La parole de Dieu

Cher frère, Chère sœur,
La spiritualité du Carmel est tournée vers la vie d’union à Dieu par l’oraison, la présence de Dieu. « Vivit Deus in cujus conspectu sto ». La source à laquelle puise le contemplatif est la parole de Dieu. Dès l’Ancien Testament, le psalmiste nourrit sa prière de cette Parole qu’il médite et contemple, qui l’aide à vivre en présence de Dieu. C’est ainsi que tous les saints du Carmel se sont tenus devant le Seigneur.
Pour n’en citer que quelques-uns : sainte Thérèse de Jésus, gratifiée de paroles intérieures, se réfère à la Sainte Écriture pour ne pas être trompée par le démon : « Tout ce qui n’est pas conforme à l’Écriture, n’est pas conforme à la foi. Ce principe, commente le R.P. de Juvigny, explique le souci de la Réformatrice de rechercher la vérité dans l’Écriture sainte. Cependant, à l’encontre des esprits suffisants, elle ne met pas sa confiance en l’inspiration personnelle. C’est pourquoi, poursuit le jésuite, elle a recours à de nombreux théologiens, les plus savants et les plus saints de l’époque. » [R.P. de Juvigny, s.j., Sainte Thérèse à l’école du Christ, Paris, Éd. St-Paul, 1948, p. 38.]
Saint Jean de la Croix ne cesse de citer et de commenter la Parole de Dieu pour appuyer son enseignement. Sainte Élisabeth de la Trinité y trouve la nourriture spirituelle pour se sanctifier en présence de la Sainte Trinité vivant en son âme et qui l’établit dans un recueillement habituel. En saint Paul surtout elle trouvera les paroles clés comme celle d’être une « louange de gloire ».
Les écrits de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face, qui nous est si proche, sont tissés de mots, d’images ou même de citations tirés de la Bible. Dieu s’est servi des textes de la Sainte Écriture dont elle disposait pour lui parler et la former. Elle vivait si profondément de l’Écriture, elle avait un tel souci de penser avec Dieu, de penser selon Dieu, que le recours à la source exacte de la Parole inspirée constituait pour elle une référence indispensable : les Évangiles surtout, deux épitres de saint Paul, les Psaumes, le prophète Isaïe, les livres sapientiaux, le Cantique des Cantiques ont ainsi nourri son âme.
Comment Dieu a‑t-il usé du texte même des Livres Saints pour parler à sainte Thérèse et pour la former ? Il lui faisait parvenir sa parole vivante à travers sa parole écrite. Âme de bonne volonté, sainte Thérèse puisait « à cette mine féconde que Jésus a ouverte devant moi. » [1] Elle fouille dans les profondeurs de ces paroles adorables et « s’écrie avec le Psalmiste : “j’ai couru dans la voie de vos commandements, depuis que vous avez dilaté mon cœur.” » [2] L’Écriture a été, entre les mains du Seigneur, ce glaive pénétrant, qui va jusqu’au plus intime, à la rencontre des « intentions et des pensées du cœur » pour y porter « efficacement la vie ». [3]. Tel est le cas de cette phrase de la Sagesse éternelle : « Si quelqu’un est tout petit, qu’il vienne à moi. » ; ou encore « Comme une mère caresse son enfant, ainsi je vous consolerai, je vous porterai sur mon sein et je vous balancerai sur mes genoux. » « Ouvrant le saint Évangile, mes yeux sont tombés sur ces mots : “Jésus étant monté sur une montagne, il appela à Lui ceux qu’il lui plut ; et ils vinrent à Lui.” [4] Voilà bien le mystère de ma vocation, de ma vie tout entière et surtout le mystère des privilèges de Jésus sur mon âme… Il n’appelle pas ceux qui en sont dignes mais ceux qu’il lui plaît … [5]
« C’est par-dessus tout l’Évangile qui m’entretient pendant mes oraisons, en lui je trouve tout ce qui est nécessaire à ma pauvre petite âme. J’y découvre toujours de nouvelles lumières, des sens cachés et mystérieux… Je comprends et je sais par expérience que “le royaume de Dieu est au-dedans de nous.” ». [6] « Garder la parole de Jésus, voilà l’unique condition de notre bonheur, la preuve de notre amour pour lui. Mais qu’est-ce donc que cette parole ? … Il me semble que la parole de Jésus c’est Jésus lui-même… Lui Jésus, le Verbe, la Parole de Dieu ! … Il nous le dit plus loin, dans le même Évangile de saint Jean, priant son Père pour ses disciples, Il s’exprime ainsi : “Sanctifiez-les par votre parole, votre parole est la vérité…” » « En un autre endroit Jésus nous apprend qu’il est “la Voie, la Vérité et la Vie” ». [7] La Parole de Jésus exhale un parfum qui renseigne infailliblement sur la route à suivre : « Puisque Jésus est remonté au Ciel, je ne puis le suivre qu’aux traces qu’Il a laissées, mais que ces traces sont lumineuses, qu’elles sont embaumées ! Je n’ai qu’à jeter les yeux sur le saint Évangile, aussitôt je respire les parfums de la vie de Jésus et je sais de quel côté courir… »[8]
Et de même, à propos de la Sainte Vierge :
« En méditant ta vie dans le saint Évangile,
J’ose te regarder et m’approcher de toi…. »
Quel est le secret de l’efficacité des paroles divines chez sainte Thérèse ? Il tient à la vigueur de l’amour de Dieu dont ces textes ont été l’instrument. Il tient aussi à l’exceptionnelle disposition de l’âme de la sainte qui a toujours reçu l’Écriture simplement et humblement comme une parole de Dieu, dans la foi.
Ces saints de l’ordre sont bienheureux, car comme la très sainte Vierge, ils étaient attentifs à la Parole de Dieu et la gardaient dans leur cœur pour en vivre pleinement. Imitons-les afin de réaliser la volonté de Notre-Seigneur disant : « Soyez parfaits, comme votre Père céleste est parfait. »
† Je vous bénis.
Retraites carmélitaines
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Retraites mixtes (hommes et dames), ouvertes principalement aux tertiaires du Carmel mais aussi aux personnes intéressées par la spiritualité du Carmel. Inscriptions et renseignements auprès de M. l’abbé Dubroeucq, M. l’abbé Dubroeucq |
- [Ms C, 14v°, in Thérèse de Lisieux. Œuvres complètes, Cerf-DDB, 2009, p.254][↩]
- [Ms C, 16r°, op. cit., p.255.][↩]
- [He, 4,13.][↩]
- [Mc, 3, 13.][↩]
- [Ms A, 2r°, op. cit., p.71 , cf. Rm 9, 15–16.][↩]
- [Ms A, 84r°, op. cit., p.211.][↩]
- [LT 165, à Céline, 7 juillet 1894 ; in Œuvres complètes, op.cit., p.499.][↩]
- [Ms C, 35v°-37v°, op. cit., p284-285.][↩]
- [Pourquoi je t’aime, ô Marie, PN 54,2, op. cit., p 750.][↩]
