Franc-​Maçonnerie : Position de l’Église après Vatican II

Selon cer­tains, la posi­tion de l’Eglise serait « inchan­gée » après Vatican II : c’est faux dans le nou­veau Droit canon et dans les faits.

Dès Vatican II, l’établissement d’un nou­veau code de droit Canon qui ne men­tion­nait pas expli­ci­te­ment la franc-​maçonnerie a créé un débat vite refer­mé par la publi­ca­tion par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi une décla­ra­tion qui confirme que le juge­ment néga­tif de l’Église et les condam­na­tions sont tou­jours d’ac­tua­li­té même si dans les faits elles ne sont plus appli­quées qu’a­vec « par­ci­mo­nie »…et sou­vent plus du tout.

La position de l’Église sur la franc-​maçonnerie resterait « inchangée »

Compte tenu des prises de posi­tion hété­ro­doxes d’é­vêques alle­mands sur le sujet, le Cardinal Sepper avait dû en effet, le 17 février 1981, pré­ci­ser le sens d’une lettre qu’il avait adres­sée à quelques confé­rences épis­co­pales concer­nant l’application du canon 2335 de l’ancien Code frap­pant d’excommunication latae sen­ten­tiae les catho­liques qui avaient don­né leur adhé­sion à des asso­cia­tions maçonniques :

2335 – Ceux qui donnent leur nom à une secte maçon­nique ou à d’autres asso­cia­tions du même genre qui com­plotent contre l’Eglise ou les pou­voirs civils légi­times, contractent par le fait même une excom­mu­ni­ca­tion sim­ple­ment réser­vée au Siège apostolique.

Ne répon­dant que sur des cas par­ti­cu­liers qui lui avaient été sou­mis par des cor­res­pon­dants anglo-​saxons, concer­nant des maçons non hos­tiles à l’Église catho­lique, il avait répon­du que l’excommunication ne s’appliquait pas. De là, on avait déduit faus­se­ment que l’excommunication était levée pour toutes les obé­diences, qui selon les confé­rences épis­co­pales locales répon­draient à ce cri­tère de non hos­ti­li­té envers l’Église.

D’où la mise au point logique du Cardinal Sepper, car l’ancien code exis­tait encore et devait donc être appli­qué. Il ne fal­lait pas mélan­ger des cas par­ti­cu­liers, liés à une pru­dence ou cha­ri­té pas­to­rales dont le Magistère avait tenu compte avec une loi géné­rale qui n’avait pas été abro­gée. Finalement, le Code de droit cano­nique publié en 1983 punit moins dure­ment, abro­geant « toutes les lois pénales uni­ver­selles ou par­ti­cu­lières por­tées par le Siège Apostolique à moins qu’elles ne soient reprises dans le pré­sent Code » (Canon 6 n°3).

Ainsi la liste des excom­mu­ni­ca­tion « latae sen­ten­tiae » (excom­mu­ni­ca­tion auto­ma­tique) est main­te­nant bien moins large : elle n’in­clut plus les asso­cia­tions « qui conspirent contre l’Église » dont les membres ne sont donc plus excom­mu­niés « latae sen­ten­tiae » mais seront « punis d’une juste peine » (Canon 1374) :

Can. 1374 – Qui s’inscrit à une asso­cia­tion qui conspire contre l’Église sera puni d’une juste peine ; mais celui qui y joue un rôle actif ou qui la dirige sera puni d’interdit.

Ces chan­ge­ments de termes ont alors don­né lieu à des inter­pré­ta­tions : le R.P. Riquet, sj, en dédui­sait que si l’excommunication était levée, l’accès à l’Eucharistie permis.

Mais le 26 novembre 1983, la Congrégation pour la Doctrine de la foi pré­si­dée par le car­di­nal Joseph Ratzinger a fina­le­ment publié une décla­ra­tion pour indi­quer que le juge­ment néga­tif de l’Église sur les asso­cia­tions maçon­niques demeu­rait « inchangé ».

