Fondateur des Bénédictins de Vallombreuse (995?-1073).
Fête le 12 Juillet.
La règle de saint Benoît, écrite en 529 dans la solitude du Mont-Cassin et, au dire du Pape saint Grégoire, sous l’inspiration du Saint-Esprit, a peuplé le monde d’un nombre incalculable de moines adonnés aux travaux de la terre ou à l’étude des lettres et des sciences, en même temps qu’au chant des louanges divines. Elle a illuminé tout le moyen âge, alors que florissaient en Europe des milliers de monastères, dans chacun desquels vivaient souvent plusieurs centaines de cénobites, et aujourd’hui encore, dans le monde entier, plus de quinze mille religieux en suivent les prescriptions. C’est donc avec un orgueil bien légitime qu’en l’année 1929, l’Ordre bénédictin en a célébré solennellement le quatorzième centenaire. Elle est si sage, si pleine de discrétion, si conforme aux aspirations de l’homme spirituel, que tous les fondateurs d’Ordres monastiques proprement dits l’ont placée à la base de leurs constitutions particulières. Le fondateur de l’Ordre de Vallombreuse, saint Jean Gualbert ou Walbert, ne crut donc pas pouvoir mieux faire que d’y soumettre ses disciples, comme l’avait fait, quelques années plus tôt, saint Romuald pour les Camaldules ; comme le firent plus tard saint Robert de Molesmes pour les Cisterciens, saint Sylvestre d’Osimo pour les Sylvestrins, le bienheureux Bernard Tolomei pour les Olivétains.
Saint Jean Gualbert dans le monde.
Vers la fin du xe siècle vivait à Florence une noble famille, composée du père, de la mère et de deux enfants. Le père s’appelait Gualbert ; la mère, dont le nom nous est inconnu, descendait peut-être des Carolingiens ; les enfants se nommaient Hugues et Jean.
Ce dernier était né vers 995, selon l’opinion la plus commune ; certains chroniqueurs, cependant, le font naître dix ans plus tôt, et d’autres, trois ans plus tard.
Soit que son éducation religieuse eût été négligée, soit qu’il en eût peu à peu oublié les principes, sa première jeunesse fut assez dissipée, et le métier des armes qu’il avait embrassé n’était certainement pas fait pour lui inspirer de meilleurs sentiments. Il menait donc la vie insouciante d’un grand seigneur, sans songer au salut de son âme, lorsque survint un événement tragique, qui devait avoir pour lui des conséquences imprévues : un jour, son frère Hugues fut assassiné par un autre gentilhomme florentin. Jean pouvait avoir alors une trentaine d’années. Il voua au meurtrier une haine implacable et, suivant les mœurs de l’époque, dont il reste encore des traces en Corse et en Calabre, il jura de venger la malheureuse victime. Mais Dieu se servit de cet événement même pour ramener à lui le jeune homme qu’il appelait à une vie toute différente de celle du monde.
En effet, quelque temps après, Jean rentrait à Florence, accompagné d’une nombreuse escorte. Il chevauchait à travers la campagne, dans un étroit sentier, bordé de haies fleuries, car on était alors au printemps. Soudain, il se trouve face à face avec le meurtrier d’Hugues. Les deux gentilshommes ne pouvaient, en pareil cas, se croiser, sans que l’un cédât le pas à l’autre. A cette vue, le cœur de Jean bondit de joie et de colère en même temps. Enfin, il tient donc l’occasion tant désirée de venger la mort de son frère ! Il saisit son épée et s’apprête à en frapper le meurtrier. Mais, spectacle inattendu, celui-ci descend de cheval, se jette à genoux, étend les bras en croix et implore son pardon au nom de Jésus crucifié. Or, c’était le Vendredi-Saint. Les sentiments religieux de Jean se réveillent tout à coup ; il se rappelle les paroles du Pater : « Pardonnez-nous, comme nous pardonnons » ; il lui semble voir Jésus crucifié en la personne de cet homme, qui le supplie les bras en croix, et il se souvient que le divin Maître a prié pour ses bourreaux. Il jette son épée, tend la main au coupable en disant : « Je ne puis vous refuser ce que vous me demandez au nom de Jésus-Christ. » Puis, après s’être recommandé à ses prières, il l’embrasse et le laisse continuer sa route.
