De même que les rivières perdent leur nom en se mêlant au fleuve, mis au contact de l’amour, tout se transforme en charité.

Cher frère, Chère sœur,
Un auteur du 18ème siècle décrit ainsi la vertu de simplicité : Elle est « une droiture de l’âme qui retranche tous les retours inutiles sur elle-même et sur ses actions ». Elle est à l’opposé de l’occupation continuelle « de soi-même dans tout ce qu’on a à faire, soit pour les créatures, soit pour Dieu, qui rend l’âme sage à ses propres yeux, toujours réservée, pleine d’elle-même, inquiète des moindres choses qui peuvent troubler la complaisance qu’elle a en elle-même ». [Perfection chrétienne, amour et simplicité, anonyme du 18ème siècle, Éd. abbaye saint Wandrille, 1949, p. 85–86.]
« La simplicité consiste en un juste milieu, où l’on n’est ni étourdi ni composé. Elle n’est point entraînée par les objets extérieurs, en sorte qu’elle ne puisse plus faire de réflexions nécessaires ; mais aussi, elle retranche les retours sur soi, qu’un amour-propre, inquiet et jaloux de sa propre excellence, multiplie à l’infini. Cette liberté d’une âme qui va immédiatement devant elle pendant qu’elle marche, mais qui ne perd point son temps à raisonner sur ses pas, à les étudier, et à regarder sans cesse ce qu’elle a déjà fait, est la véritable simplicité. » [op. cit., p. 87–88.]
Le propre de la simplicité dans la vie spirituelle est d’aller droit à Dieu, la fin directe de toutes nos actions, de ne s’embarrasser d’aucun autre souci. L’âme simple oublie les créatures et s’oublie elle-même. À la simplicité du but elle joint la simplicité des moyens : elle enveloppe de la charité toutes ses actions, les transforme en amour.
Ainsi agissait sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus : « je ne connais qu’un moyen pour parvenir à la perfection : l’amour. » La simplicité dans l’amour entraînait chez elle la simplicité dans la foi. L’enfant qui aime ne remet jamais en doute la parole de son père. « Pour nous, nous avons cru à l’amour » : ces mots de saint Jean résolvent toutes les difficultés en présence des obscurités de la foi : c’est le cri d’amoureuse confiance envers le Père ou l’Ami qui parle. Sainte Thérèse ne cessa jamais de croire, car elle ne cessa jamais d’aimer Celui en qui la foi lui disait de croire. Le même amour rendait aussi simple sa confiance. Elle se confiait comme elle croyait, dans la mesure de son amour : de là l’admirable simplicité de son abandon, de là les rapports si affectueux avec son Père céleste, notamment dans la prière : « Je dis tout simplement au bon Dieu ce que je veux et toujours Il me comprend. » Et l’avant- dernière nuit : « Je ne Lui dis rien, je L’aime. »
Dans la manière de recommander à Dieu ceux qui lui sont chers, rien ne peut distraire l’âme de celle dont l’unique occupation est d’aimer. Au contraire, tout ce qui semblerait devoir la faire dévier, devient un apport pour son amour. Pensées, œuvres, peines, joies, préoccupations, tout subit l’entraînement de l’amour. De même que les rivières perdent leur nom en se mêlant au fleuve, ainsi mis au contact de l’amour, tout se transforme en charité.
Où et comment apprend-on la simplicité ? Au contact de Notre-Seigneur : « Je n’ai qu’à jeter les yeux sur le saint Évangile, écrit sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus. Aussitôt je respire le parfum de la vie de Jésus, et je sais de quel côté courir ». L’âme qui veut marcher par la voie de l’enfance spirituelle doit faire beaucoup cas de la simplicité, c’est-à-dire bannir de son esprit tout ce qui sent la duplicité et même tout ce qui semble tant soit peu compliqué ; observer en toute occasion le conseil du Sauveur : « Soyez simples comme des colombes. »
Bien chers tertiaires, travaillons à grandir en cette vertu, sous la direction de la Reine du Carmel et de l’humble carmélite qui L’a si bien imitée.
En la fête de la Toussaint du Carmel,
† Je vous bénis.
Retraites carmélitaines
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Retraites mixtes (hommes et dames), ouvertes principalement aux tertiaires du Carmel mais aussi aux personnes intéressées par la spiritualité du Carmel. Inscriptions et renseignements auprès de M. l’abbé Dubroeucq, M. l’abbé Dubroeucq |