« Les fidèles qui appar­tiennent aux asso­cia­tions maçon­niques sont en état de péché grave et ne peuvent accé­der à la sainte com­mu­nion », écrit le Cardinal dans cette Déclaration du 26 novembre 1983 parce que les prin­cipes maçons ont tou­jours été consi­dé­rés comme « incon­ci­liables » avec la doc­trine de l’Église. Il rap­pelle que les auto­ri­tés ecclé­sias­tiques locales n’ont pas le droit de déro­ger à ces règles vis-​à-​vis de toutes les Obédiences maçon­niques, et que l’Église « inter­dit » à ses fidèles d’en faire partie.

Dans les faits, il en va tout autrement…

Pour preuve, voi­ci ce qu’en disait Mgr Lefebvre (1) :

« Je crois sin­cè­re­ment que nous avons affaire à une contre­fa­çon de l’Eglise et non pas à l’Eglise catho­lique. Parce qu’ils n’enseignent plus la foi catho­lique. Ils ne défendent plus la foi catho­lique. Ils enseignent autre chose. Ce n’est plus l’Eglise catho­lique. Tous ces Cardinaux dans les congré­ga­tions et toutes ces secré­taires dans les congré­ga­tions, ils sont bien assis là où étaient leurs pré­dé­ces­seurs mais ils ne conti­nuent pas leurs pré­dé­ces­seurs. Ils n’ont plus la même foi, ni la même doc­trine ni la même morale que leurs pré­dé­ces­seurs. Et prin­ci­pa­le­ment, leur grande erreur c’est l’œcuménisme. Ils enseignent un œcu­mé­nisme qui est contraire à la foi catho­lique. Je dirai : que pensez-​vous des ana­thèmes du Concile de Trente ? Que pensez-​vous des ana­thèmes de l’encyclique Auctorem Fidei ? Que pensez-​vous du Syllabus ? De l’encyclique Immortale Dei du Pape Léon XIII ? Que pensez-​vous de la lettre sur le Sillon par le Pape Pie X ? De l’encyclique Quas pri­mas du Pape Pie XI ? Mortalium ani­mos du Pape Pie XI contre le faux œcu­mé­nisme ? Que pensez-​vous de tout ça ? Qu’ils me répondent sur ces docu­ments qui défi­nissent notre foi. Ce ne sont pas des docu­ments quel­conques. Ce sont des docu­ments offi­ciels qui engagent l’autorité du Pape.

On peut et on doit même croire que l’Eglise est occu­pée par cette contre-​Eglise que nous connais­sons bien et que les Papes ont condam­né. Depuis bien­tôt quatre siècles, l’Eglise ne cesse de condam­ner cette contre-​Eglise qui est née avec le pro­tes­tan­tisme et qui est à l’origine de toutes les erreurs modernes, qui a détruit toute la phi­lo­so­phie, qui nous a entraî­né dans toutes ces erreurs que nous connais­sons : libé­ra­lisme, socia­lisme, com­mu­nisme, moder­nisme, sio­nisme. Nous en mour­rons. Les Papes ont tout fait pour condam­ner cela. Et voi­là que main­te­nant, ceux qui sont sur les sièges de ceux qui ont condam­né ces choses-​là sont main­te­nant d’accord pra­ti­que­ment avec ce libé­ra­lisme et cet œcu­mé­nisme. Plus les choses s’éclairent et plus nous nous aper­ce­vons que ce pro­gramme qui a été éla­bo­ré dans les loges maçon­niques, on s’aperçoit tout dou­ce­ment et avec des pré­ci­sions de plus en plus grandes, qu’il y a tout sim­ple­ment une loge maçon­nique au Vatican. Maintenant quand on se trouve devant un secré­taire de congré­ga­tion ou un car­di­nal qui se trouve assis dans le siège où se trou­vaient de saints car­di­naux qui avaient la foi et défen­daient la foi de l’Eglise, on se trouve devant un franc-​maçon. »