Sermon de M. l’abbé Bétin pour le pèlerinage du Christ-​Roi à Lourdes

Sermon écrit

† Au nom du Père et du Fils et du Saint-​Esprit, ain­si soit-il.

Monsieur le Supérieur, chers confrères, chers reli­gieux, chères reli­gieuses, chers fidèles,

Quatre ans s’étaient écou­lés depuis la pro­cla­ma­tion du dogme de l’Immaculée Conception quand la Sainte Vierge appa­rut plu­sieurs fois dans cette grotte, au bord du Gave, à une pauvre et pieuse jeune fille, Bernadette. La Très Sainte Vierge avait un visage sublime, aux yeux bleus ; elle était vêtue d’une robe blanche, d’un man­teau blanc avec une cein­ture bleue, et elle avait une rose d’or sur ses pieds.

Le 11 février 1858 eut lieu la pre­mière appa­ri­tion. La Très Sainte Vierge ne dit rien, elle fit un sou­rire à Bernadette et elle lui fit signe d’avancer. Alors Bernadette prit son cha­pe­let, et la Belle Dame exhor­ta l’enfant à faire pieu­se­ment le signe de la croix et à réci­ter sa prière. Et elle-​même prit dans ses mains le rosaire qui pen­dait à son bras.

Les appa­ri­tions se sui­virent, et à chaque fois que Bernadette pro­non­çait dans sa prière le nom de Dieu, ou le nom de Jésus, le visage de Notre-​Dame s’illuminait mer­veilleu­se­ment tan­dis qu’elle incli­nait la tête.

Mes chers fidèles, lorsque nous reli­sons l’histoire de Lourdes, nous sommes frap­pés, nous sommes impres­sion­nés par la par­faite cor­res­pon­dance avec ce que nous lisons au sujet de notre Mère du Ciel dans les Evangiles, ou ce que nous ne lisons pas mais que nous comprenons.

Nous venons d’entendre dans l’épître : « J’ai été créée dès le com­men­ce­ment et avant les siècles, et je ne ces­se­rai point d’être dans la suite des âges et j’exercerai devant lui mon minis­tère dans la Maison sainte. »

Notre-​Dame n’a que trois ans, Joachim son père et Anne sa mère la pré­sen­tèrent au Temple pour y être éle­vée à l’ombre du Tabernacle. Et sans que le monde en parle, sans même qu’Israël ne s’en aper­çoive, le Ciel la regarde. Elle est celle que Dieu a fait naître. Elle est la gloire d’Israël, elle est l’Immaculée, c’est le plus doux regard de Dieu sur la terre. Il la pro­tège dès sa nais­sance, il l’anime de son Esprit, il l’entretient de sa Parole. L’âme de la Sainte Vierge est un dia­mant très pur. Elle est l’Immaculée.

Les Evangiles ne nous rap­portent d’elle que sept paroles. Deux fois, elle par­le­ra à l’ange le jour de l’Annonciation. Deux fois elle par­le­ra à Elisabeth le jour de la Visitation. Deux fois encore à son divin Fils et une der­nière fois aux noces de Cana.

Nous la voyons tel­le­ment belle, tel­le­ment dis­crète, lorsqu’il s’agit de par­ler d’elle ou de la terre. « Comment cela se fera-​t-​il ?… Ils n’ont plus de vin… »

Mais voi­ci que son Cœur se dilate dans la louange et l’action de grâces lorsqu’elle parle à Dieu ou lorsqu’elle parle de Dieu : « Mon âme magni­fie le Seigneur et mon esprit exulte dans le Dieu de mon Sauveur. »

Ce n’est plus avec les hommes qu’elle s’entretient, mais c’est avec Dieu. La soli­tude de Notre-​Dame est si occu­pée, sa contem­pla­tion est si éle­vée, sa conver­sa­tion est si céleste que les anges l’admirent. Humilité, dis­cré­tion… nous la voyons toute orien­tée, toute pré­oc­cu­pée par la gloire et la bon­té de Dieu. Je vous salue, pleine de grâces… C’est la pre­mière parole que l’ange dira : « Je vous salue, pleine de grâces… »

A Lourdes, chers fidèles, ici, il ne s’agit plus des noces de Cana. C’est le ban­quet du Ciel, ce sont les noces éter­nelles aux­quelles nous sommes conviés. Là où elle appa­raît, là encore le regard de Dieu l’enveloppe, et par elle, ce regard visite notre terre .

Et nous voyons Notre-​Dame prendre pour elle notre confu­sion et nos demandes. A quelle pro­fon­deur la bon­té de Dieu n’a‑t-elle pas péné­tré ses entrailles, où cette même bon­té a repo­sé neuf mois.

Marie, notre Mère, notre Dame, Marie est une fon­taine de ten­dresse, comme cette eau pure et tel­le­ment sainte coule de cette roche. « Fils, voi­ci ta Mère. » Pureté, humi­li­té, bon­té, aucune pure­té ne peut se com­pa­rer à celle de Notre-​Dame, elle est le sanc­tuaire de l’Esprit-Saint.

Et que dire de son humi­li­té ? Mais sa misé­ri­corde nous touche davan­tage. Jamais on ne l’invoque en vain. Et sa bon­té n’a pas de limite, ni dans le temps ni dans l’espace.

Sa vie sur terre, chers fidèles, avait été silen­cieuse, elle avait été tel­le­ment tour­née vers Dieu, mais voi­ci que du Ciel elle vient par­ler à Bernadette.

C’est à la troi­sième appa­ri­tion, le 18 février, que Bernadette va entendre pour la pre­mière fois la voix de l’Immaculée : « Ce que j’ai à vous dire, il n’est pas néces­saire de le mettre par écrit. Voulez-​vous avoir la bon­té de reve­nir ici pen­dant quinze jours ? »

Chers fidèles, cela semble tel­le­ment simple, cela nous semble tel­le­ment proche. Elle est notre Mère. Elle est là. Au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit.

Abbé Vincent Bétin, prêtre de la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X

Sources : La Porte Latine /​Transcription FSSPX-Suresnes