Comment vivre et agir selon les lumières de la Foi chrétienne ?
On entend souvent dire qu’il faut vivre de la Foi. Mais qu’est-ce que cette expression signifie ? Nous le savons, la Foi est la vertu surnaturelle qui nous fait recevoir l’enseignement, la Révélation du Bon Dieu. Elle est une connaissance surnaturelle des vérités que Dieu nous apprend sur Lui-même, sur Sa vie et sur les moyens que nous avons de vivre avec Lui. Cette connaissance d’un ensemble de vérités surnaturelles nourrit notre intelligence. Cependant elle n’a pas vocation à s’arrêter là, comme on pourrait le penser de manière trop rapide. Les choses apprises par la Foi doivent en effet influencer notre vie. Comment cela ? C’est à notre jugement de prudence qu’il revient de se saisir de toutes ces connaissances surnaturelles que nous donne la Foi pour en faire la source de nos actions quotidiennes. Autre, en effet, est la vie d’un homme qui ne croit pas en Dieu, autre celle d’un homme de Foi. Vivre de la Foi consiste donc à recevoir dans notre âme les enseignements du Bon Dieu et à les mettre en pratique dans le quotidien de notre vie à l’aide de la vertu de prudence surnaturelle. Il convient alors de donner quelques exemples qui permettront d’expliquer de quelle manière vivre et agir selon les lumières que procure la Foi chrétienne.
Ainsi, par exemple, la Foi nous enseigne deux vérités importantes concernant la Sainte Messe. D’abord qu’elle est un Sacrifice et ensuite que ce Sacrifice est le culte public rendu par l’Église à Dieu. « L’Eucharistie n’est pas seulement un sacrement ; elle est aussi le Sacrifice permanent de la nouvelle loi, que Jésus-Christ a laissé à Son Église, afin de S’offrir à Dieu par les mains de Ses prêtres. » (Catéchisme de Saint Pie X, chapitre 4). Ma manière d’agir ou de participer à la Messe doit donc tenir compte de ce caractère sacrificiel et public. De ce fait, durant la célébration de la Messe, je pense à unir mes difficultés, petites ou grandes, au grand Sacrifice de Notre-Seigneur. Cette union me permet, petit à petit, de comprendre la part que je dois prendre au Mystère de la Rédemption. « Par le baptême, nous avons été ensevelis à la ressemblance de la mort du Christ, afin que, comme le Christ est ressuscité des morts pour la gloire de Son Père, nous recevions nous aussi une vie nouvelle. (…) Mes Frères, je vous en conjure, par la miséricorde de Dieu, d’offrir vos corps en hostie vivante, sainte, agréable à Dieu ; c’est là le culte raisonnable et spirituel que vous lui devez. » (Saint Paul, aux Romains, VI, 4 et XII, 1). De la même manière, je crois que la messe est un acte du culte public de l’Église. L’acte de Foi sur ce point précis aide à comprendre les différentes règles liturgiques que nous impose l’Église : la couleur des ornements selon le temps liturgique ou la fête célébrée, les différentes positions (assis, debout ou à genoux) durant la célébration de la messe, l’obligation d’avoir la tête couverte ou découverte, etc… C’est toujours cet acte de Foi dans le caractère sacrificiel de la Messe qui m’oblige à m’interdire d’assister à une cérémonie liturgique qui se prétend être une Messe mais dont le rite est une négation de ce même caractère sacrificiel. C’est la raison pour laquelle un catholique s’abstient de se rendre à la « Nouvelle Messe », vivant ainsi de la Foi en la Révélation divine et protégeant dans son âme cette même vertu.
