Mes chers amis,
C’est avec une très grande joie et une grande satisfaction qu’aujourd’hui, pour la première fois, dans cette chapelle si bien ornée ce dont je remercie vivement, au nom de toute la communauté, tous ceux qui ont participé d’une manière ou d’une autre à la décoration – je dirai presque à la construction – je les remercie vivement, car c’est pour nous une grande consolation de pouvoir prier dignement Notre Seigneur, dans un local qui lui est particulièrement affecté et qui manifeste l’amour que nous avons, la vénération et l’adoration que nous avons, pour Notre Seigneur Jésus-Christ.
Et si nous avons été heureux dimanche dernier de fêter le cinquantième anniversaire de sacerdoce du Père Barrielle, aujourd’hui c’est aussi avec une joie profonde que nous allons conférer le sacerdoce, l’ordination sacerdotale à M. l’abbé Bolduc, heureusement entouré de quelques-uns des membres de sa famille, en particulier de son père et de sa mère. Heureux également de conférer le sous-diaconat à ceux qui ont fait confiance les premiers à cette œuvre de la Fraternité sacerdotale. Bernard Tissier de Mallerais a été l’un des premiers venus pour être formé au sacerdoce selon les principes de toujours. Et une année plus tard l’abbé Pierre Blain venait également demander la même faveur. Et tous les deux ont persévéré avec courage et – il faut le dire – ont été dans des dispositions qui leur ont permis vraiment d’accéder en toute vérité et en toute humilité à cette ordination du sous-diaconat qui est le prélude de la prêtrise. Demandons au Bon Dieu, que l’année prochaine, à la même date, nous puissions leur conférer le sacerdoce.
Eux aussi sont entourés des membres de leur famille, l’abbé Bernard a présents ici son père et sa mère ; l’abbé Pierre, sa mère. Nous ne doutons pas que du haut du Ciel son père est aussi présent.
Nous avons donc la joie aujourd’hui de conférer ces ordinations en cette fête de saint Pierre et saint Paul. Il me semble que cette fête nous invite, mes chers amis, vous tous qui montez vers le sacerdoce, à méditer sur les exemples qui nous ont été donnés hier dans l’Épître et l’Évangile de la vigile et aujourd’hui dans l’Épître et dans l’Évangile de ce jour, de cette fête.
Je résumerai si vous voulez, cet exemple, en trois paroles : Predicare Christum. Amare Christum. Communicare Christum. Je crois que c’est là le but de tout prêtre, de tout chrétien, de tout fidèle, mais particulièrement du prêtre, de ceux qui se donnent à Notre Seigneur Jésus-Christ totalement et pour la vie.
Predicare Christum. Souvenez-vous que Notre Seigneur a demandé à Pierre de lui dire qui Il était. Il l’a d’abord demandé à tous les apôtres réunis. Il a demandé ce que l’on pensait de Lui. Non pas les apôtres eux-mêmes, mais tous ceux qui l’avaient rencontré, tous ceux qui parlaient de Lui et Dieu sait si l’on parlait de Notre Seigneur dans la Palestine.
« Les uns disent que tu es un prophète, que c’est Jean-Baptiste, les autres Élie, les autres Jérémie, Isaïe, ou quelqu’un des prophètes revenu sur terre » (Mt 16, 14,16). Et Notre Seigneur, alors s’adresse à Pierre et lui demande : « Et toi qui dis-tu que je suis ? ». Et c’est alors que Pierre lui fait cette déclaration solennelle de sa foi : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Mt 16,16).
C’est parce que Pierre a affirmé sa foi, qu’alors Notre Seigneur lui a dit : « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église et les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle » (Mt 16, 18). « Tu es bienheureux Simon (…) parce que ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé ceci, mais mon Père qui est dans les cieux » (Mt 16, 17).
Et cette déclaration, cette affirmation, cette proclamation de Notre Seigneur Jésus-Christ par saint Pierre est fondamentale pour l’Église catholique romaine.