Lui-même, poursuivant son chemin, arrive bientôt sur les hauteurs qui bordent la rive gauche de l’Arno au sud de Florence, et d’où l’on embrasse d’un coup d’œil toute la ville des fleurs. Il passe devant l’église de San Miniato et, brisé par l’effort qu’il vient de faire, y entre pour se reposer quelques instants. Il s’agenouille devant un tableau représentant le Christ en croix et se met à prier. Alors, les divines paroles deviennent pour lui une réalité. Il voit le divin Crucifié incliner vers lui sa tête couronnée d’épines, comme pour l’approuver, et il sent que Dieu lui a pardonné ses fautes, comme il vient de pardonner à son ennemi.
Saint Jean Gualbert embrasse la vie religieuse.
Jean avait une âme ardente. Jusqu’alors, il s’était laissé entraîner par sa passion pour le plaisir ; désormais, avec la même ardeur, il va se livrer aux austérités de la pénitence. Il n’hésite pas un instant. Sous un prétexte quelconque, il prie ses compagnons de rentrer à Florence et reste à San Miniato. A côté de l’église s’élevait un couvent de Bénédictins, de l’Ordre de Cluny, occupé aujourd’hui par les Bénédictins Olivétains. Le nouveau converti s’y rend aussitôt et demande à parler à l’abbé. Il lui raconte le prodige dont il vient d’être favorisé, se jette à ses pieds et le supplie de l’admettre parmi ses Frères. L’abbé, en homme prudent, lui représente d’abord toutes les difficultés de la vie monastique, les sacrifices nécessaires pour renoncer à une vie commode et se soumettre à une règle austère. Enfin, cédant aux instances de Jean, il lui permet de rester dans le monastère, mais sans en prendre encore l’habit.
Cependant, les compagnons de Jean Gualbert étaient rentrés à Florence et avaient raconté à son père ce qui s’était passé. Celui-ci, ne voyant pas revenir le jeune homme, prit avec lui une petite troupe de gens armés, le chercha partout dans la ville et finalement le trouva à San Miniato. Plein de colère, il menaça l’abbé de dévaster le monastère si Jean ne lui était pas rendu. L’abbé l’écouta avec calme et se borna à lui répondre :
— Votre fils va venir ; parlez-lui, et s’il veut vous suivre, nous ne le retiendrons certainement pas.
Apprenant que son père était là et l’attendait, Jean comprit qu’il devait recourir à des moyens extraordinaires. Il saisit une tunique de moine, va à l’église, et, devant l’autel, se coupe lui-même les cheveux. Après quoi, il se dépouille des habits séculiers, revêt la bure monastique et, ainsi vêtu, se présente à son père. Il lui raconte sa rencontre avec le meurtrier de son frère, le pardon accordé à cet homme, au nom de Jésus-Christ, le prodige dont il a été témoin dans l’église de San Miniato ; après quoi il le supplie de lui laisser suivre l’appel du Seigneur. Emu par ce récit et impressionné par l’habit monastique que portait son fils, Gualbert, qui était arrivé la menace sur les lèvres, se laissa fléchir. Il embrassa Jean, le bénit et lui permit de persévérer dans sa vocation.
Désormais, rien n’arrêtera plus le jeune moine dans la carrière qu’il a embrassée. Modèle des novices par son obéissance, sa patience et son humilité, il deviendra, après sa profession, celui de tous les religieux de San Miniato par sa fidélité à la prière, aux veilles, au jeûne et à l’abstinence.
Saint Jean Gualbert se retire chez les Camaldules.
Il n’est donc pas étonnant que l’abbé étant mort, les religieux aient songé à Jean Gualbert pour lui succéder et les conduire dans les voies de la perfection. Notre humble moine, estimant qu’il n’était pas entré en religion pour commander, mais pour obéir, refusa énergiquement la charge que ses Frères voulaient lui confier, et, pour couper court à toute insistance nouvelle, il prit une détermination radicale : il quitta San Miniato. Les plus anciennes chroniques de l’Ordre de Vallombreuse attribuent cette démarche à un motif bien différent : Jean aurait estimé ne pouvoir rester sous l’autorité d’un nouvel abbé, dont l’élection était entachée de simonie, abus trop fréquent au xie siècle et que Grégoire VII, seul, réussira à extirper. Mais, depuis, le savant Dom Mabillon a démontré que le récit de ces anciennes chroniques était inadmissible ; il ne faut donc voir dans la résolution de Jean qu’une preuve de son humilité.
