Mes bien chers amis,
Mes bien chers frères,
Je ne voudrais pas vous faire une longue instruction, afin de ne pas prolonger démesurément la cérémonie, cependant je voudrais vous faire deux considérations, les soumettre à votre méditation.
À vous, mes chers amis d’abord, parce que cette cérémonie doit avoir dans vos cœurs, dans vos esprits, un écho émouvant, un écho qui va jusqu’au plus profond de votre être. Car, si vous avez décidé de venir dans cette maison, si vous avez désiré recevoir cette formation sacerdotale, avant tout, c’est parce que vous avez été attirés par Notre Seigneur Jésus-Christ, attirés particulièrement par le sacrement de l’Eucharistie et par le Saint Sacrifice de la messe. Peut-être vous souvenez-vous des messes que vous avez servies dans l’intimité, dans les chapelles privées, dans les oratoires, servant la messe, jeunes…
(interruption de Monseigneur : Je vous prie Mesdames de vouloir bien rester à vos places, de ne pas déranger la cérémonie).
Vous avez assisté à ces messes et, émus profondément, de cette intimité qui vous était donnée avec Notre Seigneur, de voir le prêtre offrir le Saint Sacrifice de la messe, la sainte Élévation, les génuflexions du prêtre qui adorait l’Eucharistie. Et, dans vos cœurs, lentement mais sûrement, naissait la vocation. Pour beaucoup, j’en suis certain, peut-être peut-on dire pour tous, la vocation a germé à l’ombre de l’autel, à l’ombre de l’Eucharistie.
Par conséquent cette fête de l’Eucharistie, cette fête de Notre Seigneur Jésus-Christ se donnant à nous dans le sacrement de l’Eucharistie, doit être pour vous, très chère. Elle doit vous confirmer dans votre vocation ; elle doit vous donner le sens profond de votre vocation sacerdotale : monter à l’autel, offrir le Saint Sacrifice de la messe, réaliser le sacrement de 1’Eucharistie.
Et comme le dit très bien saint Thomas d’Aquin dans ses hymnes : C’est celui qui fait l’Eucharistie, qui est aussi le ministre de l’Eucharistie. Et, par conséquent, c’est à vous, à donner l’Eucharistie aux âmes. C’est vous qui serez prêtre ; c’est vous qui serez marqué du caractère sacerdotal et qui, par conséquent, avez seul le droit de prononcer les paroles de la Consécration ; seul le droit aussi de distribuer la sainte Eucharistie.
Si les diacres distribuent l’Eucharistie, c’est par un privilège extraordinaire ; ce n’est pas d’une manière habituelle qu’ils doivent le faire. C’est le prêtre qui doit donner l’Eucharistie. C’est lui qui est le ministre de l’Eucharistie.
Voilà ce que je voulais vous dire aujourd’hui. Et au cours de cette procession, eh bien, vous pense-
rez encore davantage à l’amour que vous devez avoir pour Notre Seigneur Jésus-Christ présent dans la sainte Eucharistie.
Songez à ce que vous serez plus tard. Vous aurez la charge du sanctuaire, peut-être de plusieurs sanctuaires où le Bon Dieu résidera. Que jamais ces sanctuaires ne soient abandonnés ; que jamais ils ne donnent l’impression que personne ne va les visiter ; que personne ne s’occupe du tabernacle ; que personne ne s’occupe des nappes d’autel ; que personne ne s’occupe de la décoration de l’autel ; que ces sanctuaires soient abandonnés. Oh, non, jamais !
Dans la mesure où vous serez chargé de ces sanctuaires, vous tiendrez à ce que vraiment les personnes qui viennent, puissent comprendre qu’il y a un prêtre qui veille sur la sainte Eucharistie, qui veille sur l’autel, qui veille sur cette chapelle. Ce sera votre joie.
Votre joie aussi d’être présent toujours à la sainte Eucharistie, même lorsque vous travaillerez, lorsque vous irez visiter les malades, lorsque vous ferez le catéchisme aux enfants, lorsque vous prêcherez, lorsque vous ferez votre ministère sacerdotal. Notre Seigneur doit être toujours présent dans vos cœurs. Et la sainte Eucharistie présente, dans vos maisons, dans vos chapelles, sera le centre de votre affection, de votre attachement.
Voilà la vie sacerdotale. Elle est belle ; elle est consolante et – je dirai – elle est faite de stabilité, de pérennité, parce que Jésus est toujours présent dans la sainte Eucharistie. Alors vous devez toujours aimer Jésus présent dans la sainte Eucharistie, où qu’il soit.
Quant à vous, mes bien chers frères, qui êtes venus ici partager notre joie, notre fête, au cours de cette sainte Messe chantée à la gloire de l’Eucharistie, je vous demanderai d’une manière particulière, que ce jour soit un jour de réparation. Un jour de réparation, parce que désormais, ce ne sont plus seulement les ennemis de l’Eucharistie, ceux qui ne croient pas à la Présence réelle, ou ceux qui y croient, mais qui veulent déshonorer Notre Seigneur Jésus-Christ, qui, s’ils le pouvaient, piétineraient l’Eucharistie, la fouleraient aux pieds par mépris, par horreur de la pensée que Notre Seigneur Jésus-Christ est présent dans la sainte Eucharistie…
Mais, malheureusement, ce ne sont plus ceux-là que nous connaissons bien et qui ont existé tout au cours de l’Histoire de l’Église, ce n’est pas d’aujourd’hui que la haine de Notre Seigneur Jésus-Christ existe, dans son Eucharistie.
