Comme eux, suivons l’étoile de notre foi.
Si nous la perdons de vue, gardons toujours la même route.
La venue des rois mages à la crèche (Mt 2, 1–12) a inspiré de très nombreux prédicateurs. Dans un sermon sur l’Épiphanie, le jésuite Louis Bourdaloue (1632–1704) évoque la véritable sagesse « qui consiste à chercher et à trouver Dieu ». Tant dans le début, les progrès et la perfection de leur foi, les rois mages nous encouragent à accueillir la grâce, puis à persévérer, en nous laissant guider par la sagesse divine.
Répondre à l’appel de la grâce
L’Évangile note : « Nous avons vu son étoile et nous sommes venus ». Dès qu’ils discernèrent l’appel de Dieu, les mages se mirent en route. « Tandis qu’un nouvel astre brille extérieurement à leurs yeux », une « lumière secrète » entre dans leurs cœurs. Mus par la grâce, ces sages répondent à leur Dieu qui attend « les hommages de toutes les nations ».
L’empressement de ces hommes contraste avec le manque d’enthousiasme dont nous faisons preuve, lorsque le Saint-Esprit nous suggère un bon projet dont la réalisation chamboulerait nos plans. La promptitude des rois mages à suivre l’étoile met en évidence les retards « téméraires et insensés, que nous apportons tous les jours à l’exécution des ordres de Dieu, et à ce que la grâce nous inspire ».
Persévérer malgré les épreuves
Pour répondre à leur vocation, comme jadis Abraham, les rois mages durent quitter « leur pays, leurs maisons, leurs familles, et, selon la commune tradition, leurs royaumes et leurs états », car nul ne s’approche du Seigneur sans renoncement. Pour entrer et demeurer dans la voie de Dieu, des sacrifices sont nécessaires. La vie spirituelle réclame des démarches qui coûtent à la nature. La prudence humaine présente ces efforts « comme une entreprise au-dessus de nos forces », mais le sage sait que Dieu ne lui demande rien d’impossible.
Lorsque l’étoile se cache, loin de rebrousser chemin, les mages persévèrent dans leur résolution. La difficulté qui survient n’a rien d’étonnant, car Dieu éprouve ainsi souvent l’âme fidèle. « Après nous avoir attirés à son service, et nous y avoir engagés, il retire pour un temps certaines grâces sensibles dont il nous avait d’abord prévenus ». En pareil cas, il importe de « tenir toujours la même route » indépendamment des consolations d’un moment. « Le souvenir des lumières dont nous avons été touchés » suffit pour rester fidèle à Dieu.
Les rois mages recourent aux moyens que la Providence leur fournit. « Ils savent que le Dieu qu’ils cherchent se plaît à être cherché, et que c’est à ceux qui le cherchent qu’il se découvre plus volontiers ». Ils consultent les prêtres et les docteurs de la loi, mais ils font fi des jugements du monde.
L’éminente sagesse
Avec les lumières de leur foi, les mages discernent l’identité de l’enfant qui est devant eux. A travers l’or, l’encens et la myrrhe, ils affirment la souveraineté, la divinité et l’humanité de Jésus-Christ. Ces vrais adorateurs ne s’émeuvent pas « des dehors si vils » du spectacle qu’offre la crèche. S’ils n’avaient eu « qu’une foi faible », leur « raison se serait révoltée », leur « sagesse toute mondaine » leur aurait inspiré du mépris pour un sauveur qui s’est « réduit lui-même en de telles extrémités ». Mais, parce qu’ils sont animés d’une foi vive, ces hommes savent que Jésus « est roi des esprits et des cœurs », L’absence des « ornements de la pompe humaine » ne les surprend pas.
Les rois mages furent « les prémices de notre vocation à la foi ; c’est par eux que Jésus-Christ voulut commencer à nous transmettre ce précieux trésor de la foi ». Ces personnages de la crèche demeurent nos modèles. Comme eux, suivons l’étoile de notre foi. « Ne la perdons jamais de vue. Allons à Dieu et n’y allons pas les mains vides ».
Source : La lettre de saint Florent n° 301