Mes bien chers amis,
Mes bien chers frères,
On parle beaucoup, en nos jours, dans l’Église, de Pentecôtisme et de charismatisme. Et en effet, beaucoup de catholiques aujourd’hui, s’efforcent de recevoir l’Esprit Saint, la grâce de l’Esprit Saint, par une voie nouvelle, par une voie qui, en définitive, nous est venue du protestantisme.
Car le pentecôtisme est né protestant et s’est répandu dans l’Église il n’y a pas beaucoup de temps. Mais aujourd’hui ce pentecôtisme dans l’Église s’est transformé en charismatisme.
Et nous sommes bien obligé d’avouer que ces manifestations se répandent de plus en plus et avec l’approbation des autorités ecclésiastiques. Nous avons pu voir et entendre ces manifestations dans la réunion du Katholikentag en Allemagne, à Munich, au mois de novembre dernier. Tous les évêques et cardinaux allemands étaient réunis à Munich au milieu de 80.000 de leurs fidèles. Et ces manifestations ont eu lieu particulièrement avant la réception du sacrement de l’Eucharistie.
Manifestations qui ont vraiment quelque chose d’étrange. On peut, en vérité, se demander si elles sont inspirées par l’Esprit véritable de Dieu, ou par un autre esprit.
Et à peu près à la même époque, à Gratz, en Autriche, avaient lieu également sous la direction de l’évêque de Gratz, des manifestations charismatiques. Et l’évêque de Gratz expliquait que ces manifestations étaient désormais introduites dans l’Église parce que c’était un moyen d’attirer les jeunes dans les églises qui se vidaient. Et que peut-être par là, ce serait un moyen de faire revivre la vie chrétienne par cette jeunesse.
Dans le même temps, à Paray-le-Monial aussi, avaient lieu souvent des manifestations de ce genre. Manifestations d’ailleurs, qui ont également des aspects assez traditionnels. À Paray-le-Monial, en particulier, on remarque qu’il y a des jeunes qui passent la nuit en adoration devant le Saint Sacrement, qui récitent le chapelet et qui manifestent réellement un esprit de prière. Il y a donc là tout un aspect bizarre et étrange, qui mélange à la fois la tradition dans l’Église et des manifestations qui sont plus étrangères à l’Église, qu’habituelles dans l’Église.
Que devons-nous penser à ce sujet ? Devons-nous croire vraiment que c’est une voie nouvelle qui a été ouverte à l’occasion du concile Vatican II et quelques années avant, pour recevoir l’Esprit Saint ? Il semble que ces manifestations nouvelles ne soient pas du tout conformes à la tradition de l’Église. D’où vient l’Esprit ? Qui nous donne l’Esprit ? Qui est l’Esprit ?
L’Esprit, c’est Dieu. Spiritus est Deus, dit saint Jean : « Dieu est Esprit ». Et Dieu veut qu’on le prie et qu’on l’adore en esprit et en vérité.
Par conséquent c’est bien plus une manifestation spirituelle qui doit montrer notre attachement à l’Esprit que des manifestations sensibles, extérieures. Et puis, c’est Notre Seigneur Jésus-Christ Luimême qui nous dit dans l’Évangile, qui annonce aux apôtres qu’ils recevront l’Esprit qu’il leur enverra.
Il leur enverra l’Esprit qui a reçu de Lui, l’esprit de vérité, l’esprit de charité : Quia de meo accipiet (Jn 16,14). Je vous l’enverrai : Mittam eum ad vos (Jn 16,7). Cet Esprit vient donc de Notre Seigneur Jésus-Christ et du Père.
Nous le disons dans le Credo : Credo in Spiritum Sanctum, qui ex Pâtre, Filioque procedit : Qui procède du Père et du Fils. C’est cela la foi catholique. Nous croyons que l’Esprit Saint vient du Père et du Fils et que Notre Seigneur Jésus-Christ est venu précisément sur la terre, pour nous rendre son Esprit ; pour nous rendre sa vie spirituelle, sa vie divine.
Et quels moyens a‑t-il pris ? A‑t-il pris ces moyens, ces manifestations que nous voyons dans le pentecôtisme et le charismatisme ? Pas du tout ! Il a pris le moyen des sacrements. Il a institué les sacrements pour nous communiquer son Esprit.
