Une Église ébranlée

Regard rétros­pec­tif sur les dix années de pon­ti­fi­cat de François.

Le pon­ti­fi­cat du Pape François vient de dépas­ser les dix ans, ce qui est déjà une durée hono­rable. Il est donc pos­sible d’y jeter un pre­mier regard rétros­pec­tif, comme nous l’avons fait la fois der­nière sur le pon­ti­fi­cat du Pape Benoît XVI. Précisons pour com­men­cer, afin de cla­ri­fier notre posi­tion, que nous n’avons aucune ani­mo­si­té per­son­nelle à l’encontre du Pape François. Au contraire, il a fait plu­sieurs gestes signi­fi­ca­tifs envers la Fraternité Saint-​Pie X, qui comptent à nos yeux.

Tout le monde recon­naît que le Pape François a un mode de gou­ver­ne­ment très per­son­nel, pas­sa­ble­ment auto­ri­taire, qu’il agit à son gré et de façon sou­vent impré­vi­sible. Le nombre de Motu pro­prio qu’il a déjà pro­mul­gués en est le signe indu­bi­table. Dans l’absolu, bien sûr, on pour­rait dis­cu­ter de cette manière de faire, mais il n’est cer­tai­ne­ment pas le pre­mier Pape à agir de cette manière. En tout cas, ce n’est pas de sa méthode de com­man­de­ment que nous par­le­rons aujourd’hui.

Ce qui nous paraît vrai­ment impor­tant n’est pas com­ment agit le Pape François, mais ce qu’il fait, le conte­nu même de son action. Et là, il faut le dire clai­re­ment, les résul­tats du pon­ti­fi­cat nous semblent plu­tôt catas­tro­phiques. Le Pape François ne cesse de don­ner des coups de bou­toir à des élé­ments struc­tu­rants de l’Église, à des piliers de la vie chré­tienne, et il les ébranle ain­si en pro­fon­deur, lais­sant craindre ou pré­sa­ger leur ruine totale.

Ce n’est pas pré­ci­sé­ment dans l’ordre spé­cu­la­tif, dog­ma­tique, qu’il porte ses attaques. Il ne s’agit pas, semble-​t-​il, d’un domaine qui l’attire et le pas­sionne. Il se concentre plu­tôt sur le domaine pra­tique, de l’action, mais là, il avance à grands pas, dans le mau­vais sens malheureusement.

Il s’est d’abord atta­qué à la morale, un domaine qui avait été, tant bien que mal et en par­tie seule­ment, pré­ser­vé d’une remise en cause sys­té­ma­tique. A tra­vers divers docu­ments et ini­tia­tives, il a ouvert la voie à la satis­fac­tion des reven­di­ca­tions « socié­tales », à savoir l’accès aux sacre­ments des divor­cés rema­riés et des couples homo­sexuels, la recon­nais­sance de la tran­si­den­ti­té, l’accès des femmes aux minis­tères ordon­nés, etc., comme le Synode alle­mand l’a d’ailleurs bien compris.

L’assaut mas­sif et coor­don­né contre la litur­gie tra­di­tion­nelle, dont la célé­bra­tion est pour­tant si modeste et si mar­gi­nale, consti­tue le deuxième étage de la fusée. Il s’agit d’éradiquer tout ce qui rap­pel­le­rait non pas seule­ment l’Église d’avant Vatican II, mais même sim­ple­ment l’Église d’avant François, puisque, après tout, le retour offi­ciel de cette litur­gie antique ne date que de son prédécesseur.

Le Pape François, par son action en ces domaines et en des domaines paral­lèles, va sans aucun doute lais­ser der­rière lui une Église pro­fon­dé­ment ébranlée.

FSSPX Supérieur du District de France

L’abbé Benoît de Jorna est l’ac­tuel supé­rieur du District de France de la Fraternité Saint Pie X. Il a été aupa­ra­vant le direc­teur du Séminaire Saint Pie X d’Écône.