Mes bien chers frères,
On nous demande sans doute, si nous allons réellement ordonner ces jeunes gens qui se présentent pour devenir prêtres ; et ceux qui avec eux, vont devenir sous-diacres, afin de se préparer aussi un jour, au sacerdoce.
Et nous pouvons répondre en toute conscience, en toute responsabilité devant Dieu, devant l’Église de toujours, devant l’Église triomphante, devant l’Église souffrante, devant l’Église militante que vous êtes, mes bien chers frères. Devant toute cette Église nous répondons : oui, nous allons ordonner ces jeunes candidats au sacerdoce, qui se sont préparés pendant de longues années, afin de comprendre ce que c’est que le sacerdoce. Ils ont étudié ; ils ont prié ; ils ont réfléchi et aujourd’hui, ils nous demandent d’être ordonnés prêtres, prêtres pour l’éternité. Car c’est bien cela qu’ils seront dans quelques instants, s’il plaît à Dieu : prêtres pour l’éternité.
Des prêtres comme l’Église en a toujours faits ; des prêtres comme l’Église les aime ; des prêtres, comme vous fidèles, vous les aimez. Parce ce que ces prêtres savent ce qu’ils sont. Ils sont des témoins, des témoins de la foi en Notre Seigneur Jésus-Christ. Ils répondront à l’appel que Notre Seigneur Jésus-Christ a fait aux apôtres en leur disant :
Euntes docete omnes gentes : baptizantes eos in nomine Patris et Filii et Spiritui Sancti et docentes eos servare omnia quæcumgue mandavi vobis : « Allez, enseignez toutes les nations baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit ».
Enseignez-leur, à ces nations, à tout ce monde ; enseignez-leur ce que je vous ai commandé.
Et qu’est-ce que Notre Seigneur a commandé à ses prêtres ? Il leur a dit :
Hoc facite in meam commemorationem (Lc 22–19).
Il l’a dit à ses apôtres : « Refaites ce que j’ai fait ». C’est-à-dire : refaites mon sacrifice ; c’est-à-dire le Sacrifice de la messe ; refaites ce sacrement de l’Eucharistie par lequel je donne mon Corps et mon Sang, mon Âme et ma Divinité, en communion à ceux qui me reçoivent.
Accipite Spiritum Sanctum, leur a dit aussi Notre Seigneur : Recevez le Saint-Esprit. Quorum remiseris peccata, remittuntur eis, et quorum retinueris, retenta sunt.
C’est ce que l’évêque va dire dans quelques instants aussi à la fin de la messe en leur imposant à nouveau les mains : « Les péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez, ils seront retenus à ceux à qui vous les retiendrez ».
Et Il a dit cela pour tous les sacrements. Ce sont donc ces prêtres que nous désirons faire, ceux qui comprennent ce qu’est le Saint Sacrifice de la messe, qui est le cœur de leur foi ; qui est le résumé et la synthèse de tout ce que nous croyons. Car dans le Saint Sacrifice de la messe se trouve l’affirmation, la profession de foi en Notre Seigneur Jésus-Christ, en sa divinité, la divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Dans le Saint Sacrifice de la messe se trouve affirmé aussi tout le Décalogue et réalisé tout le Décalogue ; réalisé par l’amour de Dieu. L’amour de Dieu qui nous est manifesté par Notre Seigneur Jésus-Christ Lui-même s’offrant à son Père ; donnant tout son Sang pour ceux qu’Il veut sauver. Le donnant Lui-même en nourriture, à son prochain, à ses frères. Peut-il y avoir un acte plus grand d’amour que de donner sa vie pour ceux que l’on aime ?
Et voilà ce que nous apprend le Saint Sacrifice de la messe. Notre Seigneur donne sa vie pour ceux qu’il aime. D’abord son Père qui L’a tant aimé et qui L’aime depuis toute éternité.
Et enfin ses frères pour lesquels Il se donne, Il donne son Sang. Voilà ce que nous apprend le Saint Sacrifice de la messe : l’amour de Dieu, l’amour du prochain.
Ainsi dans le Saint Sacrifice de la messe, se réalise toute notre sainte Religion.
Mais, nous dira-t-on, comment est-il possible que vous accédiez à ces ordinations, que vous les acceptiez, que vous les réalisiez, alors que vous venez de recevoir une interdiction par le Saint-Père ? Que vous venez de recevoir des messagers, qui vous ont supplié de ne pas faire ces ordinations.