Et en particulier, nous devons insister sur cette vérité de la Tradition : Notre Seigneur nous communique son esprit par le baptême. Il le dit à Nicodème, dans cet entretien nocturne qu’il a eu avec Nicodème. Il lui dit : « Celui qui ne renaît de l’eau et de l’Esprit Saint, n’entrera pas dans le royaume des Cieux ».
Nous devons donc renaître de l’eau et de l’Esprit Saint. Et c’est d’ailleurs ainsi également que Notre Seigneur a communiqué son Esprit aux apôtres. Les apôtres ont d’abord reçu le baptême de Jean et ensuite, à la Pentecôte, ont reçu le baptême de l’Esprit.
Et qu’ont fait les apôtres, immédiatement, après qu’eux-mêmes aient reçu l’Esprit Saint ? Ils ont baptisé ; ils ont communiqué l’Esprit Saint à tous ceux qui avaient la foi ; à tous ceux qui croyaient en Notre Seigneur Jésus-Christ.
C’est donc de cette manière que l’Église, sous l’influence et sous la dictée de Notre Seigneur Luimême, communique l’Esprit Saint aux âmes, par le baptême. Nous avons tous reçu l’Esprit Saint au jour de notre baptême.
Il me semble que nous aurions intérêt à méditer davantage, la grande réalité de notre baptême. C’est une transformation totale qui s’est accomplie dans notre âme, à l’occasion de la réception de ce sacrement.
Et puis, les autres sacrements sont venus compléter cette effusion de l’Esprit Saint que nous avons reçu au jour de notre baptême, le sacrement de confirmation – que cet après-midi j’aurai la joie de donner à de nombreux enfants – le sacrement de confirmation nous communique aussi tous les dons du Saint-Esprit, avec une grande effusion, parce que nous en avons besoin pour alimenter notre vie spirituelle, pour fortifier notre vie spirituelle, notre vie chrétienne.
Et ce n’est pas tout. Notre Seigneur a voulu que deux sacrements en particulier, nous communiquent son Esprit d’une manière fréquente, afin d’entretenir l’effusion de son Esprit en nous. Ce sont les sacrements de pénitence et le sacrement de l’Eucharistie. Sacrement de pénitence qui renforce la grâce que nous avons reçue au jour de notre baptême et qui purifie nos âmes de nos péchés. Car nous ne pouvons pas penser recevoir de nombreuses grâces de l’Esprit Saint si nos âmes se trouvent en état de contradiction avec l’Esprit Saint, par le péché. Le sacrement de pénitence, par conséquent, nous restitue la vertu de l’Esprit Saint, la vertu de la grâce.
Et que dire du sacrement de l’Eucharistie, qui nous est donné par le Saint Sacrifice de la messe. Car c’est dans le même instant que le Sacrifice de la messe est réalisé. Sacrifice de la Rédemption continué, que le sacrement de l’Eucharistie est réalisé.
Et cette grâce qui coule du cœur de Notre Seigneur Jésus-Christ, du cœur transpercé de Notre Seigneur, le sang et l’eau qui coulent, manifestent à la fois les grâces de la Rédemption par l’eau qui coule de son Cœur Sacré et le sang qui coule, c’est sa vie divine qui nous est communiquée. Alors, dans la Sainte Eucharistie aussi, nous recevons à la fois, la sanctification de nos âmes et l’éloignement du péché et par l’attachement à Notre Seigneur Jésus-Christ ; autant de sources de l’Esprit.
Le sacrement de mariage et le sacrement de l’ordre, sont des sacrements qui sanctifient la Société. Le sacrement de mariage sanctifie la famille. Le sacrement de l’ordre est donné précisément pour communiquer l’Esprit Saint à toutes ces familles chrétiennes, à toutes les âmes. C’est donc encore de nouvelles occasions par lesquelles Notre Seigneur Jésus-Christ nous donne réellement son Esprit, son Esprit de vérité, son Esprit d’amour, son Esprit de charité.
Et enfin le sacrement de l’extrême-onction qui nous prépare à recevoir la véritable et définitive effusion de l’Esprit Saint, lorsque nous recevrons notre récompense au Ciel.
Voilà les moyens par lesquels Notre Seigneur Jésus-Christ a voulu nous communiquer sa vie spirituelle, son propre Esprit. Nous n’avons pas le droit de choisir d’autres moyens et de vouloir d’autres moyens que ceux que Notre Seigneur Jésus-Christ a institués Lui-même.