Désormais, ce sont des membres de l’Église, ceux mêmes qui ont été choisis pour honorer l’Eucharistie, qui la déshonorent. Pensez à tous les sacrilèges qui sont commis aujourd’hui, à toutes ces cérémonies qui n’ont plus rien d’une cérémonie digne de Notre Seigneur Jésus-Christ ; qui sont indignes de Celui qui est présent dans l’Eucharistie.
Et grâce à Dieu, on peut penser que dans beaucoup de ces cérémonies. Notre Seigneur n’est pas présent. C’est ce qu’il faudrait souhaiter. Mais hélas, il est bien vraisemblable que dans bien des cas, Notre Seigneur est présent dans l’Eucharistie et qu’on Le traite d’une manière absolument indigne, odieuse, sacrilège.
Alors nous devons aujourd’hui réparer et dire : Nous avons la foi en la Présence de Notre Seigneur Jésus-Christ, en son Corps et en son Sang dans la sainte Eucharistie, comme nous venons de la chanter dans le Lauda Sion, exprimé d’une manière si belle, si profonde, si émouvante, par saint Thomas d’Aquin.
Oui, nous croyons que Notre Seigneur est dans la sainte Eucharistie ; qu’il est dans toutes les parcelles, dans la moindre des parcelles de l’Eucharistie. Nous croyons que Notre Seigneur Jésus-Christ est présent et qu’il y est avec son Corps, avec son Sang, avec son Âme, sa Divinité, dans toute sa gloire. Nous le croyons profondément.
Et c’est pourquoi, tout à l’heure, au cours de la procession, vous vous agenouillerez devant la sainte 230
Eucharistie ; vous prierez Notre Seigneur présent, notre Roi, notre Maître : Pastorem et ducem, comme dit saint Thomas : le Pasteur et notre Chef. Celui qui nous conduit. Celui qui a créé toutes les merveilles dont nous sommes entourés ici. C’est Lui qui est le Créateur Per quem omnia facta sunt : Par qui tout a été fait. Il est là, dans la sainte Eucharistie.
Aurions-nous vraiment des sentiments qui seraient contraires à cette Présence réelle ? Est-ce que nous n’aurions pas le désir de nous agenouiller devant Celui qui est notre Créateur, notre Sauveur, notre Rédempteur ? Celui qui a donné tout sans Sang pour nous sauver et qui a fait cette merveille, cette merveille vraiment inconcevable, de se donner comme nourriture à nos âmes dans la sainte Eucharistie ? Peut-il y avoir une charité plus grande ?
Alors plus la charité de Jésus est grande et plus le déshonneur qu’on lui inflige est abominable.
Alors nous ne serons pas non plus indifférents ; nous ne resterons pas debout, devant Notre Seigneur Jésus-Christ présent dans la sainte Eucharistie. C’est impossible, qu’une âme vraiment chrétienne, qu’une âme vraiment catholique puisse demeurer debout devant la sainte Eucharistie, comme si elle ne croyait pas, comme si elle ne pensait pas que Jésus, son Sauveur, son Créateur, est présent dans la sainte Eucharistie.
Nous essayerons tout à l’heure, tous ensemble, de réparer auprès de Notre Seigneur, de faire en sorte que notre amour, notre offrande à Notre Seigneur Jésus-Christ, répare les manques d’amour et de charité de ce monde qui hait Notre Seigneur Jésus-Christ, ou celui qui est indifférent, qui méprise Notre Seigneur Jésus-Christ. Nous serons les amants de Notre Seigneur Jésus-Christ, faisant ce qu’ont fait des générations et des générations.
Pensons que pendant deux mille ans on honore l’Eucharistie ; on adore Jésus-Christ dans l’Eucharistie. Nous serons fidèles à cette tradition qui veut que l’on honore Notre Seigneur Jésus-Christ, comme notre Dieu, dans la sainte Eucharistie, Dieu présent dans la sainte Eucharistie.
Voilà ce que nous ferons tout à l’heure de tout notre cœur. Et ainsi des bénédictions descendront sur nous. Il n’est pas possible que l’on adore la sainte Eucharistie et que Notre Seigneur ne nous bénisse pas ; que Notre Seigneur ne bénisse pas ce séminaire ; qu’il ne bénisse pas tous ceux qui sont présents, tous ceux qui collaborent.
Qu’il bénisse aussi, vous tous, mes bien chers fidèles, qui êtes venus ici partager nos prières ; qu’il bénisse vos familles ; qu’il bénisse vos enfants ; qu’il bénisse vos malades ; qu’il bénisse tous ceux que vous portez dans vos cœurs.
Et c’est ainsi que la très Sainte Vierge Marie, qui accompagne Jésus partout, vous bénira aussi et qu’elle vous donnera les grâces dont vous avez besoin pour maintenir fermement votre foi au milieu de ces temps si troublés.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.