Dans la Constitution Auctorem fidei (1794), le pape Pie VI a condamné les erreurs jansénistes du Synode de Pistoie. Deux des propositions condamnées sont d’un intérêt particulier pour nous, aujourd’hui.
« Après la consécration le Christ est vraiment, réellement et substantiellement sous les espèces ; alors toute substance du pain et du vin cesse, et seules demeurent les espèces. [Cette proposition] omet totalement de faire mention de la transsubstantiation (…). Cette omission inconsidérée et très suspecte (…) est pernicieuse, elle déroge à l’exposition de la vérité catholique touchant le dogme de la transsubstantiation, et favorise les hérétiques » (DS 2629).
Comparons maintenant la définition de la nouvelle messe donnée dans l’Institutio Generalis Missalis Romani de 1969 [1], et voyons laquelle des deux est la plus catholique !
« La Cène du Seigneur ou messe est la synaxe sacrée ou congrégation du peuple rassemblé dans l’unité, sous la présidence du prêtre, pour célébrer le mémorial du Seigneur » (n°7 : Cena dominica sive Missa est sacra synaxis seu congregatio populi Dei in unum convenientis, sacerdote praeside, ad memoriale Domini celebrandum.).
Dès 1965, le père Bugnini donnait la clef d’interprétation de la révolution liturgique en cours : « l’Eglise a été guidée par l’amour des âmes et le désir de tout faire pour faciliter à nos frères séparés le chemin de l’union, en écartant toute pierre qui pourrait constituer ne serait-ce que l’ombre d’un risque d’achoppement ou de déplaisir » (Osservatore Romano, 19 mars 1965).
« L’intention de Paul VI – déclarait Jean Guitton, le 19 décembre 1993 – (…) était de réformer la liturgie catholique de façon à ce qu’elle coïncide à peu de choses près avec la liturgie protestante, avec la Cène protestante. (…) Je répète que Paul VI a fait tout ce qui était en son pouvoir pour rapprocher la messe catholique – en ignorant le concile de Trente – de la Cène protestante. (…) En d’autres termes, il y a en Paul VI une intention œcuménique d’effacer – ou au moins de corriger, d’atténuer – ce qu’il y a de trop catholique, dans le sens traditionnel, dans la messe, et de rapprocher la messe catholique, je le répète, de la messe calviniste ».
« [Le synode de Pistoie souhaite dans la liturgie] une plus grande simplicité des rites, en la célébrant en langue vulgaire et en la proférant à haute voix. [Cette proposition] est téméraire, offensante pour les oreilles pies, outrageante pour l’Eglise, et favorise les reproches des hérétiques à son sujet » (DS 2633).
Ce vœu des jansénistes – condamné par l’Eglise – correspond à s’y méprendre à la description de la nouvelle messe, chère au cœur du pape régnant. Celui-ci parle avec dédain de la messe de toujours comme du « vetus ordo » et, lorsqu’il la tolère, aspire à ce que, « en célébrant les mystères sacrés selon la forme extraordinaire du rite romain (…), [les prêtres] contribuent, dans la fidélité à la tradition vivante de l’Eglise, à une meilleure compréhension et mise en œuvre du concile Vatican II » (Lettre du Pape François à la Fraternité Saint-Pierre, à l’occasion de son Jubilé d’argent).
Quant à nous, fidèles à la ligne tracée par notre vénéré fondateur Mgr Marcel Lefebvre, nous restons fermement attachés à la messe traditionnelle qui a fait les saints, et rejetons fermement la nouvelle qui est gravement dangereuse pour la foi.
C’est ce que ce numéro de la revue entend expliquer.
Abbé Benoît Wailliez, Supérieur du District de Belgique et des Pays-Bas
Source : Pour qu’Il règne n° 114 de décembre 2013