Le smartphone du temps de l’Avent

Quel effort allons-​nous offrir à l’Enfant-Jésus pour que nos cœurs soient prêts, le 24 décembre, à accueillir le Messie ?

L’heure est venue de sor­tir de notre som­meil ! Une nou­velle année litur­gique com­mence avec le temps de l’Avent. C’est un temps de péni­tence qui a pour but de nous pré­pa­rer à la grâce de Noël, de la nati­vi­té de notre Sauveur. C’est un temps où tout chré­tien fait des sacri­fices. Quels sacri­fices allons-​nous faire pen­dant ce temps de l’Avent ? Quel effort allons-​nous offrir à l’Enfant-Jésus pour que nos cœurs soient prêts, le 24 décembre, à accueillir le Messie ?

Voici une idée de sacri­fice : faire un usage rai­son­nable, modé­ré et limi­té du télé­phone por­table. Autrement dit, n’utiliser son smart­phone que lorsque c’est requis pour le devoir d’état, et c’est tout. Le reste du temps, le poser loin ou l’éteindre.

Addict ?

Certains diront peut-​être : c’est trop dif­fi­cile comme péni­tence. Je n’y arri­ve­rai jamais. Je suis tel­le­ment accro, addict, dépen­dant, que je ne peux pas m’en passer.

Justement, c’est une rai­son de plus pour prendre cette réso­lu­tion. Quand on est dro­gué, il faut faire une cure de dés­in­toxi­ca­tion en dimi­nuant pro­gres­si­ve­ment les doses. De même, quand la drogue s’appelle smart­phone, il faut apprendre, petit à petit, à s’en ser­vir au minimum.

Une telle réso­lu­tion est très oppor­tune parce que le smart­phone uti­li­sé avec excès conduit à com­mettre de très nom­breux péchés.

D’abord, il y a la perte de temps. Le temps ne nous est pas don­né par Dieu, il nous est seule­ment prê­té. Nous n’avons pas le droit d’en faire un mau­vais usage. À notre der­nière heure, le Souverain Juge nous deman­de­ra : « Comment as-​tu uti­li­sé le temps sur cette terre ? » Nous devrons rendre compte de chaque minute per­due à regar­der des futi­li­tés sur les écrans. Il est pos­sible que Dieu nous dise : « Tu feras autant de temps de pur­ga­toire que tu as per­du du temps sur ton télé­phone ». Or, il y a des gens qui perdent en moyenne deux heures par jour à regar­der des bêtises. Sur une période de 30 ou 40 ans, la perte de temps cumu­lée est colos­sale ! Et pen­dant ce temps-​là, nous ne prions pas, nous ne lisons pas et nous négli­geons notre devoir d’état.

Nous devrons rendre compte de chaque minute per­due à regar­der des futi­li­tés sur les écrans. Il est pos­sible que Dieu nous dise : « Tu feras autant de temps de pur­ga­toire que tu as per­du du temps sur ton téléphone ».

Après la perte de temps, il y a l’esprit du monde qui rem­plit notre cœur. Souvent, le temps pas­sé sur le télé­phone n’élève pas l’âme, parce que ce que nous regar­dons est de bas niveau. Certaines vidéos, cer­tains articles, cer­taines séries, ne méritent pas d’être regar­dés par un chré­tien. Ça me détend, répondent cer­tains ! Quand je rentre du tra­vail et que je suis fati­gué, je regarde des bêtises et ça me repose ! Pourtant, cer­taines détentes sont indignes d’un catho­lique. Notre-​Seigneur est mort sur la croix pour sau­ver nos âmes. Nous n’avons pas le droit de salir ces mêmes âmes et de les conta­mi­ner au contact d’une men­ta­li­té païenne. En regar­dant ces bêtises, l’âme s’avilit, s’affaiblit, s’attiédit et finit par ne plus se rendre compte que ce qu’elle fait offense le bon Dieu. Certes, il faut se détendre. Tout être humain a besoin de se repo­ser et de se chan­ger les idées. Mais un catho­lique n’a pas le droit de se détendre comme si Dieu n’existait pas. Il y a des acti­vi­tés spor­tives, musi­cales, cultu­relles, qui sont légi­times et reposent notre esprit chré­tien­ne­ment. Se repo­ser avec un smart­phone, c’est une ten­ta­tion diabolique.

