Mes bien chers amis,
Mes bien chers frères,
L’événement capital pour notre sainte Religion et pour toute l’humanité, l’événement de la descente du Saint-Esprit sur les apôtres, de cette fête de la Pentecôte, cet événement a été préparé et prévu et voulu, par Notre Seigneur Jésus-Christ dès avant sa réalisation.
Notre Seigneur, en effet, avant sa Passion, lorsqu’il se trouvait avec les apôtres, dans l’intimité du Cénacle, leur a révélé des choses que les apôtres disaient n’avoir jamais entendues de la bouche du Seigneur.
En effet, Notre Seigneur leur a parlé d’une manière plus claire, plus explicite que d’habitude, de son Père, du Saint-Esprit et de Lui-même ; des rapports entre le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Il leur découvrait par conséquent, ce qu’était la très Sainte Trinité, le grand mystère de notre foi et Il leur annonçait la venue du l’Esprit Saint. Il leur disait que si Lui ne partait pas, s’il ne retournait pas à son Père, ils ne recevraient pas l’Esprit Saint.
Et que lorsque l’Esprit Saint viendrait, l’Esprit de Vérité qui procède du Père et qu’il envoie en son nom à Lui, Jésus, lorsqu’ils Le recevraient, ils comprendraient les vérités. Ils comprendraient tout son enseignement.
Qu’il était inutile qu’il leur explique davantage le message qu’il était venu apporter sur la terre ; que le Saint-Esprit leur découvrirait toutes choses.
Et cependant, il faut bien le reconnaître, les apôtres n’ont pas compris. Ils n’ont pas réalisé ce que Notre Seigneur leur annonçait. Car en effet, dans les Actes des Apôtres, lorsque Notre Seigneur fut ressuscité, au cours des quarante jours qu’il a passés auprès d’eux, Il leur a encore expliqué et redit qu’il fallait qu’ils attendent à Jérusalem et que l’Esprit Saint qu’il leur avait promis viendrait. Qu’il fallait qu’ils aient confiance, qu’ils aient la foi dans ses paroles. Et les apôtres lui demandent encore, avec ingénuité et avec une espèce d’aveuglement : Quand donc restituerez-vous le royaume d’Israël ?
Ils pensent toujours à un royaume terrestre, à un royaume de ce monde. Ils ne comprennent pas. Ils sont restés aveuglés sur la mission que l’Esprit Saint allait leur donner ; allait leur conférer ; sur la lumière que l’Esprit Saint allait leur donner, sur, en définitive, toutes les raisons de la venue de Notre Seigneur sur cette terre. Ils étaient encore aveuglés à la veille de la Pentecôte.
Mais ceci, je dirai, est très important pour nous. Parce que si les apôtres qui sont restés pendant trois ans avec Notre Seigneur Jésus-Christ, sont restés dans cet aveuglement, n’ont pas compris les choses, nous pouvons penser que, nous aussi, peut-être, nous ne comprenons pas suffisamment ce que Notre Seigneur nous a enseigné et que nous n’avons pas reçu suffisamment l’Esprit Saint. Que nous ne mesurons pas dans toute sa valeur, dans toute sa richesse, les dons que le Saint-Esprit nous donne par le baptême, par le sacrement de confirmation, par la Sainte Eucharistie, par le Saint Sacrifice de la messe. Nous sommes encore, nous aussi probablement, dans un grand aveuglement.
Et voici que la Pentecôte se réalise. L’Esprit Saint descend et même sous des formes visibles, sur les apôtres, une langue de feu qui signifie à la fois la lumière et la charité, la foi et l’amour, qui va transformer l’intelligence et le cœur des apôtres, qui va les changer complètement. Cette fois, ils comprendront.
Ah ! Ils vont comprendre. Ils vont réaliser, en l’espace de quelques instants ; l’Esprit Saint éclairant leur intelligence, ils vont réaliser. Jusqu’alors ils n’avaient rien compris. Ils ne savaient pas ce qu’était Dieu. Ils ne savaient pas ce qu’était véritablement Notre Seigneur Jésus-Christ.
Désormais la lumière de leur foi est telle, qu’ils comprennent que les choses de la terre ne sont rien. Que tout ce qu’ils avaient espéré, ce royaume temporel dans lequel ils auraient probablement été chacun d’entre eux, ou ministre, ou attaché auprès de Notre Seigneur, à celui qui régnerait sur Israël, pour avoir une vie confortable ici-bas. Tout cela s’évanouit. Tout cela n’est plus rien pour eux.
