Croire à l’Église

Le Vatican sous un ciel orageux. Photo : Simon Hurry sur unsplash

Dans un écrit à la mémoire et en l’honneur de l’abbé Victor-​Alain Berto, le Père Calmel rap­pe­lait un point impor­tant concer­nant l’article du Credo, « Je crois à l’Église » ; véri­té à médi­ter dans la tour­mente que l’Église catho­lique tra­verse de nos jours.

On peut croire à l’Église de bien des manières. On peut y croire fai­ble­ment sans jamais avoir pris une conscience claire qu’il existe un lien infran­gible entre l’ap­par­te­nance à l’Église et le salut éter­nel. On peut y croire sans atta­cher l’im­por­tance qui convient à la néces­si­té abso­lue de la hié­rar­chie ecclé­sias­tique. Soit par une incon­sis­tance de pen­sée et de tem­pé­ra­ment qui peut aller du reste sans malice, soit par une légè­re­té qui est déjà sur la pente de la tra­hi­son ; soit par exas­pé­ra­tion devant la médio­cri­té ou la per­ver­si­té de tel ou tel digni­taire ecclé­sias­tique : il arrive à des chré­tiens de mettre entre paren­thèses tout ce qui est de la hié­rar­chie dans l’Église sans aller tou­te­fois, heu­reu­se­ment, jus­qu’à tom­ber dans l’apostasie.

M. l’ab­bé Victor-​Alain Berto (1900–1968). Théologien, ancien direc­teur de la revue La Pensée Catholique.

Or un des traits les plus saillants de la vie inté­rieure de l’Abbé Berto était la vigueur, la pure­té, la logique de sa foi dans l’Église. Il croyait à l’Église exac­te­ment comme il croyait en Jésus-​Christ, au para­dis et à la dam­na­tion éter­nelle. Ce qu’il y avait de trop humain dans les membres de l’Église, y com­pris cer­tains grands per­son­nages, ne lui échap­pait aucu­ne­ment. S’il en par­lait à l’oc­ca­sion avec une liber­té tran­quille c’est qu’il savait, jus­qu’au fond de l’âme, que l’Église ce n’est pas cela ; cela qui, dans les membres de l’Église, relève de la bêtise humaine, des ténèbres de Satan, et non de l’au­to­ri­té et sain­te­té de Jésus-​Christ. De même pour le Souverain Pontife.

Il n’é­tait pas un admi­ra­teur incon­di­tion­nel des Papes. Mais il croyait au Pape et il l’ai­mait pour ce qui, en cet homme unique, appar­tient véri­ta­ble­ment au Vicaire de Jésus-​Christ, demeure impre­nable à toutes les forces de l’Enfer. Cette foi gra­ni­tique était ce qui m’a­vait frap­pé le plus lors de mes pre­mières ren­contres avec le Père. […] Il est un de ceux qui m’au­ront le plus sûre­ment ache­mi­né à com­prendre que si le péché existe dans tous les clercs, sans dis­tinc­tion de leur rang hié­rar­chique, avoir foi dans l’Église consiste à ne pas en faire cas, je veux dire ne mettre en doute à cause de cela aucun des points de la consti­tu­tion hié­rar­chique de l’Église, mais en même temps lut­ter sans mer­ci contre les germes d’er­reur et de mort que tel membre de la hié­rar­chie ferait péné­trer jusque dans le sein de l’Église ; lut­ter sans mer­ci avant tout par la prière et le sacri­fice, mais aus­si, selon nos forces et notre rang, par la pré­di­ca­tion, la contro­verse, l’ex­po­sé direct ; – et l’exer­cice cou­ra­geux de l’au­to­ri­té pour ceux qui en sont les détenteurs.

Source : La Trompette de Saint-​Vincent n° 27

O.P.

Le père Roger-​Thomas Calmel (1914–1975) est un domi­ni­cain fran­çais, phi­lo­sophe tho­miste, qui a appor­té une immense contri­bu­tion à la lutte pour la Tradition catho­lique à tra­vers ses écrits et ses confé­rences. Son influence la plus impor­tante fût auprès des sœurs domi­ni­caines ensei­gnantes de Brignoles et de Fanjeaux.