Mes bien chers amis,
Mes bien chers frères,
La fête de l’Épiphanie est l’une des plus importantes dans la liturgie de l’année, parce qu’elle est en effet, la Révélation au monde, de Jésus, du Sauveur, tandis que jusqu’alors, Jésus s’était manifesté aux enfants d’Israël, à la très Sainte Vierge Marie, à Élisabeth, à Zacharie et Joachim, aux bergers sur l’appel des anges, mais voici que désormais Jésus est annoncé au monde, est annoncé aux Gentils.
Reportons-nous à cette scène admirable des Rois Mages venant adorer l’Enfant-Jésus, lui apportant les dons qui signifient ses propriétés essentielles.
Il est Roi ; Il est Sauveur ; Il est Prêtre. L’or, l’encens et la myrrhe, signifient ces trois attributs essentiels de Notre Seigneur. Mais approchons-nous de la très Sainte Vierge Marie et demandons-lui discrètement, ce qu’elle pense de tout ce qu’elle a entendu, depuis que l’ange Gabriel est venu la visiter et lui annoncer qu’elle serait la mère du Sauveur.
En effet, l’Évangile dit de la Vierge Marie, qu’elle entendait toutes ces paroles et qu’elle les repassait dans son cœur. Elle devait donc réfléchir – elle remplie de l’Esprit Saint, remplie de l’Esprit de sagesse, de science, d’intelligence – elle devait réfléchir sur tout ce qu’elle avait entendu. Rappelons-nous avec elle toutes ces paroles : paroles de l’ange Gabriel : « vous êtes bénie entre toutes les femmes. Celui qui naîtra de vous, est le Sauveur du monde ».
Et non seulement Il est le Sauveur, mais Il est aussi le Roi, Fils du Très-Haut. Son règne n’aura pas de fin. Déjà, la très Sainte Vierge Marie est avertie de ce que sera cet Enfant, qu’elle aura bientôt dans ses bras. Il est le Roi, le Roi pour l’éternité. Non seulement Il régnera sur le trône de David, mais Il régnera sur les Cieux pour l’éternité.
Et puis, lorsqu’elle se rend chez sa cousine Élisabeth, sa cousine lui dit : « Bienheureuse, bienheureuse vous qui avez cru. Et comment se fait-il que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ». La mère de mon Seigneur, mère de Dieu. La très Sainte Vierge Marie a bien saisi toute la portée des paroles de sa cousine Élisabeth.
Et en effet, la voici qui magnifie le Seigneur : Magnificat anima mea. Et dans son Magnificat, elle laisse apparaître toute sa science du Sauveur. Elle reconnaît bien sûr sa divinité. Elle reconnaît aussi son rôle de Sauveur. Mais elle reconnaît aussi son titre de Roi. Il est Tout-Puissant ; Il brisera les trônes des rois qui s’opposent à Lui et au contraire Il élèvera les humbles.
La très Sainte Vierge Marie, voit déjà toute l’action de Notre Seigneur Jésus-Christ au cours des siècles qui vont venir. Il remplira de science ceux qui ont soif de la Vérité ; ceux qui sont désireux de recevoir cette science. Mais au contraire. Il détruira les orgueilleux ; ceux qui croient tout savoir, qui croient tout connaître et qui ne veulent pas s’humilier devant Notre Seigneur.
Ainsi en quelques paroles, la très Sainte Vierge résume tout ce combat qui va se livrer au cours des siècles à venir.
Et puis, la voici à Bethléem. Entre temps, elle apprendra de Joseph, les paroles que l’ange a adressées à Joseph en lui disant : « Ne crains pas Joseph de prendre Marie pour ton épouse, car Celui qui doit naître d’elle, s’appellera Jésus, le Sauveur ». Il est essentiellement le Sauveur. Et c’est Lui qui rachètera les peuples de leurs péchés.
La très Sainte Vierge Marie est confirmée dans cette réalité, cet attribut tout particulier de Notre Seigneur qui est avant tout le Sauveur du monde.