Il s’est donné la peine d’instituer ces moyens si simples, si beaux, si efficaces, si symboliques en même temps. Nous n’avons pas le droit d’espérer que par nos simples manifestations extérieures, des gestes particuliers, nous avons le droit, en quelque sorte, de recevoir l’Esprit Saint.
Il est bien à craindre que ces manifestations soient inspirées par le mauvais esprit, pour tromper précisément les fidèles, en leur faisant croire qu’ils reçoivent le véritable Esprit de Notre Seigneur, mais qu’en réalité, ce n’est pas du tout celui-là qu’ils reçoivent, mais bien un autre esprit.
Alors, prenons garde de nous laisser entraîner dans ces manifestations, ou dans ces désirs et détournons ceux qui dans nos familles, à l’occasion, sont attirés par ces manifestations. Disons-leur que Notre Seigneur a pris soin de nous donner son Esprit par ses sacrements.
Et quel est l’effet de la descente de l’Esprit Saint en nous ? C’est d’abord de nous éloigner du péché, par ces dons particuliers de force et de crainte de Dieu et particulièrement de la crainte filiale, non point de la crainte servile. Oh, certes la crainte servile est utile, c’est-à-dire la crainte des châtiments peut être utile pour nous maintenir dans la voie de la fidélité à Notre Seigneur Jésus-Christ et à ses commandements.
Mais c’est surtout la crainte filiale que nous devons cultiver. C’est celle-là que nous donne l’Esprit Saint dans son don de crainte, la crainte de nous éloigner de Celui qui est notre tout : Notre Seigneur Jésus-Christ, de nous éloigner de Dieu, de nous éloigner de l’Esprit Saint. Cette crainte devrait être suffisante et devrait être efficace, pour nous éloigner de tout péché, de tout péché volontaire quel qu’il soit, d’éloigner nos volontés de Dieu, d’éviter que nos volontés s’attachent à des biens, contrairement à la volonté du Bon Dieu. C’est le premier effet des dons du Saint-Esprit. Et puis, le Saint-Esprit aussi, nous inspire de nous soumettre à la volonté de Dieu, par le don de conseil et par le don de sagesse.
Le don de conseil qui perfectionne la vertu de prudence. Nous avons besoin, au cours de notre existence, de savoir quelle est la volonté du Bon Dieu, pour la faire, pour la pratiquer. Ce n’est pas toujours facile. Il se trouve parfois que certaines décisions soient difficiles à prendre et qu’il est difficile de connaître la volonté du Bon Dieu. Alors, le Saint-Esprit nous éclaire par le don de conseil et par le don de sagesse.
Et puis, le Saint-Esprit également, nous incite à la prière, à l’union avec Notre Seigneur JésusChrist, à l’union à Dieu, par la prière. Alors c’est le don de piété que le Saint-Esprit nous donne. Don de piété qui se manifeste particulièrement par la vertu de religion qui élève nos âmes vers Dieu ; vertu de religion qui fait partie de la vertu de justice. Car il est juste et digne que nous rendions un culte et le culte que Dieu veut que nous lui rendions, par Notre Seigneur Jésus-Christ, par le Sacrifice de Notre Seigneur Jésus-Christ, par la Sainte Messe. Dieu a voulu que nous Lui rendions tout honneur et toute gloire, avec Notre Seigneur Jésus-Christ, par Notre Seigneur Jésus-Christ, en Notre Seigneur Jésus-Christ, dans le Saint Sacrifice de la messe. C’est ce que vous venez faire, c’est ce que l’Église demande que nous fassions tous les dimanches : nous unir au Sacrifice de Notre Seigneur Jésus-Christ. C’est la plus belle prière. C’est la plus grande prière. Alors, c’est là que le Saint-Esprit nous inspire cette vertu de religion, cet esprit de piété profonde, bien plus spirituelle que sensible.
C’est pourquoi, là encore, il y a une erreur dans la réforme liturgique, lorsque l’on a tant insisté sur la participation des fidèles. J’ai entendu moi-même Mgr Bugnini – celui qui a été la cheville ouvrière de la réforme liturgique – nous dire : « Toute cette réforme a été faite dans le but de faire participer davantage les fidèles, à la liturgie ».
Mais quelle participation ? La participation extérieure, la participation orale. Ce n’est pas toujours la meilleure participation.
