Sermon de Mgr Lefebvre – Pentecôte – Confirmations – 7 juin 1981

Mes bien chers frères,

C’est tou­jours avec une grande joie que nous rece­vons vos enfants le jour de la Pentecôte pour leur don­ner le sacre­ment de confir­ma­tion. C’est vrai­ment une image de ce qu’est l’Église. Vous venez de toutes parts pour que vos enfants reçoivent la grâce de ce sacre­ment de confir­ma­tion sur­tout en ce jour de Pentecôte qui nous rap­pelle l’effusion du Saint-​Esprit sur les apôtres qui entou­raient la Vierge Marie et les dis­ciples. C’est donc une belle fête, bien choi­sie, pour confé­rer ce sacre­ment à vos chers enfants.

Mes bien chers enfants,

On a vous a cer­tai­ne­ment bien pré­pa­rés pour ce sacre­ment de confir­ma­tion, vos parents, les prêtres qui se sont char­gés de faire votre ins­truc­tion, vous ont dit ce qu’était ce sacre­ment de confir­ma­tion. Mais, mal­heu­reu­se­ment, il faut bien l’avouer, aujourd’hui, dans cette période de crise de l’Église, de confu­sion, il semble que bien des prêtres et néces­sai­re­ment bien des fidèles, pensent que ce sacre­ment n’est plus néces­saire, puisqu’il n’est pas abso­lu­ment obli­ga­toire. On com­prend que l’on bap­tise les enfants, parce que c’est un sacre­ment indis­pen­sable pour rece­voir la grâce qui doit nous conduire au Ciel.

Mais le sacre­ment de confir­ma­tion n’étant pas abso­lu­ment obli­ga­toire, à quoi bon prendre la peine de deman­der aux évêques de don­ner le sacre­ment de confir­ma­tion. Et ceci est une idée tout à fait contraire à l’esprit de l’Église ; tout à fait contraire à la foi de l’Église.

Sans doute, ce sacre­ment n’est pas abso­lu­ment néces­saire et indis­pen­sable sous peine de péché grave pour aller au Ciel ; c’est vrai. Autant le bap­tême est néces­saire : bap­tême de l’eau, bap­tême du sang, bap­tême de désir, sans doute autant le bap­tême est néces­saire, (autant) il est vrai que le sacre­ment de confir­ma­tion n’est pas abso­lu­ment nécessaire.

Mais si Notre Seigneur Jésus-​Christ l’a ins­ti­tué – et c’est Notre Seigneur Jésus-​Christ qui a ins­ti­tué le sacre­ment de confir­ma­tion – ceci est une véri­té de foi que nous sommes obli­gés de croire, c’est un dogme de notre foi. Le concile de Trente l’a affir­mé d’une manière solen­nelle : Il y a sept sacre­ments ins­ti­tués par Notre Seigneur Jésus-​Christ. Nous n’avons pas le droit de pen­ser, nous, que l’un des sacre­ments n’a pas été ins­ti­tué par Notre Seigneur.

Donc si Notre Seigneur a pris la peine, le soin, d’instituer ce sacre­ment de confir­ma­tion, on peut pen­ser qu’il y avait une rai­son grave. Et d’ailleurs, aujourd’hui, plus que jamais, les enfants ont besoin de ce sacre­ment de confirmation.

Bien chers parents qui êtes ici, vous le consta­tez tous les jours dans vos vil­lages, dans vos rela­tions, dans votre entou­rage, que de per­sonnes aban­donnent la foi. Que de per­sonnes ne suivent plus la voie de la vie chré­tienne, la voie des com­man­de­ments de Dieu. Que de per­sonnes en défi­ni­tive aban­donnent Dieu, aban­donnent Notre Seigneur Jésus-​Christ. Bien plus qu’autrefois.

Pour ceux qui ont déjà un cer­tain âge et qui ont connu ce qu’étaient vos vil­lages, vos cités, il y a disons trente ans, ils sont obli­gés de consta­ter une énorme dif­fé­rence. Autrefois on aurait comp­té sur les doigts de la main, ceux qui ne pra­ti­quaient pas, ceux qui n’assistaient pas à la Sainte Messe le dimanche ; on les aurait comp­té sur les doigts.

