Dans un écrit à la mémoire et en l’honneur de l’abbé Victor-Alain Berto, le Père Calmel rappelait un point important concernant l’article du Credo, « Je crois à l’Église » ; vérité à méditer dans la tourmente que l’Église catholique traverse de nos jours.
On peut croire à l’Église de bien des manières. On peut y croire faiblement sans jamais avoir pris une conscience claire qu’il existe un lien infrangible entre l’appartenance à l’Église et le salut éternel. On peut y croire sans attacher l’importance qui convient à la nécessité absolue de la hiérarchie ecclésiastique. Soit par une inconsistance de pensée et de tempérament qui peut aller du reste sans malice, soit par une légèreté qui est déjà sur la pente de la trahison ; soit par exaspération devant la médiocrité ou la perversité de tel ou tel dignitaire ecclésiastique : il arrive à des chrétiens de mettre entre parenthèses tout ce qui est de la hiérarchie dans l’Église sans aller toutefois, heureusement, jusqu’à tomber dans l’apostasie.
Or un des traits les plus saillants de la vie intérieure de l’Abbé Berto était la vigueur, la pureté, la logique de sa foi dans l’Église. Il croyait à l’Église exactement comme il croyait en Jésus-Christ, au paradis et à la damnation éternelle. Ce qu’il y avait de trop humain dans les membres de l’Église, y compris certains grands personnages, ne lui échappait aucunement. S’il en parlait à l’occasion avec une liberté tranquille c’est qu’il savait, jusqu’au fond de l’âme, que l’Église ce n’est pas cela ; cela qui, dans les membres de l’Église, relève de la bêtise humaine, des ténèbres de Satan, et non de l’autorité et sainteté de Jésus-Christ. De même pour le Souverain Pontife.
Il n’était pas un admirateur inconditionnel des Papes. Mais il croyait au Pape et il l’aimait pour ce qui, en cet homme unique, appartient véritablement au Vicaire de Jésus-Christ, demeure imprenable à toutes les forces de l’Enfer. Cette foi granitique était ce qui m’avait frappé le plus lors de mes premières rencontres avec le Père. […] Il est un de ceux qui m’auront le plus sûrement acheminé à comprendre que si le péché existe dans tous les clercs, sans distinction de leur rang hiérarchique, avoir foi dans l’Église consiste à ne pas en faire cas, je veux dire ne mettre en doute à cause de cela aucun des points de la constitution hiérarchique de l’Église, mais en même temps lutter sans merci contre les germes d’erreur et de mort que tel membre de la hiérarchie ferait pénétrer jusque dans le sein de l’Église ; lutter sans merci avant tout par la prière et le sacrifice, mais aussi, selon nos forces et notre rang, par la prédication, la controverse, l’exposé direct ; – et l’exercice courageux de l’autorité pour ceux qui en sont les détenteurs.
Source : La Trompette de Saint-Vincent n° 27