Ce n’est pas autre chose que l’on vous apprend ici, mes bien chers amis, que Notre Seigneur Jésus-Christ est le Fils de Dieu, qu’il est donc Dieu Lui-même. Déjà dans le courant de vos études vous avez pu prendre conscience que la plupart des erreurs et des divisions qui ont déchiré l’Église, ont toujours eu plus ou moins un rapport direct avec la divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ. L’arianisme, le pélagianisme, ne sont pas autre chose que des attaques contre la divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Et puis, plus tard, le naturalisme protestant, dont nous souffrons encore aujourd’hui d’une manière toute particulière par toutes les erreurs qui se sont succédé. Le naturalisme qui ne veut pas reconnaître le surnaturel ; qui ne veut pas que nous soyons de vrais fils de Dieu nous aussi. Ô certes, uniquement par participation et par adoption à Notre Seigneur Jésus-Christ Lui-même, parce que Notre Seigneur Jésus-Christ, pour eux, n’est pas véritablement le Fils de Dieu. Nous ne serions pas non plus des fils adoptifs de Dieu s’il n’y avait pas de Fils premier-né, qui est Notre Seigneur Jésus-Christ.
Toute la vérité de l’Église catholique romaine, repose sur cette affirmation, sur cette proclamation de notre foi en Jésus-Christ Fils de Dieu.
Aujourd’hui encore, qu’est-ce qui divise les chrétiens ? C’est précisément ce dogme de la divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ. Si l’on attaque les miracles aujourd’hui, c’est parce que l’on voudrait bien expliquer ces miracles naturellement, afin de pouvoir dire que Notre Seigneur Jésus-Christ n’est pas véritablement le Fils de Dieu. Qu’il n’est pas véritablement Dieu Lui-même, mais qu’il est aussi un prophète, qu’il est aussi une espèce de surhomme, mais non pas véritablement le Fils de Dieu. Car si véritablement, Notre Seigneur Jésus-Christ est le Fils de Dieu et qu’Il est venu sur la terre, alors nous devons avoir la foi en Lui. La foi dans la Révélation qu’il nous a communiquée. Nous n’avons pas le droit de détourner nos yeux, nos oreilles de Notre Seigneur Jésus-Christ, nous devons Le suivre, nous devons L’écouter, nous devons par conséquent aussi L’adorer. Et c’est cela que les hommes ne veulent pas faire. Ils ne veulent pas – disent-ils – adorer un homme comme eux.
Évidemment s’il est un homme comme nous, nous ne devons pas L’adorer. Mais s’il est vraiment le Fils de Dieu, nous devons L’adorer. Il est notre Créateur. Nous ne sommes rien devant Lui. Il est tout, nous sommes rien, nous sommes ses créatures. Et si par conséquent Notre Seigneur est le Fils de Dieu et qu’il est présent dans la sainte Eucharistie, nous devons adorer la sainte Eucharistie ; nous devons manifester notre foi dans la sainte Eucharistie, parce que le Christ est le Fils de Dieu, ni plus, ni moins. C’est la seule raison. C’est la raison fondamentale.
Et voilà ce que saint Pierre a dit et ce que nous devons dire après lui, ce que vous devrez dire, mes chers amis, vous qui allez devenir ses prêtres. Vous qui marchez vers le sacerdoce, vous devez proclamer Notre Seigneur, que Notre Seigneur est le Fils de Dieu : Predicare Christum Filium Dei.
Amore Christum. « Pierre m’aimes-tu ? » Et c’est par trois fois que Notre Seigneur le lui demande. Et Pierre désolé de voir que Notre Seigneur ne semble pas lui faire confiance dit : « Seigneur vous savez tout » : Domine, tu sois quia amo te (Jn 21,15–17) « Vous savez tout, vous savez bien que je vous aime » .
Ah, sans doute, saint Pierre dans sa mémoire, se rappelait le jour où il L’avait renié. Il se voyait encore pleurant, après la faute qu’il avait commise.
Et alors cette interrogation, par trois fois de Notre Seigneur rappelait aussi que par trois fois aussi Pierre L’avait renié. Il sentait comme l’aiguillon du remords enfonce profondément dans son cœur. Et il se demandait si Notre Seigneur avait encore confiance en lui. Puisque trois fois Notre Seigneur lui a demandé s’il L’aimait. C’est alors qu’il dit :
Domine, Tu omnia nosti : Tu scis quia amo Te (Jn 21,17).
