Éditorial du N° 65 Décembre 2022 – Aux Sources du Carmel

De même que les rivières perdent leur nom en se mêlant au fleuve, mis au contact de l’amour, tout se trans­forme en charité.

Cher frère, Chère sœur,

Un auteur du 18ème siècle décrit ain­si la ver­tu de sim­pli­ci­té : Elle est « une droi­ture de l’âme qui retranche tous les retours inutiles sur elle-​même et sur ses actions ». Elle est à l’opposé de l’occupation conti­nuelle « de soi-​même dans tout ce qu’on a à faire, soit pour les créa­tures, soit pour Dieu, qui rend l’âme sage à ses propres yeux, tou­jours réser­vée, pleine d’elle-même, inquiète des moindres choses qui peuvent trou­bler la com­plai­sance qu’elle a en elle-​même ». [Perfection chré­tienne, amour et sim­pli­ci­té, ano­nyme du 18ème siècle, Éd. abbaye saint Wandrille, 1949, p. 85–86.]

« La sim­pli­ci­té consiste en un juste milieu, où l’on n’est ni étour­di ni com­po­sé. Elle n’est point entraî­née par les objets exté­rieurs, en sorte qu’elle ne puisse plus faire de réflexions néces­saires ; mais aus­si, elle retranche les retours sur soi, qu’un amour-​propre, inquiet et jaloux de sa propre excel­lence, mul­ti­plie à l’infini. Cette liber­té d’une âme qui va immé­dia­te­ment devant elle pen­dant qu’elle marche, mais qui ne perd point son temps à rai­son­ner sur ses pas, à les étu­dier, et à regar­der sans cesse ce qu’elle a déjà fait, est la véri­table sim­pli­ci­té. » [op. cit., p. 87–88.]

Le propre de la sim­pli­ci­té dans la vie spi­ri­tuelle est d’aller droit à Dieu, la fin directe de toutes nos actions, de ne s’embarrasser d’aucun autre sou­ci. L’âme simple oublie les créa­tures et s’oublie elle-​même. À la sim­pli­ci­té du but elle joint la sim­pli­ci­té des moyens : elle enve­loppe de la cha­ri­té toutes ses actions, les trans­forme en amour.

Ainsi agis­sait sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus : « je ne connais qu’un moyen pour par­ve­nir à la per­fec­tion : l’amour. » La sim­pli­ci­té dans l’amour entraî­nait chez elle la sim­pli­ci­té dans la foi. L’enfant qui aime ne remet jamais en doute la parole de son père. « Pour nous, nous avons cru à l’amour » : ces mots de saint Jean résolvent toutes les dif­fi­cul­tés en pré­sence des obs­cu­ri­tés de la foi : c’est le cri d’amoureuse confiance envers le Père ou l’Ami qui parle. Sainte Thérèse ne ces­sa jamais de croire, car elle ne ces­sa jamais d’aimer Celui en qui la foi lui disait de croire. Le même amour ren­dait aus­si simple sa confiance. Elle se confiait comme elle croyait, dans la mesure de son amour : de là l’admirable sim­pli­ci­té de son aban­don, de là les rap­ports si affec­tueux avec son Père céleste, notam­ment dans la prière : « Je dis tout sim­ple­ment au bon Dieu ce que je veux et tou­jours Il me com­prend. » Et l’avant- der­nière nuit : « Je ne Lui dis rien, je L’aime. »

Dans la manière de recom­man­der à Dieu ceux qui lui sont chers, rien ne peut dis­traire l’âme de celle dont l’unique occu­pa­tion est d’aimer. Au contraire, tout ce qui sem­ble­rait devoir la faire dévier, devient un apport pour son amour. Pensées, œuvres, peines, joies, pré­oc­cu­pa­tions, tout subit l’entraînement de l’amour. De même que les rivières perdent leur nom en se mêlant au fleuve, ain­si mis au contact de l’amour, tout se trans­forme en charité.

Où et com­ment apprend-​on la sim­pli­ci­té ? Au contact de Notre-​Seigneur : « Je n’ai qu’à jeter les yeux sur le saint Évangile, écrit sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus. Aussitôt je res­pire le par­fum de la vie de Jésus, et je sais de quel côté cou­rir ». L’âme qui veut mar­cher par la voie de l’enfance spi­ri­tuelle doit faire beau­coup cas de la sim­pli­ci­té, c’est-à-dire ban­nir de son esprit tout ce qui sent la dupli­ci­té et même tout ce qui semble tant soit peu com­pli­qué ; obser­ver en toute occa­sion le conseil du Sauveur : « Soyez simples comme des colombes. »

Bien chers ter­tiaires, tra­vaillons à gran­dir en cette ver­tu, sous la direc­tion de la Reine du Carmel et de l’humble car­mé­lite qui L’a si bien imitée.

En la fête de la Toussaint du Carmel,

† Je vous bénis.

Retraites carmélitaines

Retraites mixtes (hommes et dames), ouvertes prin­ci­pa­le­ment aux ter­tiaires du Carmel mais aus­si aux per­sonnes inté­res­sées par la spi­ri­tua­li­té du Carmel.

Inscriptions et ren­sei­gne­ments auprès de M. l’ab­bé Dubroeucq,
direc­teur du Tiers-​Ordre du Carmel.

M. l’ab­bé Dubroeucq
Séminaire Saint-​Curé-​d’Ars
rue Saint Dominique
21150 Flavigny-​sur-​Ozerain
tél : 03 80 96 20 74