Éditorial du N° 54 Juillet 2019 – Aux Sources du Carmel

Itinéraire de Vie de saint Jean de la Croix

Cher frère, Chère sœur,

Pour connaître les carac­té­ris­tiques d’une spi­ri­tua­li­té, il vaut mieux s’adresser au théo­ri­cien qu’au seul pra­ti­cien : Sainte Thérèse de Jésus, dans ses ouvrages, nous décrit plu­tôt ses états d’âme qu’elle ne nous donne les prin­cipes d’une spi­ri­tua­li­té ; Saint Jean de la Croix, au contraire, est le théo­lo­gien de l’École Carmélitaine et le titre de Docteur de l’Église que lui a décer­né Pie XI est bien fait pour le recom­man­der à notre étude : les œuvres de ce saint, écrit le Pape dans sa bulle « révèlent une spi­ri­tua­li­té sub­stan­tielle et une si excel­lente méthode d’adaptation à l’intelligence du lec­teur, que leur ensemble mérite d’être regar­dé comme le code et le guide de l’âme fidèle en marche vers une plus haute per­fec­tion de vie ».

Saint Jean de la Croix écrit pour toutes les âmes de bonne volon­té. Trop faci­le­ment on réserve ses ouvrages à quelques rares ini­tiés et pour­tant il nous aver­tit, dans le Prologue de La Montée du Carmel, que la doc­trine que ren­ferme cet écrit est « solide et sub­stan­tielle, et […] paraî­tra telle à tous ceux qui sou­haitent arri­ver à la nudi­té de l’esprit qui s’y trouve décrite. » [1]

Cette condi­tion, il est vrai, bien peu se décident à la réa­li­ser en eux, aus­si notre saint doc­teur nous donne-​t-​il la rai­son véri­table de l’indifférence de la plu­part des âmes pour ces choses divines : « On peut se deman­der pour­quoi il y a si peu d’âmes qui atteignent ce haut degré de per­fec­tion de l’union à Dieu.

La volon­té de Dieu, sachons-​le bien, n’est pas que ces esprits éle­vés soient en petit nombre. Il désire au contraire les voir tous en venir là, mais il en ren­contre peu capables de sou­te­nir une œuvre si haute et si sublime. La plus légère épreuve les trouve lâches. Ils fuient le tra­vail, ils ne peuvent accep­ter la moindre déso­la­tion, la moindre mor­ti­fi­ca­tion ; ils ne savent ce que c’est que la vraie patience. Lui qui vou­lait bien com­men­cer à les dégros­sir, cesse de les puri­fier, de les sou­le­ver au-​dessus de la ter­restre pous­sière. Il fau­drait pour cela plus d’énergie, plus de constance de leur part.

Ainsi donc, il y en a beau­coup qui dési­rent pas­ser plus avant, qui demandent conti­nuel­le­ment à Dieu de les faire arri­ver à l’état de per­fec­tion, et quand Dieu veut les conduire, comme il est néces­saire, par les pre­mières épreuves, les pre­mières mor­ti­fi­ca­tions, ils refusent, ils se dérobent. Ils fuient le che­min étroit qui conduit à la vie, ils cherchent leurs aises, leur conso­la­tion, c’est-à-dire le che­min de leur per­di­tion, et ain­si ne laissent pas à Dieu le moyen de leur don­ner ce qu’ils demandent, alors cepen­dant qu’il s’apprêtait à le faire. Par suite, ils res­tent là comme des vases inutiles. Ils vou­draient atteindre l’état des par­faits, mais ils refusent d’être menés par la voie des souf­frances, qui est celle des par­faits, ils ne veulent même pas y faire les pre­miers pas en se sou­met­tant aux épreuves légères et com­munes. » [2]

Si notre Saint ne craint pas de pro­po­ser à toutes les âmes cette per­fec­tion sublime, c’est qu’il a une haute idée de notre état d’enfants de Dieu. Pour lui, cette lumière et cet amour de contem­pla­tion qui doivent consu­mer l’âme en Dieu, demeurent dans tout chré­tien en état de grâce ; il suf­fit de déli­vrer l’âme des obs­tacles qui l’emprisonnent dans les ténèbres pour qu’elle se sente aus­si­tôt illu­mi­née et embra­sée par Dieu. Et pour qu’on ne s’y trompe pas, saint Jean de la Croix com­pare Dieu au soleil, il n’est que d’ouvrir les volets et de s’exposer à lui pour rece­voir le bien­fait de son rayonnement.

En somme, saint Jean de la Croix ne fait que nous apprendre à vivre les deux aspects de notre bap­tême appro­fon­di en nous par les autres sacre­ments : mou­rir au vieil homme pour être absor­bé dans l’Homme nou­veau qui est le Fils de Dieu.

Laissez-​vous péné­trer, chers ter­tiaires, par cet ensei­gne­ment de notre Père afin d’en vivre comme lui, avec l’aide de la Reine du Carmel, pour la gloire de Dieu, l’édification du pro­chain et notre sanctification.

† Je vous bénis.

Retraites carmélitaines

Retraites mixtes (hommes et dames), ouvertes prin­ci­pa­le­ment aux ter­tiaires du Carmel mais aus­si aux per­sonnes inté­res­sées par la spi­ri­tua­li­té du Carmel.

Inscriptions et ren­sei­gne­ments auprès de M. l’ab­bé Dubroeucq,
direc­teur du Tiers-​Ordre du Carmel.

M. l’ab­bé Dubroeucq
Séminaire Saint-​Curé-​d’Ars
rue Saint Dominique
21150 Flavigny-​sur-​Ozerain
tél : 03 80 96 20 74

Notes de bas de page
  1. [Jean de la Croix. Œuvres com­plètes, Paris, Cerf, 1997, p. 579.][]
  2. [Vive Flamme B, str.2, 27, in Jean de la Croix. Œuvres com­plètes, op. cit., p. 1484–1485.][]