Il emmenait avec lui un compagnon, qui partageait les mêmes désirs de perfection.
Les deux religieux remontèrent le cours de l’Arno et gagnèrent, à l’est de Florence, les montagnes des Appenins. Ils suivirent probablement la route qui passe aujourd’hui par Pontassieve, Diaccetto, Borselli, Consuma, Casaccia, Pratovecchio et Stia. C’est dans le voisinage sans doute de l’un de ces villages, on ne sait lequel, que se produisit un incident merveilleux, semblant démontrer que le ciel approuvait leur détermination.
Un jour, ils trouvent sur leur chemin un pauvre qui leur demande l’aumône.
— Frère, dit aussitôt Jean à son compagnon, donnez à ce pauvre homme la moitié du pain qui nous reste.
— Mais nous n’avons plus, à nous deux, qu’un seul pain pour le repas de ce soir. Cet homme trouvera facilement de quoi se nourrir dans le village voisin.
— Allons, mon frère, n’hésitez pas et faites comme je vous dis.
Le religieux obéit, un peu à contre-cœur, il faut l’avouer. Or, vers le soir, ils arrivèrent près d’un bourg, où Jean ne voulut point entrer ; il envoya seulement son compagnon quêter auprès des habitants. Celui-ci ne tarda pas à revenir les mains presque vides, car, dit la chronique, il n’avait pu recueillir que trois œufs, et il ne manqua pas de faire remarquer à Jean son imprudence. Le saint moine ne répondit rien. Mais, quelques instants plus tard arrivèrent successivement trois habitants du village, qui apportaient chacun un pain. Des bergers, qui ramenaient leurs troupeaux à l’étable, avaient entendu les reproches adressés à Jean par son compagnon ; ils avaient raconté la chose à leurs concitoyens, et ceux-ci, touchés de tant de charité, avaient voulu venir en aide aux deux religieux.
Nos voyageurs franchirent en deux ou trois jours les quelque cinquante kilomètres qui séparent Florence de Stia. De ce village, traversant le val d’Arno, non loin de la source de ce fleuve, ils atteignirent une autre vallée, à 900 mètres d’altitude. Le pays était solitaire et tout à la fois sauvage et pittoresque ; il était bien fait pour attirer une âme contemplative. Aussi, quelques années auparavant, saint Romuald y avait fondé, en l’an 1012, son premier ermitage, et, deux siècles plus tard, François d’Assise devait subir le même charme et établir, vingt kilomètres plus au Sud, sa résidence de l’Alverne. Le site portait le nom de Campus Maldoli, dont on a fait Camaldolf, en français, Camaldules.
Jean Gualbert s’y arrêta et demanda à l’abbé ou prieur, de l’admettre, lui et son compagnon, parmi les ermites, qui étaient encore soumis aux supérieurs de l’Ordre bénédictin. D’aucuns prétendent que le monastère était encore gouverné par saint Romuald lui-même, lequel mourut en 1027 ; d’autres nomment le prieur Pierre Daguin. Quoi qu’il en soit, l’ancien moine de San Miniato fut reçu à l’ermitage et y donna l’exemple de toutes les vertus. Après plusieurs années, l’abbé voulut le faire ordonner prêtre. Mais Jean, se jugeant indigne du sacerdoce, ne voulut jamais y consentir et il demanda l’autorisation de se retirer dans une solitude plus profonde. Le supérieur l’y autorisa et ajouta même, comme inspiré par le ciel :
— Allez donc jeter les fondements du nouvel Institut dont vous serez le Père.
Il est très difficile de préciser la date du départ de Jean ; tout au plus peut-on indiquer qu’il eut lieu entre 1015 et 1039.
Fondation de Vallombreuse. — Ferveur des premiers habitants.
