La sainteté de l’Eglise

Quand on parle des fruits de sain­te­té que porte l’Église, on nous oppose tou­jours les scan­dales et les péchés des chré­tiens. Est-​ce de la faute de l’Eglise ?

L’Église est sainte parce qu’elle vient de Dieu et qu’elle conduit à Dieu, ce que l’on peut mon­trer de mul­tiples façons.

L’Église est sainte parce que son fondateur, Jésus-​Christ, est saint

Notre-​Seigneur est Dieu, et en tant que tel, il est la source de toute sain­te­té. En ce sens, on devrait dire « Dieu seul est saint », comme Jésus-​Christ a dit un jour : « Dieu seul est bon »[1]. La bon­té de Dieu est telle que rien sur terre ne peut lui être com­pa­ré, pas même la bon­té du meilleur des hommes. De même la sain­te­té de Dieu est abso­lue, par­faite, immense. Elle est la source et le modèle de toute sain­te­té. Pour une créa­ture, la sain­te­té consiste à res­sem­bler à Dieu, à se rap­pro­cher autant que pos­sible de cet exem­plaire parfait.

Jésus-​Christ est aus­si saint dans sa nature humaine. Son âme humaine, unie hypo­sta­ti­que­ment[2] à sa divi­ni­té, est revê­tue par là-​même d’une sain­te­té unique qu’aucune pure créa­ture ne pour­ra jamais éga­ler ni même appro­cher. Même la plé­ni­tude de grâce de la Sainte Vierge ne peut être com­pa­rée à la plé­ni­tude de grâce de Notre-​Seigneur, plé­ni­tude telle qu’elle ne pou­vait pas croître car il avait l’union la plus intime qui soit avec la divi­ni­té, source de toute sain­te­té. La vie de Notre-​Seigneur est d’ailleurs une mani­fes­ta­tion concrète de cette émi­nente sain­te­té. Toutes les ver­tus brillent d’un éclat incom­pa­rable dans cette vie admi­rable. Il a pris sur lui la fai­blesse de notre nature dans le sens où il a connu la fatigue, la faim, la soif, la tris­tesse. Mais il n’a pas connu le péché et son âme invin­cible a tou­jours domi­né tous les mou­ve­ments de la nature pour faire sans cesse la volon­té de son Père. Ses enne­mis même étaient contraints de le recon­naître, et quand un jour, face à l’opposition des pha­ri­siens, Notre-​Seigneur leur dit : « Qui d’entre vous me convain­cra de péché ? »[3], pas un d’entre eux ne put rele­ver ce for­mi­dable défi.

Qu’il me soit per­mis de rap­pe­ler au pas­sage com­bien il est impor­tant pour notre vie chré­tienne de bien connaître la vie de Notre-​Seigneur. On n’en connait sou­vent que des extraits un peu décou­sus, enten­dus les dimanches à la messe, alors qu’il fau­drait connaître l’ensemble de cette vie héroïque et pou­voir situer cha­cun de ces extraits dans ce grand pano­ra­ma[4]. Rougissons de ce que les gens du monde connaissent sou­vent mieux l’histoire pro­fane de leurs ins­ti­tu­tions que nous ne connais­sons la vie de notre Dieu.

La sain­te­té de Notre-​Seigneur éclate à chaque page de l’Évangile. Mais quand on com­pare cette vie avec celle des autres fon­da­teurs de reli­gions, quel contraste ! Les vies d’un Mahomet, d’un Luther, d’un Henri VIII, sont tout sauf édi­fiantes. Jésus-​Christ a mani­fes­té par la per­fec­tion de sa vie qu’il venait de Dieu. Les autres n’ont par­lé qu’en leur nom, rabais­sant sou­vent leur ensei­gne­ment pour jus­ti­fier leurs pas­sions, ou s’autorisant à s’affranchir des direc­tives qu’ils don­naient aux autres. Comment Dieu pourrait-​il être à l’œuvre dans de telles sectes ? L’Église catho­lique seule peut être fière d’avoir en son fon­da­teur un tel modèle de sainteté.