Ils comprennent ce qu’est le Ciel ; ce qu’est Notre Seigneur Jésus-Christ ; qu’il était Dieu ; que Dieu était avec eux. Ils le comprennent désormais. Et voici qu’ils prêchent ; qu’ils prêchent la foi en Notre Seigneur Jésus-Christ ; qu’ils prêchent le salut par le baptême et par le baptême de l’Esprit Saint ; qu’ils prêchent la pénitence, le renoncement précisément à toutes les choses de ce monde. Voilà ce qu’ils ont compris. Et cela grâce à la lumière que le Saint-Esprit leur a donnée. Ils ont été complètement transformés.
Notre Seigneur d’ailleurs leur a dit : Jusqu’à présent vous avez reçu le baptême de Jean, le baptême de l’eau. Désormais vous allez recevoir le baptême de l’Esprit Saint, l’Esprit de Lumière.
O lux beatissima, reple cordis intima : Ô lumière bienheureuse, remplissez nos cœurs.
Nous avons besoin, nous, mes bien chers frères, d’avoir cette lumière, de comprendre ce que le Saint-Esprit nous a donné au jour de notre baptême.
Certes nous étions enfant, sans doute pour la plupart d’entre nous, nous avons reçu le baptême enfant, alors sans doute nous n’avons pas réalisé complètement le don qui nous a été fait. Mais, en grandissant – et vous particulièrement chers séminaristes – en grandissant, recevant le sacrement de confirmation, recevant le sacrement de l’Eucharistie, le sacrement de pénitence, assistant quotidiennement au Saint Sacrifice de la messe, recevant dans votre cœur Notre Seigneur Jésus-Christ Luimême, qui est Celui qui vous envoie l’Esprit, qui vous donne l’Esprit Saint – c’est son Esprit qu’il vous donne – comment se fait-il que nous soyons encore autant attachés aux choses de ce monde ? Comment se fait-il que nous ne soyons pas davantage attachés aux choses de l’éternité ; aux choses qui ne passent pas ?
Quæ sursum sunt quærite, quæ sursum sunt sapite (Col 3, ‚1–2). C’est ce que nous avons entendu tout au cours de cette période pascale. Recherchons ce qui est en haut ; recherchons ce qui est dans le Ciel, ce qui demeure. Voilà ce que nous devons faire ici-bas. Nous n’avons que quelques années à passer ici-bas. Pourquoi nous attacher aux choses qui sont éphémères, aux choses qui ne sont que de la poussière ? Qui n’ont rien comme valeur par rapport au Ciel, par rapport à Notre Seigneur, par rapport à la vie éternelle.
Transformons précisément tous ces actes, toutes ces actions que nous faisons, transformons-les en valeurs de vie éternelle. Et rappelons-nous qu’il n’y a aucun acte méritoire de la vie éternelle qui n’est fait en union avec Notre Seigneur Jésus-Christ. Notre Seigneur Jésus-Christ est tout pour nous ; tout pour la vie éternelle. Sans Lui nous ne pouvons rien faire. Avec Lui, nous pouvons tout. Nous devons donc être unis à Notre Seigneur Jésus-Christ. Ce doit être le principal objet de nos préoccupations. 222
Avoir Notre Seigneur Jésus-Christ dans nos cœurs, dans nos âmes. Être uni à Lui, afin de mériter la vie éternelle. Sans Lui nous ne pouvons pas mériter la vie éternelle. Il est impossible, sans Notre Seigneur Jésus-Christ, sans son Sang, sans son Sang qui est répandu en nous, qui est répandu sur nous par le baptême, par tous les sacrements, nous ne pouvons pas mériter la vie éternelle.
C’est cela la lumière de la foi. N’oublions pas que la foi est une étape. Notre foi est un peu aveugle évidemment, comme le dit l’Écriture, comme le dit saint Paul. Nous voyons comme dans une énigme. Nous croyons à notre Credo ; nous sommes prêt à le réciter ; nous allons le chanter tout à l’heure, nous allons chanter ce Credo auquel nous sommes attachés par toutes les fibres de notre âme, toutes les fibres de notre intelligence. Mais ce Credo se révélera. C’est une révélation, mais qui va se révéler encore – davantage – au jour de notre mort.
Nous allons voir à ce moment-là. La foi est remplie de la vision des choses qui sont réelles. Par conséquent, je dirai, derrière cette enveloppe, ce voile de notre foi, nous devons croire que toute la réalité existe. Cette réalité du Ciel ; cette réalité de la gloire de Dieu, la gloire de la Sainte Trinité, de Notre Seigneur Jésus-Christ dans sa gloire.