Pourquoi la participation extérieure ? Pourquoi ces cérémonies ; pourquoi ces chants ; pourquoi ces prières vocales ? Pour l’union intérieure, pour l’union spirituelle, pour la participation spirituelle, surnaturelle, pour unir nos âmes à Dieu.
C’est pourquoi il n’est pas du tout inconcevable que les fidèles, que n’importe quel assistant au Saint Sacrifice de la messe, reste en silence pendant tout le Saint Sacrifice de la messe, n’ouvre même pas son livre de messe – je dirai – pendant le Saint Sacrifice de la messe. S’il se sent vraiment attiré, conquis, inspiré en quelque sorte par les sentiments que le prêtre manifeste dans son action ; en entendant le prêtre faire son acte de confession, son acte de contrition, l’âme s’unit au prêtre et regrette ses péchés.
En entendant le Kyrie eleison, c’est l’appel à la piété et à la miséricorde de Dieu. En entendant la parole de l’Épître, de l’Évangile, c’est l’esprit de foi, c’est l’acte de foi ; acte de foi dans le Credo, dans les vérités enseignées par la Sainte Église. Et l’Offertoire : l’âme s’offre avec l’hostie sur la patène ; offre sa journée ; offre toute sa vie ; offre sa famille, offre tous les siens à Dieu. Et ainsi tous les sentiments continuent à travers cette messe magnifique. C’est cela la participation véritable ! C’est la participation intérieure de notre âme, avec la prière publique de l’Église. Ce n’est pas nécessairement une participation purement extérieure.
Sans doute, ces participations extérieures sont très utiles, peuvent nous aider à nous unir au prêtre, mais le but est toujours cette union spirituelle de nos cœurs, de nos esprits, de nos âmes avec Notre Seigneur Jésus-Christ, avec Dieu.
Il y a donc une erreur, en ce sens que l’on a voulu absolument que les fidèles participent de telle manière, d’une manière tellement extérieure, que cela devient un obstacle pour la prière intérieure ; que cela devient un obstacle à l’union de leur âme à Dieu. Combien de personnes disent : nous ne pouvons pas prier dans les messes modernes, dans les messes nouvelles ; nous ne pouvons plus prier. On entend toujours quelque chose, on entend une prière publique. Il y a tout le temps une manifestation extérieure qui fait que nous sommes distraits et que nous ne pouvons plus nous recueillir et vraiment nous unir au Bon Dieu. C’est donc le contraire de la prière qui se réalise. Voilà aussi une des manifestations de l’Esprit Saint : l’esprit de piété, le don de piété.
Et enfin, les deux derniers dons : les dons d’intelligence et de science nous invitent à la contemplation, à la contemplation de Dieu à travers les choses de ce monde, dans le don de science et le don d’intelligence qui pénètre et qui nous donne la lumière de l’existence de Dieu, de la présence de Dieu en toutes choses et particulièrement dans les manifestations spirituelles et surnaturelles que le Bon Dieu nous a données par la grâce, par tous les sacrements.
L’âme, inspirée du Saint-Esprit voit, en quelque sorte, la présence de Dieu partout et ainsi s’unit au Bon Dieu tout au cours de sa vie, en attendant de Le voir dans la réalité, dans la vie éternelle.
Voilà ce qu’est l’Esprit Saint. Et l’on admire, on admire vraiment, comment dans l’Évangile, dans les Actes des Apôtres, dans toutes les lettres des apôtres, l’Esprit Saint se trouve partout. Il est manifesté partout. Et c’est pourquoi, c’est une manifestation claire de la volonté du Bon Dieu de sanctifier nos âmes par la présence de son Esprit, par la présence de l’Esprit de Dieu.
Demandons à la très Sainte Vierge Marie, qui a été remplie du Saint-Esprit, demandons-lui, à notre bonne Mère du Ciel, de nous aider à vivre cette vie spirituelle, cette vie intérieure, cette vie contemplative, elle qui a peu manifesté extérieurement sa prière. Quelques paroles dans l’Évangile suffisent pour nous montrer et nous découvrir un peu l’âme de la très Sainte Vierge Marie. Elle méditait les paroles que Notre Seigneur disait ; elle les répétait dans son cœur, dit l’Évangile.
Voilà l’esprit de la très Sainte Vierge Marie : Elle méditait les paroles de Jésus. Méditons, nous aussi, les paroles de l’Évangile ; méditons les paroles que l’Église met sur nos lèvres, afin de nous unir davantage à Dieu.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il