L’Église est sainte aussi par sa doctrine

Jésus-​Christ, le « Saint de Dieu »[5], a prê­ché une doc­trine sainte, sur­na­tu­relle, divine, puis il a char­gé ses Apôtres et son Église d’en être les témoins et de répandre cette doc­trine par­tout : « Allez dans le monde entier, prê­chez l’Évangile à toute créa­ture. »[6] Cet Évangile est donc divin par son ori­gine, et divin aus­si par son conte­nu. De ce fait, le mys­tère abonde dans la doc­trine catho­lique. Le divin nous dépasse, et la foi catho­lique contient un grand nombre de mys­tères dont l’examen atten­tif montre qu’ils ne contre­disent pas la rai­son, mais la dépassent. « Comme le ciel est éle­vé au-​dessus de la terre, ain­si mes voies sont éle­vées au-​dessus de vos voies et mes pen­sées au-​dessus de vos pen­sées, » dit le Seigneur[7]. Cette doc­trine sainte réclame de notre part l’humilité d’adhérer sans com­prendre tota­le­ment, d’adhérer en fai­sant confiance à la parole divine.

Sur ce plan aus­si, les fausses reli­gions dif­fèrent de la vraie. Face au mys­tère qui le dépasse, l’homme orgueilleux se cabre et veut com­prendre. Alors il en arrive, blas­phème exé­crable, à ne pas croire Dieu et à pen­ser qu’Il se trompe. Ainsi ont fait les juifs en quit­tant Notre-​Seigneur après le dis­cours du pain de vie. Ainsi font les héré­tiques qui rejettent ce qui les heurte plu­tôt que de s’abaisser devant la parole de Dieu. Ainsi font encore ceux qui inventent un sys­tème où tout est acces­sible à l’esprit humain, tout est à sa mesure. Saint Thomas d’Aquin, dans son ana­lyse de la reli­gion musul­mane[8], constate qu’elle n’a rien de sur­na­tu­rel ni dans son ensei­gne­ment, ni dans son mode de pro­pa­ga­tion, ni dans la fin ultime qu’elle pro­pose à l’homme. Sa doc­trine en par­ti­cu­lier a éva­cué tout ce qui dépas­sait la rai­son : la Sainte Trinité, l’Incarnation rédemp­trice, la des­ti­née sur­na­tu­relle. L’homme s’est fait une reli­gion à sa hauteur.

L’Église moderne est éga­le­ment vic­time de ce pen­chant de l’homme à rabais­ser ce qui le dépasse. Ainsi constate-​t-​on aujourd’hui chez des hommes d’Église un dis­cours où il est sur­tout ques­tion de l’homme, de la san­té ou de la pro­tec­tion de la pla­nète. Or la mis­sion de l’Église n’est pas là et les hommes d’Église n’ont pas auto­ri­té spi­ri­tuelle en ces matières. Jésus-​Christ n’est pas venu sur terre pour « révé­ler plei­ne­ment l’homme à lui-​même »[9], mais pour révé­ler Dieu aux hommes. La doc­trine de l’Église est sainte parce qu’elle parle des mys­tères de Dieu.

L’Église est sainte aussi dans sa morale

Non seule­ment elle parle de Dieu, mais elle a pour mis­sion de conduire à Dieu, de haus­ser l’homme au-​dessus de lui-​même pour lui faire repro­duire en lui-​même l’image de Dieu : « Pour vous, soyez par­faits comme votre Père céleste est par­fait. »[10] Dieu seul pou­vait don­ner à l’homme un idéal si élevé.

De ce fait, la morale évan­gé­lique est exi­geante. Le Christ ne l’a d’ailleurs pas dis­si­mu­lé : « Si quelqu’un veut être mon dis­ciple, qu’il se renonce, qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive. »[11] Loin de rabais­ser les exi­gences de la morale pour conten­ter notre ten­dance à la médio­cri­té, le Christ nous invite au contraire à nous dépas­ser et nous en donne l’exemple pour nous y encourager.