Eh oui, c’est vrai. Nous avons reçu une lettre, une lettre dans laquelle il nous est dit que « nous utiliserons notre pouvoir pour une fin personnelle et non pas pour le bien de l’Église ».
Eh bien, je ne le crois pas. Sincèrement, je ne crois pas agir pour un but personnel. Et je pense bien agir, pour le bien de l’Église.
Et il nous est dit aussi dans cette lettre, que ce que nous faisons sera une rupture avec la communion et la charité de l’Église.
Eh bien, nous pensons que non. Nous sommes en pleine communion avec la Sainte Église catholique et romaine.
Nous voulons demeurer en pleine communion avec la Sainte Église catholique et romaine.
Mais qui est le pape ? Qui est le Vatican ? Qui est le Saint-Siège ? Que sont-ils ? Pourquoi Notre Seigneur Jésus-Christ a‑t-il institué saint Pierre comme le chef de l’Église ? Qu’a‑t-Il demandé à saint Pierre ? « Garde la foi et garde-la pour les autres ».
Et le Vatican qui n’est autre que la résidence du successeur des apôtres, n’est pas fait pour autre chose non plus. La Sainte Église romaine est mère et maîtresse de Vérité.
Mater et magistra omnium ecclesiarum magistra veritatis.
Et c’est ce que nous demandons précisément. Nous l’avons demandé à l’Église à notre baptême. Nos parrains et marraines l’ont demandé pour nous lorsque nous avons été portés sur les fonts baptismaux.
Quelle a été la première parole du prêtre lorsque nous étions enfant et que nous n’étions pas capables de parler nous-mêmes, mais que nos parrains et marraines ont répondu pour nous ? – Que demandez-vous à l’Église de Dieu ?
- Nous demandons la foi.
Voilà ce que nos parrains et marraines ont répondu. Et nous aussi maintenant, nous demandons encore à l’Église ou à ceux qui se disent de l’Église, à ceux qui occupent les postes importants dans l’Église, ceux qui sont responsables de cette foi, nous leur demandons : Gardez-nous la foi. Donnez-nous la foi. Nous la voulons cette foi catholique. Nous n’en voulons pas d’autre.
- Et pourquoi demandez-vous la foi, dit le prêtre à nos parrains et marraines ?
- Nous voulons la foi, parce que la foi nous procure la vie éternelle.
Pourquoi sommes-nous ici-bas, sinon pour acquérir la vie éternelle ? Cette vie d’ici-bas est une vie passagère, une vie éphémère : quelques jours, quelques années, quelques décades. Nous avons à choisir, si nous voulons ou non la vie éternelle. Nous voulons la vie éternelle et pour cela nous voulons la foi catholique.
Or, nous sommes obligé de constater que depuis quinze à vingt ans, ceux qui sont dans les plus hautes instances de l’Église – le Saint-Siège et le Vatican lui-même – nous détournent de la foi catholique ; deviennent des amis de nos ennemis. Que reste-t-il de l’Église catholique aujourd’hui ?
Séminaires fermés, en vente. Celui de Sion, par exemple, ici, tout près de nous, dans un diocèse si florissant que ce diocèse de Sion où il y a tant de foi, dans ce Valais catholique : séminaire en vente !
À Martigny, le séminaire des chanoines du Grand Saint-Bernard : fermé. Le séminaire des capucins, à Sion : fermé.
Lorsque nous arrivions ici à Écône pour demander l’autorisation à Mgr Adam, d’ouvrir ce séminaire, il nous disait : un séminaire, c’est peut-être un peu difficile, parce que nous en avons déjà trois dans le Valais : deux à Sion et un à Martigny. Et l’année suivante, il nous disait : Vous pouvez ouvrir votre séminaire. Un an après, les trois autres séminaires étaient fermés.
Qu’est-ce que cela veut dire ? Ce n’est pas nous qui les fermons ; ce n’est pas nous qui voulons les fermer. Nous préférerions vous dire : Ici, les séminaires de Sion sont pleins de séminaristes ; celui de Martigny est plein. Nous voudrions le dire, l’affirmer ; nous le désirons pour la Sainte Église.
Désirons-nous la mort de la Sainte Église ? Loin de nous une pensée semblable !
Et cette constatation est universelle dans l’Église. Et c’est là le point crucial de l’Église, les séminaires et la formation des séminaristes et la formation des futurs prêtres.
