Un synode baillonné. Pourquoi ? par Marco Tossati

Note de la rédac­tion de La Porte Latine :
il est bien enten­du que les com­men­taires repris dans la presse exté­rieure à la FSSPX
ne sont en aucun cas une quel­conque adhé­sion à ce qui y est écrit par ailleurs.

Pour la pre­mière fois dans une his­toire plu­ri­dé­cen­nale, un Synode des évêques aura lieu en grande par­tie à huis clos. Dans les nom­breux Synodes pré­cé­dents, le public n’é­tait pas non plus admis ; mais toutes les rela­tions, de celle de l’ar­che­vêque de Milan à celle du der­nier dio­cèse de Patagonie étaient publiées, en entier ou en résu­mé, quotidiennement.

Au contraire, dans ce Synode, aucune inter­ven­tion ne sera pas ren­due publique.

Il est sur­pre­nant que cela se passe durant le règne d’un Pontife qui – au moins à en juger par les choix qu’il faits, et les outils rhé­to­riques qu’il uti­lise – est le plus « moderne » et le plus « pro­gres­siste » de l’his­toire récente ; même à l’é­poque des « conser­va­teurs » saint Jean-​Paul II et Benoît XVI, on n’a­vait jamais mis le bâillon aux évêques. 

Voyons quelques-​unes des étapes du processus.

Il a été deman­dé aux par­ti­ci­pants d’en­voyer leur inter­ven­tion écrite d’i­ci le 8 Septembre 2014. Dans la fiche indi­quant com­ment devait être modu­lée l’in­ter­ven­tion, ils étaient invi­tés à indi­quer le « numé­ro » du docu­ment pré­pa­ra­toire – l’Instrumentum Laboris (1) – auquel elle se réfé­rait, et l’a­li­néa du « numé­ro » inté­res­sée par l’in­ter­ven­tion. On ne vou­lait pas, bien sûr, que l’in­ter­ven­tion embrasse des thèmes géné­raux, peut-​être consi­dé­rés comme dan­ge­reux. S’agissait-​il ain­si d’empêcher de réagir à ce qui avait été dit en séance ? 

Les jour­na­listes – et le public – sau­ront ce qui s’est pas­sé par une confé­rence de presse où les atta­chés de presse don­ne­ront une idée géné­rale du débat. Unique pour toutes les langues. … 

Hypothèse : aurait-​on réa­li­sé que la très grande majo­ri­té des par­ti­ci­pants, de Berlin aux Philippines, était oppo­sée aux théses avan­cées par Kasper (2) – qui conti­nue presque tous les jours à paraître dans des inter­views (3) – et voudrait-​on évi­ter que la chose appa­raisse de manière fla­grante, gagnant peut-​être ain­si un peu de liber­té de manœuvre pour l’a­près [-Synode] (4), avec des pro­po­si­tions, mes­sages, etc .. etc ..? 

Par ailleurs, si l’on jette une pierre dans un étang, on ne devrait pas ensuite avoir peur des vagues. 

Et la com­mu­nion naît de la liber­té de confron­ta­tion, à visage décou­vert. Pierre et Paul s’en sont dits de toutes sortes. Mais, que ce soit dans les Actes, et dans les Epîtres, ils ont publié leurs interventions.

Et on est aus­si un peu sur­pris – c’est peut-​être notre igno­rance, nous sommes prêts à faire amende hono­rable – de la pas­si­vi­té sin­gu­lière avec laquelle la presse spé­cia­li­sé ne réagit pas à la nou­velle que pour la pre­mière fois, pour savoir ce qui s’est pas­sé au Synode, elle devra jon­gler entre l’of­fi­ciel et les bavar­dage, sans véri­fi­ca­tion de documents.

Sources : La Stampa Opinioni/​San Pietro e din­tor­ni /​benoîtetmoi/​

Notes de LPL

(1) Voir notre dos­sier com­plet sur la pas­to­rale du mariage
(2) Interview du car­di­nal Kasper : « Ils veulent la guerre au Synode, c’est le Pape qui est visé »
(3) Divorcés rema­riés : la réponse stu­pé­fiante du car­di­nal Kasper aux cri­tiques de cinq car­di­naux
(4) Le synode sur la famille prend des airs de concile, par Marie-​Lucile Kubacki