La réalité de la très Sainte Vierge Marie, Reine au Ciel, de tous les anges, ces archanges du Ciel qui chantent les louanges de Dieu, avec tous les élus du Ciel.
Tout cela est une réalité. Une réalité plus grande que ce que nous voyons de nos yeux, de ce qui nous entoure. La foi est pleine de la vison. C’est une étape avant la vision. Nous sommes faits pour voir. Nous ne sommes pas faits pour rester dans la foi. Nous sommes faits pour la vision béatifique : pour voir. C’est cela qui réjouira nos cœurs et qui remplira nos cœurs d’amour pour le Bon Dieu et de chants de gloire pour Dieu Lui-même. C’est ce que nous devons faire déjà ici-bas : nous devons chanter les louanges de Dieu.
La descente de l’Esprit Saint l’a produit comme premier effet précisément chez les apôtres : Ils ont chanté les grandeurs de Dieu : magnalia Dei. Ils ont chanté les louanges de Dieu. C’est ce que nous faisons au cours de ces belles messes, avec ces beaux chants grégoriens, avec toutes ces belles prières que l’Église nous a apprises depuis des siècles. Nous chantons les louanges de Dieu. C’est notre premier devoir.
Et c’est pourquoi, nous remplissons les devoirs que nous avons vis-à-vis de Dieu. C’est notre Décalogue qui nous l’apprend. Et comme le dit saint Jean : « Celui-là n’a pas l’esprit de Dieu qui ne réalise pas les commandements de Dieu », car les premiers commandements de Dieu, nous apprennent à chanter les louanges de Dieu, à nous soumettre à Dieu, à adorer Dieu.
C’est pourquoi nous ne sommes pas d’accord avec ces Droits de l’homme qui ne parlent pas des droits de Dieu. Nous n’avons jamais vu dans nos catéchismes anciens qu’il était question des droits de l’homme. Il est question du Décalogue, des commandements de Dieu. Voilà notre loi. Voilà ce que nous recherchons.
Et dans la mesure où nous accomplissons notre Décalogue, dans la mesure où nous accomplissons nos devoirs envers Dieu et envers le prochain, les droits de l’homme sont réalisés. Ces droits de l’homme dont on parle maintenant dans toutes ces réunions internationales sont en définitive contre Dieu. Parce qu’ils ne parlent pas des droits de Dieu ; parce qu’ils ne fondent pas les droits de l’homme sur les devoirs que nous avons envers Dieu et envers les hommes.
C’est pourquoi nous devons être très attachés à notre catéchisme, à notre Décalogue, aux commandements de Dieu qui devraient être la loi de toutes les Sociétés.
Le Décalogue devrait être la loi de toutes les Sociétés. Ce serait le signe de l’Esprit Saint ; le signe de la présence de l’Esprit Saint dans les Sociétés. Dans la mesure où l’on renonce au Décalogue, où l’on refuse les commandements de Dieu, on ferme nos âmes à l’Esprit Saint.
Par conséquent, la lumière de la foi, amour de Dieu par la réalisation en nous des commandements de Dieu et par l’esprit de pénitence – saint Pierre l’a dit aux juifs – qui émerveillés par les paroles que disait saint Pierre, lui ont demandé : « Mais que devons-nous faire ? »
« Soyez baptisés et faites pénitence ». Voilà ce que leur a dit saint Pierre. Eh bien, nous, nous sommes baptisés, il nous faut faire pénitence maintenant, pour éloigner de nous l’esprit de Satan, pour éloigner de nous le péché.
Car dans la mesure où nous sommes éclairés par la lumière du Saint-Esprit, dans cette mesure-là aussi, nous haïssons le péché. Il n’est pas possible d’avoir l’Esprit Saint en nous et de ne pas haïr le péché qui nous éloigne de Dieu. Alors tout ce qui nous éloigne de Dieu, devrait pour nous être en horreur. Voilà les effets de l’Esprit Saint en nous.
Demandons donc aujourd’hui, d’une manière toute particulière, à la très Sainte Vierge Marie de nous donner cet Esprit, de nous remplir de cet Esprit.
