvent lui être adres­sés. Car cette conti­nui­té est celle d’une rup­ture d’avec la Tradition de l’Eglise et d’avec le Magistère anté­rieur à Vatican II. Dire que François ne fait que conti­nuer ses pré­dé­ces­seurs n’équivaut nul­le­ment ici à le dis­cul­per. Indépendamment d’un style qui peut ne pas conve­nir aux sup­por­ters de Benoît XVI, ou de Jean-​Paul II, le Pape actuel ne fait que tirer les mêmes conclu­sions décou­lant des mêmes prin­cipes défen­dus par ses prédécesseurs.

11. Ajoutons aus­si que le livre de Monsieur Chiron reste très super­fi­ciel en ce qu’il n’évoque qua­si­ment pas les graves pro­blèmes doc­tri­naux posés à la conscience des catho­liques par toutes les décla­ra­tions et ini­tia­tives de François, fussent-​elles en conti­nui­té avec le Concile[29]. L’Exhortation Amoris lae­ti­tia, par exemple, intro­duit le prin­cipe du rela­ti­visme pra­tique dans la morale[30] : le n° 303 dit en effet que « une situa­tion qui ne répond pas objec­ti­ve­ment aux exi­gences géné­rales de l’Évangile » et « un com­por­te­ment qui n’atteint pas encore plei­ne­ment l’idéal objec­tif » est, en toute cer­ti­tude morale, « le don de soi que Dieu lui-​même demande ». La « fran­çois­pho­bie » mise en pers­pec­tive par Yves Chiron ne devrait pas occul­ter une autre dimen­sion du pon­ti­fi­cat, autre­ment plus pré­oc­cu­pante, car, cette « pho­bie », s’il en est, n’est que l’excès d’une réac­tion saine, la réac­tion du bon peuple catho­lique mis à mal par la dic­ta­ture, bien réelle, des réformes conci­liaires. Monsieur Chiron ne res­ti­tue ici qu’un aspect très par­tiel – et sélec­tif – de la réa­li­té. L’histoire a connu des situa­tions non pas exac­te­ment sem­blables mais tout de même com­pa­rables à celle que nous connais­sons. Au tout début du sei­zième siècle, un Jérôme Savonarole emprun­tait déjà le ton dont nous retrou­vons aujourd’hui comme l’écho dans la bouche d’un Mgr Vigano. Ton abu­sif, certes. Faudrait-​il pour autant consi-​dérer Alexandre VI Borgia comme un bon Pape ? … Pour être juste, l’appréciation doit être glo­bale et c’est cette glo­ba­li­té qui laisse à dési­rer chez Monsieur Chiron. Celui-​ci enten­dait, nous disait-​il au début de son livre, « mon­trer ce que dit et ce que fait le Pape, et com­ment cer­tains com­men­ta­teurs et cri­tiques déforment ou défi­gurent ses paroles et son ensei­gne­ment » 1. L’ouvrage tient sa pro­messe sur le deuxième point et donne un cer­tain aper­çu du tra­vail de sape des com­men­ta­teurs, encore qu’il ne soit pas exhaus­tif. Mais quant au pre­mier point, il ne donne qu’une vue très par­tielle, voire tron­quée, et en défi­ni­tive trom­peuse, des faits et des dires du Pape.

12. « S’il est une cer­ti­tude bien fon­dée », remar­quait Etienne Gilson, « chez celui qui croit voir ce que d’autres n’ont point vu, c’est que les autres à leur tour voient ce qu’il n’a pas vu lui-​même »[31]. Pareille cer­ti­tude est-​elle bien fon­dée chez Yves Chiron ? Son Françoisphobie nous auto­rise à en douter.