Vous savez tout, vous connaissez tout, vous savez que je vous aime. Eh bien, nous aussi, chers amis, nous devons proclamer cet amour de Notre Seigneur Jésus-Christ. Si nous voulons être prêtres nous devons aimer Notre Seigneur Jésus-Christ. Si nous croyons vraiment qu’il est le Fils de Dieu, nous devons lui manifester notre amour, non pas seulement le dire, dans nos paroles, mais par conséquent en accomplissant sa sainte volonté.
Notre Seigneur l’a répété maintes et maintes fois et de toutes les manières, jusqu’au moment où dans la foule, des personnes félicitaient la Sainte Vierge d’être la mère de Notre Seigneur. Souvenez-vous des paroles que Notre Seigneur a répondues : « Ma mère et mes frères sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la mettent en pratique » (Le 8,21). Montrant par là que le mérite de la très Sainte Vierge était plus grand de faire sa volonté, d’avoir dit son fiât, que d’être sa mère. Et c’est parce qu’elle a dit son fiât, justement, qu’elle est devenue sa mère.
Faire la volonté de Dieu est plus important encore que toutes les grâces que nous pouvons recevoir. C’est par cette soumission à la volonté du Bon Dieu que nous serons vraiment les disciples de Notre Seigneur et que nous serons amis de Notre Seigneur et que nous L’aimerons véritablement, que nous prouverons notre amour envers Notre Seigneur.
« Si vous gardez mes commandements vous demeurez dans mon amour, comme j’ai moi-même gardé les commandements de mon Père et que je demeure dans son amour » (Jn 15,10).
Tout cela ce sont des promesses de Notre Seigneur qui montrent comment nous devons manifester notre amour envers Notre Seigneur. Il ne faut pas nous payer de mots. Ce ne sont pas ceux qui disent : « Seigneur, Seigneur, qui entreront dans le royaume des Cieux, mais ceux qui font la volonté de mon Père ».
Par conséquent, nous aimerons Notre Seigneur de tout notre cœur, de toute notre âme. Et c’est cela, voyez-vous, tout le résumé de la morale chrétienne, de la sanctification chrétienne : la charité. Les deux grands préceptes sont des préceptes de charité. Et, en définitive, il n’y en a qu’un : Aimer Dieu. Tout est compris dans l’amour de Dieu. Tout est compris dans l’amour de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Pourquoi ? Parce que nous devons aimer dans les créatures et dans tout ce que Dieu a fait, nous devons aimer Dieu. Nous devons aimer tout ce qui vient de Dieu, ce qui va à Dieu. Et nous devons aimer les créatures pour les faire aller à Dieu, pas pour autre chose. Pas pour elles-mêmes, pas pour nous. Nous devons aimer tout ce qui vient de Dieu et tout ce qui retourne à Dieu. Nous devons faire en sorte que les âmes retournent à Dieu. C’est pour cela que nous devons aimer notre prochain et c’est de cette manière que nous devons l’aimer et jamais autrement, jamais pour eux-mêmes, jamais pour nous, mais pour Dieu.
Nous devons donc rechercher le Bien, le vrai bien, de notre prochain, si nous l’aimons. Et c’est cela que sera le prêtre. Le prêtre n’est pas un homme qui recherche sa popularité, qui recherche les louanges, qui recherche de plaire aux hommes. Comme le dit saint Paul : « Si je cherchais à plaire aux hommes, je ne plairai pas à Dieu ». Eh bien, le prêtre doit être aussi celui qui ne plaît pas toujours aux hommes, parce qu’il leur assène la vérité. Mais il les aime et il cherche à les mener à Dieu. C’est cela la véritable amitié, c’est cela le véritable amour du prochain.
C’est pourquoi, en définitive, notre vie, toute notre vie qui sera aussi notre éternité, se résume en un seul commandement : Aimer Dieu par dessus tout, de toute notre âme, de toutes nos forces, par conséquent : prêcher Notre Seigneur Jésus-Christ, aimer véritablement Notre Seigneur Jésus-Christ.
