Le Chapelet : passer du temps avec Marie

Comment fixer notre atten­tion en réci­tant le Chapelet ?

Bien sou­vent, c’est un peu décou­ra­gés que nous réci­tons notre cha­pe­let, parce que nous ne par­ve­nons pas à en médi­ter les mys­tères, ou parce que notre pen­sée, notre ima­gi­na­tion, nos regards volettent comme des papillons jusqu’au signe de croix final et « libé­ra­teur » ; nous nous ten­dons en ten­tant de fixer notre atten­tion aux mots du Je vous salue, Marie, ou à telle inten­tion de prière : c’est dom­mage, même si ce n’est pas tota­le­ment inutile, évidemment.

Crédit image : Fra Angelico, Public domain, via Wikimedia Commons

Nous nous pri­vons fina­le­ment de l’essentiel : l’éducation de notre âme par notre Bonne Mère du Ciel, secours des chré­tiens et cause de notre joie.

Pour bien réci­ter son cha­pe­let, il est bon de se rap­pe­ler cer­taines fresques de Fra Angelico où figurent, à côté de Notre Dame, des saints d’une autre époque que la sienne. Ce n’est pas si ana­chro­nique que cela. En effet, la contem­pla­tion des mys­tères du rosaire se pour­suit à tra­vers les siècles, y com­pris le vingt-​et-​unième, et ils sont tou­jours d’une grande actua­li­té pour le bien des âmes.

« Dire le Rosaire, affirme le P. Calmel, c’est avant tout pas­ser du temps avec la Vierge, Mère de Dieu, en nous sou­ve­nant de son union aux mys­tères du Christ ; lui pré­sen­tant notre requête afin qu’elle-même la pré­sente à Jésus, nous remet­tant pour toutes choses à sa prière, qui ne peut être que par­fai­te­ment agréable au Cœur de son Fils. (…) Les pen­sées que nous pou­vons for­mer pen­dant la réci­ta­tion du Rosaire ou du cha­pe­let, les inten­tions que nous pou­vons expri­mer, tout cela est pré­cieux. Mais ce qui a plus de prix encore, ce qui per­met à Marie de faire notre édu­ca­tion spi­ri­tuelle, ce qui lui faci­lite, si on peut dire, sa tâche d’intercession c’est, avant tout, la dis­po­si­tion pre­mière où nous devons être de pas­ser du temps auprès d’elle ».

Ainsi, lors de la dizaine du troi­sième mys­tère joyeux, par exemple, nous nous pla­çons en esprit dans la crèche, et, tout en égre­nant les Je vous salue, Marie, nous nour­ris­sons notre âme du mys­tère de la nais­sance de Jésus, sous la conduite de sa Mère qui fait pas­ser dans notre cœur l’esprit de pau­vre­té. Cela est si simple, puisque c’est la Sainte Vierge qui fait tout, dou­ce­ment, mater­nel­le­ment, spi­ri­tuel­le­ment. Il nous suf­fit de la lais­ser faire.

Les mys­tères du rosaire deviennent comme des « ber­lin­gots » spi­ri­tuels qui tournent dans notre cœur.

La réci­ta­tion du cha­pe­let, cœur à cœur avec Notre Dame, loin d’être alors gâtée par mille dis­trac­tions, devient une mer­veilleuse… dis­trac­tion au sein de nos acti­vi­tés, un rendez-​vous repo­sant, fruc­tueux, paci­fiant. Comme les pèle­rins d’Emmaüs avec Jésus, notre cœur devient brû­lant avec Marie, car Elle nous rend la ver­tu aimable, dési­rable, facile et les mys­tères de notre reli­gion plus accessibles.

« Ce n’est pas en col­lant ser­vi­le­ment à ce qui se passe, mais en s’élevant vers ce qui demeure qu’on répond le plus pro­fon­dé­ment aux besoins de l’homme moderne qui, sous les ori­peaux éphé­mères de l’actualité, res­sent les besoins de l’homme éter­nel (…) Tout ce qui n’est pas de l’éternité retrou­vée est du temps per­du » (Gustave Thibon).

Passer du temps avec son cha­pe­let, auprès de Marie, n’est jamais du temps perdu.