Cette fois, Jean Gualbert se dirigea vers l’Ouest et, se rapprochant de Florence, repassa le Val Casentino. A moitié chemin, entre Camaldoli et Florence, il trouva une magnifique forêt de sapins et de hêtres, située à plus de 900 mètres d’altitude. C’était la solitude la plus complète ; l’humble moine s’y bâtit une hutte de branchages et s’y installa. Il comptait bien y vivre connu de Dieu seul. Mais la renommée de ses vertus le trahit bientôt et les disciples affluèrent. Dans le principe, ils habitaient des cellules séparées, bâties autour de celle de Jean ; au bout de quelque temps, il fallut construire une chapelle commune, puis un monastère. Enfin, le nombre des religieux augmentant sans cesse, Jean songea à les diviser en deux classes : les religieux clercs, qui s’occupaient surtout du chant de l’office divin, et les convers, qui s’adonnaient aux soins matériels de la maison. Par la suite, les Ordres mendiants eurent de même les Frères lais ou laïcs. D’autres Instituts plus récents ont adopté le nom de coadjuteurs ; en fait, sous un nom ou sous un autre, la même distinction se retrouve entre religieux vaquant à l’office divin ou aux travaux de l’esprit, et religieux occupés aux travaux matériels.
Voilà donc Jean Gualbert devenu, bien malgré lui, père de nombreux fils spirituels. Pour règle, il leur donna naturellement celle de saint Benoît, qu’il avait déjà pratiquée à San Miniato, puis à Camaldoli. Mais il voulut qu’on l’observât à la lettre, sans tenir compte des adoucissements que le temps y avait introduits. Quant au vêtement, il fut de couleur tirant sur le gris. Voici comment Jean fut amené à l’adopter. Les moines tissaient eux-mêmes leurs habits. Or, la première fois qu’ils eurent à le faire, la laine fournie par les troupeaux du monastère se trouva d’être presque par moitié blanche et noire. Le fondateur ordonna qu’on l’employât telle qu’elle se présentait, et le tissu qui en résulta fut de couleur grise.
Les moines de Vallombreuse chantaient donc les louanges de Dieu avec une grande ferveur et se livraient vaillamment eux observances de la vie religieuse. Celle de l’abstinence leur était particulièrement chère ; elle allait jusqu’au scrupule. Un jour, le pain vint à manquer et Jean ordonna de tuer un mouton pour le servir au réfectoire. Aucun des moines ne voulut y toucher et tous demeurèrent à jeun. La même chose se produisit une seconde fois. Mais Dieu se contenta du premier sacrifice des pieux religieux. Comme ils sortaient du réfectoire, on sonna à la porte du monastère, et le Frère portier trouva une grande quantité de pain et de farine apportée par une main inconnue.
Vertus et miracles de saint Jean Gualbert.
Une ferveur si peu commune ne nous étonnera pas, si nous pensons que Jean, élu abbé par ses frères, donnait à tous l’exemple des plus hautes vertus et que Dieu opérait par lui des prodiges sans nombre.
Il avait une horreur souveraine de la simonie. Sur le conseil d’un reclus de Florence, nommé Teuzon, il dénonça en pleine place publique un évêque qui s’en était rendu coupable et qui avait nom Pierre de Pavic. L’affaire fit un bruit énorme. Et Jean dut céder à la pression de l’opinion et laisser un de ses religieux, Pierre Aldobrandini, affronter l’épreuve du feu pour convaincre le simoniaque, lequel revint à résipiscence ; quant au moine, sorti victorieux des flammes, il en garda le nom de Pierre « Igné », sous lequel il est honoré aujourd’hui dans l’Eglise.
D’autre part, s’il avait la haine la plus profonde pour le péché, Jean Gualbert était plein de miséricorde pour le pécheur, et il reçut dans son monastère plusieurs prêtres simoniaques qui voulaient se convertir.
Son esprit de pauvreté était extrême, et il entendait que cette vertu fût exactement observée dans les maisons qu’il avait fondées. Visitant le couvent de Muscerano, qui venait d’être construit, il trouva une grande et belle construction, dont l’abbé se montrait très fier. Il lui reprocha son manquement à l’esprit de pauvreté et pria le Seigneur d’y apporter remède lui-même. Aussitôt, le ruisseau qui passait près de là, dit la chronique, s’enfla démesurément ; il inonda le monastère et le renversa de fond en comble.