À l’inverse, toutes les fausses reli­gions ont ver­sé dans une morale relâ­chée, s’accommodant des tra­vers de l’humanité bles­sée. Il est d’ailleurs frap­pant de voir que les dévia­tions doc­tri­nales sont tou­jours sui­vies, tôt ou tard, de dévia­tions morales. On l’a vu avec le pro­tes­tan­tisme et sa doc­trine de salut par la foi seule. Tirant la conclu­sion de son prin­cipe de l’inutilité des œuvres, Luther a osé écrire : « Pèche for­te­ment, mais crois plus for­te­ment encore. »[12] Et c’est avec ces théo­ries mons­trueuses qu’il pré­ten­dait réfor­mer l’Église ! Aujourd’hui encore, avec l’envahissement de l’hérésie moder­niste, on voit se répandre aus­si les déviances morales les plus graves. Au-​delà du péché lui-​même, on voit sur­tout une ten­ta­tive d’excuser le péché, voire de le jus­ti­fier. L’ordre natu­rel est fou­lé au pied, et on entend le pape prendre la défense des pécheurs non en les exhor­tant à la conver­sion, mais en les inci­tant de fait à res­ter comme ils sont. Cela parait absurde, impos­sible, et pour­tant c’est bien ce qu’il dit : « Je pense au tra­vail qui a été fait au Synode sur la famille pour faire com­prendre que les couples en seconde union ne sont pas déjà condam­nés à l’enfer. »[13] En seconde union, étant sous-​entendu que la pre­mière existe tou­jours, cela signi­fie l’adultère per­ma­nent, et le pape ose défendre cela. Les mal­heu­reux, ras­su­rés ain­si par ces paroles irres­pon­sables, conti­nuent de mar­cher vers leur dam­na­tion éter­nelle. On excuse même aujourd’hui le crime contre nature en disant de ceux qui le com­mettent : « S’ils cherchent Dieu, qui suis-​je pour les juger ? »[14] L’arbre se recon­naît par ses fruits. Cette nou­velle reli­gion cen­trée sur l’homme ne com­prend plus que le péché est une offense à Dieu.

L’Église est sainte également dans le culte

L’Église est sainte éga­le­ment dans le culte qu’elle rend à Dieu, sainte par les sacre­ments qu’elle admi­nistre pour le bien des âmes, sainte par la grâce sanc­ti­fiante qu’elle a reçu pou­voir de ver­ser dans les âmes. La sain­te­té de l’Église éclate d’une façon par­ti­cu­lière dans son culte. Dans l’Ancien Testament, les prêtres offraient à Dieu des fruits de la terre et du tra­vail des hommes, ain­si que des ani­maux. Ces offrandes n’avaient pas d’efficacité par elles-​mêmes, comme le sou­ligne saint Paul, mais plai­saient à Dieu parce qu’elles annon­çaient l’offrande par­faite qu’allait faire Notre-​Seigneur. Il est Lui-​même l’Agneau de Dieu, la vic­time sans tâche immo­lée pour la gloire de Dieu et le salut du monde. Et ce sacri­fice sublime que Notre-​Seigneur a offert sur sa croix, l’Église a reçu du Christ pou­voir de le rendre pré­sent sur nos autels. À la sainte messe, le Sacrifice par­fait est offert à Dieu. Ce culte est saint parce qu’il est tour­né vers Dieu. Sa rai­son d’être est de rendre gloire à Dieu et de ver­ser sur nos âmes les bien­faits de la rédemp­tion pour notre sanctification.

