Suite du reportage de notre envoyée spéciale.
New Canaan, la bien nommée
Ce 5 février, le village que nous avons atteint après plus de deux heures de route, dont 7 kilomètres de pistes impraticables sans 4X4 surélevés, mérite bien son nom. Un vrai paradis tropical ! La beauté des paysages qui fait de ce coin perdu des montagnes de Sarangani « un pays où coule le lait et le miel », a sans doute inspiré les premiers habitants de New Canaan.
Pour y parvenir, il fallut traverser cinq ou six torrents impétueux qui se déversent dans la Lun Padidu, une large rivière aux eaux argentées bordée de falaises et de collines couvertes de palmiers, bananiers, manguiers, cacaotiers et autres variétés luxuriantes. Puis suivre la piste de boue glissante et creusée d’ornières profondes qui longe le cours d’eau sur ses berges accidentées.
Les véhicules ont été contraints de se délester de leurs passagers pour pouvoir avancer sur les portions trop pentues. Les camions-bennes se sont embourbés et ont pu être dégagés avec l’aide de bulldozers. La mission Rosa Mystica, un véritable tour operator pour amateurs d’émotions fortes !
Ce mercredi, c’est jour de fête à New Canaan : les officiers municipaux d’Alabel se sont déplacés pour enregistrer les habitants à l’état civil. Une trentaine de mariages y seront célébrés. Il s’agit d’ébaucher une administration dans ces zones restées inaccessibles à cause de l’état des routes – qui s’améliore cependant – et de la guérilla communiste qui a sévi dans la province de Sarangani pendant des décennies.
Il y a foule lorsque nous débarquons au centre du village, après ce périlleux voyage. En effet, aux côtés de la mission médicale et des mariages, deux « services sociaux » ont été organisés par les autorités pour les 4000 habitants du village et des environs : la circoncision, une pratique prophylactique courante ici, et, malheureusement, la stérilisation temporaire par implants contraceptifs.
Les programmes du planning familial sont très offensifs aux Philippines, particulièrement dans ces régions pauvres, et ce malgré le combat que l’Eglise catholique tente encore de mener. Et notre opticienne n’a pu que constater un taux d’analphabétisation assez élevé dans ces populations démunies.
Father Tim a vigoureusement désolidarisé la mission médicale de ce programme auprès des autorités, rappelant l’incompatibilité de ces pratiques avec une mission catholique. Il a conditionné notre présence à l’abandon de ce programme.
Ferons-nous longtemps le poids face au rouleau compresseur de la « santé reproductive » imposée à ces populations, en leur faisant miroiter la terre d’abondance et de félicité du paradis consumériste des « no kids, pas d’enfants » ?
Dans ces zones où les sectes protestantes sont prédominantes, Father Tim a pu semer des graines qui produiront leurs fruits comme dans tous les lieux où notre Mère du ciel est honorée. Notre Dame des Pauvres a appelé ses pauvres à venir vers elle et vers la source qui lui est réservée.
Les chants des cérémonies d’engagements dans la Milice de l’Immaculée, des impositions du scapulaire et de la Médaille miraculeuse ont accompagné le travail des médecins tout au long de la journée. Soin des corps et soin des âmes…
En milieu d’après-midi, un orage s’est formé au sommet des montagnes encerclant New Canaan comme dans un cirque. Notre paradis terrestre s’est transformé à la vitesse de l’éclair en un pays où coulent l’eau et la boue. Malgré la rapidité du rangement du matériel, nous n’avons pas pu échapper aux cataractes qui se sont soudainement déversées.
En une dizaine de minutes, la piste s’est transformée en torrent et les falaises de terre ont déversé des trombes d’eau et des coulées de boue et de pierres dévastatrices. Les camions ont dû être à nouveau tractés par les engins de travaux publics présents sur cette route en construction. Quatre heures de trajet pour un retour périlleux jusqu’à Pinobre park sous la pluie torrentielle.
Après la terre promise, nous avons affronté le déluge !
Source : Acim – Asia /FSSPX Actualités