Sa confiance en la Providence était sans bornes et résultait de son amour pour la pauvreté. Une année de grande disette, les monastères de l’Ordre manquaient de blé. Jean pensa qu’il en trouverait au couvent de Passignano, petite bourgade située sur la rive orientale du lac de Trasimène, célèbre par la défaite qu’Annibal infligea aux Romains en 217 avant Jésus-Christ. Il s’y rendit donc et pria le cellérier ou économe de lui donner la moitié de ce qu’il possédait. Le pauvre moine montra à Jean son grenier, à peu près vide à ce qu’il croyait. Mais à peine en eut-il ouvert la porte, qu’il s’arrêta épouvanté ; le grenier était plein d’excellent froment. Le vénérable abbé en fit remplir les sacs qu’il avait apportés, et cependant, lorsque le cellérier alla revoir son grenier, il le trouva également bien approvisionné. Une autre fois, recevant la visite du Pape saint Léon IX, il n’avait rien à lui offrir pour son repas. L’abbé commanda à deux novices d’aller pêcher quelques poissons dans l’étang voisin, où il n’y en avait habituellement que très peu. Les deux novices obéirent et revinrent bientôt apportant deux magnifiques brochets.
Nous n’en finirions pas si nous voulions raconter tous les miracles que les biographes attribuent au fondateur de Vallombreuse. Bornons-nous à citer encore le suivant. Un jour, l’écuyer d’un chevalier du voisinage accourt à la cellule de Jean Gualbert et lui annonce que son maître est à l’agonie. Jean se met en prières et bientôt dit au messager :
— Retournez vers le seigneur Ubaldo ; il se porte très bien et vous attend.
L’écuyer repartit en toute hâte et retrouva le chevalier plein de santé.
Mort de saint Jean Gualbert. — Son culte. — Ses reliques.
Cependant, Jean Gualbert, âgé de soixante-dix-huit ans, tomba gravement malade. Il se trouvait alors au couvent de Passignano. La maladie fut assez longue, et on raconte qu’un ange venait servir le vénérable mourant et l’aider à supporter ses souffrances. Jean fît appeler les abbés des monastères qu’il avait fondés, leur recommanda une fidélité constante à la règle et une parfaite charité fraternelle. Il mourut le 12 juillet 1073 et son corps fut enseveli dans la chapelle du couvent.
Le Pape Célestin III le canonisa le 6 octobre 1193 ; Clément VIII (mort en 1605) donna à sa fête le rite simple ; Clément X, le 21 mars 1671, le rite semi-double ; Innocent XI, le 18 janvier 1680, le rite double.
La majeure partie des reliques du Saint est encore à Passignano. Un de ses bras est à Vallombreuse ; sa mâchoire, à l’église de la Sainte-Trinité, à Florence ; dans cette même église, on conserve le Crucifix miraculeux de San Miniato : il se trouve dans l’une des chapelles du transept de droite, mais il est habituellement voilé.
Une fête de la translation des reliques est fixée au 10 octobre.
Quant à l’abbaye de Vallombreuse, les bâtiments actuels n’en datent que du xviie siècle ; elle fut fermée en 1810 par les Français et ne fut rouverte aux religieux qu’en 1819. Le monastère a été transformé en école forestière en 1869, et seuls quelques religieux y furent maintenus en qualité de gardiens en attendant le retour du couvent à sa destination première.
Du vivant du fondateur, l’Ordre vallombrosien avait été approuvé par le Pape Victor II en 1055 ; il le fut de nouveau par le bienheureux Urbain II, le 6 avril 1090 ; les Constitutions furent confirmées par Clément XI, le 15 mai 1704, puis par Benoît XV, le 28 mai 1921. Au début du xxe siècle, les religieux de Vallombreuse étaient peu nombreux ; en 1929, on n’en comptait guère plus d’une soixantaine, répartis en six monastères, dont celui de Sainte-Praxède, à Rome, le célèbre sanctuaire marial du Montenero, près de Livourne, et l’abbaye de Saint-Eusèbe, sur le Lac Majeur, qui leur avait été rendue pendant la Grande Guerre.
Th. Vettard.
Sources consultées. — Grands Bollandistes (t. III de juillet). — Migne, Dictionnaire des Ordres religieux (t. III, Paris, 1850). — Annuaire pontifical catholique. — (V. S. B. P., n° 23.)