L’adoration

Cher frère, Chère sœur,
Des quatre principaux devoirs envers Dieu, l’adoration est le premier ; il précède l’action de grâces, l’expiation et la supplication : « vous adorerez le Seigneur votre Dieu et vous L’aimerez plus que tout » [1] « et vous ne servirez que Lui seul » [2]. L’adoration est l’honneur spécial dû à Dieu en raison de son infinie grandeur et de la soumission que nous Lui devons comme créatures : « C’est, dit Bossuet, une reconnaissance en Dieu de la plus haute souveraineté et en nous de la plus profonde dépendance. » [3]
Elle est l’acte de la vertu de religion qui consiste à rendre à Dieu honneur et respect. Dieu seul doit être adoré. Cette adoration couvre plusieurs aspects :
Nous adorons la Trinité tout entière, puisque les trois personnes divines sont infinies et égales en toutes choses[4]. Nous adorons Dieu, source et principe de notre être, perfection et fin de notre être. Nous adorons toutes les perfections de Dieu, infinies comme Lui. Nous les distinguons pour mieux les connaître, mais, à proprement parler, Dieu est Lui-même sa propre perfection. Quatre contiennent la vie intérieure de Dieu : infinité, immensité, immutabilité, éternité ; quatre autres n’ont pas encore de rapport nécessaire avec les créatures : toute-puissance, sagesse, perfection, sainteté ; six fondent nos rapports avec Lui, en raison de la création : bonté, souveraineté, providence, miséricorde, justice, fin.
Le Nom de Dieu est adorable : nous devons demander dans l’Oraison dominicale que ce nom soit sanctifié, c’est-à-dire qu’il soit invoqué, béni, loué, adoré, dans tout l’univers, comme aucun autre nom.
Jésus-Christ, en qui le Verbe est hypostatiquement uni à la nature humaine doit être adoré, sa nature humaine est digne des mêmes hommages que sa nature divine, pourvu qu’on ne les sépare point par la pensée : « Dieu Verbe incarné, doit être adoré par une même adoration avec sa propre chair. » [5] Il faut donc adorer cette humanité du Christ dans tous les mystères de sa vie, dans la Sainte Eucharistie[6], son Cœur de chair, pourvu qu’on le considère uni à la divinité. [7]
Dans l’acte d’adoration, tout notre être participe : l’intelligence, car l’adorateur s’habitue à voir Dieu partout, à Le voir grand partout, à L’apprécier, à Le regarder comme le premier objet qu’il désire, à Le considérer en tout comme sa fin. Pour lui, Dieu est toujours proche. La volonté, car en présence de la Majesté infinie de Dieu présent, l’âme est portée à s’abaisser, une certaine crainte révérencielle la saisit. L’adoration n’exige pas de soi un acte extérieur, mais pour l’homme il doit aussi se traduire au dehors : « “Nous offrons à Dieu, dit saint Jean Damascène, une double adoration, spirituelle et corporelle”, l’une résidant en l’intime dévotion de l’esprit, l’autre en l’humiliation extérieure du corps. » [8] « L’âme ne saurait si bien renfermer sa dévotion en elle-même qu’elle n’en laisse déborder quelque chose sur ce compagnon de chair dont la destinée ici-bas est liée à la sienne. » [9] En tant que chef des créatures visibles, l’homme doit adorer Dieu, non seulement en son nom, mais au nom de tous les êtres qu’il doit inviter à louer leur auteur : Benedicite omnia opera Domini Domino. Il doit en être le porte-voix.
Saint Thomas fait justement remarquer que l’adoration intérieure cesserait bien vite, si elle n’était pas entretenue par quelque chose de sensible : « fléchissant le genou, nous signifions notre faiblesse devant Dieu, prosternés nous protestons de notre néant personnel. » [Ibid.]
Puisque toute société a été formée par Dieu et dépend toujours de Lui, elle est tenue de Lui rendre un culte social. La société civile tout entière et en corps doit l’adoration à Dieu dans ses assemblées et ailleurs ; elle est obligée de reconnaître dans les lois sa souveraine autorité, elle a le devoir indirect de faciliter aux citoyens l’accomplissement de leurs devoirs envers Dieu.
C’est surtout la fin spéciale de la société religieuse d’adorer Dieu d’abord. Elle le fait par le Saint Sacrifice qui n’est offert qu’à Dieu. L’office divin qui accompagne le Sacrifice est avant tout un sacrifice de louange ; la part qui y est faite aux formules de l’adoration y est importante, en particulier la doxologie qui achève chaque psaume.
En fait, toute prière se ramène à l’adoration en particulier l’oraison parce que « elle sépare les sens des objets externes ; et ensuite, pour consommer cette mort mystique, elle sépare encore l’esprit d’avec les sens, pour le réunir à Dieu. » [10] Bérulle voudrait que l’oraison ne soit pas une succession d’actes passagers, mais qu’elle devienne un état permanent de l’âme, assez détachée d’elle-même, assez anéantie en face du Tout-Puissant pour vivre dans un état de perpétuelle adoration.
Bien chers tertiaires, gardons habituellement cet esprit d’adoration, essentiel à la vie chrétienne et entretenu par la sainte liturgie et par la spiritualité du Carmel, comme vous le verrez dans les pages suivantes.
Que la Mère du Verbe Incarné, la parfaite adoratrice de la Très Sainte Trinité nous obtienne cette grâce.
† Je vous bénis.
Retraites carmélitaines
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Retraites mixtes (hommes et dames), ouvertes principalement aux tertiaires du Carmel mais aussi aux personnes intéressées par la spiritualité du Carmel. Inscriptions et renseignements auprès de M. l’abbé Dubroeucq, M. l’abbé Dubroeucq |