En outre, l’es­prit satu­ré d’i­mages, de sons et d’in­for­ma­tion se trouve englué lorsque vient le moment de réflé­chir ou de prier.

Chez cer­tains, l’addiction est telle qu’ils ne peuvent pas s’empêcher d’utiliser leur smart­phone même pen­dant les repas, tout en man­geant ; ou bien la nuit dans leur lit, au lieu de dor­mir. D’autres vont jusqu’à le regar­der dans l’église, pen­dant la messe, ce qui est un manque de res­pect envers le bon Dieu.

Il y aurait beau­coup à dire, en plus, de l’impureté si faci­le­ment acces­sible avec un smart­phone. Combien d’âmes ont été tuées, com­bien d’imaginations ont été salies pour tou­jours, com­bien d’innocences ont été per­dues, com­bien de chas­te­tés ont été détruites, à cause de cet ins­tru­ment ? Le démon se réjouit et se féli­cite de ces exploits. Lucifer constate avec satis­fac­tion que, grâce aux télé­phones, l’enfer se rem­plit encore plus vite qu’avant.

Satan n’a pas de smart­phone. Il n’en veut pas, parce qu’il n’a pas de temps à perdre.

Satan n’a pas de smart­phone. Il n’en veut pas, parce qu’il n’a pas de temps à perdre. Son emploi du temps est char­gé. Il dépense toute son éner­gie pour que les gens passent du temps sur leur télé­phone. Il constate que, par cet escla­vage des écrans, il impose sa domi­na­tion infer­nale sur le monde. Et il se frotte les mains actuel­le­ment, parce que sa méthode fonc­tionne très bien et porte des fruits abon­dants. Aujourd’hui, beau­coup de gens sont en train de brû­ler pour tou­jours dans le feu de l’enfer à cause de leur smartphone.

Si la sainte Vierge Marie vivait à notre époque, com­bien d’heures passerait-​elle chaque jour sur son téléphone ?

Si la sainte Vierge Marie vivait à notre époque, com­bien d’heures passerait-​elle chaque jour sur son télé­phone ? Irait-​elle sur YouTube regar­der des vidéos stupides ?

Le plus triste, c’est de voir que même les enfants sont tou­chés par ce fléau. Plusieurs études euro­péennes et amé­ri­caines montrent que cer­tains jeunes de 12 ou 13 ans sont deve­nus accros à l’impureté parce que leurs parents, avec une folle naï­ve­té, leur ont don­né un smart­phone, comme s’il était pos­sible, à cet âge, d’en faire un usage rai­son­nable. Ce sont des cri­mi­nels, les parents qui donnent à leurs enfants de tels ins­tru­ments sans pou­voir en contrô­ler le conte­nu. La curio­si­té mal­saine existe même chez les enfants de 8 ans. Voilà donc une bonne réso­lu­tion à prendre éner­gi­que­ment pour ce temps de l’avent : ne se ser­vir du smart­phone qu’en cas de vrai besoin, et jamais pour se détendre. C’est là un sacri­fice très méri­toire, qui plai­ra beau­coup au bon Dieu. Alors, pen­dant la nuit de Noël, notre âme sera prête à rece­voir l’Enfant Jésus et à être com­blée de ses grâces.

FSSPX

M. l’ab­bé Bernard de Lacoste est direc­teur du Séminaire International Saint Pie X d’Écône (Suisse). Il est éga­le­ment le direc­teur du Courrier de Rome.