Mes bien chers confrères dans le sacerdoce,
Mes bien chers amis,
Mes bien chers frères,
Nous pouvons aujourd’hui nous demander pourquoi l’Église a‑t-elle choisi le Jeudi Saint pour demander à l’évêque de consacrer les Saintes Huiles.
C’est à mesure que nous approchons du grand mystère de la Rédemption de Notre Seigneur, en ce jour du Vendredi Saint, ce jour qui sera celui du Sacrifice de Notre Seigneur, ce jour pour lequel Notre Seigneur est venu ici-bas et s’est incarné. À mesure que nous approchons de ce grand mystère, nous approchons aussi du mystère – car c’en est un – du mystère du sacerdoce, du sacerdoce de Notre Seigneur et de ceux qui participent au sacerdoce de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Et c’est précisément ce jour-là que l’Église a choisi pour la bénédiction des Saintes Huiles ; le jour où Notre Seigneur a communiqué son propre sacerdoce, son unique sacerdoce. Il l’a communiqué à ses apôtres, au moment de la Cène.
C’est qu’en effet, ce sont les prêtres particulièrement, qui sont semblables à Notre Seigneur Jésus-Christ et qui, par conséquent, participeront à cette onction sacerdotale qui fait de Notre Seigneur, le Grand Prêtre, le Prêtre unique, le Grand Prêtre.
En effet, pourquoi Notre Seigneur Jésus-Christ est-Il appelé le Christ, l’Oint. Celui qui a reçu en premier lieu et je dirai d’une manière absolument connaturelle cette onction ; que signifie cette onction pour Notre Seigneur ?
Ce que nous enseigne la théologie est admirable à ce sujet. Notre Seigneur a été fait Prêtre, au moment où sa divinité a assumé sa nature humaine, donc dans le sein de la Vierge Marie. À l’instant même de l’Incarnation ; par le fait même que le Verbe, le Fils de Dieu, prenait possession de cette humanité. Cette humanité, cette âme et toutes les facultés de Notre Seigneur étaient divinisées, étaient ointes de la divinité de Notre Seigneur, du Verbe de Dieu.
Et c’est pourquoi Notre Seigneur est l’Oint par excellence.
En effet, toute sa nature humaine, son âme, ses facultés, son Corps ont été remplis de la divinité, de la divinité du Verbe, de la divinité du Fils de Dieu. Et c’est cette onction qui l’a fait Prêtre. Dès l’instant de son Incarnation, Jésus était le Grand Prêtre, le Médiateur, le Pontife ; celui qui faisait l’union entre l’humanité et Dieu Lui-même.
Et précisément c’est à cette onction que participent les prêtres. Le sacerdoce que nous avons, que le Bon Dieu nous donne, que Notre Seigneur Jésus-Christ nous communique, n’est autre que le sacerdoce de Notre Seigneur Jésus-Christ. Nous ne sommes pas les grands-prêtres ; il n’y a qu’un seul Grand Prêtre. Et nous sommes prêtre, dans la mesure où nous participons à l’onction qu’a reçue Notre Seigneur Jésus-Christ.
Ainsi la grâce du sacerdoce est une grâce toute particulière, parce qu’elle fait participer à cette grâce d’union, cette grâce qui a uni la divinité et l’humanité de Notre Seigneur Jésus-Christ.
C’est pourquoi la grâce sacerdotale qui est reçue par le sacrement de l’ordre, met le futur prêtre à un niveau presque divin. Cette onction que reçoit le prêtre est une onction qui lui donne un caractère et qui le marque pour l’éternité. Il sera désormais uni pour toujours à Notre Seigneur Jésus-Christ, dans le sacerdoce de Notre Seigneur.
Et non seulement, le prêtre est celui qui reçoit cette onction, celui qui est essentiellement aussi oint de la divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ par la grâce du sacrement de l’ordre qu’il a reçue, mais l’Église lui demande – au prêtre – d’utiliser précisément les Saintes Huiles pour oindre tous ceux qui recevront le sacrement de baptême, le sacrement de confirmation, le sacrement de l’ordre, le sacrement de l’extrême-onction.