Et la voici, donc, à Bethléem et c’est l’apparition des anges aux bergers : Gloire à Dieu, au plus haut des Cieux. Un Sauveur vous est né. C’est encore par la même parole que les anges annoncent la naissance de Jésus aux bergers. Celui qui a été promis. Le voici. Il est né. Allez le voir et l’adorer. Alors les bergers vont rencontrer Jésus et l’adorent et racontent à Marie et Joseph ce que les anges leur ont dit. C’est alors que l’Évangile nous dit que la très Sainte Vierge conservait toutes ces paroles et les repassait dans son cœur.
Et ce n’est pas fini. Avant que les Mages ne viennent, Marie et Joseph se rendront à Jérusalem, pour la Présentation de Jésus au Temple, la Purification de Marie. Et là ils rencontreront celui qui exprimera de la manière la plus concrète et la plus forte, ce que représente Notre Seigneur Jésus-Christ, la venue de Jésus dans le monde. C’est le vieillard Siméon qui prend l’Enfant dans ses bras et remercie Dieu d’avoir vu Celui qui est le Sauveur d’Israël, le Sauveur du monde : Nunc dimittis servum tuum. Maintenant Seigneur vous pouvez me rappeler. J’ai vu Celui qui est l’objet des promesses de tous les Prophètes.
Et puis, il se tourne vers la Vierge Marie – c’est ce que dit l’Évangile – il adresse à Marie ces paroles : « Votre Fils sera un signe de contradiction et vous-même, vous aurez le cœur transpercé par un glaive ». Et cela révélera les pensées qui sont dans les cœurs.
Ainsi, d’une manière prophétique, le vieillard Siméon révèle aussi ce qui se passera bientôt : la lutte contre Notre Seigneur Jésus-Christ ; la division qui va se produire à l’occasion de la venue de Jésus dans le monde. Ceux qui croiront, ceux qui ne croiront pas. Ceux qui suivront Notre Seigneur, ceux qui recevront sa grâce, ceux qui se soumettront à Lui, ou ceux qui s’opposeront à Lui, ou qui Le mépriseront, l’ignorant ; ne voulant pas Le suivre.
Et n’est-ce pas cela précisément qui est le glaive qui transperce le cœur de la très Sainte Vierge Marie. Oh sans doute, elle sait déjà que Jésus est l’Agneau de Dieu ; elle sait déjà qu’un jour Il sera la Victime pour la Rédemption des péchés du monde. Mais ce qui lui cause encore plus de douleur, sans doute, c’est la douleur même que Notre Seigneur Jésus-Christ éprouvera au moment de son agonie au Jardin des oliviers, c’est la pensée que tant d’âmes Le refuseront ; refuseront sa miséricorde ; refuseront sa charité ; refuseront sa bonté, refuseront son Sang, la preuve de sa charité. Les hommes fermeront les yeux et Le crucifieront.
Et voici que à leur tour, ce sont les Mages qui arrivent. Eux se présentent d’une manière un peu différente. N’étant pas les fils d’Israël, ils ne connaissent pas bien les paroles prophétiques qui sont prononcées à l’égard de Jésus. Cependant ils savent qu’un Sauveur doit venir et qu’un jour, ils verront son étoile.
Et alors, ils suivent l’Étoile qui les guide jusqu’à Jérusalem et puis de Jérusalem, à Notre Seigneur. Et ils viendront se prosterner devant Notre Seigneur, dans l’humilité de leur cœur, manifestant ainsi la reconnaissance qu’ils ont de la royauté de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Quelles devaient être alors les pensées de la Vierge Marie, devant ces Rois venus de loin, se prosternant devant son Fils et lui offrant leurs présents ?
Elle saura bientôt, que tous ces honneurs qui sont dus à Notre Seigneur Jésus-Christ, ne seront pas donnés par tous les hommes et que précisément beaucoup d’hommes s’opposeront à Notre Seigneur et que la parole du vieillard Siméon se réalisera dans quelques instants, demain peut-être.
Dans la nuit qui a suivi le départ des Mages, l’ange vient dire à Joseph : « Prends l’Enfant et sa mère, pars en Égypte, car le roi Hérode veut le faire mourir », veut le faire disparaître.
La voilà la persécution ; elle commence. Jésus à peine né, déjà l’objet de contradiction, déjà l’objet de la haine des rois qui ne veulent pas se soumettre à Lui et de toutes les âmes qui persécuteront Notre Seigneur et qui persécuteront l’Église.
