Cantonniers du Christ !

Crédit photo : Pascal Deloche / Godong.

Durant le Temps de l’Avent, l’Église nous fait écou­ter Saint Jean-​Baptiste pour que le Jour de Noël, nous accueil­lions avec amour la venue de Jésus.

« Saint Jean-​Baptiste est appe­lé la voix, parce qu’il était le Précurseur du Verbe », enseigne saint Jean Chrysostome. Que nous dit cette voix ? Préparez le che­min du Seigneur, apla­nis­sez ses sen­tiers. Toute val­lée sera com­blée, toute mon­tagne et col­line seront abais­sées ; les che­mins tor­tueux devien­dront droits, et les rabo­teux unis. Et toute chair ver­ra le salut de Dieu (Luc, III, 4–6).

C’est à une œuvre, spi­ri­tuel­le­ment par­lant, de « can­ton­nier » que nous sommes appe­lés. Les grâces de la Nativité seront à la mesure de ce tra­vail durant l’Avent. Pour que Jésus vienne à nous il faut apla­nir les sen­tiers de notre âme. Combler les val­lées, ces creux et bas dans notre vie chré­tienne que sont la tié­deur, le décou­ra­ge­ment, la mes­qui­ne­rie, l’absence de bonnes œuvres. Abaisser nos mon­tagnes ou col­lines, ces édi­cules, mon­ti­cules, ridi­cules, de la vani­té, l’orgueil, la suf­fi­sance. Redresser les che­mins tor­tueux, puri­fier notre regard, évi­ter ce stra­bisme incon­for­table : un œil sur notre ego, le monde et ses sirènes et l’autre sur Dieu et sa Loi sainte. Ce n’est pas en sla­lo­mant, mais « comme un bou­let de canon qu’il faut aller vers le Ciel », dit le Curé d’Ars. Unir les che­mins rabo­teux, pra­ti­quer la dou­ceur, la bien­veillance envers le pro­chain, spé­cia­le­ment en famille.

« Préparez donc par une vie sainte la voie au Seigneur dans votre cœur, redres­sez le sen­tier de votre vie par l’excellence et la per­fec­tion de vos œuvres, afin que la parole de Dieu puisse péné­trer en vous sans obs­tacle » (Origène).

« Les che­mins tor­tueux deviennent droits lorsque les cœurs des méchants, que l’iniquité avait ren­dus tor­tueux, rentrent dans la droi­ture de la jus­tice, et les che­mins rabo­teux deviennent unis, lorsque les âmes iras­cibles et vio­lentes reviennent à la béni­gni­té de la dou­ceur par l’infusion de la grâce céleste », nous dit saint Grégoire.

Que la pers­pec­tive de ces coups de pioches et de pelles dans notre vie ne nous décou­rage pas, car la rédemp­tion de Notre Seigneur a consi­dé­ra­ble­ment faci­li­té l’œuvre de notre salut. En effet, « si, autre­fois le che­min de la ver­tu était dif­fi­cile à par­cou­rir, parce que les âmes étaient comme appe­san­ties sous le poids des plai­sirs sen­suels, aus­si­tôt qu’un Dieu fait homme eut expié le péché dans sa chair (Rom. VIII), toutes les voies furent apla­nies, aucune val­lée ne fit obs­tacle à ceux qui vou­laient avan­cer », écrit saint Cyrille.

Notons : « à ceux qui veulent avan­cer », sanc­ti­fier véri­ta­ble­ment le temps de l’Avent ; Notre Seigneur ne nous sau­ve­ra pas sans nous ; nous devons avan­cer. De pieux dési­rs, de vaines vel­léi­tés, la pré­pa­ra­tion d’un Noël mon­dain, celui des super­mar­chés, nous pri­ve­ront du sou­rire de l’Enfant-Dieu. La paix de la Nativité est réser­vée aux hommes ani­més d’une bonne volon­té, aimante et agis­sante. Un temps de prière quo­ti­dien, la réci­ta­tion du cha­pe­let, si pos­sible en famille, quelques péni­tences, une bonne confes­sion, des réso­lu­tions tenues, nous condui­ront, le cœur joyeux comme celui des ber­gers de Bethléem, à la Messe de Noël. Et nous rece­vrons dans notre âme émer­veillée l’Enfant que Marie por­ta dans ses bras. Un bon réveillon, les cadeaux, feront alors vrai­ment par­tie de Noël, qui ne sera pas un pré­texte com­mer­cial ou fes­tif, mais lumière et paix du christianisme.

Dans quatre semaines, Notre Dame va mettre au monde Celui qui s’est dési­gné comme la VOIE, le che­min par­fait du salut éter­nel. Cette voie n’est pas une auto­route, c’est le che­min de la Croix, celui de la vie chré­tienne où se côtoient et se nour­rissent mutuel­le­ment joie et renoncement.

Préparons une jolie crèche dans notre mai­son, mais aus­si celle de notre âme pour que l’Enfant-Jésus y accède facilement.