Le culte des reliques

Reliques de Sainte Geneviève en l'église Saint Etienne du Mont.

Pourquoi l’Église catho­lique vénère-​t-​elle les reliques des saints ?

Qu’entend-​on par reliques ?

Selon l’étymologie du terme, les « reliques » sont des « restes » lais­sés par les Saints, soit de nature cor­po­relle par exemple osse­ments, che­veux, sang coa­gu­lé, etc. soit des objets leur ayant appar­te­nu, par exemple vête­ments, cilice, ins­tru­ments du mar­tyre, etc.

Parfois le terme est éten­du à des objets qui entrèrent en contact avec les précédents.

« Les reliques insignes des Saints ou des Bienheureux sont le corps, la tête, le bras, l’avant-bras, le cœur, la langue, la main, la jambe, ou cette par­tie du corps où le mar­tyr a souf­fert pour­vu qu’elle soit entière et non de dimen­sions réduites » (can. 1281, § 2).

Pourquoi l’Église catholique honore-​t-​elle les reliques des saints ?

Selon la doc­trine du concile de Trente (Sess. XXV) les reliques cor­po­relles des Martyrs et des Saints ont été les membres vivants de Jésus Christ et les temples du Saint-​Esprit, elles res­sus­ci­te­ront à la vie éter­nelle et seront glo­ri­fiées. Elles doivent être hono­rées par les fidèles et obtiennent de Dieu de grands bien­faits[1].

Les hom­mages adres­sés aux reliques sont des­ti­nés à la per­sonne même des Saints. Ainsi le culte des reliques n’est que rela­tif et indi­rect. Nous n’honorons point un membre inerte pour lui-​même, mais à cause de l’âme du Saint qui l’a ani­mé et qui jouit en ce moment de la vision béa­ti­fique. Nous les hono­rons encore pour Dieu dont ces Saints furent les ser­vi­teurs com­blés de ses dons[2].

Quant aux grâces de pro­tec­tion que l’Eglise attend des reliques pour ceux qui les honorent, elle les détaille dans sa béné­dic­tion des reli­quaires au Pontifical Romain[3] ou au Rituel : « que tous ceux qui auront véné­ré ces reliques pour le récon­fort de leur âme, obtiennent de ces saints le par­don de tous leurs péchés et que par votre aide ils soient pro­té­gés de toutes les adver­si­tés » [4]. Le culte des reliques consti­tue encore un témoi­gnage de foi en la résur­rec­tion des corps. La col­lecte en la fête des Saintes Reliques le 5 novembre[5] demande : 

« Augmentez en nous, Seigneur, la foi à la résur­rec­tion, vous qui opé­rez des mer­veilles par les reliques de vos Saints, et rendez-​nous par­ti­ci­pants de la gloire immor­telle dont nous véné­rons le gage dans leurs cendres ».

Et en l’office de cette fête (Ve leçon) Saint Jean Damascène (749) enseigne que par les reliques les démons sont chas­sés, les malades gué­ris, les aveugles recouvrent la vue, les lépreux sont puri­fiés, les ten­ta­tions et les épreuves se dis­sipent, et que tout bien des­cend sur ceux qui prient avec une vraie confiance.

L’Eglise vénère les reliques des ses Saints

L’Eglise voue un grand culte aux reliques de ses Saints.

a) Toujours la messe est célé­brée sur les reliques des Martyrs.
En enfer­mant dans ses autels les reliques de ses mar­tyrs, l’Eglise rend à ses témoins san­glants les hon­neurs suprêmes et élève ses autels à la digni­té de reli­quaires. En offrant son sacri­fice sur ses « sacri­fiés » par excel­lence, elle nous rap­pelle intui­ti­ve­ment notre soli­da­ri­té vic­ti­male avec le Christ. La messe, en effet, est le sacri­fice du Christ avec, en plus, notre par­ti­ci­pa­tion. Le Christ, le Chef, entraîne ses membres dans son obla­tion.
Au cours de la messe le prêtre baise plu­sieurs fois l’autel. La pre­mière fois il dit : « Nous vous prions, Seigneur, par les mérites de vos Saints dont les reliques reposent ici et de tous les Saints, de dai­gner par­don­ner tous mes péchés »[6].
Souvent aus­si des reli­quaires sont pla­cés entre les chan­de­liers sur l’autel et solen­nel­le­ment encen­sés pen­dant la messe.

b) D’innombrables leçons de l’office men­tionnent les reliques du Saint célé­bré en son jour. Certaines fêtes doivent leur ori­gine à la trans­la­tion des reliques (par exemple la Conversion de saint Paul, 25 jan­vier).
En beau­coup de dio­cèses on célèbre une fête spé­ciale « des Reliques qui sont conser­vées dans les églises de l’archidiocèse ou des dio­cèses » (en Belgique, 5 novembre en pleine octave de Toussaint, comme il sied).

c) Les reliques des Saints sont aus­si expo­sées sur l’autel à la véné­ra­tion publique.
Elles sont por­tées solen­nel­le­ment en pro­ces­sion et encen­sées[7]. A la fin on bénit le peuple au moyen des reliques. On pré­sente aus­si les reliques à bai­ser aux fidèles : « Que par les mérites et l’intercession de Saint N… le Seigneur vous accorde le salut et la paix ».
Même les reli­quaires sont l’objet d’une béné­dic­tion solennelle.

d) Ajoutons que géné­ra­le­ment des reliques de la Sainte Croix ou des Saints sont incluses dans la croix pec­to­rale des évêques. Parfois aus­si leur anneau ren­ferme des reliques.

Source : Chanoine A. Croegaeret, Commentaire litur­gique du caté­chisme. Image : Godong.

Notes de bas de page
  1. Cf. Denzinger, n. 985.[]
  2. Cf. Sum. theol., III, Q. 25, art. 6.[]
  3. De bene­dic­tione cap­sa­rum pro Reliquiis et aliis Sanctuariis inclu­den­dis » (cf. sur­tout la pré­face).[]
  4. « Benedictio cap­sa­rum pro reli­quiis sanc­to­rum inclu­den­dis » (Appendix, n. 4).[]
  5. Dans les dio­cèses de Belgique.[]
  6. Quant à cette prière cf. le com­men­taire dans A. Croegaert, « Les rites et prières du S. Sacrifice de la messe », 2e édit., t. I, pp. 377–378.[]
  7. Rit. Rom., Tit. IX, cap. XIV[]