Au-​delà de la politesse : l’accueil des nouveaux paroissiens et la charité fraternelle

Sortie de messe. Crédits photo : Pascal Deloche / Godong.

Loin d’être une simple for­ma­li­té ou un acte de poli­tesse, accueillir les nou­veaux est un geste pro­fon­dé­ment chré­tien qui nous sanc­ti­fie et nous aide les uns les autres à per­sé­vé­rer dans notre vie chrétienne.

L’arrivée d’un nou­veau visage dans notre paroisse n’est pas quelque chose d’inhabituel. Et cela est heu­reux. Mais pour la per­sonne qui vient dans notre église pour la pre­mière fois, c’est un moment pré­cieux, mélan­gé d’es­poir et d’ap­pré­hen­sion. Pour cha­cun d’entre nous, cela doit être une invi­ta­tion à s’oublier, à sor­tir de sa rou­tine pour faire une place à celui qui arrive. Il y a là un appel à la cha­ri­té concrète, une occa­sion de mettre en pra­tique les com­man­de­ments de Notre ‑Seigneur Jésus-​Christ. Loin d’être une simple for­ma­li­té ou un acte de poli­tesse, accueillir les nou­veaux est un geste pro­fon­dé­ment chré­tien qui nous sanc­ti­fie et nous aide les uns les autres à per­sé­vé­rer dans notre vie chrétienne.

Un acte de charité contre l’égoïsme

Il y a un piège dans toute rou­tine. Nous avons nos habi­tudes, y com­pris dans la paroisse et à la messe domi­ni­cale. Et cela peut par­fois nous enfer­mer dans un cercle de connais­sances, où nous nous sen­tons à l’aise, recon­nu et en sécu­ri­té. Nous sommes ten­tés de ne par­ler qu’à ceux que nous connais­sons, de res­ter dans une sorte de cercle de confort. Pourtant, l’Évangile nous appelle à plus. En effet, Jésus-​Christ ne s’est pas limi­té à ses dis­ciples, il est allé à la ren­contre de tous, des Juifs, des païens, des pécheurs, des malades, des étran­gers. En sachant faire atten­tion aux nou­veaux arri­vants et en les accueillant, nous imi­tons le Christ.

Cet accueil est ain­si l’occasion de lut­ter concrè­te­ment contre notre propre égoïsme, qui nous pousse à nous pré­oc­cu­per uni­que­ment de nos propres inté­rêts et de notre petit groupe. Il empêche le mou­ve­ment de la cha­ri­té et le don de soi. Au contraire, saint Pierre nous exhorte d’avoir une cha­ri­té per­sé­vé­rante : « Exercez entre vous l’hospitalité sans mur­mu­rer. Que cha­cun mette au ser­vice des autres le don spi­ri­tuel qu’il a reçu, comme doivent faire de bons dis­pen­sa­teurs de la grâce de Dieu [1]. » Et saint Jean ren­ché­rit : « A ceci nous avons connu l’amour de Dieu : c’est qu’il a don­né sa vie pour nous ; et nous devons aus­si don­ner notre vie pour nos frères. Si quelqu’un pos­sède les biens de ce monde, et que, voyant son frère dans le besoin, il lui ferme ses entrailles, com­ment l’amour de Dieu demeure-​t-​il en lui ? Mes petits enfants, n’aimons pas en paroles ni avec la langue, mais par les actes et en véri­té. » [2]. Par amour sur­na­tu­rel de Dieu, lorsque nous ten­dons la main à un nou­vel arri­vant, ou lorsque nous lui offrons un sou­rire ou un mot de bien­ve­nue, nous lais­sons la cha­ri­té prendre la place de notre indi­vi­dua­lisme. Nous ne pen­sons plus à notre confort per­son­nel, mais au bien de l’autre. Salutaire ascèse !

Un soutien fraternel pour la persévérance

L’Église est un corps, une socié­té, et chaque membre a besoin des autres pour vivre et se per­fec­tion­ner. Un parois­sien qui reste seul est comme une étin­celle iso­lée : elle risque de s’é­teindre. Ainsi, c’est une épreuve redou­table sur le che­min de la vie chré­tienne que la soli­tude. Au contraire, le sou­tien mutuel, l’aide réci­proque que l’on peut se pro­cu­rer, les atten­tions bien­veillantes d’une dis­cus­sion cha­ri­table, tout cela peut ravi­ver et inten­si­fier la flamme de la foi.