Et voyez-vous ce petit fait qui est rapporté dans l’Évangile au sujet de la très Sainte Vierge Marie visitant sa cousine Élisabeth : à peine la très Sainte Vierge Marie était remplie du Saint-Esprit, à peine avait-elle conçu dans son sein son Divin Fils Jésus, elle part, elle est transportée par l’Esprit Saint ; elle est prise en quelque sorte par l’Esprit Saint. Elle s’en va ; elle traverse la montagne, avec hâte – dit encore l’Évangile – elle se hâte. Pourquoi ? Où va-t-elle ? Qu’est-ce qu’elle va faire ? Ne pouvait-elle pas rester, recueillie dans le Temple, à prier, à remercier le Bon Dieu ? Non, elle part, vite, vite, vite, elle va voir sa cousine Élisabeth. Que fait-elle ? Elle annonce ! Elle annonce l’Incarnation de Notre Seigneur Jésus-Christ. Elle annonce la venue du Verbe sur la terre. Elle chante son Magnificat. Elle chante la gloire du Bon Dieu, à sa cousine Élisabeth. Et cela, transportée par l’Esprit Saint. Elle nous manifeste par là, que l’Esprit Saint est missionnaire.
Si nous avons l’Esprit Saint en nous, nous ne pouvons pas ne pas être missionnaires. Nous ne pouvons pas ne pas annoncer la bonne nouvelle : Jésus est venu nous sauver ; Jésus nous a sauvés par sa Croix ; Jésus qui est venu sur la terre est le Fils de Dieu. Et Il a répandu tout son Sang sur la Croix pour nous sauver. Voilà ce que nous devons annoncer.
Nous devons avoir cet esprit missionnaire. Nous devons proclamer l’Évangile partout. Non seulement autour de nous, dans nos familles, mais partout dans la Société, dans nos professions, partout où nous sommes. Nous ne devons pas avoir peur d’annoncer l’Évangile d’amour ; que Notre Seigneur Jésus-Christ est Dieu et qu’il a répandu tout son Sang pour nous racheter.
C’est encore ce que dit saint Jean. Quelle est la marque du véritable Esprit, du Saint-Esprit, c’est celui qui annonce que Jésus-Christ est Dieu ; qui affirme que Jésus-Christ est Dieu.
Et quel est le signe de l’esprit qui n’est pas Dieu ? C’est celui, comme le dit saint Jean : qui solvit Christum : qui détruit Notre Seigneur ; qui dissout Notre Seigneur en quelque sorte ; qui parle peut-être de Notre Seigneur, mais qui n’en donne pas la réalité, qui n’en donne pas la Vérité. Celui-là n’a pas l’Esprit de Dieu.
Eh bien, nous, nous devons avoir l’Esprit de Dieu, affirmer la divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ, affirmer qu’il est notre Sauveur ; affirmer qu’il est notre Prêtre ; affirmer qu’il est notre Roi. Nous ne devons pas avoir peur d’affirmer ces choses, partout, devant tout le monde, dussions-nous subir le martyre comme les apôtres.
Et eritis mihi teste (…) et usque ad ultimum terræ (Ac 1,8). « Vous serez mes témoins jusqu’aux extrémités de la terre ».
Eh bien, oui, nous serons ses témoins, tous, qui que nous soyons ici. Nous serons les témoins de Notre Seigneur Jésus-Christ jusqu’aux extrémités de la terre, s’il le fallait jusqu’à donner notre sang 224
pour Notre Seigneur Jésus-Christ, comme l’ont fait les apôtres et comme l’ont fait tant de martyrs après les apôtres.
C’est parce que nous voulons affirmer la divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ, que nous voulons continuer ce séminaire, que nous voulons continuer cette œuvre, pour que Jésus-Christ soit affirmé ; pour que sa divinité soit affirmée à travers le monde et que soit maintenu tout ce que Notre Seigneur Jésus-Christ nous a donné pour nous sauver : le Saint Sacrifice de la messe, les sacrements, le vrai sacerdoce, le vrai catéchisme, le véritable enseignement du catéchisme.
Voilà ce pourquoi nous sommes ici. Voilà pourquoi nous voulons continuer ce séminaire, afin de continuer la Sainte Église que Notre Seigneur Jésus-Christ a fondée le jour de la Pentecôte. Personne ne peut nous empêcher de faire une chose semblable : de continuer la Sainte Église catholique.
Prions donc, mes bien chers frères, tous ensemble, afin que le Saint-Esprit descende aujourd’hui d’une manière toute particulière dans nos âmes et que nous ayons à la fois cet esprit de charité envers Dieu, de charité envers notre prochain et cet esprit missionnaire.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.