Il faut insis­ter car on touche ici du doigt la pro­fonde erreur de la nou­velle messe. La sainte messe, la vraie messe catho­lique, est « le Sacrifice du Corps et du Sang de Jésus-​Christ qui s’offre lui-​même à Dieu sur nos autels par le minis­tère du prêtre, en mémoire et renou­vel­le­ment du Sacrifice de la Croix. »[15] Le Christ réel­le­ment pré­sent offre son Sacrifice : y a‑t-​il sur terre réa­li­té plus sainte ? Les inven­teurs du Novus Ordo ont défi­ni la nou­velle messe comme étant « le ras­sem­ble­ment du peuple de Dieu qui célèbre, sous la pré­si­dence du prêtre, le mémo­rial du Seigneur. »[16] Quand on voit ces deux défi­ni­tions, force nous est de consta­ter qu’on ne parle pas de la même chose. Or ce qui fait la sain­te­té de la messe catho­lique est absent de la défi­ni­tion du nou­veau rite. Sans être niées expli­ci­te­ment, ces réa­li­tés si saintes sont pas­sées sous silence, pour insis­ter sur le ras­sem­ble­ment du peuple chré­tien. Cette nou­velle messe n’est plus tour­née vers Dieu mais tour­née vers l’homme, comme le mani­feste fort bien le chan­ge­ment de sens des autels. En pré­ten­dant réfor­mer la messe, ils l’ont vidée de sa sub­stance en gom­mant ce qui en fait la sain­te­té. Or l’Église est sainte dans le culte qu’elle rend à Dieu, et ce tré­sor qui lui a été confié, nous devons le défendre jusqu’à ver­ser notre sang s’il le fallait. 

Non seule­ment le culte catho­lique est saint parce qu’il est tour­né vers Dieu et rend gloire à Dieu, mais il est saint aus­si parce qu’il sanc­ti­fie les âmes. Du Sacrifice du Calvaire, que la sainte messe rend pré­sent sur nos autels, découle comme de sa source l’efficacité de tous les autres sacre­ments. Le saint bap­tême régé­nère notre âme, efface le péché ori­gi­nel qui nous avait cou­pés de Dieu et nous rend la vie sur­na­tu­relle. Par le bap­tême, la Sainte Trinité vient habi­ter dans l’âme et l’inonder de sa grâce. C’est pour­quoi le bap­tême est saint, il sanc­ti­fie l’âme en pro­fon­deur et nous rend amis de Dieu. Les autres sacre­ments déve­loppent et font gran­dir cette grâce sanc­ti­fiante appor­tée par le bap­tême. Dieu seul pou­vait don­ner à des élé­ments maté­riels le pou­voir d’être ins­tru­ment pour sanc­ti­fier les âmes. Les fausses reli­gions ne pour­raient pré­tendre à pareil pou­voir car aucun homme au monde ne peut com­mu­ni­quer par lui-​même ce qui n’appartient qu’à Dieu seul : la grâce, la sanc­ti­fi­ca­tion, et ulti­me­ment le ciel. L’Église seule est sainte dans le culte par­fait qu’elle rend à Dieu et dans les moyens de salut qu’elle apporte aux hommes.

L’Église enfin est sainte dans les fruits de sanctification qu’elle porte

L’histoire l’atteste, en dépit des men­songes et des dis­si­mu­la­tions, l’Église a por­té et porte des fruits de sanc­ti­fi­ca­tion, tant au niveau indi­vi­duel qu’au niveau social. Ses plus grands héros ont d’ailleurs méri­té d’être cités en exemple par la cano­ni­sa­tion. L’Église tient à cœur de les célé­brer à l’occasion de leur fête afin de rap­pe­ler à tous que la per­fec­tion que le Christ nous demande est bel et bien pos­sible par la puis­sance de la grâce. Ces glo­rieux saints se ren­contrent dans toutes les condi­tions et tous les états de vie : hommes ou femmes, enfants ou adultes, princes de l’Église ou simples fidèles, reli­gieux et reli­gieuses ou per­sonnes mariées, par­tout dans l’Église on trouve ces exemples qui sont vrai­ment des fruits de l’Église.