Car même dans les séminaires qui existent encore, quelle est la formation qui est donnée à nos prêtres, à ceux qui sont nos prêtres ? Croient-ils encore vraiment en l’Eucharistie ? Croient-ils en la Présence réelle de Notre Seigneur ? Croient-ils au Saint Sacrifice de la messe ? Nous pouvons nous le demander réellement. Ils ne savent plus ce que c’est d’être prêtre.
C’est le cardinal de Cincinatti qui le disait à Rome même, pendant le synode : « Nous constatons que le prêtre a perdu son identité ».
Qu’est-ce que cela veut dire ? Que le prêtre ne sait plus ce qu’il est.
Eh bien, nous voulons former des prêtres qui savent ce qu’ils sont ; qui savent qu’ils sont faits pour le Saint Sacrifice de la messe ; pour porter l’Évangile ; pour proclamer l’Évangile. C’est-à-dire pour proclamer le catéchisme, tel que nous l’avons toujours appris ; tel que nos parents et nos ancêtres l’ont appris. C’est-à-dire, la foi en la divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ et en son règne. Une chose des plus pénibles que nous devons constater aujourd’hui, c’est la négation officielle du règne social de Notre Seigneur Jésus-Christ.
On ne veut plus que Notre Seigneur Jésus-Christ règne sur les Sociétés. Et ceci est inscrit dans la transformation de la liturgie. On a supprimé dans l’hymne de la fête du Christ-Roi, on a supprimé les deux strophes qui parlent du règne de Notre Seigneur Jésus-Christ sur la famille et sur la société.
Pourquoi cela ? Est-ce qu’aujourd’hui, nous chrétiens, catholiques, nous allons nier le règne de Notre Seigneur Jésus-Christ sur nos familles et sur nos sociétés ?
Nous serions des renégats ; nous serions des apostats. Nous voulons le règne de Notre Seigneur Jésus-Christ. Nous le disons tous les jours dans notre Pater : Que votre règne arrive ; que votre volonté soit faite sur la terre comme au Ciel.
Allons-nous nier notre Pater ?
Nous voulons que Notre Seigneur Jésus-Christ règne, car c’est Lui qui apportera le bonheur, le vrai bonheur, la justice, la vraie paix ; la vraie charité, la véritable union entre les hommes. Seul Notre Seigneur est le ferment de cette charité. Dans la mesure où l’on s’éloigne de Lui, alors viennent les dissensions, les haines, les divisions, les guerres.
Nous avons besoin de ce règne de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Or, que voyons-nous ? Que voyons-nous ? Nous ne parlons même pas des paroles qui sont exprimées, mais nous parlons des actes, qui sont publics, qui sont officiels, diffusés à travers le monde, par la presse, par tous les moyens de communication sociale.
Le dernier événement en date, c’est la réception de Kadar au Vatican. Celui qui a versé le sang des catholiques ; qui a versé le sang des Hongrois. On excommunie ceux qui gardent la foi catholique et on entre en communion avec tous les ennemis de l’Église. On entre en communion, parce que l’on lève l’excommunication. Cette excommunication existait – on la lève – contre les communistes, contre les francs-maçons, contre les orthodoxes.
Que veut dire ce baisement du pied des schismatiques, des hérétiques ; ces embrassades avec les hérétiques, les schismatiques, les communistes, les francs-maçons ? Nous ne comprenons plus. Ce n’est plus notre Église catholique. Ce n’est plus notre foi catholique.
Nous, nous voulons demeurer catholique. Or, pourquoi nous demande-t-on de supprimer notre séminaire, pourquoi nous demande-t-on de supprimer notre Fraternité sacerdotale Saint-Pie X ? Pourquoi nous demande-t-on de ne pas faire ces ordinations ?
L’unique raison ; c’est pour nous aligner sur cette orientation. On voudrait que nous aussi, nous prêtions la main à cette destruction de l’Église, à cette communion qui est purement et simplement un adultère de l’Église.
Nous ne voulons pas être des adultères. Nous voulons garder notre foi catholique.
C’est pour cela que nous refusons de collaborer à la destruction de l’Église. Nous refusons de collaborer à la perte de la foi catholique, à l’apostasie générale.