Abbé Jean-​Michel Gleize

Source : Courrier de Rome n°637

Notes de bas de page
  1. Yves Chiron, Françoisphobie, Cerf, 2020.[]
  2. Chiron, p. 9.[]
  3. La réflexion d’Yves Chiron rejoint ici, au moins par­tiel­le­ment, la nôtre, sur l’un des aspects que nous avons ten­té de mettre en évi­dence dans l’article « La foire aux magis­tères », paru dans le numé­ro de novembre-​décembre du Courrier de Rome.[]
  4. Marco Politi, La Solitude de François, P. Rey, 2020, p.- 186, cité par Chiron, p. 339.[]
  5. Chapitre 1, p. 19 et sv.[]
  6. Chapitre 2, p. 27 et sv.[]
  7. Chapitre 3, p. 55 et sv.[]
  8. Chapitre 4, p. 82 et sv.[]
  9. Comme pour Mgr Jozef Wesolowski (p. 95–97) ; Mgr Carlo Alberto Capella (p. 103–105).[]
  10. Rentreraient dans cette caté­go­rie les accu­sa­tions por­tées contre Mgr Battista Ricca (p. 89–90) et Mgr Parra (p. 105–110).[]
  11. Chapitre 5, p. 121 et sv.[]
  12. Chapitre 6, p. 139 et sv.[]
  13. Chapitre 7, p. 183 et sv.[]
  14. Chapitre 8, p. 223 et sv.[]
  15. Chapitre 9, p. 251 et sv.[]
  16. Chapitre 10, p. 279 et sv.[]
  17. Chapitre 11, p. 313–321.[]
  18. Chapitre 11, p. 322–325.[]
  19. Chapitre 11, p. 325–328.[]
  20. Chapitre 11, p. 328–332.[]
  21. On trouve la syn­thèse par­faite de cette démarche dans l’un des der­niers dis­cours du Pape émé­rite, don­né le 14 février 2013, où il est dit entre autres : « Le Concile vir­tuel était plus fort que le Concile réel ».[]
  22. Chiron, p. 89.[]
  23. Chiron, ibi­dem.[]
  24. Henri-​Irénée Marrou, De la Connaissance his­to­rique, Seuil, 1954. C’est le titre du cha­pitre II du livre, p. 51 et sv.[]
  25. A titre de simples échan­tillons, cf. les articles « Propos de table ? » dans le numé­ro de sep­tembre 2017 du Courrier de Rome ; « François et le dogme (I) » dans le numé­ro de février 2019 du Courrier de Rome ; « L’iniquité de François (II) » dans le numé­ro de novembre 2019 du Courrier de Rome ; « Le Pape et la Sainte Vierge » dans le numé­ro de décembre 2019 du Courrier de Rome.[]
  26. Chiron, p. 326–327.[]
  27. Cf. l’article « Le céli­bat sacer­do­tal » paru dans le numé­ro de février 2020 du Courrier de Rome.[]
  28. Cf. l’article « Nul ne peut ser­vir deux maîtres » paru dans le numé­ro de juillet-​août 2016 du Courrier de Rome.[]
  29. Cf. l’article « Un nou­veau Syllabus » paru dans le numé­ro de juillet-​août 2016 du Courrier de Rome ain­si que tout le numé­ro d’octobre 2015 consa­cré à la ques­tion du « magis­tère syno­dal » et de « l’Eglise de l’écoute ». Cf. aus­si l’article « La peine de mort selon François » dans le numé­ro de novembre 2017.[]
  30. Cf. l’article « Quelle gra­dua­li­té ? » paru dans le numé­ro de juillet-​août 2018 du Courrier de Rome[]
  31. Chiron, p. 9.[]

FSSPX

M. l’ab­bé Jean-​Michel Gleize est pro­fes­seur d’a­po­lo­gé­tique, d’ec­clé­sio­lo­gie et de dogme au Séminaire Saint-​Pie X d’Écône. Il est le prin­ci­pal contri­bu­teur du Courrier de Rome. Il a par­ti­ci­pé aux dis­cus­sions doc­tri­nales entre Rome et la FSSPX entre 2009 et 2011.