Un bond de plus de quarante ans en arrière ?

Le motu pro­prio Traditionis cus­todes relance la guerre litur­gique contre la messe tra­di­tion­nelle, mais elle est per­due d’avance.

Depuis 2007 et le Motu pro­prio Summorum pon­ti­fi­cum du Pape Benoît XVI, il pou­vait sem­bler, à un obser­va­teur super­fi­ciel, que la guerre contre la messe tra­di­tion­nelle allait en s’apaisant (ce qui n’est pas notre per­cep­tion, car il y a, der­rière la ques­tion de la litur­gie de la messe, un véri­table pro­blème théo­lo­gique). Mais, en tout cas, la guerre ouverte des années 70 n’avait plus guère de réalité.

Et voi­ci que le Motu pro­prio Traditionis cus­todes du Pape François relance la guerre litur­gique, et avec une vio­lence plu­tôt impré­vue. Ceci, de plus, sous les yeux mêmes du Pape Ratzinger, qui avait sou­hai­té par son docu­ment aller vers un apaisement.

On se retrouve donc au mieux en 1984, avec un indult très res­tric­tif et inter­pré­té avec le maxi­mum de mau­vaise volon­té, dans le désir de main­te­nir la messe en un étroit ghet­to. Et au pire, dans la guerre ouverte qui a pré­cé­dé l’indult de 1984, c’est-à-dire la per­sé­cu­tion sau­vage, le refus achar­né de don­ner la moindre place à cette messe mil­lé­naire, le mépris public à l’égard de tous ceux qui y sont atta­chés, trai­tés d’intégristes, de fon­da­men­ta­listes, de fana­tiques, d’extrémistes, d’immobilistes, d’obscurantistes, de rétro­grades, de rigo­ristes, d’attardés, j’en passe et des meilleures.

Le Pape François veut relan­cer cette guerre, mais en a‑t-​il les moyens ? Lorsque la messe de Paul VI fut pro­mul­guée, il y a un demi-​siècle, le cler­gé fran­çais comp­tait presque 50 000 prêtres, pour 36 000 clo­chers. Cela n’a pas per­mis d’éradiquer la messe tra­di­tion­nelle, qui au contraire au fil des ans a conquis davan­tage d’adeptes. Comment croire sérieu­se­ment qu’avec les 10 000 prêtres dio­cé­sains qui res­tent en France, dont une part de très âgés, il serait pos­sible de la faire disparaître ?

En réa­li­té, cette guerre est per­due d’avance : la messe issue de la Tradition de l’Église va per­du­rer et conti­nuer de gagner des adeptes, mais ce sont les âmes des prêtres et des fidèles qui vont en souf­frir au pre­mier chef, parce que, dans un cer­tain nombre d’endroits, la messe qui sanc­ti­fiait leur âme et leur per­met­tait de rendre un digne culte à Dieu par le sacri­fice de Notre Seigneur Jésus-​Christ sera inter­dite ou persécutée.

Pour notre part, repre­nant une décla­ra­tion pro­phé­tique de Mgr Marcel Lefebvre, notre Fondateur, au cœur des années 70 : 

« sans aucune rébel­lion, aucune amer­tume, aucun res­sen­ti­ment, nous pour­sui­vons notre œuvre (…) sous l’étoile du Magistère de tou­jours, per­sua­dés que nous ne pou­vons rendre un ser­vice plus grand à la sainte Église catho­lique, au Souverain Pontife et aux géné­ra­tions futures. (…). C’est pour­quoi nous nous en tenons fer­me­ment à tout ce qui a été cru et pra­ti­qué dans la foi, les mœurs, le culte, l’enseignement du caté­chisme, la for­ma­tion du prêtre, l’institution de l’Église, par l’Église de toujours ».

Source : Lettre à nos frères prêtres n°91

FSSPX Supérieur du District de France

L’abbé Benoît de Jorna est l’ac­tuel supé­rieur du District de France de la Fraternité Saint Pie X. Il a été aupa­ra­vant le direc­teur du Séminaire Saint Pie X d’Écône.