Et enfin : Communicare Christum : donner le Christ aux autres. Et y a‑t-il quelque chose qui soit plus réel et plus vrai pour le prêtre, que de communiquer Notre Seigneur Jésus-Christ ? Quelle est la plus belle des actions que peut faire le prêtre ? Quel est le plus beau rêve que peut faire un prêtre : donner Notre Seigneur Jésus-Christ. Il ne peut rien faire de plus beau, de plus grand, de plus riche, de plus surnaturel, de plus divin : rien. Donner Notre Seigneur Jésus-Christ.
Et quand le prêtre donne-t-il Notre Seigneur Jésus-Christ ? Lorsqu’il donne la sainte Eucharistie, lorsqu’il donne Notre Seigneur Jésus-Christ Lui-même aux âmes. Que peut-il faire de mieux ? Préparer les âmes à recevoir Notre Seigneur Jésus-Christ et leur donner Notre Seigneur Jésus-Christ. C’est cela le prêtre. Ce n’est pas autre chose.
En leur donnant Notre Seigneur Jésus-Christ, il leur donne le Ciel. Il leur donne la vie éternelle. Il leur pardonne leurs péchés. Il leur donne tout. Tout ce qu’il peut y avoir de plus grand, de plus beau.
Et Notre Seigneur a voulu précisément que le prêtre fût cela. Et que d’abord par son sacrifice, il continue le sacrifice de la Croix, afin que de ce fruit de la Croix, les âmes puissent se nourrir. De même qu’Ève a empoisonné l’humanité par le fruit défendu qu’elle a mangé dans le Paradis terrestre, ainsi le prêtre communique la vie aux âmes par le fruit de cet arbre qu’est la Croix et qui est Notre Seigneur Jésus-Christ.
Qui donne le pain de vie, le fruit de vie, de la vie, le vrai fruit de la vie éternelle ? Cet arbre de vie, arbre de vie qui était défendu au Paradis terrestre, dont les hommes ne devaient pas prendre les fruits, en manger les fruits, au contraire, voici que l’arbre de la vie éternelle de nouveau est revenu sur terre et que cet arbre nous communique la vie éternelle, en nous donnant le Fils de Dieu Lui-même, la vie de Dieu elle-même, gage de notre vie éternelle, gage du Paradis.
Que peut faire de plus beau un prêtre ? Qui y a‑t-il de plus beau dans la vie d’un homme que de donner Notre Seigneur Jésus-Christ aux autres ?
Alors soyez ce prêtre, bien cher abbé Bolduc. Soyez le prêtre qui prêchera Notre Seigneur Jésus-Christ, qui aimera Notre Seigneur Jésus-Christ et qui communiquera Notre Seigneur Jésus-Christ.
Et vous aussi, mes chers amis, qui allez prononcer maintenant vos engagements de chasteté, vos engagements de virginité, vous donner totalement à Notre Seigneur, aimez-Le jusque là, aimez-Le jusqu’à vous donner totalement. Et précisément parce que vous sentez votre indignité, votre humilité devant Notre Seigneur Jésus-Christ, pouvoir approcher davantage Notre Seigneur Jésus-Christ, bientôt vous Le tiendrez dans vos mains ; vous l’offrirez pour l’humanité pécheresse ; bientôt vous ferez descendre Notre Seigneur par les paroles de la Consécration, sur l’autel. Alors ne faut-il pas que les âmes qui ont un tel privilège soient vierges comme la Vierge Marie ?
Oui, il est bon d’évoquer toujours devant nos yeux en terminant ces considérations des dons que le Bon Dieu nous a faits, nous ne pouvons pas séparer Jésus de Marie. C’est impossible. Le Bon Dieu ne l’a pas voulu. Le Bon Dieu a voulu que Jésus et la Vierge Marie soient unis pour l’éternité. Nous ne pouvons pas les séparer.
C’est pourquoi lorsque je vous parle de prêcher le Christ, d’aimer le Christ, de communiquer le Christ, nous ne pouvons pas faire autrement que de penser à la Vierge Marie, car elle aussi a prêché le Christ. Elle aussi a aimé Jésus. Elle aussi nous a donné Jésus.
Alors, demandez à la très Sainte Vierge Marie, notre Sainte Mère, de faire en sorte que vous soyez de véritables prêtres, à l’imitation des apôtres saint Pierre et saint Paul que nous fêtons aujourd’hui.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.