Depuis six mois, il y a eu beaucoup d’agitation dans l’Église, notamment autour de la question de la Tradition.
Jusqu’ici, très volontairement, nous n’avons que peu réagi. Notre combat ne se situe pas dans le tourbillon médiatique. Nous n’avons pas à nous essouffler en courant derrière le dernier bruit, la nouvelle rumeur, le tout récent on-dit.
Prier, nous sanctifier, mener le combat de la foi, prêcher l’Évangile, témoigner du Christ, voici quelle est notre mission, voici notre devoir. Il est temps, cependant, d’effectuer un bilan de cette période aussi agitée qu’intéressante, pour en tirer profit.
Nous le ferons en deux temps.
Dans le présent numéro, nous signalerons les aspects les plus originaux de ce qui s’est dit ou fait durant les six mois écoulés.
Dans le prochain numéro, si Dieu le veut, nous porterons un regard doctrinal et pastoral sur la période qui s’ouvre, qui pourra être à la fois riche de possibilités nouvelles d’apostolat et grosse de dangers inédits.
La période passée a connu tout d’abord des actes de Benoît XVI bien décevants, sans que nous en ayons été absolument surpris. Ils manifestent que, sur le plan de la doctrine fondamentale, le pape est toujours fidèle, hélas ! au Concile et à ses graves erreurs. A ce propos, je recommande à nos lecteurs de relire notre numéro 169 de janvier 2006, intitulé « Portrait de Benoît XVI ». Ils verront mieux, après les événements récents, combien notre analyse calme, respectueuse et nuancée, était néanmoins proche du réel.
Ce qui a agité le monde de la Tradition, durant ces six derniers mois, c’est aussi la question de la messe, à travers notamment l’annonce d’un Motu proprio censé offrir une plus grande liberté à la messe traditionnelle, et qui a suscité des réactions vraiment étonnantes et inattendues.
Tout d’abord, après des années de glaciation, les évêques français, et en masse, se sont exprimés sur la question de la liturgie traditionnelle. Ils ont apporté des arguments nouveaux, des considérations inédites à l’appui de leur réticence ou de leur refus de l’ancienne messe.
Ceci rouvre le débat, et manifeste que le combat de la messe est bien au cour de la crise. Dans cette optique, nous avons voulu innover en offrant aux prêtres désireux de découvrir la messe traditionnelle un outil pédagogique à la fois performant et beau, sous la forme d’un DVD intitulé « Célébrer la messe de toujours ».
Le succès de cette initiative manifeste que certaines choses sont secrètement en train de mûrir.
Autre situation inédite depuis vingt ans, sans doute depuis la Lettre ouverte aux catholiques perplexes de Mgr Lefebvre : un grand éditeur a proposé à l’un de nos prêtres de publier un ouvrage où il pourrait, en toute liberté, exposer les positions de la Fraternité Saint-Pie X.
Enfin, même si nous ne développons pas cet aspect en ce numéro, nous avons constaté en cette période un phénomène oublié depuis 1988, voire 1976 : les médias, dans leur ensemble, et en profondeur, se sont intéressés à notre existence. En particulier, la presse régionale, qui était à notre égard souvent indifférente ou hostile, a publié, dans toutes les régions françaises, des reportages, des entretiens, où, pour la première fois sans doute, nous étions traités de façon à peu près normale, sans être systématiquement injuriés.
Ces faits manifestent que, petit à petit, sans que nous nous en apercevions peut-être, certaines choses sont en train de changer.
Le chemin sera encore long, le combat est fort loin d’être gagné, mais il est toujours bon, pour le soldat, de reprendre courage grâce aux victoires partielles.
Abbé Régis de Cacqueray †, Supérieur du District de France
Source : Fideliter n° 176