Ces fruits de sanc­ti­fi­ca­tion se constatent éga­le­ment dans les socié­tés qui mettent l’Évangile au cœur de leur vie. L’action civi­li­sa­trice de l’Église a été par­ti­cu­liè­re­ment remar­quable dans l’Europe chré­tienne. Démontrer ce point dans un bref article serait une gageure, mais on pour­ra se repor­ter à d’excellents ouvrages comme L’Église au risque de l’histoire[17] dans lequel on voit, preuve à l’appui, que l’Église n’a pas à rou­gir de son action à tra­vers le monde.

Mais quand on parle des fruits de sain­te­té que porte l’Église, on nous oppose tou­jours les scan­dales et les péchés des chré­tiens. L’Église est humaine par les membres qui la com­posent, et divine par son fon­da­teur, sa doc­trine et ses moyens de salut. Étant com­po­sée d’homme, l’Église a hélas à déplo­rer les tra­hi­sons et les aban­dons de cer­tains d’entre eux. Rappelons-​nous que Notre-​Seigneur fut livré par un de ses propres apôtres. Et durant les temps apos­to­liques, saint Paul dut ful­mi­ner l’excommunication contre un chré­tien indigne de la ville de Corinthe. Oui, même dans ces temps de fer­veur pri­mi­tive, cette époque de héros et de mar­tyrs, il y a eu des chré­tiens indignes. Est-​ce de la faute de l’Église ? En sui­vant l’esprit du monde et ses vices, ces hommes-​là sont des scan­dales mais l’Église n’en est pas res­pon­sable. L’Église a tou­jours flé­tri les vices, d’où qu’ils viennent. Même quand les péchés étaient com­mis par les puis­sants de ce monde, elle n’a pas craint de s’y oppo­ser, allant jusqu’à excom­mu­nier des rois et des empe­reurs s’il le fal­lait. Les membres de sa hié­rar­chie ne sont pas épar­gnés s’ils ont fau­té, et sont même trai­tés avec plus de sévé­ri­té car leur posi­tion leur impo­sait un plus grand devoir de droi­ture. Et la socié­té moderne qui ferme les yeux sur tant de choses, qui patauge les pieds dans le sang et pro­page le vice par tant de moyens, cette même socié­té vient repro­cher à l’Église les éga­re­ments de cer­tains de ces membres. Quelle hypo­cri­sie ! En tour­nant le dos à l’enseignement de l’Église, les chré­tiens indignes se sont mon­trés fils du monde, et non fils de l’Église. Quand Judas a tra­hi son Maître, ce n’était pas la faute du Christ, mais bien plu­tôt de celle des pha­ri­siens, et la sienne propre bien entendu.

Au contraire, les fausses reli­gions ne portent pas par elle-​même des fruits de sain­te­té. Qu’on nous montre les héros du pro­tes­tan­tisme, de l’Islam, des sectes diverses et variées qui pul­lulent dans le monde ! Où sont leur fruit de sain­te­té, où est leur action civi­li­sa­trice ? L’Islam a écu­mé la Méditerranée pen­dant plus de mille ans, pra­ti­quant la pira­te­rie et emme­nant en escla­vage des mil­lions de per­sonnes. Le pro­tes­tan­tisme a répan­du dans le monde la pra­tique de l’usure avec toutes ses consé­quences sur les injus­tices sociales et l’esclavage finan­cier. Aujourd’hui encore, quand on voit des atten­tats com­mis au nom d’une reli­gion, ce n’est jamais par des gens qui crient « vive le Christ-​Roi ». Oui, l’Église est sainte par les fruits qu’elle porte. Ses fils fidèles à son ensei­gne­ment se sanc­ti­fient eux-​mêmes et contri­buent à éle­ver la socié­té dans laquelle ils vivent.