Donnons un autre exemple. Le premier chapitre de l’Ancien Testament révèle que le Bon Dieu a créé Adam et Ève et que nos premiers parents vivaient en état de grâce dans le paradis terrestre. Ils étaient nus. Et c’est la vertu de Foi qui me fait recevoir l’enseignement suivant : par suite de leur péché, Adam et Ève eurent honte de leur nudité et en ressentirent une gêne. Ils se couvrirent alors avec des vêtements faits de feuilles d’arbre. Le Bon Dieu leur donne lui-même ensuite un vêtement plus conséquent, fait de peaux de bête. La Foi m’enseigne donc que le vêtement fait son apparition dans notre monde à la suite du péché originel, il en est une conséquence. Le vêtement que je porte tous les jours doit bien sûr être décent et propre. Mais il ne faut pas oublier qu’il est aussi une marque, un signe, de notre condition de créature pécheresse. Vouloir s’en dispenser, ou ne pas vouloir porter attention à être toujours correctement et suffisamment vêtu, revient donc à négliger dans la pratique cet enseignement que nous donne la Foi. Saint Paul nous le rappelle d’ailleurs : « Les membres du corps (…) que nous tenons pour les moins honorables, sont ceux que nous entourons de plus d’honneur. Ainsi nos membres les moins honnêtes, nous les traitons avec plus de décence, tandis que nos parties honnêtes n’en ont pas besoin. Dieu a disposé le corps de manière à donner plus de respect à ce qui est moins digne. » (Saint Paul, 1ère aux Corinthiens, 12, 22–24).
La manière que l’on a de faire son Signe de Croix donne encore un autre exemple d’une vie qui est influencée ou non par les préceptes de la Foi. Le Signe de Croix indique par les paroles le Mystère de la Sainte Trinité et il nous fait dire le nom propre de Dieu. Comment le prononçons-nous ? Avec habitude ou légèreté, ou avec l’amour et le respect qui sont dus à Dieu ? On raconte de sainte Bernadette que ses Signes de Croix étaient si bien faits, avec Foi et simplicité, que cela suffisait à toucher le cœur des incroyants venus se moquer des apparitions de Lourdes. Et, au-delà du simple Signe de Croix, c’est toute notre prière qui doit être vivifiée par la Foi. Parlons-nous à Dieu du fond de notre cœur comme nous parlons à notre Père du Ciel, qu’il est réellement ? Lui disons-nous notre amour, notre respect, notre adoration, et tous nos besoins ? Et pourtant, c’est comme cela qu’il demande Lui-même à être prié dans l’Évangile et c’est là une vérité que nous recevons par la Foi : « Quand vous priez, ne multipliez pas les paroles, comme les païens, qui s’imaginent que c’est par la multitude de leurs paroles qu’ils seront exaucés. Ne leur ressemblez donc pas ; car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous Le lui demandiez. C’est donc ainsi que vous prierez : Notre Père, qui êtes aux Cieux, que Votre nom soit sanctifié ; que Votre règne arrive ; que Votre volonté soit faite sur la terre comme au Ciel… » (Saint Mathieu 6, 7–9)
Il serait impossible de donner une liste exhaustive de tous les actes de notre vie quotidienne qui devraient être réellement influencés par ce que nous croyons, par la Foi. C’est toute l’attitude du chrétien qui doit s’en ressentir, comme nous le fait remarquer le rituel du baptême : « Recevez le signe de la Croix sur votre front et dans votre cœur. Accueillez la Foi et ses enseignements divins, et vivez de telle manière, que vous puissiez être désormais le temple de Dieu. » Vivez de telle manière… Le chrétien qui croit ne peut donc pas vivre comme l’homme du monde qui ne croit pas. Sa manière de parler, sa manière de s’habiller, sa manière de penser, sa manière de se divertir, sa manière d’accomplir son devoir professionnel, sa manière d’user des biens de ce monde, etc. Tout cela dans la vie réellement chrétienne doit revêtir un aspect chrétien, c’est-à-dire manifester Jésus-Christ et le salut qu’il nous apporte. Que penser d’un chrétien qui dans sa profession mentirait pour obtenir des contrats ? Croit-il au septième et au huitième commandements ? Et que dire de jeunes chrétiens qui passent des nuits entières en soirée, ou pire ? Croient-ils à la gravité de l’offense faite à Dieu par le péché, inévitable dans de telles soirées, et croient-ils à la nécessité de faire vivre la grâce dans leur âme ?
Le pape Saint Pie X, dans son Catéchisme, donne la conclusion et comme le résumé de cette nécessité de vivre de ce que nous enseigne la Foi : « On donne des preuves de sa Foi, dit-il, en la confessant et en la défendant, au besoin, sans crainte ni respect humain, et en vivant selon ses maximes, car la Foi sans les œuvres est morte comme nous l’enseigne l’apôtre Saint Jacques. » Il y a donc bien une manière de vivre selon la Foi, qui conduit au Ciel ; et une manière de vivre en-dehors de la Foi : elle conduit à la perte éternelle…
Source : Le Seignadou – décembre 2022