Et nous savons parfaitement que si nous ne faisons pas ces ordinations, que si nous arrêtons, on ne nous donnera rien. Nous le savons parfaitement. Car, je puis dire ici, que j’ai fait il y a quinze jours une proposition : Que l’on nous rende notre messe de saint Pie V publique, officielle. Que l’on puisse la dire dans toutes les églises, librement, sans difficultés ; que dans tous les diocèses du monde, on puisse dire la messe de saint Pie V, c’est-à-dire notre messe de toujours – ce n’est pas la messe de saint Pie V, c’est la messe de toujours – que l’on puisse dire la messe de toujours dans toutes les églises, officiellement et librement.
Et qu’il y ait à Rome une commission qui nous permette de discuter les textes du concile, les textes qui sont ouvertement contre la doctrine catholique, ou du moins équivoques. Que nous puissions en discuter publiquement, officiellement, avec la commission de l’interprétation du concile. Et moyennant quoi, nous étions prêt à reculer les ordinations de deux mois.
La lettre qui nous répondait nous a dit : Ces propositions sont inacceptables
Par conséquent, il est clair que l’on ne veut pas discuter des textes du concile ; qu’il faut les accepter tels qu’ils sont, c’est-à-dire avec leurs erreurs et leur ambiguïté ; et que nous devons accepter également toutes les réformes dont il est question. Le fait de refuser ce qui s’est fait pendant vingt siècles dans l’Église latine, c’est refuser par conséquent, de nous garder dans notre foi catholique de toujours.
C’est pourquoi nous n’hésitons pas. Nous n’hésitons pas à continuer. Et nous sommes obligé de penser que ceux qui se livrent à cette destruction de l’Église, à la destruction de notre foi, coopèrent à l’apostasie générale.
Et nous pourrions donner un exemple. J’ai reçu, pas plus tard qu’aujourd’hui, la traduction d’un 236
document qui a été fait par 185 théologiens du diocèse de Rothenburg, en Allemagne ; 185 théologiens qui se sont réunis et qui ont fait un document dans lequel ils disent : Désormais, pour nous, il n’y a aucune différence entre un pasteur et un prêtre. Nous sommes d’accord avec la cène évangélique. Nous sommes d’accord avec la fonction du pasteur. Nous voudrions qu’il n’y ait plus entre nous et les pasteurs aucune différence.
Et cette lettre était écrite à l’église nationale évangélique d’Allemagne ; 185 prêtres, n’est-ce pas un signe de l’apostasie générale ?
Nous ne pouvons pas collaborer à cette destruction. Et nous ne pouvons pas ne pas penser à ce que Notre Seigneur Jésus-Christ disait dans son Évangile : Il y aura dans la bergerie et contre le troupeau de l’Église, il y aura des mercenaires, des voleurs et des loups.
Ce sont les trois groupes qui sont désignés par Notre Seigneur Jésus-Christ pour détruire le troupeau de l’Église, les mercenaires, les loups et les voleurs. Nous ne pouvons pas nous empêcher de penser qu’il y a à l’intérieur de l’Église, des mercenaires, des loups et des voleurs.
Allons-nous prêter la main à ces mercenaires, à ces loups, à ces voleurs ? Nous ne le pouvons pas !
Mais nous dira-t-on, qu’allez-vous devenir ?
Eh bien, ce que nous allons devenir, je dirai tout simplement : notre avenir, c’est notre passé !
Pour savoir ce qu’est notre avenir, nous regardons notre passé et assuré d’être en pleine communion avec tout le passé de l’Église, nous sommes assuré de notre avenir.
Voilà ce que je pense, que nous devons affirmer et que nous devons dire. Car c’est l’Apocalypse qui le dit : « Je suis l’alpha et l’oméga. Celui qui est, qui était et qui vient ».
Et saint Paul écrit aux Hébreux :
Jésus Christus heri, hodie, et in sæcula (He 13,8) : « Jésus-Christ, hier, aujourd’hui et pour toujours ».
Par conséquent, si nous nous séparons d’avec Notre Seigneur Jésus-Christ d’hier, nous ne serons pas avec Notre Seigneur Jésus-Christ d’aujourd’hui, ni avec Notre Seigneur Jésus-Christ de demain. Il faut que nous soyons avec Notre Seigneur Jésus-Christ d’hier, pour être avec Celui de demain. Voilà ma conclusion.
Je demande à la très Sainte Vierge de nous aider dans ce ministère que nous accomplissons et de faire en sorte que ces jeunes prêtres soient vraiment ses enfants, qu’ils aient sa foi, qu’ils aient son amour de Notre Seigneur Jésus-Christ, qu’ils aient son amour du prochain.
Que la Vierge les garde dans leur ministère jusqu’à leur dernier soupir.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.