En somme, l’Église, notre mère est sainte parce qu’elle vient de Dieu et qu’elle conduit à Dieu. Notre-​Seigneur l’a fon­dée pour qu’elle pro­longe sur terre son œuvre de salut. L’Église est donc Jésus-​Christ conti­nué. Partant, elle est sainte de par son union à son fon­da­teur, sainte parce que sa voix est l’écho de celle de son Seigneur, sainte parce qu’elle conduit ses fils à la sain­te­té. Cette marque carac­té­ris­tique lui est essen­tielle et elle ne la per­dra jamais parce que les portes de l’enfer ne pré­vau­dront pas contre elle. Quant aux pécheurs qui sont en son sein, ils sont comme l’ivraie de la para­bole. Le Seigneur ne veut pas l’arracher avant la fin du monde, et sa pré­sence dans le champ n’est pas la faute du semeur ni n’empêche ce champ de res­ter fer­tile. Ainsi, de même que l’Église nais­sante n’a pas été cor­rom­pue par la tra­hi­son de Judas et le renie­ment de saint Pierre, de même l’Église est et res­te­ra sainte et sanc­ti­fiante mal­gré les infi­dé­li­tés des hommes.

Aimons l’Église notre mère, notam­ment à l’heure où nous la voyons souf­frir de la part de ses fils indignes. Et que notre amour pour l’Église nous pousse pour notre part à rayon­ner sa sain­te­té en défen­dant son culte et en met­tant en pra­tique son enseignement.

Source : Spes uni­ca n°42

Notes de bas de page
  1. Marc X, 18 ; Luc XVIII, 19.[]
  2. L’union hypo­sta­tique désigne l’union qui existe entre la nature divine et la nature humaine du Christ dans l’unique Personne du Fils de Dieu.[]
  3. Jean VIII, 46.[]
  4. On ne sau­rait trop recom­man­der, pour mieux connaître la vie de Jésus-​Christ, l’ouvrage du père Berthe inti­tu­lé Jésus-​Christ, sa vie, sa pas­sion, son­triomphe. L’auteur, grand connais­seur de la Sainte Écriture et de la Terre Sainte, y expose sim­ple­ment les récits évan­gé­liques en les repla­çant dans leur contexte géo­gra­phique et poli­tique, sans entra­ver son récit par les mul­tiples dis­cus­sions d’expert que sus­citent les inter­pré­ta­tions de divers pas­sages. Il en résulte un ouvrage simple à lire et très édi­fiant, et dont la lec­ture est vive­ment conseillée.[]
  5. Marc I, 24 ; Luc IV, 34.[]
  6. Marc XVI, 15.[]
  7. Isaïe LV, 9.[]
  8. Summa contra Gentes, livre I, cha­pitre 6.[]
  9. Jean-​Paul II, ency­clique Redemptor homi­nis §10, 4 mars 1979,[]
  10. Matthieu V, 48.[]
  11. Matthieu XVI, 24.[]
  12. Luther, Lettre à Melanchton, 1er août 1521.[]
  13. Pape François, dis­cours aux jésuites de Pologne à Bratislava, le 12 sep­tembre 2021.[]
  14. Pape François, inter­view don­né le 29 juillet 2013, dans l’avion qui le rame­nait à Rome après les jour­nées mon­diales de la jeu­nesse à Rio.[]
  15. Caté­chisme de saint Pie X, défi­ni­tion de la sainte messe.[]
  16. Novus Ordo Missæ en sa pre­mière publi­ca­tion, Institutio gene­ra­lis n°7. Il est à noter que devant le tol­lé sou­le­vé par cette phrase, les édi­tions sui­vantes du Novus Ordo sup­pri­mèrent cette défi­ni­tion. Le mot n’y était plus, mais la chose demeu­rait : la nou­velle messe est prin­ci­pa­le­ment un ras­sem­ble­ment. Ne plus oser le dire ne change rien à la réa­li­té du fait. Cette dis­si­mu­la­tion est d’ailleurs un aveu sup­plé­men­taire car c’est recon­naître que ce glis­se­ment est injus­ti­fiable au regard de la doc­trine catho­lique de la messe.[]
  17. De Jean Dumont, Éditions de Paris.[]