Une per­sonne qui arrive dans une nou­velle paroisse, pour des rai­sons de démé­na­ge­ment ou de retour à la foi, peut se sen­tir per­due ou décou­ra­gée si elle ne ren­contre per­sonne. Les dif­fi­cul­tés de la vie, les doutes ou les ten­ta­tions peuvent alors deve­nir des mon­tagnes insur­mon­tables sans le sou­tien cha­ri­table du pro­chain. En l’ac­cueillant, nous lui offrons le sou­tien spi­ri­tuel et humain indis­pen­sable. En quelque sorte nous deve­nons les mains et le cœur du Christ pour elle : 

En véri­té, je vous le dis, toutes les fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits d’entre mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.

Matthieu 25, 40

Accueillir les nou­veaux, c’est pré­ci­sé­ment cela : sor­tir de notre zone de confort pour offrir le sou­tien et la cha­ri­té dont notre pro­chain a besoin pour persévérer.

Une aide précieuse pour la découverte de la foi et de la liturgie

Parmi les nou­veaux visages qui fran­chissent les portes de nos églises, cer­tains sont des cher­cheurs de Dieu qui décou­vrent la foi ou la litur­gie. Attirés par la beau­té du rite, par la paix du lieu, ils peuvent néan­moins se sen­tir étran­gers, ne com­pre­nant pas tou­jours les gestes, les chants ou les silences. Il faut alors avoir la sim­pli­ci­té d’aller vers eux, de leur pro­po­ser une expli­ca­tion, leur mon­trer les pas­sages du mis­sel. C’est leur per­mettre de faire un pas de plus vers la pleine connais­sance du Christ-​Jésus. Et n’est-ce pas l’évangélisation dont tout chré­tien est capable ? Nous trans­met­tons ain­si, à notre tour, l’héritage pré­cieux de la foi catho­lique que nous avons reçu.

Et remar­quons que ce bien­fait est réci­proque. En pre­nant le temps d’aider quelqu’un à com­prendre le dérou­le­ment de la messe, ou les rai­sons des rites tra­di­tion­nels, les sym­boles et les prières, nous l’aidons à mieux suivre la litur­gie et à s’y inté­grer. Mais, en même temps, nous appro­fon­dis­sons notre foi et nous avons l’occasion de poser un acte de cha­ri­té. Il y a là un enri­chis­se­ment mutuel, celui pré­ci­sé­ment qui est vou­lu par le Bon Dieu qui nous a créé pour vivre en socié­té, nous aidant les uns les autres.

Sortir de sa zone de confort pour sanctifier le dimanche

L’accueil des nou­veaux parois­siens ne devrait pas être l’a­pa­nage de quelques-​uns, mais la res­pon­sa­bi­li­té de tous. C’est un appel à cha­cun de nous à sor­tir de notre zone de confort, à dépas­ser notre timi­di­té ou nos habi­tudes. Cela demande un cer­tain déta­che­ment de soi, une sim­pli­ci­té et une géné­ro­si­té de l’âme qui nous per­mettent de ne pas nous conten­ter de notre propre sort, mais de nous sou­cier des autres.

En fai­sant cela, nous pro­lon­geons la grâce de la messe du dimanche. Sanctifier le dimanche ne se limite pas à assis­ter à la messe, mais demande de vivre plei­ne­ment toutes les ver­tus chrétiennes.

Plus qu’une simple cour­toi­sie, l’ac­cueil des nou­veaux parois­siens est bien un acte de foi et de cha­ri­té qui nous sanc­ti­fie, nous per­met de gran­dir en ver­tu et d’ai­der les autres à per­sé­vé­rer dans leur vie chré­tienne. Quelle belle et simple manière d’être de véri­tables dis­ciples du Christ !

Source : Le Seignadou, sep­tembre 2025. 

Notes de bas de page
  1. 1 Pierre 4, 9–10[]
  2. 1 Jean 3,16–18[]