« Orthodoxie » : l’essentiel

Le métropolite Onuphre, chef de l'Église orthodoxe ukrainienne du Patriarcat de Moscou. Сrédit photo : Украина, CC0 / Wikimedia Commons

Les 10 points de doc­trine qui dis­tinguent Orthodoxes et Catholiques.

Les chré­tiens sépa­rés de rite byzan­tin (Grecs, Slaves i.e. Russes, Roumains, Géorgiens, Albanais) se pro­clament pos­ses­seurs de la vraie foi, et c’est pour­quoi ils se sont depuis long­temps don­né le titre d”« ortho­doxes ». Il n’y a pas d’u­ni­té entre eux, si ce n’est le même fonds de doc­trine qu’ils adoptent. Aucune des Églises ortho­doxes ne pos­sède de doc­trine offi­cielle. Pour les ques­tions – nom­breuses – que n’ont point tran­chées les sept conciles œcu­mé­niques, les théo­lo­giens peuvent en toute liber­té pro­fes­ser les opi­nions qu’ils sou­tiennent, même les plus avancées.

Voici l’es­sen­tiel de l’en­sei­gne­ment com­mun aux Grecs et aux Russes, par lequel ils se dis­tinguent et s’é­cartent de la doc­trine catho­lique, voire de la foi elle-​même :

  1. L’Église est non une monar­chie mais une agglo­mé­ra­tion d’Églises natio­nales sans chef visible. Saint Pierre n’a reçu qu’une pré­émi­nence hono­ri­fique. Le pape, patriarche d’Occident, n’est pas chef de l’Église uni­ver­selle. Malgré les pré­ten­tions de Constantinople, les « Églises » ortho­doxes ne sont pas sou­mises à une Église par­ti­cu­lière. L’Église est de plus infaillible. Cette infailli­bi­li­té ne réside pas dans le pape, mais dans le corps épis­co­pal pris dans son ensemble, réuni en concile ou non. Il n’y a que sept conciles œcu­mé­niques, les sept premiers.
  2. Les livres dits « deu­té­ro­ca­no­niques » (Livre de la Sagesse, Épître aux Hébreux, etc.) ne sont pas admis comme cano­niques, bien qu’on s’en serve dans la liturgie.
  3. Le Saint-​Esprit pro­cède du Père, mais ne pro­cède pas du Père « et du Fils ».
  4. Le dogme de l’Immaculée Conception est une inno­va­tion doc­tri­nale de Rome.
  5. Le pur­ga­toire est une « inven­tion papique ». Les uns pré­tendent que les âmes qui se sont repen­ties au moment de la mort, mais qui ont à expier, subissent un châ­ti­ment tem­po­raire en enfer ; les autres, qui ont adop­té la théo­rie pro­tes­tante, n’ad­mettent que deux caté­go­ries de défunts, les élus et les damnés.
  6. Les Russes affirment que la vision de Dieu est accor­dée à tous les élus ; les Grecs pré­tendent qu’elle ne leur sera accor­dée qu’a­près le juge­ment der­nier (entre-​temps, ils béné­fi­cient d’un bon­heur natu­rel, ana­logue à celui des patriarches dans les limbes).
  7. Eucharistie : pour l’Église grecque, la trans­sub­stan­tia­tion se pro­duit non au moment où le prêtre pro­nonce les paroles de l’ins­ti­tu­tion, mais pen­dant qu’il récite l’in­vo­ca­tion au Saint-​Esprit, ou épi­clèse, qui fait suite à ces paroles dans la litur­gie byzantine.
  8. Depuis le XVe siècle, Russes et Grecs ne cessent d’at­ta­quer les indul­gences.
  9. Depuis le XIXe siècle, l’Église russe pré­tend que le sacre­ment de l’ordre n’im­prime pas un carac­tère inef­fa­çable. Cette théo­rie gagne peu à peu les théo­lo­giens grecs.
  10. L’Église russe admet la légi­ti­mi­té du divorce, et ce dans trois cas : l’a­dul­tère, l’ab­sence pro­lon­gée d’un conjoint, la perte de tous les droits civils. Mais elle a ten­dance à s’a­li­gner sur la dis­ci­pline des Grecs, qui admet plu­sieurs autres motifs auto­ri­sant le divorce.

Source : Fideliter n° 187 – janvier-​février 2009