Aujourd’hui, ils sont nom­breux, nom­breux qui ne pra­tiquent plus la loi du Seigneur ; nom­breux mal­heu­reu­se­ment sépa­rés, ou qui sont tom­bés dans l’indifférence et ne mettent plus les pieds dans les églises, ou ne cherchent plus a assis­ter à la Sainte Messe, ou à com­mu­nier, à se confes­ser. Bien sûr qu’ils sont encou­ra­gés, mal­heu­reu­se­ment par beau­coup de prêtres qui disent que la messe du dimanche n’est plus obli­ga­toire ; que la confes­sion peut se faire d’une manière col­lec­tive. Et tout cela fait perdre le sens de la foi.

Alors pour ces chers enfants qui gran­dissent, voyez la dif­fi­cul­té qu’ils auront – si vous, déjà, à votre âge, avez ce scan­dale devant les yeux, de ceux qui ne pra­tiquent plus ; de ceux qui aban­donnent la foi – alors que ce sera-​ce pour ces chers enfants !

Et c’est pour­quoi ce sacre­ment de confir­ma­tion est encore bien plus impor­tant pour eux – je dirai – que pour nous qui l’avons reçu à l’âge et dans l’époque où nous l’avons reçu. Les dan­gers pour leur foi sont plus grands ; les dan­gers pour la morale, sont plus grands éga­le­ment, vous le savez bien et vous le déplo­rez. Et par­fois vous ne savez plus où mettre vos enfants pour leur édu­ca­tion, pour leur ins­truc­tion. Quel dommage !

Alors, je vous féli­cite de main­te­nir votre foi et de tout faire pour que vos enfants gardent la foi que vous avez vous-​mêmes et que vos parents avaient et vous ont transmise.

Et c’est pour cela, que nous aus­si, ici, nous for­mons de futurs prêtres qui ont la foi catho­lique et qui la gar­de­ront inté­gra­le­ment pour don­ner à vos enfants, l’instruction, l’éducation, les sacre­ments dont ils ont besoin pour vivre chrétiennement.

Mes chers enfants, vous allez dans quelques ins­tants, venir, vous appro­cher de l’évêque pour rece­voir cette grâce du Saint-​Esprit qui marque en vous un carac­tère, un signe sur votre âme. Désormais, les anges du Ciel, vos chers parents qui sont au Ciel, ver­ront ce signe sur vos âmes. Si nous, nous ne le voyons pas, nous qui sommes encore ici-​bas, eh bien ceux qui sont déjà là-​haut, qui ont rejoint la très Sainte Vierge, les saints Anges, ceux-​là ver­ront, comme tous les élus du Ciel, que votre âme est mar­quée désor­mais du signe de la confir­ma­tion pour tou­jours, pour toujours.

Et quand allez-​vous rece­voir ce signe ? Quand allez-​vous rece­voir cette grâce du Saint-​Esprit en vous, qui va vous don­ner ses dons, sa force, sa lumière, pour demeu­rer bon chré­tien, pour être ferme dans la foi, quand allez-​vous le recevoir ?

Au moment où vous allez vous age­nouiller devant l’évêque, quand l’évêque va impo­ser sa main sur votre tête et signer votre front du signe de la Croix avec le Saint Chrême consa­cré le Jeudi Saint. Le Saint Chrême qui est fait d’huile d’olives. Et cette matière est néces­saire. C’est en toutes lettres dans le caté­chisme du concile de Trente. Il faut que ce soit de l’huile d’olives mélan­gée au baume et consa­crée par l’évêque le Jeudi Saint. Cela c’est la matière du sacre­ment de confirmation.

Eh bien, c’est ce que nous don­ne­rons. Vous serez signé par le Saint Chrême qui est fait d’huile d’olives mélan­gée de baume et consa­cré par l’évêque le Jeudi Saint.

Cette consé­cra­tion n’est pas une consé­cra­tion quel­conque. Vous savez que l’évêque consacre bien d’autres choses. Il consacre aus­si les pierres d’autel par exemple, parce que l’on y fait le Sacrifice de Notre Seigneur. Alors on consacre les pierres d’autel avec cette même huile, avec le Saint Chrême. 462

L’évêque consacre éga­le­ment les temples de Dieu, les grandes églises, les cathé­drales. Toutes les grandes églises ont été consa­crées avec du Saint Chrême aus­si ; les calices, les patènes, sont consa­crés également.

