La fête de la Purification de la Sainte Vierge

La Présentation au Temple, par Lodovico Carracci

La litur­gie de cette fête est d’une grande richesse spi­ri­tuelle et d’une grande signi­fi­ca­tion surnaturelle.

Chaque année nous célé­brons, le 2 février, la fête de la Purification de la Sainte Vierge, qui est l’une des fêtes litur­giques les plus anciennes en l’hon­neur de Notre Dame, et même sans doute la plus ancienne, puis­qu’elle était célé­brée à Jérusalem dès le 4eme siècle. Elle com­mé­more deux évé­ne­ments qui se dérou­laient en même temps dans le Temple de Jérusalem :

En pre­mier lieu, c’est la céré­mo­nie de la Purification légale de Marie au Temple qui est pré­sen­tée à notre contem­pla­tion. Notre Dame, qui est res­tée abso­lu­ment vierge avant, pen­dant et après la nais­sance de son Fils unique, s’est sou­mise volon­tai­re­ment et de tout son cœur à cette pieuse céré­mo­nie, alors qu’elle n’y était pas tenue. Elle nous donne ain­si un admi­rable exemple d’humilité et d’obéissance et, le moment de dévoi­ler le secret de sa mater­ni­té divine n’é­tant pas encore venu, elle se montre heu­reuse d’être assi­mi­lée à toutes les autres mères.

En second lieu, cette fête com­mé­more la Présentation de l’Enfant Jésus au Temple, confor­mé­ment à la Loi du Seigneur qui pres­cri­vait : « Tout premier-​né sera consa­cré au Seigneur ». Là aus­si, quel exemple d’abaissement et d’abnégation nous donne Notre Seigneur qui, en tant que vrai Dieu et auteur de cette pres­crip­tion comme de toutes celles de sa Loi, n’a­vait pas à s’y sou­mettre ! C’est néan­moins à l’oc­ca­sion de cette céré­mo­nie que l’Enfant Jésus fait sa pre­mière entrée dans le Temple du Seigneur, et vient y scel­ler la nou­velle alliance entre son Père éter­nel et tout le genre humain, en s’of­frant dès ce moment comme vic­time à la place de tous les hommes, si pécheurs et si coupables.

A l’oc­ca­sion de cette céré­mo­nie de pré­sen­ta­tion au Temple, les parents de l’en­fant devaient offrir en sacri­fice, selon la pres­crip­tion de la Loi, deux tour­te­relles ou deux petits de colombe, comme le rap­pelle la cin­quième antienne des deuxièmes vêpres de la fête. Saint Thomas d’Aquin nous donne la signi­fi­ca­tion spi­ri­tuelle pro­fonde de l’of­frande de ces deux espèces d’oiseaux.

La tour­te­relle a une triple signification :

  • en tant qu’oi­seau qui chante beau­coup, elle signi­fie la pré­di­ca­tion et la confes­sion de la foi ;
  • en tant qu’a­ni­mal chaste, elle sym­bo­lise la chasteté ;
  • enfin, en tant qu’a­ni­mal soli­taire, elle désigne la contemplation.

Quant à la colombe, ani­mal doux et simple, elle signi­fie la dou­ceur et la sim­pli­ci­té ; de plus en tant qu’a­ni­mal qui aime vivre en groupe, elle signi­fie la vie active.

Saint Thomas conclut de tout cela que l’offrande de ces oiseaux figu­rait la per­fec­tion du Christ qui devait venir et de ses membres. Et il ajoute que la Loi du Seigneur deman­dait d’of­frir deux oiseaux de l’une ou l’autre espèce pour mani­fes­ter que la sain­te­té requise ne concer­nait pas seule­ment l’âme, mais aus­si le corps.

Pour ce qui est des cierges bénis le 2 février, ils ne sont pas une simple figure, comme ces oiseaux, mais ils repré­sentent réel­le­ment la per­fec­tion du Christ Incarné, venu habi­ter par­mi nous. Saint Anselme nous dit en effet qu’il y a trois choses à consi­dé­rer dans le cierge : la cire, la mèche et la flamme :

  • la cire, for­mée du suc des fleurs par les abeilles, que l’Antiquité a tou­jours consi­dé­rées comme un type de la vir­gi­ni­té, repré­sente la chair vir­gi­nale du Divin Enfant, laquelle n’al­té­ra d’au­cune manière, ni dans sa concep­tion, ni dans sa nais­sance, l’in­té­gri­té par­faite de Marie ;
  • la mèche, qui est à l’in­té­rieur de la cire, repré­sente l’âme du Christ Jésus ;
  • la flamme, qui brille à la par­tie supé­rieure du cierge, repré­sente la divi­ni­té de Notre Seigneur.

La litur­gie de la fête de la Purification est donc d’une grande richesse spi­ri­tuelle et d’une grande signi­fi­ca­tion sur­na­tu­relle. Ce n’est pas sans rai­son qu’elle clôt le cycle litur­gique de Noël, pour deux motifs :

  • elle nous fait contem­pler une der­nière fois dans tout son ensemble le mys­tère de l’in­car­na­tion, mys­tère cen­tral de tout le cycle de Noël, en nous fai­sant voir en Notre Seigneur Jésus-​Christ incar­né le Messie annon­cé par tous les pro­phètes de l’Ancien Testament (voir l’é­pître de la messe) ;
  • elle fait la jonc­tion entre les deux grands cycles litur­giques de Noël et de Pâques, tout comme Notre Seigneur fit la jonc­tion entre l’Ancien Israël, repré­sen­té au Temple par le vieillard Siméon et la pro­phé­tesse Anne, et le Nouvel Israël qu’est l’Église Catholique sor­tie de son côté per­cé par la lance du sol­dat alors qu’il était mort sur la Croix (voir l’é­van­gile de la messe).

Il convient donc de pro­fi­ter de cette belle fête de la Purification pour remer­cier Notre Seigneur et Notre Dame de toutes les grâces sur­na­tu­relles reçues durant le cycle litur­gique de Noël, et pour leur deman­der les grâces qui nous seront néces­saires pour sanc­ti­fier le plus géné­reu­se­ment pos­sible le Carême qui vient.

Source : Le Saint-​Anne n° 340