Dans tous ces sacrements, le prêtre use des Saintes Huiles ; qu’il s’agisse de l’huile des infirmes que nous allons d’abord bénir en premier lieu ; qu’il s’agisse ensuite du Saint Chrême et de l’huile des catéchumènes ; toutes ces Saintes Huiles serviront à consacrer, serviront à faire participer aussi à la divinité de Notre Seigneur, tous ceux qui recevront et seront oints par ces Saintes Huiles.
Notre Seigneur n’a‑t-il pas sanctifié ces huiles, lorsque, au Jardin des Oliviers, avant de monter sur la Croix, dans son agonie. Il a en quelque sorte mêlé sa sueur, son Sang qui coulait déjà au Jardin des Oliviers, avec cette huile qui venait des oliviers, l’huile d’olive ? Il y a là certainement un mystère que le Bon Dieu a voulu réaliser, que Notre Seigneur a voulu réaliser.
Cujus livore sanati estis (1 P. 2,24) : « C’est par ses meurtrissures et par ses plaies que vous avez été guéris ».
Nous sommes guéris ; nous sommes sauvés par les sueurs de Notre Seigneur, par son Sang qui a coulé. Et tout cela est signifié par les Saintes Huiles que nous recevons.
Lorsque l’enfant est baptisé et qu’il reçoit l’huile des catéchumènes ; lorsqu’il est béni avec le Saint Chrême, il est vraiment consacré à Dieu. Il reçoit une participation à la divinité de Dieu.
Divinæ consortes naturæ (2 P. 1,4) : « Pour vous rendre par ces grâces participant de la nature divine ».
Le prêtre devient vraiment participant à la nature divine. Comme tout ce mystère est beau ! Comme Notre Seigneur a pensé à toutes choses. Et Il nous a aidés à mieux comprendre ce grand privilège que nous avons de participer à la nature de Dieu.
Il nous le montre d’une manière sensible. Nous avons besoin de ces signes sensibles, afin de mieux comprendre la grande grâce que le Bon Dieu nous fait, en nous faisant chrétien, en nous baptisant.
Et puis, c’est aussi le confirmé qui recevra le signe de la Croix avec le Saint Chrême ; le prêtre, lui, aura les mains consacrées avec l’huile des catéchumènes ; l’évêque aura la tête, en quelque sorte, consacrée par le Saint Chrême qu’il recevra et enfin, le mourant recevra, lui, l’huile des infirmes qui le consacrera de nouveau pour le préparer à entrer dans la gloire de Dieu, dans l’éternité. Comme tout cela est beau et comme tout cela est émouvant.
Nous entrons vraiment là, dans le mystère de l’Incarnation, dans le mystère de la Rédemption. Il faut que ces heures que nous allons vivre aujourd’hui et demain, auprès de Notre Seigneur, dans sa souffrance, dans sa Passion, nous fassent entrer dans ces mystères ; que nous les comprenions ; que nous estimions à sa juste valeur tout le don que le Bon Dieu nous a fait de sa grâce, par son Sang, par sa Rédemption, par son Sacrifice et la grâce qu’il nous a faite de nous donner des prêtres, des prêtres qui participent vraiment à son Sacerdoce ; des prêtres qui peuvent nous communiquer sa divinité, non seulement par les Saintes Huiles, mais en particulier par le Saint Sacrifice de la messe, en nous donnant la Sainte Eucharistie.
C’est pourquoi, aujourd’hui, nous devons toute la journée, rendre grâces à Dieu de nous avoir 210
donné des prêtres et qu’Il nous en donne beaucoup. C’est le sens de l’oraison de ce matin. Que Dieu fasse en sorte qu’il y ait toujours davantage de peuple consacré, qui se consacre à Lui dans le sacerdoce.
Eh oui, qu’il y ait toujours davantage de prêtres, pour sanctifier l’humanité, pour sanctifier ceux qui désirent être unis à Dieu.
Nous demanderons en ces jours – et en ce jour en particulier – qu’il y ait beaucoup de prêtres et qu’il y ait beaucoup de saints Prêtres.
Nous demanderons à Notre Seigneur Jésus-Christ et aussi à sa Sainte Mère, qui est la mère du Grand Prêtre et qui certainement dans son cœur nourrit le désir de voir beaucoup de prêtres s’unir à son Divin Fils et au Sacerdoce de son Divin Fils.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.