Éditorial du N° 69 Mai 2024- Aux Sources du Carmel

La parole de Dieu

Cher frère, Chère sœur,

La spi­ri­tua­li­té du Carmel est tour­née vers la vie d’union à Dieu par l’oraison, la pré­sence de Dieu. « Vivit Deus in cujus conspec­tu sto ». La source à laquelle puise le contem­pla­tif est la parole de Dieu. Dès l’Ancien Testament, le psal­miste nour­rit sa prière de cette Parole qu’il médite et contemple, qui l’aide à vivre en pré­sence de Dieu. C’est ain­si que tous les saints du Carmel se sont tenus devant le Seigneur.

Pour n’en citer que quelques-​uns : sainte Thérèse de Jésus, gra­ti­fiée de paroles inté­rieures, se réfère à la Sainte Écriture pour ne pas être trom­pée par le démon : « Tout ce qui n’est pas conforme à l’Écriture, n’est pas conforme à la foi. Ce prin­cipe, com­mente le R.P. de Juvigny, explique le sou­ci de la Réformatrice de recher­cher la véri­té dans l’Écriture sainte. Cependant, à l’encontre des esprits suf­fi­sants, elle ne met pas sa confiance en l’inspiration per­son­nelle. C’est pour­quoi, pour­suit le jésuite, elle a recours à de nom­breux théo­lo­giens, les plus savants et les plus saints de l’époque. » [R.P. de Juvigny, s.j., Sainte Thérèse à l’école du Christ, Paris, Éd. St-​Paul, 1948, p. 38.]

Saint Jean de la Croix ne cesse de citer et de com­men­ter la Parole de Dieu pour appuyer son ensei­gne­ment. Sainte Élisabeth de la Trinité y trouve la nour­ri­ture spi­ri­tuelle pour se sanc­ti­fier en pré­sence de la Sainte Trinité vivant en son âme et qui l’établit dans un recueille­ment habi­tuel. En saint Paul sur­tout elle trou­ve­ra les paroles clés comme celle d’être une « louange de gloire ».

Les écrits de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-​Face, qui nous est si proche, sont tis­sés de mots, d’images ou même de cita­tions tirés de la Bible. Dieu s’est ser­vi des textes de la Sainte Écriture dont elle dis­po­sait pour lui par­ler et la for­mer. Elle vivait si pro­fon­dé­ment de l’Écriture, elle avait un tel sou­ci de pen­ser avec Dieu, de pen­ser selon Dieu, que le recours à la source exacte de la Parole ins­pi­rée consti­tuait pour elle une réfé­rence indis­pen­sable : les Évangiles sur­tout, deux épitres de saint Paul, les Psaumes, le pro­phète Isaïe, les livres sapien­tiaux, le Cantique des Cantiques ont ain­si nour­ri son âme.

Comment Dieu a‑t-​il usé du texte même des Livres Saints pour par­ler à sainte Thérèse et pour la for­mer ? Il lui fai­sait par­ve­nir sa parole vivante à tra­vers sa parole écrite. Âme de bonne volon­té, sainte Thérèse pui­sait « à cette mine féconde que Jésus a ouverte devant moi. » [1] Elle fouille dans les pro­fon­deurs de ces paroles ado­rables et « s’écrie avec le Psalmiste : “j’ai cou­ru dans la voie de vos com­man­de­ments, depuis que vous avez dila­té mon cœur.” » [2] L’Écriture a été, entre les mains du Seigneur, ce glaive péné­trant, qui va jusqu’au plus intime, à la ren­contre des « inten­tions et des pen­sées du cœur » pour y por­ter « effi­ca­ce­ment la vie ». [3]. Tel est le cas de cette phrase de la Sagesse éter­nelle : « Si quelqu’un est tout petit, qu’il vienne à moi. » ; ou encore « Comme une mère caresse son enfant, ain­si je vous conso­le­rai, je vous por­te­rai sur mon sein et je vous balan­ce­rai sur mes genoux. » « Ouvrant le saint Évangile, mes yeux sont tom­bés sur ces mots : “Jésus étant mon­té sur une mon­tagne, il appe­la à Lui ceux qu’il lui plut ; et ils vinrent à Lui.” [4] Voilà bien le mys­tère de ma voca­tion, de ma vie tout entière et sur­tout le mys­tère des pri­vi­lèges de Jésus sur mon âme… Il n’appelle pas ceux qui en sont dignes mais ceux qu’il lui plaît … [5]