Pourquoi cette consé­cra­tion ? Parce que ces objets servent à louer Dieu, servent au Sacrifice de Notre Seigneur, servent à Dieu Lui-même.

Alors pour­quoi, vous, vous êtes consa­crés ? Parce que vous devez ser­vir Dieu. Vous êtes consa­crés pour ser­vir le Bon Dieu. Quoi que vous fas­siez dans l’avenir, votre vie doit être consa­crée au Bon Dieu, votre esprit, votre cœur, votre âme, doivent être consa­crés pour le Bon Dieu. On n’a pas le droit de sous­traire sa vie, son esprit au Bon Dieu. Alors ce signe de la Croix qui va être fait sur votre front et l’imposition de la main de l’évêque vont vous don­ner cette grâce et ce carac­tère qui vont faire de vous des confirmés.

Alors réjouissez-​vous, remer­ciez le Bon Dieu et à la fin de la céré­mo­nie de confir­ma­tion, vous vous lève­rez et vous ferez votre pro­fes­sion de foi, pour bien mon­trer que vous avez la foi catho­lique et que vous n’avez pas peur de le pro­cla­mer et de dire : Oui, je suis catho­lique et je suis un fervent catho­lique et je veux gar­der ma foi catho­lique. Et par consé­quent, je pro­clame ma foi par le Credo, le Credo catholique.

Et puis ensuite vous direz le Notre Père et le Je vous salue Marie, pour bien mon­trer que devant l’Église vous faites pro­fes­sion de votre foi.

Et tous vos parents et amis qui sont ici, réci­te­ront ces mêmes prières aus­si en sou­ve­nir de leur confir­ma­tion, de la confir­ma­tion que nous avons reçue, afin de res­sus­ci­ter en nous, cette grâce de la confir­ma­tion à l’occasion de votre confir­ma­tion, mes chers enfants.

Et vous vous confie­rez ensuite, à la très Sainte Vierge Marie, par l’Ave Maria que vous réci­te­rez, vous deman­de­rez à votre bonne Mère du Ciel de vous gar­der dans la foi. Elle est vigi­lante. Elle sait. Elle sait les choses. Elle vous connaît par­fai­te­ment ; elle vous aime. Si vos parents vous aiment beau­coup, beau­coup, la très Sainte Vierge vous aime encore davan­tage. Elle est encore prête à faire plus que vos parents seraient capables de faire. Parce qu’elle est plus puis­sante. Elle est toute-​puissante au Ciel. Elle est la Reine du Ciel, la Reine du monde. Alors elle est toute-​puissante. Vous vous confie­rez à elle.

Voyez les apôtres, lorsqu’ils étaient réunis dans le Cénacle et qu’ils ont reçu l’Esprit Saint, ils entou­raient la très Sainte Vierge Marie. Et c’est par la Vierge Marie qu’ils ont reçu l’Esprit Saint. Si la Vierge Marie n’avait pas été là, ils n’auraient pas reçu l’Esprit Saint comme ils l’ont reçu. Jésus a vou­lu que Marie soit pré­sente. Elle, elle était déjà rem­plie du Saint-​Esprit. Elle ne pou­vait pas être rem­plie davan­tage de l’Esprit Saint.

Mais c’est parce qu’elle était au milieu des apôtres, que les apôtres ont reçu la grâce de l’Esprit Saint. Car toutes les grâces nous viennent par Marie. Donc la grâce que vous allez rece­voir, la grâce du sacre­ment de confir­ma­tion, vient par la très Sainte Vierge aussi.

Alors vous devez remer­cier votre Mère et lui deman­der d’être tou­jours, bon chré­tien, bonne chré­tienne et de faire ain­si votre salut.

Au nom du Père et du Fils et du Saint-​Esprit. Ainsi soit-il.

Fondateur de la FSSPX

Mgr Marcel Lefebvre (1905–1991) a occu­pé des postes majeurs dans l’Église en tant que Délégué apos­to­lique pour l’Afrique fran­co­phone puis Supérieur géné­ral de la Congrégation du Saint-​Esprit. Défenseur de la Tradition catho­lique lors du concile Vatican II, il fonde en 1970 la Fraternité Saint-​Pie X et le sémi­naire d’Écône. Il sacre pour la Fraternité quatre évêques en 1988 avant de rendre son âme à Dieu trois ans plus tard. Voir sa bio­gra­phie.