Voilà ce que devaient être les pensées de la très Sainte Vierge Marie. Mais cependant peut-être déjà, avant saint Jean, avec lequel Marie demeurera pendant de longues années et auquel sans doute, elle communiquera aussi toutes ses pensées, n’avait-elle pas déjà la vision de l’Apocalypse, où elle voyait Notre Seigneur rayonnant, le Roi dans toute sa splendeur sur ce cheval blanc et prêt à combattre un dernier combat ; ayant un glaive de feu qui sort de sa bouche, la tête couronnée de diadèmes, ayant inscrit sur son vêtement :
Rex regum, et Dominus dominantium (Ap 19,16). Le Roi des rois, le Seigneur des seigneurs. Il part. Et ce sera le dernier combat contre Satan qui sera précipité dans l’étang de soufre, où se trouve déjà la Bête, c’est-à-dire, tous ceux qui sont des ennemis de Notre Seigneur Jésus-Christ. Et ce sera alors le règne pour toujours de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Eh bien, à l’occasion de cette fête de la royauté de Notre Seigneur Jésus-Christ en définitive – la fête de l’Épiphanie – nous aussi, mes chers amis, mes bien chers frères, nous sommes entrés dans ce combat : nous nous sommes joints aux bergers ; nous nous sommes joints aux Rois Mages pour apporter aussi nos hommages, nos personnes à Notre Seigneur Jésus-Christ. Mais nous ne devons pas oublier que faisant cela, nous nous engageons à une lutte effroyable, car l’ennemi n’a pas désarmé. Et s’il est un temps où l’ennemi est puissant ; où il dispose de moyens dont il ne disposait pas autrefois, c’est bien aujourd’hui.
Alors soyons courageux, ayons une foi profonde ; soyons tout entiers donnés à Notre Seigneur Jésus-Christ comme l’ont été ces bergers, ces Rois Mages, comme la Vierge Marie, comme saint Joseph, tout entiers dévoués au Sauveur du monde, au Roi qui régnera éternellement. Combien nous devons aussi chanter notre Magnificat et remercier le Bon Dieu d’avoir la foi, d’avoir la foi catholique, d’être attaché à Notre Seigneur Jésus-Christ pour toujours.
Nous l’avons promis au jour de notre baptême, au jour de notre confirmation, en récitant le Credo ; nous l’avons promis à notre première communion, à notre communion solennelle, de nous attacher à Jésus-Christ pour toujours.
Alors, soyons du nombre de ces soldats qui luttent dans la croisade pour la victoire de Notre Seigneur Jésus-Christ. Et ne nous étonnons pas des difficultés que nous pouvons rencontrer. Comment se fait-il que ces prophéties aient été dites dès l’entrée dans le monde de Notre Seigneur ? Comment se fait-il que la Vierge ait déjà été persécutée, avec Joseph, obligés de fuir en Égypte ?
Et nous voudrions, ne pas subir de persécutions, ne pas nous trouver dans ces difficultés vraiment douloureuses, pénibles. Et c’est là le lot de ceux qui sont fidèles à Notre Seigneur Jésus-Christ. Ceux qui veulent échapper à ce combat ; ceux qui veulent pactiser avec l’ennemi ; ceux-là ne sont pas les vrais disciples de Notre Seigneur Jésus-Christ. Ceux qui veulent la paix à tout prix, avec un pacifisme contraire à l’esprit de l’Évangile, contraire à la nature même de Notre Seigneur Jésus-Christ qui est venu pour combattre, combattre contre celui qui a tenté nos premiers parents, qui les a fait tomber dans le péché. Alors luttons avec courage, avec confiance, avec espérance, persuadés que par ce combat nous sauverons nos âmes et préparons-nous à combattre d’une manière peut-être toujours plus pénible, toujours plus austère, plus difficile. C’est le secret de Dieu.
Mais ayons toujours confiance. Approchons-nous de la Vierge Marie, approchons-nous de Joseph, approchons-nous des Rois Mages et demandons-leur de nous donner cette conviction qu’ils avaient dans les attributs essentiels de Notre Seigneur qui est Dieu. Il est le Sauveur. Il est le Prêtre. Il est le Roi.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.