« C’est par-​dessus tout l’Évangile qui m’entretient pen­dant mes orai­sons, en lui je trouve tout ce qui est néces­saire à ma pauvre petite âme. J’y découvre tou­jours de nou­velles lumières, des sens cachés et mys­té­rieux… Je com­prends et je sais par expé­rience que “le royaume de Dieu est au-​dedans de nous.” ». [6] « Garder la parole de Jésus, voi­là l’unique condi­tion de notre bon­heur, la preuve de notre amour pour lui. Mais qu’est-ce donc que cette parole ? … Il me semble que la parole de Jésus c’est Jésus lui-​même… Lui Jésus, le Verbe, la Parole de Dieu ! … Il nous le dit plus loin, dans le même Évangile de saint Jean, priant son Père pour ses dis­ciples, Il s’exprime ain­si : “Sanctifiez-​les par votre parole, votre parole est la véri­té…” » « En un autre endroit Jésus nous apprend qu’il est “la Voie, la Vérité et la Vie” ». [7] La Parole de Jésus exhale un par­fum qui ren­seigne infailli­ble­ment sur la route à suivre : « Puisque Jésus est remon­té au Ciel, je ne puis le suivre qu’aux traces qu’Il a lais­sées, mais que ces traces sont lumi­neuses, qu’elles sont embau­mées ! Je n’ai qu’à jeter les yeux sur le saint Évangile, aus­si­tôt je res­pire les par­fums de la vie de Jésus et je sais de quel côté cou­rir… »[8]

Et de même, à pro­pos de la Sainte Vierge :

« En médi­tant ta vie dans le saint Évangile,

J’ose te regar­der et m’approcher de toi…. »

[9]

Quel est le secret de l’efficacité des paroles divines chez sainte Thérèse ? Il tient à la vigueur de l’amour de Dieu dont ces textes ont été l’instrument. Il tient aus­si à l’exceptionnelle dis­po­si­tion de l’âme de la sainte qui a tou­jours reçu l’Écriture sim­ple­ment et hum­ble­ment comme une parole de Dieu, dans la foi.

Ces saints de l’ordre sont bien­heu­reux, car comme la très sainte Vierge, ils étaient atten­tifs à la Parole de Dieu et la gar­daient dans leur cœur pour en vivre plei­ne­ment. Imitons-​les afin de réa­li­ser la volon­té de Notre-​Seigneur disant : « Soyez par­faits, comme votre Père céleste est parfait. »

† Je vous bénis.

Retraites carmélitaines

Retraites mixtes (hommes et dames), ouvertes prin­ci­pa­le­ment aux ter­tiaires du Carmel mais aus­si aux per­sonnes inté­res­sées par la spi­ri­tua­li­té du Carmel.

Inscriptions et ren­sei­gne­ments auprès de M. l’ab­bé Dubroeucq,
direc­teur du Tiers-​Ordre du Carmel.

M. l’ab­bé Dubroeucq
Séminaire Saint-​Curé-​d’Ars
rue Saint Dominique
21150 Flavigny-​sur-​Ozerain
tél : 03 80 96 20 74

Notes de bas de page
  1. [Ms C, 14v°, in Thérèse de Lisieux. Œuvres com­plètes, Cerf-​DDB, 2009, p.254][]
  2. [Ms C, 16r°, op. cit., p.255.][]
  3. [He, 4,13.][]
  4. [Mc, 3, 13.][]
  5. [Ms A, 2r°, op. cit., p.71 , cf. Rm 9, 15–16.][]
  6. [Ms A, 84r°, op. cit., p.211.][]
  7. [LT 165, à Céline, 7 juillet 1894 ; in Œuvres com­plètes, op.cit., p.499.][]
  8. [Ms C, 35v°-37v°, op. cit., p284-​285.][]
  9. [Pourquoi je t’aime, ô Marie, PN 54,2, op. cit., p 750.][]